jeudi 31 octobre 2013

Nouveau vignole des menuisiers par Coulon : Du travail sur la planche...


Jacopo Barozzi da Vignola, dit en français Vignole, architecte italien (Vignola 1507-Rome 1573), est l'auteur éponyme de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente. Il exerça une influence décisive sur l'art du XVIIe siècle français et ensuite sur toute une génération d'artisans appartenant à la grande famille des francs-maçons.


Après des années passées à Bologne, Rome et Fontainebleau (1541-1543), il s'installera définitivement à Rome où il travaillera à l'embellissement de la villa Giulia, construira la chapelle Sant Andrea sulla Via Flaminia, au plan ovale annonciateur du baroque (1554), le palais Farnèse de Caprarola (1559-1573), etc… Son œuvre la plus célèbre est l'église du Gesù (à partir de 1568), prototype des églises de la Contre-Réforme.


L'influence de Vignole aboutira avec sa Règle des cinq ordres de l'architecture (1562), qui, grâce à la simplicité de son interprétation de l'antique, deviendra pour plus de trois siècles la base des études académiques dans toute l'Europe. De nombreuses éditions anciennes de ce traité furent publiées, améliorées et corrigées par la suite…


Celle que je présente ici est datée de 1835 et s'adresse particulièrement à la confrérie des menuisiers pour qui j'ai présenté hier (on clique) la version non numérisée du dictionnaire de Justin Storck… Il s'agit d'une menuiserie descriptive en deux tomes in-4 avec une grande quantité de planches (80) formant Atlas dans le deuxième tome. Elles furent dessinées et gravées par l'auteur de l'ouvrage, A.G. Coulon, ancien menuisier, professeur de dessin linéaire et de trait.


L'ouvrage aborde plusieurs thèmes dont les éléments de la géométrie descriptive, les regles des cins ordres d'architecture, l'ordre de Poestum, la menuiserie de clôture, de revêtement de distribution, les traits des arêtiers et des escaliers de différents genres, des ouvrages cintrés en plan et en élévation, des persiennes, croisées, portes, chambranles, des arrières-voussures de différents genres, archivoltes, calottes, trompe, plafond de voûte ou courbe sur angle, etc..


Il traite aussi de la menuiserie des églises, des autels, confessionnal et chaire à prêcher dont on peinerait à retrouver les plans, aujourd'hui. D'un autre côté, qui pourrait demander à se faire construire une chaire, chez lui, de nos jours ?


J'oubliai peut-être le principal : Savez-vous d'où vient le terme de menuisier conféré au XIVeme siècle à cette congrégation ? Du mot latin minutarius ou minutiarius, ce qui signifie ouvrier qui travaille à de menus ouvrages. Vous constaterez en admirant les magnifiques planches imprimées pour cet ouvrage qu'il n'en est rien… Pierre

COULON (A. G). Menuiserie descriptive. Nouveau vignole des menuisiers. Ouvrage théorique et pratique, utile aux ouvriers, maîtres et entrepreneurs ; Composé des élémens de la géométrie descriptive, des règles des cinq ordres d'architecture, etc... Formant un Atlas de 80 planches gravées en taille douce et ombrées pour en faciliter l'intelligence, dessinées et gravées par l'auteur. 2 ouvrages in-4 (21 x 26,5cm). Paris. Carilian-Goeury. 1835. Reliure demi basane romantique vert sapin, dos lisse orné d'un entrelacs romantique doré entourant le titre de l'ouvrage et le nom de l'auteur, plats verts également marbrés, tranches mouchetées. Tome I de texte : [2 ff page de titre], 249 pp, [2ff table]. Tome II : vij, [80 ff - planches]. Rousseurs sur les pages de texte dont feuillet de titre et dernier feuillet brunis. Bel état général. Rare exemplaire bien complet. 285 € + port

mercredi 30 octobre 2013

Rajeunir l'image d'une librairie ancienne...



Un nouveau bandeau de lettre pour la librairie. Je ne sais pas si c'est vraiment le genre de la boutique  ;-)) Pierre

Choix cornélien...



Des nouvelles de la boutique : Je ne savais pas quelle secrétaire choisir, alors j'ai pris les cinq. Ai-je bien fait ? Pierre

Dictionnaire de menuiserie par Justin Storck. Pour les amoureux du bois et des livres...


Les artisans seraient en colère. Ils ne seraient pas les seuls, semble t-il… Déçus par le manque de considération sociale qu'on leur accorde et par le harcèlement fiscal dont ils sont l'objet, ils se sentent les mal aimés de la France qui a les mains propres.


