jeudi 29 avril 2010

Quand le Docteur Mireur consulte Rétif de la Bretonne et son pornographe


Fils d'un paysan de l'Auxerrois, Nicolas Edme Retif de la Bretonne (1734-1806) se vantait d'avoir eu douze maîtresses avant l'âge de quinze ans. Sans vouloir paraître prétentieux, mes parents ayant beaucoup voyagé jusqu'à ce qu'ils me laissent en pension chez mes grands-parents, avant de rentrer en sixième j'en avais déjà eu autant ! Ce qui nous rend différents, tout de même, c'est que notre futur auteur à succès couchait avec elles…

Le nom de cet écrivain brûle donc les lèvres du monde des lettres par le mauvais exemple qu'il donna à ses pairs. Il se voulait l'égal de Rousseau et si ce n'était cette capacité de l'époque, qui les relie, à abandonner leurs enfants à la moindre contrainte, il n'en eu jamais la postérité. On surnomma d'ailleurs l'auteur du Pornographe, " Le Rousseau du Ruisseau " ! Quand il arriva dans la capitale, il fréquenta assidûment les prostituées qui étaient son outil de travail. Il se lia avec Nougaret, célèbre écrivain de l'époque mais c'est leur procès en plagiat qui restera dans la mémoire. On dit qu'il ne prenait la peine, ni d'écrire ses romans, ni celle de les dicter. Ouvrier typographe, il composait ses chapitres en lettres d'imprimerie à mesure qu'il improvisait. C'est bien le seul point commun que je me suis trouvé avec le bonhomme, moi dont la lenteur au clavier est calquée sur le cheminement de l'esprit. Il ne produisit pas moins de deux cents volumes, presque tous autobiographiques.


Alors, me direz-vous pourquoi présenter un écrivain qui a peu d'éclats à mes yeux ? Parce que j'ai trouvé une étude fort intéressante sur le Pornographe faite par le Docteur Mineur de Marseille et que cet ouvrage comble l'amateur de livre : Le livre a été publié en faible tirage (150 exemplaires), chaque exemplaire portant la signature de l'auteur ; une très belle gravure (eau forte) est présentée en frontispice ; le papier vergé est de belle qualité ; l'éditeur Gay et Doucé est connu pour ses publications sulfureuses ; l'étude est pertinente et faite par un professionnel ; l'ouvrage est en bel état et il a une couverture d'attente que je trouve élégante… Intérêt donc, qui répond aux attentes du bibliophile amateur de "curiosa". Retif de la bretonne écrit dans sa conclusion du Pornographe qu'il a eu pour but "de proposer un moyen presque infaillible d'anéantir le levain vénérien, de diminuer le scandale de la prostitution et d'arrêter dans sa marche l'indécence des mœurs ".


" Si nous avions la certitude que les intentions de Retif ont été telles qu'il vient de les indiquer, si nous étions bien convaincu qu'il n'a pas écrit son livre avec la secrète pensée de satisfaire la curiosité malsaine d'une certaine classe de lecteurs, c'est un tribut d'éloges que nous apporterions ici à sa mémoire " Nous dit le Docteur Mireur. Il est vrai que Retif, adversaire de Sade, fut aussi érotomane que lui. S'il voulu faire mieux que la Justine de son rival avec son Anti-Justine (1798), il fit peut-être pire. L'histoire de sa vie laisse donc planer un doute légitime et commandent notre réserve sur ses intentions…


Mais comme il faut lire avant de juger, je joins à l'étude du Docteur Mireur, l'objet du délit. Il faudra couper l'ouvrage ;-)) Pierre

MIREUR (Dr H). Rétif de la bretonne et le pornographe. Etude critique. Bruxelles. Gay et Doucé, 1879. Broché in 8, couverture d'attente. 3ff (justification, frontispice, titre), LVII, 1f (imprimerie A Lefèvre). N°18 sur 150. 105 € + port

RESTIF DE LA BRETONNE. Œuvres érotiques. Arcanes, Paris, 1953 - L'Anti-Justine, le pornographe et Dom Bougre, 1 des 900 sur vélin, 302 pages non coupées. 24 € + port

mercredi 28 avril 2010

les oeuvres de Jules César dans une édition hollandaise de 1651


Il y a des ouvrages qui sont difficiles à commenter parce qu'il y a peu à dire dessus. Par contre, pour les œuvres de Jules César, c'est le contraire ! Des divers écrits qu’il a composé, il ne nous reste que ses "Commentaires " mais ces derniers appellent de nombreux commentaires. Nous serons donc, comme à notre habitude, approximatifs et superficiels.

L'ouvrage que je vous présente aujourd'hui regroupe des textes que l'on peut schématiquement classer comme suit :


De Bello Gallico, « Commentaires sur la Guerre des Gaules », relatant la campagne de César en Gaule en 8 livres et se terminant pour mémoire (là encore, c'est approximatif) sur la défaite de notre bon Arverne, Vercingétorix, à Alésia, charmante citée bourguignonne située entre la Bourgogne et le Jura... Les textes nous relatent la campagne d'assujettissement des peuples de la région qui forme aujourd'hui la France (à l'exception du sud, la Gaule transalpine est déjà sous domination romaine depuis 121 av. J.-C.), la Belgique, le Luxembourg, une partie de la Suisse, les Pays-Bas et l'Allemagne. Cette guerre est menée par Jules César de 58 à 50 avant JC et l'auteur nous explique dans ses Commentaires le déroulement de la conquête de ces territoires. Les sept premiers livres sont écrits par César pendant la campagne militaire depuis 58 avant JC et sont publiés à Rome puis rassemblés en trois mois après la reddition d'Alésia vers 51 avant JC. Le huitième livre est écrit, plus tard, par Hirtius qui y décrit les derniers combats de 51 avant JC et la situation en Gaule en 50 avant JC. Je ne vais pas vous faire un long copier-coller sur les événements majeurs de la guerre des Gaules qui se termine par le triomphe de César et la soumission de toute la Gaule sauf un petit village breton des Côtes d'Armor (la localisation précise de ce camp est discutée et le dernier village français qui revendique la filiation est une petite cité bourguignonne du nom d'Alise Sainte Reine…) Personnellement, il m'a fallu relire tout Astérix pour faire la synthèse de ces conquêtes et je dois dire que c'est un peu fastidieux.


