jeudi 8 mars 2012

Les cas de conscience de Jean Pontas…

Une supposition : Vous êtes prêtre [Bon ! Pour certains lecteurs, il faudra faire un gros effort d'imagination…]. Vous allez recevoir en confession un paroissien qui va vous faire part, sous le sceau du secret, de quelques péchés bien naturels. Mais le prêtre, c'est bien connu, ne sait pas ce qu'est le péché, s'il faut le condamner et comment l'expier... Un outil lui était fourni au XVIIIe siècle qui enchante encore les bibliophiles et les historiens spécialistes de l'étude des mœurs de la société d'alors : Les dictionnaires de cas de consciences.


Je ne sais si ce type d'ouvrage est encore pourvu aux séminaristes avant leur ordination. Il faut savoir que le temps réservé à la confession s'est aujourd'hui réduit comme peau de chagrin dans l'office quotidien du prêtre depuis que cette déclaration est remboursée par la sécurité sociale chez le médecin ou le psychologue.


Le principe de ce recueil est simple : Une liste de situations est présentée par ordre alphabétique au curé ; des exemples sont fournis pour illustrer le propos ; des questions et réponses sont proposées ; ensuite le prêtre se débrouille avec ça et termine par la formule finale " Ego te absolvo a peccatis tuis " ou "Dieu te absolvat " s'il est pressé…


Je ne peux vous proposer à la vente que le volume qui présente les cas de conscience de la lettre A à la lettre D, mais celui-ci développe le cas de l'adultère et du devoir conjugal qui sont un chapitre complet à eux tous seuls ;-))


Je rappelle, pour les nécessiteux, la liste des péchés à ne pas commettre ; cette liste a été proposée par Thomas d'Aquin au XIIIe siècle. Il y mentionne que certains d'entre eux ne sont pas en eux-mêmes à proprement parler des péchés, mais plutôt des vices, c'est-à-dire des tendances à commettre certains péchés : L’Orgueil - L’Avarice - L’Envie - La Colère - La Luxure- La Gourmandise- et La Paresse


Les péchés capitaux sont des péchés de « tête » (capita) ; cela ne signifie pas qu'ils sont plus graves que d'autres, mais plutôt qu'ils sont à même d'en entraîner bien d'autres car fomentés par le cerveau. Les péchés capitaux et non-capitaux ne sont donc pas à confondre avec les péchés mortels et véniels ; cette dernière distinction portant sur l'importance réelle du péché, sa capacité à nous couper ou non de l'amour de Dieu.

Qu'auriez-vous répondu à ceci ? :

Héraclide étant d'un tempérament fort enclin à la lubricité, se trouve souvent obligé de demander le devoir du mariage à sa femme dans la seule intention d'éviter de tomber dans le danger de la fornication, & en quelqu'autre désordre contre la chasteté conjugale. Ne commet-il aucun péché en le demandant dans cette seule vue ?

Adam a coutume d'exiger le devoir conjugal les jours de dimanche & de fêtes. Peche t-il en cela ?

Eloi est tombé dans un adultère secret. Est-il déchu par là du droit de demander le devoir conjugal à sa femme, à qui son péché est inconnu ; surtout lorsqu'il l'a expié par la pénitence ?

Marcel, n'aiant pu obtenir de sa femme le devoir conjugal est tombé dans un adultère secret. Si sa femme vient à le savoir, est-elle en droit de lui refuser à l'avenir, à cause de l'infidélité qu'il a commise ?

Berte a un mari qui vit depuis plus d'un an dans un adultère entièrement public. Est-elle en conscience à faire divorce avec lui en se retirant de la maison ?

Firmin, rendant de fréquentes visites à Marie, sa fiancée, la caresse souvent, en lui touchant le visage, les mains et les bras, & en lui donnant même des baisers avec quelque délectation de peu de durée, mais sans avoir aucune intention criminelle; peut-on dire qu'il pèche mortellement en cela ?

Je vous laisse méditer sur les réponses à accorder. Je vous demande néanmoins de la clémence dans votre jugement… Pierre


PONTAS (Jean). Dictionnaire de cas de conscience ou décisions des plus considérables difficultés touchant la morale la discipline ecclésiastique tirées de l'écriture des consuls des pères, des décrétales des papes et des plus célèbres théologiens et canonistes. Nouvelle édition, tome 1er sur trois tomes. A Paris Chez Pierre-Augustin Lemercier et autres, 1726. Format in-folio, veau époque, dos à nerfs et ornés, pièces de titres et tomaisons. Table générale des matières; celles des conciles: des papes, des auteurs citez. Un des chefs-d'oeuvre de la casuistique. La première édition fut éditée en 1715. Importante publication pour l'histoire de l'Eglise et des croyances religieuses. Quelques pages jaunies, un trou de vers en marge des dernières pages. Défauts de reliure. Le tome I seul, malheureusement. 150 € + port

5 commentaires:

Nadia a dit…

Et bien moi, je n'aimerais pas être à la place du curé ! devoir statuer et trancher et, a fortiori donner l'absolution pour de tels cas de figure, alors que le dit-curé n'est pas coutumier des affres de la vie ménagère, c'est un peu dur !

Et penser adultère, y penser tellement fort qu'on en est obsédé, mais sans passer à l'acte, est-ce aussi tromper, ou pas ?

Pierre a dit…

Il doit y avoir cette réponse dans le livre, j'imagine ;-)) C'est un cas de figure, on ne peut plus courant ! Mon épouse avait le béguin pour Bernard Giraudeau et s'il était passé à moins de 3 mètres d'elle, il y a quelques années, je n'aurais pas donné cher de sa fidélité...

Mais vous avez raison, Nadia, ce ne doit pas être toujours marrant d'être curé ! Que voulez-vous qu'il dise à Firmin ? Que c'est criminel de se tripoter entre amoureux ? Il faut pouvoir le dire sans rire ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

bonjour,

Cela me rapelle une chanson des Rita Mitsuko.
Les histoires d'Amour finissent mal...

Que'd'cas de conscience pour un curé ... qui n'en sont pas quand on ne l'est pas, non?
On peut dire les choses comme cela par facécie de parlotte, limite, mauvaise conscience.

;-))

Ils sont bien jolis tous vos livres. Mais j'attends toujours mon Céline, moi.
Si vous pouvez encore attendre un peu, je vais commencer une collection d'illustrateur. Je cherche Grandville, celui là même présenté dans le blog.
En bon ou moyen état ... quelques réparations à faire ne me généraient pas.

Voilà pour la commande en ligne.

Bien à vous,
bonne journée, Pierre,
Sandrine.

Pierre a dit…

C'est vrai que les prêtres doivent avoir l'habitude des histoires d'amour qui finissent mal, ce qui doit doit les convaincre, s'ils avaient jamais eu un doute, que la vie de couple au quotidien est un autre sacerdoce bien plus contraignant que le leur ;-)) Pierre

(mais pas toujours, bien sûr !)

Anonyme a dit…

Rien n'est moins sûr, puisque certains se marient. A force d'entendre les confessions, je suis sûre qu'ils ont envie de vérifier si c'est pêcher ou non.
Dieu me preserve de la colére des fidéles ... Je vais me mettre à dos l'opus deï.

;-)) Je blague.

Bien à vous,
Sandrine.