Leurs métiers sont  pourtant pénibles. Par exemple, la profession de plombier est une activité à risque, comme j'ai pu le constater, encore hier soir, sur l'écran du cinéma où je suis allé voir Malavita avec mon aîné. Pas moins de 16 fractures à la suite d'une intervention pour un devis sur des conduites anciennes !


Les menuisiers, les ébénistes ou les charpentiers ne sont guère mieux lotis… Il est loin le temps où ils étaient mis en exergue par les plus grands illustrateurs d'ouvrages.


J. Justin Storck était graveur de son état. Il signa de nombreuses lithographies et participa à des publications pour la partie illustrée. Il a également eu une activité d'éditeur, logiquement orientée vers des ouvrages richement illustrés comme ce dictionnaire pratique de menuiserie, ébénisterie et charpente.


Pour ce dictionnaire il s'est entouré d'une équipe d'experts pour la rédaction des articles, lui même s'occupant du travail d'édition et d'une grande partie des très nombreuses gravures d'illustration. Les spécialistes savent que certaines gravures seront reprises dans d'autres ouvrages, notamment celui d'André-Jacob Roubo. Ce dictionnaire nécessita plus de 5 ans de travail, fut édité par souscriptions et sa parution s'est étalée progressivement entre 1900 et 1910 environ.


J. Justin Storck publia également d'autres ouvrages dont Les arts décoratifs pratiques en 1883 et Meubles, sièges, tentures en 1890.  Il réalisa aussi les illustrations de l'Histoire de l'orfèvrerie depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par Ferdinand de Lasteyrie en 1875


L'auteur aborde ici tous les thèmes spécifiques à cette profession : le mobilier, l'ornementation, le mobilier, les outils et les différents styles de meubles.Un ouvrage de référence et qui le reste. Rare en édition originale et en bel état. Les bibliophiles apprécieront particulièrement la possibilité de se faire leur propre bibliothèque grâce aux plans fournis…  Pierre


JUSTIN STORCK (J). Le Dictionnaire Pratique de Menuiserie - Ebénisterie – Charpente par J. Justin Storck, Avec la collaboration de MM. Jean Breasson O. I., Architecte du Gouvernement, pour l'Architecture ; Edme Lecoeur, Professeur de charpente, Charpentier, pour la Charpente Léon Meunier, Contre-maître de menuiserie, pour la Menuiserie ; Jules Valabregue, Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, pour la Législation ; Louis Vincent, Ebéniste, Professeur de trait, pour l'Ebénisterie. 2 volumes in -4. Paris, Editeur J. Justin Storck & Lardy, sd (1900). Reliure demi basane fauve, dos lisse avec filets, motifs titre et nom de l'auteur dorés, pages de garde colorées. 2600 définitions, 4547 gravures, 969 pages, 1 feuillet d'errata. Pas de rousseurs. État parfait. Vendu

mardi 29 octobre 2013

Henri Bergson : Le rire, illustré par Louis Jou.


Si vous essayez de placer une sentence de type : " Toute vérité est une route tracée à travers la réalité… " dans une conversation au comptoir du Café du commerce, il est vraisemblable que vous allez mettre les rieurs de votre côté. Si vous insistez en ajoutant (je cite) : " Le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès ", ces mêmes rieurs vous vireront de l'estaminet dans les cinq minutes qui suivent et vous ne l'aurez pas volé !


C'est le risque que vous encourez de citer Henri Bergson (1859-1941) en société en croyant que son essai sur le rire est un truc marrant. C'est même tout le contraire ! N'est pas prix Nobel de littérature qui veut… Ouvrage sur la signification du comique, paru en 1900, c'est sa présentation dans une écriture d’une simplicité extrême qui en fit un chef d’œuvre unique.


Henri Bergson part de trois observations pour expliquer le phénomène comique. Il appelle d’abord l’attention sur le fait, je cite : " qu’il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain ". Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid, il ne sera jamais risible. On rira d’un animal, mais parce qu’on aura surpris chez lui une attitude d’homme, ou une expression humaine.


L’homme n’est donc pas seulement un animal qui rit, mais un animal dont on rit ! Bergson signale ensuite que rire suppose une certaine forme d’insensibilité, c’est-à-dire que le rire peut survenir dans le cadre d’une atmosphère tendue, ce qui explique que Charlie Chaplin, le visage impassible, puisse inciter à rire alors que sa vie de clochard est pénible.


La dernière assertion du philosophe repose sur le fait que le rire ne peut éclater que dans le cadre d’une conscience commune, et je cite encore : " Notre rire est toujours le rire d’un groupe ". On ne rit pas tout seul (en tout cas, pas lui, c'est sûr…) ! Le rire est donc une activité sociale tout autant que culturelle. Donc, logiquement, nombre d’effets comiques sont intraduisibles d’une langue à l’autre, parce qu’ils sont relatifs aux mœurs et aux idées d’une société.