De Bello civile, « Commentaires sur la Guerre civile », relate la guerre civile contre Pompée. Les textes rapportent les événements qui se sont déroulés entre 49 et 48 avant JC pendant la guerre civile qui opposa Jules César et ses partisans à ceux de son gendre (César fut souvent trahi par les siens). Les Livres I et II traitent de la marche de l'auteur sur Rome avec ses 7 légions et de la fuite de Pompée et ses partisans en Orient. Le Livre III montre Jules César affrontant Pompée en Macédoine jusqu'au départ de ce dernier qui se réfugie à Alexandrie. Il y sera assassiné mais c'est une autre histoire… Le style sobre et impersonnel du Bellum civili donne une impression de froide neutralité mais l’ouvrage est autant historique que politique. César y apparaît à son avantage, multipliant les offres de conciliation à l’adresse des Pompéiens, efficace dans la guerre même en position difficile, modéré dans la victoire, tandis que la confusion, les intérêts personnels, les maladresses tactiques sévissent dans le camp adverse. La narration des séances au Sénat en janvier 49 est une vision d'agitation parlementaire des plus réjouissantes à lire diront les latinistes… Ah, oui ! J'ai oublié de vous préciser que l'ouvrage que je vous propose est écrit en latin. C'est un détail.


Il est de tradition d'associer à ces deux textes les trois ouvrages de A Hirtius qui font suite aux différentes conquêtes de Jules César. En tout cas en 1651, cela se faisait :

De Bello Alexandrino, « Sur la guerre d’Alexandrie », relate la campagne de César à Alexandrie.
De Bello Africo, « Sur la guerre d’Afrique », relate la campagne de César en Afrique du Nord.
De Bello Hispaniensis, « Sur la guerre d’Hispanie », relate la campagne de César dans la péninsule Ibérique.


Voilà ! J'ai essayé de vous donner envie de posséder cette belle édition hollandaise de Leyde retraçant les mémoires de Jules César éditées par Scaliger (Joseph-Juste 1540-1609) et Montanus (Arnoldus Van Bergen ou Van den Berg). Beaucoup de lecteurs rechercheront une édition en français moderne pour eux-mêmes. Quelques bibliophiles, amateurs d'ouvrages rares et précieux désireront néanmoins posséder cette version du 17eme siècle ayant gardé tout son charme, même si l'état de la reliure est loin de combler un propriétaire exigeant. Le prix proposé est en conséquence, vous me direz… Je me demandais néanmoins quel type de bibliophile pourrait bien acheter un pareil ouvrage. Pierre

PS : Je me suis régalé à faire cette présentation et cette notice. N'est-ce pas cela le plaisir d'un bibliophile ?


CESAR (Jules). C. Iulii Caesaris quae exstant, cum selectis variorum commentariis, quorum plerique novi, opera et studio Arnoldi Montani. Accedunt notitia Galliae et notae auctiores et autographo Iosephi Scaligeri, Lugd. Bat., ex officina Adriani Wyngaerden, 1651. 1f blanc, 5 ff avec frontispice, 864pp, 13ff d'index, 1f blanc. In-8, reliure plein veau, dos à nerfs orné de motifs et de pièce de titre en lettres dorées, double filet doré sur les plats, tranches mouchetées. Restauration coiffes, mors fendu en bas du 2eme plat, coins usés et cuir noirci à quelques endroits. Très belle tenue des cahiers. Quelques rousseurs. Une illustration en frontispice et une gravure HT au livre IV de la Guerre des Gaules illustrant le plan du pont utilisé pour la première traversée du Rhin. Armes estampées à froid sur les plats (D'aigalliers) Vendu

lundi 26 avril 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet . L'amitié : Trébutien et Barbey d'Aurevilly


C'est bien triste à dire mais je ne réponds pas toujours aux courriers qui me sont envoyés. Ces messieurs de l'Académie passent leur temps à me poster de petites missives à seule fin de faire éditer mes réponses dans un recueil si, un jour, je meurs… De qui se moque t-on ? Il est, à contrario, des correspondances que l'on peut envier. Celle de Guillaume Trébutien est de celle là et c'est avec une moue de satisfaction qu'en poussant la porte de la librairie de Pierre, ce matin, j'ai trouvé ses échanges de lettres à commenter : Caen, vers 1830. Un étudiant en droit entre un jour dans un cabinet de lecture de la rue du Pont Saint-Jacques. La conversation s’engage avec le libraire. Une amitié va se nouer qui va, jusqu’à la disparition des belligérants, engendrer une correspondance de vingt-deux ans. La première lettre de Barbey d'Aurevilly à Trebutien qui ait été conservée est d’août 1832, la dernière du 29 novembre 1858. C'est cette correspondance, l’une des plus remarquables assurément du XIXe siècle, que je suis heureux d’offrir au large public de notre libraire tarasconnais (57 membres) par le truchement du blogue qu’il anime. Ce n’est plus aujourd’hui une idée provocante que de voir dans leur correspondance, un chef d'œuvre qu'aurait sûrement sélectionné Des Essaintes dans son improbable bibliothèque…


De son enfance passée dans les livres, Guillaume-Stanislas Trébutien (1800-1870) avait hérité un amour des livres exalté jusqu’à la ferveur. Selon lui, acheter un beau livre était bien, le publier était mieux. Avec pour tout revenu son misérable traitement de bibliothécaire-adjoint, il réussit l’exploit de mettre au jour toute une petite bibliothèque de plaquettes précieuses par leur format, leur typographie, leur contenu, et dont il ne fit jamais commerce. Nous avions donc là, affaire à un bibliophile exigeant… Rapidement, il ne fut plus qu’éditeur, mais avec un soin et un raffinement jusque là inconnus. En tout cas à Caen ! Les ouvrages de Barbey d’Aurevilly, la Bague d’Annibal (1843), le célèbre traité Du dandysme et de George Brummell (1845) et les Prophètes du passé (1851), quoique portant la rubrique l’un de Duprey, à Paris, l’autre de B. Mancel, libraire de Caen, et le troisième de Louis Hervé, à Paris, ont bien été exécutés aux frais de Trébutien. Nos deux épistoliers firent aussi des projets qui n'aboutirent pas pour éditer les œuvres complètes de Barbey mais de nombreuses plaquettes caennaises de la bibliographie Aurevillienne furent néanmoins éditées bien avant leurs réimpressions par des éditeurs plus connus comme Malassis. Le nom de Trébutien s’attache aussi à ceux de Maurice et d’Eugénie de Guérin dont il édita les Fragments du premier en 1861, et le Journal et lettres de la seconde en 1862. L'ouvrage proposé ce jour provient d'ailleurs, selon les dires de Pierre, d'un bibliophile Guérinien.


Les soucis que causait à Trébutien la difficulté d’obtenir de bons tirages de sa correspondance avec son ami Barbey d’Aurevilly remplirent ses derniers jours. Ils partagent, aujourd'hui, la même terre du petit cimetière des Quatre Nations à Caen. Ils s'écrivent encore, parait-il… Cher ami. Je ne vous ai point vu dimanche; et je suis resté en pantoufles comme un vrai Turc, n'était que j'ai pensé plus dans ma journée qu'un Turc, et voire un sultan en sa vie tout entière. Aujourd'hui, je n'ai quitté ma table à écrire que pour vous porter ce billet. Si vous pouviez venir demain, mon cher Trébutien, je serai chez moi tout le matin et je vous montrerai mes pages les plus *** sur la campagne. Demain, vous mettrez le mot que ma modestie laisse en blanc. Votre immuable. Jules Barbey d'Aurevilly. J'attends vos courriers, moi aussi. Votre dévoué. Philippe Gandillet


BARBEY D'AUREVILLY (Jules). Lettres à Trébutien. Paris, François Bernouard, 1927. 4 volumes, petit in 4. Reliure demi-chagrin havane à coins, dos à 6 nerfs ornés de motifs et pièces de titre et de tomaisons en lettres dorées. Tranche supérieure dorée. Couverture et dos conservés. Exemplaire grand papier sur vélin d'Arche numéroté 240. Dos très légèrement insolé. Très bel état de l'ensemble. 285 € + port

samedi 24 avril 2010

" Respiration " de François Villon


Pour faire suite au petit billet sur Villon illustré, je vous propose cet exercice de style.

Vous pouvez vous y amuser si cela vous inspire. Il ne s'agit pas d'un pastiche mais plutôt d'une création poétique digne de l'Oulipo.

Pas de méthode S (substantif) + 7 qui rendrait un texte médiéval encore plus hermétique qu'à l'origine mais une petite facétie potache où l'on respecterait les rimes, le nombre de syllabes et où l'on changerait simplement le verbe, l'adjectif et le nom par un lointain cousin germain.

La ballade des pendus (1ere strophe) a perdu son hymne à la rédemption au profit d'une ode au passé volage de l'homme. Sans prétention :

Amants nouveaux qui avec nous aimez
N'ayez le feu comme nous voyageur
Car si pareil à nous changeants étiez
Femme en aura plus tard de vous rancœur.
Vous nous voyez si papillon cœur cœur
Quand de la fleur qui trop devient fadeur
Elle est déjà vieillissante et malheur
Et nous le temps flétrissons ride et face
De nostre mal Madame n'a plus peur
Mais priez Dieu qui tous nous doint disgrace !

vendredi 23 avril 2010

François Villon illustré. Dubout, Touchet ou Emile Bernard ?



François Villon évoque pour moi le temps ou Lagarde et Michard sortaient du cartable sur ordre du professeur. On aurait du, d'ailleurs à cette époque, interdire l'étude de ce poète rebelle aux adolescents qui ne l'étaient pas. Sorti d'un contexte historique que l'enseignant de français n'avait pas à éclaircir (cours d'histoire), nous ne pouvions comprendre l'enthousiasme non communicatif de notre professeur. Les mots médiévaux et leur signification, les versifications laborieuses et un sens caché du propos nous échappaient le plus souvent au point de regretter les cours de physique où l'on pouvait, au moins, apprécier les jolies courbes de notre professeure… C'est peut-être pour ceci, qu'aujourd'hui encore, François Villon m'intéresse plus par les illustrations présentées dans ses œuvres que par le contenu, lui-même, de ses poèmes. A vous de réagir si vous vous sentez l'âme d'un avocat intègre ou d'un laudateur impartial !


François de Montcorbier dit Villon est né en 1431 à Paris et a disparu de la circulation en 1463. Il est probablement l'auteur français le plus connu du moyen-age. La raison en revient, comme d'habitude, au hasard. Tout d'abord, Rabelais en fit un personnage dans ses œuvres (il le disait être en Angleterre) et vingt six ans après la disparition du poète, un libraire parisien se risqua à éditer ses poésies. Ainsi les mille quatre cent vingt huit vers de son Grand Testament (1461), les cinq cent trente cinq vers de ses ballades et les trois cent vingt vers de ses Lais ne se perdirent pas. J'ai cherché quel était le plus vieil exemplaire imprimé possédé par la B.N.F et j'ai trouvé un exemplaire de 1513. Où est donc l'exemplaire de 1463 + 26 = 1489 ? On trouve, par contre, des manuscrits de la fin du XVeme siècle à la B.N.F et à la bibliothèque de l'Arsenal.