Ces considérations posées, Bergson établit sa thèse selon laquelle la vie est un mouvement permanent, fluide et continu :  Et là, on commence à décrocher... Un homme qui marche est banal, mais s’il trébuche et tombe, sa maladresse donne à son mouvement une raideur mécanique et produit le rire. En cela,  " le rire est  du mécanique plaqué sur du vivant ", c’est-à-dire qu’il provient d’une rupture dans la fluidité du mouvement (sic).


Comme je vois que certains s'endorment derrière leur écran, je vous propose de lire vous-même cet essai à tête reposée. L'édition que je vous propose est illustrée par Louis Jou. En 1947, il vit aux Baux de Provence après avoir fuit Paris en 1939.


Le masque qui orne la première lettrine du Rire de Bergson illustré par Jou offre une similitude frappante avec certaines figures grimaçantes des tableaux de Jérôme Bosch. N'était-ce pas lui, d'ailleurs, qui disait " Plus on est de Nefs des fous, plus on rit  " ? Pierre


BERGSON (Henri). Le Rire. Paris, Les Bibliophiles Du Palais, 1947. Un volume grand In 4. Couverture rempliée illustrée, en feuilles sous chemise et étui d'éditeur, ornements dessinés et gravés sur bois par Louis Jou. Tirage limité à 200 exemplaires numérotés, celui-ci N° 129 imprimé pour M. Paul Wendling. Parfait état. 270 € + port

lundi 28 octobre 2013

Art ou géniale supercherie ? Salvador Dali et Le mythe tragique de L'Angélus de Millet…


Je suis de cette génération où,  pour avoir du talent, il suffisait pour un artiste de choquer le bourgeois... Et quand ce même bourgeois, pour se déculpabiliser de son ignorance supposée, allait jusqu'à acheter les œuvres de son geôlier intellectuel, on frôlait le syndrome de Stockholm !


Dans Le Mythe tragique de l'Angélus de Millet, écrit en 1938, Salvador Dalí applique ce même procédé à l'interprétation paranoïaque-critique du tableau de Jean-François Millet, analysant en termes d'associations personnelles, irrationnelles et obsessionnelles les éléments distincts qui le composent (sic) Pour résumer : Le peintre, en raisonnant par l'absurde, se fout quand même un peu de son confrère…


Pour lui, la fourche plantée dans la terre, avec une avidité résolue pour la fertilité, signifie la pénétration sexuelle. Mais elle évoque aussi le scalpel employé pour la dissection. Des processus paranoïaques irrationnels relient Eros et Thanatos, le sexe et la mort…

D'après Dalí, la posture du couple de paysans confirme son interprétation. L'homme essaie de cacher son état d'érection (sic) par la position honteuse et compromettante de son chapeau. La pose de la femme est identifiée à la très libre perforation de la mante religieuse, allusion à l'habitude de l'insecte de dévorer le mâle après la copulation…


Dernièrement, une vente des toiles de Dali  s'est déroulée à Paris. Les commissaires-priseurs, par respect pour le peintre et pour éviter une décote de toutes les œuvres de l'artiste, n'ont pas donné le résultat des enchères et se sont abstenus de présenter le pourcentage des toiles ravalées. Par contre, il parait qu'on a entendu Jean-François Millet rigoler dans sa tombe du cimetière de Barbizon… Dans les années 1980, Salvador Dali, fait marquis de Pubol, lançait à ses visiteurs: " Tenez, faites donc du Dali et enrichissez-vous ! ". Il semble que de nombreux faux datent de cette période, époque à laquelle Salvador Dali a commencé à signer des feuilles vierges pour ses éditeurs, affirme un grand expert du surréalisme à Paris. De mon côté, et pour ne pas amoindrir l'admiration que j'ai pour ce peintre surréaliste, je me suis fait à l'idée qu'il était mort en 1963, juste après avoir publié le livre que je propose à la vente, aujourd'hui… Pierre


DALI  (Salvador).Le mythe tragique de L'Angélus de Millet - Interprétation " paranoïaque-critique ". Paris, Jean Jacques Pauvert, 1963. Un volume in-4. Reliure éditeur toilée avec boucle et ruban façon dossier scolaire. 105 pages tapuscrites avec de nombreuses illustrations (nombreuses photographies ou reproductions contrecollées). Bel exemplaire en parfait état d'origine. Vendu

samedi 26 octobre 2013

Exposition Benjamin Rabier, à Marseille, du 12 décembre au 10 janvier. Nous y serons...