Les romantiques en firent le précurseur des poètes maudits. Ce qui excita, et excite encore, le plus les imaginations dans l'existence de Villon, c'est sa brusque et totale disparition après son départ de Paris en 1463. Parti comme un courant d'air, il était bien inspiré en écrivant le refrain de sa "Ballade en vieux français" : Autant en emporte le vent… J'ai présenté un exemplaire de J.D.B. Je connais des bibliophiles qui vont râler ! Pierre


- VILLON (François) Œuvres de Maistre Francois Villon. Paris, Jean de Bonnot, 1969. In-8 reliure pleine basane fauve d'éditeur., dos a nerfs orne de caissons ornementes dorés a la grotesque, auteur et titre dores, tranches rouges, gardes fleur-de-lysées, 432 pp, illustrations dessinées et gravées par Emile Bernard in et h.-t. Impr. sur verge avec de l'encre mélangée de poudre d'or ! Vendu
- VILLON (François) Les œuvres. Paris, Editions Rombaldi 1950 - In-8 broché sous couverture rempliée, 156 pp. Illustrations originales en couleurs de Jacques Touchet, gravées sur cuivre et rehaussées au pochoir par Edmond Vairel. Exemplaire numéroté sur Vergé crème des Papeteries de Montécrain. Bel exemplaire. Vendu
- VILLON François. Œuvres. Paris, Gibert Jeune, 1941. - Petit in-8, demi basane, dos orné d'un motif dessiné par Dubout, couverture conservée et illustrée en couleurs. 61 compositions en couleurs de Dubout dans et hors-texte. Exemplaire numéroté sur vélin Navarre. Bel exemplaire. Vendu


Les Illustrateurs :

Émile Bernard. Peintre français (1868 – 1941). Gauguin et Bernard sont alors à un moment charnière de leurs évolutions artistiques respectives, ils se dirigent tous deux vers la synthèse conceptuelle et la synthèse formelle d'où naît le symbolisme de Pont-Aven: Le « synthétisme » se traduit par une suppression de tout ce qui n'est pas mémorisé après la visualisation, les formes sont simples et la gamme de couleur est restreinte. Pureté.

Albert Dubout (1905-1976) "Tes couleurs sont aussi belles, aussi originales que ton dessin. Tu es sans aucun doute le plus grand illustrateur de notre temps, et ton trait est incomparable. Une sûreté, une force et une finesse qui font penser aux plus grands asiatiques. Ce ne sont pas des tableaux transposés, ni des aquarelles, ni des dessins. C'est aussi fort que des eaux-fortes, mais plus fin et plus délicat, et tes couleurs, toujours surprenantes, sont un régal pour l'œil. Albert, tu es le Roi ! " Marcel Pagnol. C'est tout dire...

Jacques Touchet est un illustrateur français, né en 1887 et mort en 1949. Il a été l’élève de Paul Renouard et de Louis Morin, a collaboré à l’hebdomadaire l’Illustration et réalisé des dessins publicitaires. Celui que je préfère d'habitude, sauf dans l'œuvre de Villon où Dubout le surpasse.

jeudi 22 avril 2010

La bible racontée aux adultes, aux enfants et à tous les gonzes…


Une tradition ancrée dans nos mémoires de lecteurs du 20eme siècle est de considérer que la Bible fait partie des livres de chevet qu'il est fréquent de rencontrer près des oreillers. Pendant des siècles, il aurait paru tout à fait inconvenant de lire couché. Pensez donc : Méditer sur la Bible, calé contre un bon oreiller bien moelleux... La lecture était incompatible avec la notion de plaisir et plusieurs réformes, culturelles et techniques, ont été nécessaires pour que la lecture joigne l'utile à l'agréable.


Il fallait tout d'abord passer de la lecture à voix haute à la lecture silencieuse. Pour cela, il était indispensable que les textes ne constituent plus un enchainement de caractères sans le moindre espace, mais soient composés de mots bien séparés. Désormais, on n'était plus obligé de les lire à voix haute pour les comprendre. Les épouses d'insomniaques s'en félicitent encore, il faut le dire... Le changement de format fut lui aussi décisif. Comment se plonger dans une espèce de rouleau, (volumen) ailleurs qu'assis à une table ? Le mythe de la salle de classe de plein air attendra la révolution soixante-huitarde pour renaître… Lorsque les livres se présentèrent sous forme de cahiers assemblés (codex), ils permirent une lecture plus vagabonde. Enfin, l'apparition des chambres isolées procura ces instants de tranquillité propices à la flânerie littéraire et au sommeil réparateur. Le progrès, quoi ! Revenons à notre Bible : J'ai pensé qu'il vous serait agréable d'en faire une lecture roborative sans être rébarbative, c'est pourquoi les quelques ouvrages que je vous présente aujourd'hui devraient résoudre l'équation du repos de l'âme et du plaisir de la lecture.


Le deuxième ouvrage traite des récits sacrés de l'Ancien et du Nouveau Testament à travers l'évocation de passages des livres historiques dans un français clair et fidèle à la version originelle et le premier ne traite que de l'Ancien Testament mais dans une langue qui à défaut de vous procurer le salut de l'âme vous verra vous endormir le sourire aux lèvres… A l'ère de l'Internet, la tradition du livre de chevet est-elle encore bien vivante ? Ces textes essentiels qui nourrissent une vie qu'on lit et relit avant de s'endormir ou dans les nuits d'insomnie, ces pages cornées à force d'avoir été tournées sans fin, cela appartient-il à une époque révolue où l'on savait prendre le temps ? La télévision que beaucoup installent dans leur chambre serait-elle donc en passe de remplacer cette délicieuse lecture d'avant les rêves ? A défaut de réponse, je vous propose quelques livres à poser à côté de l'oreiller. Il y en a d'autres, bien sûr. Pierre


DEVAUX Pierre Le livre des darons sacrés. (La bible en argot). Editions L'Humour des Temps, Paris. 1960 - Cartonnage éditeur. 13.5x22 cm. 271 pages. Préface de Jean Cocteau. Dessins de Pierre Devaux. Bon état. 28 € + port
MEUNIER MARIO. Récits Sacrés de L'Ancien et du Nouveau Testament. Paris, Albin Michel, 1941, in-8, broché, 345 pp. Planches hors-texte. Edition originale. Imprimé sur beau papier. 21 € + port
BIBLE ILLUSTREE. Les presses de Taizé. 1968. In4. Relié toile, jaquette en bon état. 279pp. Traduction de la Bible de Jérusalem. Vendu
LA SAINTE BIBLE. Tome I. La genèse et les livres historiques. Le club français du livre 1955 - Traduite en français sous la direction de l'école Biblique de Jérusalem. Signet. Tranche supérieur or. 19 € + port

mercredi 21 avril 2010

Claude Farrère. Voyager par les livres...




La causerie du lundi ayant évoqué la vie et l'œuvre de Pierre Loti, il est légitime de présenter aujourd'hui celui qui fut sans le démentir, son disciple.

Claude Farrère, de son vrai nom Frédéric-Charles Bargone (1876 - 1957) est un écrivain que l'on peut qualifier comme étant épris d'exotisme. La turquie et le japon ont été les deux destinations privilégiées de l'auteur ce qui nous ramène à Pierre Loti, tous les deux ayant été, d'ailleurs, officiers dans la Navale. Il faudrait demander à Hugues, animateur du blogue du bibliophile et ex-officier de la "Royale " si le souvenir de ces deux auteurs est encore présent dans ce corps et si d'autres exemples confirment l'association bénéfique de la plume et de l'ancre…


Ami et admirateur de Pierre Louÿs, ce dernier lui dédicaça son premier roman Fumée d'Opium. On ne pouvait rêver meilleur parrain. Le jour où l'enseigne de Vaisseau Charles Bargone était nommé lieutenant, il se vit aussi décerner sous le nom de Claude Farrère, le prix Goncourt pour Les Civilisés (1905). Il était donc temps de quitter le navire ! Son nom est aussi associé à une heure funeste de la troisième république puisqu'il fut blessé au bras lors de l'assassinat de Paul Doumer en 1932 en le raccompagnant à la porte d'un salon du livre. En 1935, il fut élu à l'Académie Française.


On a fait de Claude Farrère un auteur qui savait raconter sans s'embarrasser de littérature. Il a réussit à s'attacher un public qui se plaisait à vagabonder à la poursuite de sensations et d'aventures agréables sans rechercher un fond de vérité qui est, en fait, sans grande importance… Pierre

Les Civilisés (1905) - Prix Goncourt
Thomas l'Agnelet (1911)
Le chef (1930)
La Gueule du lion (1946)


FARRERE Claude. Les civilisés. Paris, Paul Ollendorf. 102eme édition, broché, extérieur passable. 7 € + port
FARRERE Claude. Thomas l'agnelet. Paris, Flammarion. Illustrations de Louis Morin. 1929, demi basane. 13 € + port
FARRERE Claude. Le chef. Paris, Flammarion, 1930. Demi-basane amateur, faux nerfs, couverture conservée. 15 €
FARRERE Claude. La gueule de Lion. Paris, Flammarion. 1946. Demi-basane amateur, faux nerfs. 15 € + port
REVON Maxime. Claude Farrère, son œuvre. Paris, 1924, La nouvelle revue critique, bibliographie des œuvres, portrait et autographe. 7 € + port

mardi 20 avril 2010

Le train dans la littérature française


Je désire vous présenter, aujourd'hui, un ouvrage abordant comme sujet " Le train dans la littérature française ". Actualité oblige, je précise en préambule qu'il ne s'agit pas d'un ouvrage traitant de " La littérature française lue en attendant le train " !


Le deuxième ouvrage qui y est associé traite de l'exploitation rationnelle des chemins de fer en France. Le premier qui rigole… C'est promis, l'auteur ne vous parle pas, ici, de ces employés qui prennent en otage plusieurs fois par an, une grande partie de la France pour des motifs politiques, il ne vous parle pas de ces employés qui pointent néanmoins pendant leurs grèves incessantes afin de toucher quand même un salaire qu'il trouvent miséreux, il ne vous parle pas de ces travailleurs indifférents à la survie de leur entreprise, de ces employés imperméables au dialogue, de ces salariés insensibles au désarroi de leur clientèle… Non il ne vous en parle pas. Mais vous pouvez me donner votre avis…


Il est évident que le sujet du premier livre a limité l'auteur dans ses recherches aux textes parus après la deuxième moitié du 19eme siècle. Sans avoir ouvert l'ouvrage, c'est le roman de Zola " La bête humaine " qui m'est venu à l'idée en premier. Et puis ensuite…
- Lamartine et le train qui fait découvrir la Provence au monde.
- Flaubert et Maupassant qui nous content le province.
- Les états d'âme de Coppée et Verlaine pendant les voyages.
- Les gares de Daudet ou Courteline.
- L'humour de Labiche.
- Verhaeren et le train conquérant.
- Larbaud et le train instrument du bonheur.
- L'aventure du rail chez Cendrars et Apollinaire… Je m'arrête ici car vous découvrirez le reste dans l'ouvrage.
Un souvenir, cependant. J'avais été marqué pendant mes études, sûrement à l'occasion d'un cours de philosophie, par la description de l'acte gratuit évoqué par Gide dans Les Caves du Vatican. Le héros, Lafcadio, je m'en souviens encore, précipite dans le vide un vieillard assis en face de lui dans un train. J'ai souvent pensé à faire de la philosophie avec les contrôleurs tatillons qui poinçonnent mes billets quand les trains ne sont pas en grève. Allez donc savoir pourquoi ! Pierre


BAROLI (Marc). Le train dans la littérature française. Éditions N.M. In-8 Couverture souple Paris 1964. 492 + XLI pages. Thèse de l'auteur qui retrace de manière minutieuse le thème du train dans la poésie et le roman français de 1830 jusqu'au milieu du XXe siècle. Quelques annotations in texte.Vendu

GIRARD (Pierre). L'exploitation rationnelle des chemins de fer en France. Montpellier, imprimerie de l'économiste méridional. 1923. Petit in 4, broché, 480pp. Cet ouvrage met en lumière les conditions que doit remplir l'exploitation des chemins de fer en France pour être rationnelle. Dédicace de l'auteur. 55 € + port

DOLFUS C., De Geoffroy E. Histoire de la locomotion terrestre. Les chemins de fer. Saint Georges, Paris 1935 - In folio. Édition illustrée en noir et couleurs, 376 pp. Vendu


lundi 19 avril 2010

Causerie de Philippe Gandillet. L'exotisme de Pierre Loti.


Est-ce le fait que Pierre, en ayant évoqué Colette, ait parlé de son amour pour les chats ?

Toujours est-il que, ce matin, en arrivant à la librairie de notre infortuné boutiquier, je plongeais aussitôt mon regard sur ses rayonnages à la recherche d'ouvrages d'un autre amoureux des chats : Pierre Loti.

Je dois reconnaître que plus d'une fois, Loti, m'a vraiment irrité lors de nos séances à l'Institut. Je le revois encore, chaque joue recouverte d'une écuelle de rouge, sous les yeux une livre de khôl, et ses ridicules bottines à talon compensé qui le faisaient marcher sur les pointes à la façon des mannequins désarticulés qui paradent sur les rings de nos couturiers inspirés. Pas maquillé. Fardé ! Croyant lutter contre les affres de l'age, il s'était momifié avant l'heure… " La vieillesse est un gouffre " disait un célèbre général. Loti en avait touché le fond bien avant la mort.

Et pourtant quel talent, quel plume… Anatole France ne s'y était pas trompé qui l'avait aidé, comme moi, à rentrer au sein de notre illustre assemblée. Il savait d'ailleurs se montrer quelquefois plus discret, comme lors de son discours de réception à l'Académie qui le rendit immortel…


Pierre Loti, Juilen Viaud de son vrai nom, est né en 1850. Élève médiocre plus attiré par les mathématiques que par le grec ou le latin, il entreprit des études d'ingénieur et délaissa la lecture ce qui fera d'ailleurs dire de lui, plus tard, qu'il était un " sublime illettré ". Un frère adulé, mort au cours d'un périple dans la " Royale " , des parents confrontés à une conjoncture financière détestable et un ouvrage ancien évoquant les brises du sud-est décideront de sa future vocation d'officier de marine. Loti est, sera et restera dans nos esprits, un marin avide d'exotisme !

Nous nous réunissions quelquefois à Paris (entre bretons, c'est la tradition) et moi qui suis d'une forte stature, je m'amusais à me mettre près de lui. Sa complexion fluette et sa petite taille en imposait pourtant. Adepte des exercices musculaires il avait même, m'a-t-il dit, participé à des numéros de trapèze et de voltige dans un cirque. Loti en tirait une légitime fierté et à l'Académie circulait, il y a encore peu de temps, une photographie le montrant nu sous la coupole.


A parler de lui ainsi, nous en oublierions presque qu'il fut un écrivain. Ses héroïnes, car il vouait à l'amour un culte insoupçonné furent marquées par l'exotisme et le chagrin. Aziyadé la kadine circassienne, Rarahu la petite polynésienne, Cora la mulâtresse du Sénégal, Suleima la prostituée algérienne, Pasquala la bergère du Monténégro et Mme Chrysanthème la mousmé japonaise furent autant d'héroïnes inspirées par ses propres amours. Elles lui apportèrent la renommée et l'argent qui lui permirent de faire construire, à Rochefort, la demeure la plus incroyable que j'aie jamais visité. Âmes sensibles s'abstenir :

Une haute salle moyenâgeuse vous accueille d'abord, si mes souvenirs sont bons, qui se prolonge par une pagode japonisante terminée par une salle chinoise. Vient ensuite une mosquée bâtie dans le plus pur style oriental dont l'intérieur est orné de tissus, de draperie, de tapis orientaux et de mille petite choses qui font de ce lieu un endroit magique. Le visiteur ne peut qu'être transporté dans l’univers étrange et envoûtant de l’écrivain, qui fascine toujours autant, plus d’un siècle après sa création.


Je ne m'étendrai pas sur l'éclectisme sentimental de Loti. A trop fixer son attention sur ses incartades, on en oublierait presque l'écrivain. Après avoir écrit de nombreux romans, rempli près de deux cents cahiers de mémoires, il leva sa plume sur ces mots " Aujourd'hui, 28 avril 1918 et en prévision de la mort, j'arrête définitivement le journal de ma vie commencé depuis quarante cinq ans. Il ne m'intéresse plus ". Pierre Loti est mort en 1923 et eût comme Colette - la boucle est bouclée - des funérailles nationales.

Un détail. Pierre Loti était-il bibliophile ? En tout cas, il ne facilitait pas le travail des bibliographes ! Il arrachait les dédicaces des œuvres que ses auteurs contemporains lui offraient avant d'expédier les livres à l'hôpital de la ville. N'hésitez pas à indiquer à Pierre les catalogues des ouvrages de sa bibliothèque qui ont pu être mis en vente après sa mort, je sais qu'il est friand de ce type d'information. Je me suis permis de vous proposer quelques ouvrages de Pierre Loti à la vente. Pierre qui m'avait préparé quelques ouvrages sur " Le train dans la littérature " va encore pester en arguant que je ne suis pas en phase avec notre époque.

Votre dévoué. Philippe Gandillet


LOTI (Pierre). Madame Chrysanthème. Jean Landru, Chamonix-Mont-Blanc. 1950 - In-8, 249pp, broché, couverture imprimée illustrée rempliée crème. Frontispice et 7 planches hors-texte, en couleurs, de M.A. Roberts. Bandeaux, lettres ornées et culs-de-lampe tirés en bistre. Edition numérotée sur alfa. Collection "Le chef d'oeuvre". Ouvrage non coupé, comme neuf. 45 € + port

LOTI (Pierre). Les désenchantées – Matelot. Paris, édition Pierre Lafitte. Pierre Lafitte, 1923. 276 pp. in-4, Reliure d'éditeur vert bouteille, dos lisse avec un médaillon sur le premier plat. Illustre par MUENIER, ORAZI, LORENZI, AUBERTIN, FOUQUERAY, LALAU. Bel Ex-libris. Vendu

LOTI (Pierre). Le mariage de Loti. Paris, Calmann-Levy. 1928. Belle reliure demi-chagrin, dos à quatre nerfs, motifs et pièce de titre en lettres dorées. 29 € + port

vendredi 16 avril 2010

Vie et oeuvres de Colette


Il est assez fréquent, à la librairie, de vendre des ouvrages de Colette.

Je présente à l'extérieur du magasin, quand il fait beau (donc souvent…) quelques caissons de livres recouverts de papier transparent dans leur livrée d'origine. Pour le prix d'un livre de poche, vous avez un ouvrage broché d'époque de belle facture et si vous le demandez gentiment, vous pouvez même enlever la protection pour le feuilleter...

Les clients qui ne connaissent pas les œuvres de Colette choisissent souvent un de ses ouvrages en souvenir de leur mère, fidèle lectrice. Je ne peux quand même pas leur expliquer qu'elle était le porte-drapeau de la libération sexuelle au début du XXe siècle avec le risque de leur ouvrir les yeux sur la personnalité de leur mère, quand même ! En fait, rares sont les acheteurs qui ne connaissent pas le nom de cet auteur (cette auteure ?) alors que beaucoup d'autres des confrères de sa génération ont disparu des mémoires. Elle méritait donc les seules obsèques nationales accordées à une femme, en France. Et quelle femme ! Et quelle vie !


A 20 ans (1893) Sidonie Gabrielle Colette épouse le fils d'un ami de son père, le journaliste parisien Henri Gauthier-Villars, dit Willy, âgé de 34 ans. Willy fait écrire à Colette la série des " Claudine ", qu'il signe : Un succès. Le premier des quatre ouvrages, Claudine à l'école, paru en 1900, se vend à 350 000 exemplaires en quatre ans. Évidemment (sic), Willy la trompe et il invite ses maîtresses à la maison pour des plaisirs triangulaires. J'ouvre une aparté : N'essayez pas de faire ceci à la maison ! Ça ne marche que pour les jurés Goncourt, sur quoi, je referme l'aparté. Ils se séparent en 1905 et elle devient la maîtresse d'une superbe lesbienne qui se produit au Moulin Rouge, avec elle. Purgatoire…


Elle épouse en 1910 le renommé journaliste Henri de Jouvenel, qui sera sénateur radical, ambassadeur à Rome sous Mussolini, et Haut-commissaire au Liban. Six mois plus tard, sa fille " Colette dite Bel-Gazou " naît. Elle aura d'ailleurs une vie tumultueuse comme son écrivaine (écrivain ?) de mère. J'ouvre une aparté : Je trouve que ce n'est pas très malin d'appeler sa fille Colette quand on s'appelle Colette et encore moins d'appeler son fils et sa fille, Paul et Virginie, quand on s'appelle Bernardin de saint Pierre, sur quoi, je referme l'aparté. En 1920, à 47 ans, elle fait l'éducation sexuelle du fils d'Henry de Jouvenel, le jeune Bertrand, 16 ans, futur politologue célèbre, qu'elle materne sexuellement jusqu'en novembre 1925 (lire Le blé en herbe). Enfer…

En 1925, à 52 ans, bien qu'ayant été une anti-dreyfusarde au moment de l'affaire, mais entourée de nombreux amis juifs (L’Etoile Vesper, 1946), elle prend comme amant régulier un jeune juif de 35 ans, Maurice Goudeket, un distingué et fortuné courtier en perles qu'elle épousera dix ans plus tard. Après la guerre et jusqu'à sa mort, elle vit quasiment alitée, à cause de son arthrite et de son obésité, dans son appartement du Palais-Royal à Paris. Maurice Goudeket la soutient, moralement, tout en la trompant physiquement. Il se remariera après sa mort. Paradis…


Vous voyez, tout ça n'est guère brillant mais sera le ferment du talent de Colette pour nous conter sa vie. Il est bien connu qu'il n'est pas nécessaire d'être irréprochable pour être un grand homme (femme ?)…

Une question cependant taraude quelques bibliographes. Colette était-elle bibliophile au sens littéral du terme ? Je n'ai pas trouvé de catalogue de vente de ses ouvrages pour l'assurer mais deux éléments plaident néanmoins en sa faveur :

1) Pierre Beres et Maurice Goudeket ont crée ensembles une éphémère maison d'édition, " La Palme ". Il est évident que les compétences de Pierre Beres ont pu avoir une influence bénéfique sur la composition de la bibliothèque de Colette.

2) Colette possédait un ex-libris, ce qui prouve qu'elle donnait de l'importance à la provenance de ses ouvrages.


Un élément connu de tous, une photographie maintes fois reproduite m'interpelle tout de même. Colette aimait et entretenait les chats ce qui est contradictoire avec le fait d'aimer et d'entretenir les livres, non ?

Pierre, radié de l'ordre des vétérinaires ;-))

COLETTE. Claudine s'en va. Paris - Terres Latines, Paris, s.d. (vers 1950), 128 p. Broché, in-8 sous couverture rempliée illustrée. Collection " Leurs chefs-d'œuvre ", très belles illustrations de Renée Ringel in texte noires et en hors-texte coloriées au pochoir. 1/1800 ex. sur Alfa. Bel exemplaire non coupé, comme neuf. Vendu

mercredi 14 avril 2010

Qu'est-ce qu'un dictionnaire ? L'exemple du Larousse...


" Le dictionnaire est un livre qui traite des mots isolés d’une langue afin de montrer leur orthographe, leur prononciation, leur dérivation et leur histoire, ou au moins certains de ces faits. Pour la commodité du classement, les mots sont placés dans un ordre déterminé, alphabétique dans beaucoup de langues. Dans les grands dictionnaires, les informations fournies sont illustrées par des exemples littéraires ". La fin du XIXeme siècle a vu apparaître deux ouvrages éponymes de référence : Le LITTRE (1850) et Le LAROUSSE dont nous présentons deux ouvrages à la vente, aujourd'hui. La tradition faisait dire que les dictionnaires Larousse accueillaient des mots qui ne figuraient pas dans le Littré... Citons les premiers des Larousses : 1) Le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (1866-1876), 17 volumes à vocation pédagogique. La nomenclature est plus riche que dans le Littré. Les exemples sont empruntés aux contemporains (Hugo, Vigny, etc.). 2) Le Nouveau dictionnaire de la langue française (1856) : C’est un abrégé du précédent. Ce dictionnaire est réédité en 1878 avec des illustrations. C’est l’ancêtre du Larousse qu’on connaît. 3) La Grande encyclopédie (31 volumes) : Elle est achevée en 1895. Cette encyclopédie est « une œuvre de haute vulgarisation qui se propose de constater l’état actuel des sciences modernes ».


Pierre Larousse est né en 1817 dans le village de Toucy en Bourgogne où il est élevé entre la forge de son père et l'auberge tenue par sa mère. Son appétit de savoir et sa boulimie de lecture lui ouvrent sans tarder les portes de l'École normale de Versailles. Après un rapide retour au village natal, où il exerce en tant qu'instituteur et directeur de l'école dont il avait été l'élève, il repart à Paris et fréquente avec ardeur les bibliothèques et les amphithéâtres. Il publie alors les premiers ouvrages destinés à l'enseignement de la langue, fondant en 1852 la librairie, la maison d'édition qui porte toujours son nom. On retiendra qu'en 1856 paraît le Nouveau dictionnaire de la langue française, dictionnaire de petite taille et destiné notamment à un public scolaire, l'ouvrage connaît un succès considérable. Ce sera l'ancêtre lointain du Petit Larousse illustré dont la première édition est de 1906 et que l'on doit à ses successeurs. Mais ce petit dictionnaire de 714 pages, avec déjà les célèbres locutions latines, donne vite l'idée à P. Larousse d'une œuvre de plus grande envergure. C'est le moins que l'on puisse dire puisque, de 1865 à 1876, ce sont quinze gros volumes in-quarto, auxquels s'ajouteront à partir de 1878 deux suppléments, qui seront publiés sous le titre de Grand dictionnaire universel du XIXe siècle.


On redécouvre aujourd'hui le caractère très riche de l'information et, au-delà de la nature encyclopédique de l'ensemble, la pertinence des informations apportées sur la langue. Larousse avait un objectif : Diffuser la pensée républicaine propre à instaurer une société démocratique et laïque. " On connait la chanson " dirait Béranger ! Son dictionnaire, dont on pouvait par exemple commander une feuille, celle correspondant à l'article qui vous intéressait, eut pour public privilégié les instituteurs et toute une population modeste aspirant au savoir. Le Grand dictionnaire universel du XIXeme siècle de Larousse ne fit pas en réalité concurrence au Dictionnaire de la langue française de Littré, les publics différaient, et loin de mettre ces ouvrages dos à dos, il conviendrait plutôt de reconnaître à chacun une dimension hors du commun !
Au Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle devait succéder en 1904, les huit volumes du Nouveau Larousse illustré dirigé par Claude Augé puis les six volumes du grand dictionnaire du XXe siècle qui furent très largement répandus, avec des planches illustrées en couleurs et de nombreuses illustrations au cœur des articles. Versions singulièrement amincies du prédécesseur en 17 volumes, ils méritent, aujourd'hui, leur notoriété de par leur homogénéité et la fiabilité des informations apportées. Il n'empêche qu'ils sont très lourds, quand même, et qu'on est prié de venir chercher ces ouvrages à la boutique... Pierre
- AUGE Claude (Publié sous la direction de) : Nouveau Larousse illustré en 7 volumes + un supplément. Paris, Larousse, sd (1904). In 4, demi chagrin rouge cerise de l'éditeur avec motifs estampés à froid, plats de percaline rouge. Dos lisse orné de pièce de titre et tomaison en lettres dorées. Pas de rousseurs. Le tout en parfait état. Près de 10.000 pages, édition sur 3 colonnes, très abondamment illustré. Nombreuses biographies de célébrités du 19eme siècle non reprises dans les éditions ultérieures. Vendu

- AUGE Claude (Publié sous la direction de) : Larousse du XXe Siècle en 6 volumes. Librairie Larousse à PARIS. In 4, (1928-1933). Reliure éditeur, 1/2 basane vert empire de l'éditeur, dos à 5 nerfs orné de pièces de titre et tomaison en lettres dorées, plats en cartonnage recouvert de papier marbré vert, nombreuses illustrations .Coins et coiffes respectés. Quelques rousseurs clairsemées. Ensemble en très bon état. 145 €. On retire l’œuvre à la librairie...