Né le 30 décembre 1864 à La Roche-sur-Yon, Benjamin Rabier (1864-1939) obtient à 15 ans le Prix du Dessin de la Ville de Paris, mais d’origine modeste il doit interrompre ses études pour être successivement employé de banque, dessinateur de costumes militaires, percepteur aux Halles ou danseur acrobatique. Ses premiers dessins sont publiés dans Le Gil Blas illustré en 1889. Puis rapidement il collabore à de nombreux titres de la presse humoristique : La Caricature, Le Pêle-Mêle, L’illustré National, Le Bon Vivant, La Jeunesse Illustrée, Le Jeudi de la Jeunesse, Fantasio, Le Rire...


Son premier album « Jeannot sans Peur» paraît en 1895. Ce sera le début d’une activité éditoriale de plus de 200 titres. Dès 1910 Rabier diversifie son activité et se lance avec succès dans la publicité ce qui le conduira, en 1927, à créer la célèbre « Vache qui rit ». Pendant la première guerre mondiale il réalise les premiers dessins animés français tout en continuant de donner de nombreux vaudevilles et pièces aux théâtres parisiens. Celui que l’on surnomme « l’homme qui fait rire les animaux » est reconnu comme l’un des plus grands dessinateurs animaliers mondiaux.


On l'appelle aussi « Monsieur Gédéon » : sur les 220 albums qu'il signa pour les enfants, la série du canard jaune au long cou est sans doute la plus célèbre. Mais sait-on qu'il inventa « la ligne claire » en bande dessinée, qui lui vaudra les hommages appuyés de Hergé ? Qu'il lança le marketing publicitaire, et pas seulement en apposant son hilare marque de fabrique sur les fromages ? Son génie s'exprima par accident : en prolongeant involontairement la bouche d'un chien, il fit naître un sourire. Ainsi naquit sa patte : donner aux animaux une expression humaine.


Ce grand écart entre l'expression humaine et l'anatomie animale dura vingt ans. Je vous propose de découvrir tous (presque) ses ouvrages en image en poussant la porte de la Librairie " In Quarto " à Marseille. En effet, la boutique présente une rétrospective sur Benjamin Rabier du 12 décembre 2013 au 10 janvier 2014. Ce sera l'occasion pour vous de rencontrer les maîtres des lieux et, pourquoi pas, d'enrichir votre propre collection  ;-)). Pierre

LIBRAIRIE IN-QUARTO
34 rue Fort-Notre-Dame
13007 MARSEILLE

vendredi 25 octobre 2013

Histoire d'un libraire : Marcel Dommergues


Son histoire est un peu la mienne. C'est sans doute pour cela que j'ai beaucoup de bienveillance pour le bonhomme… Lui fut avoué (charge disparue depuis), en province, pendant 20 ans avant de monter à Paris pour vivre de sa passion et des compétences qu'il avait acquises avec le temps.


Sa librairie était située 23, rue des Écoles à Paris dans le 5eme arrondissement. Aujourd'hui encore (merci Monsieur Google Earth), un confrère semble y être installé (Le Livre Penseur) à moins que cela ne soit l'emplacement du cinéma d'à côté ? Voici le réponse : La librairie que l’on voit sur la droite au n° 23 bis n’existait pas du temps de mon père. Ce sont les salles du cinéma « action Latin » devenu « despérado » au 23 rue des Écoles qui ont pris la place de la Librairie Dommergues et du petit hôtel en retrait. En 1947 la librairie Dommergues avait ouverte aux lieux et places d’un ancien chapelier. Bernard Demory dans son ouvrage " Au temps des cataplasmes : La France d'avant la télé " nous dresse un portrait charmant du libraire :


" A voir cette canfouine où s'empilait des livres écornés et salis, qui aurait pu se douter qu'on se trouvait là chez un des plus grands libraires parisiens ? Quand il était d'humeur loquace, il me racontait les ficelles du métier et me montrait quelques uns de ses trésors : un incunable, une édition originale de Baudelaire, un superbe livre à gravures du XVIIIeme siècle."


En fait, à cette époque, beaucoup de libraires avaient déjà une spécialisation : tel Vivien en aéronautique, De Nobele pour les Beaux-arts, déjà Clavreuil en histoire, Thiébaud pour la chasse, Picard en archéologie, Scheler en médecine, Sergent sur la marine sans oublier mon honorable confrère vétérinaire du 5 rue Charlemagne pour l'art vétérinaire…


Marcel Dommergues eu le temps, tout en tenant boutique et en  élaborant un grand nombre de catalogues à l'attention de ses clients, d'écrire une plaquette fort intéressante, Les Après-midi du libraire, sur les dessous d'un métier qu'il pratiqua pendant 27ans. Je propose aujourd'hui un exemplaire à la vente avec un envoi manuscrit à un bibliophile. C'est ensuite qu'il écrivit ses mémoires. Le carquois du libraire en est une facette. Là encore, je présente un exemplaire à la vente... Je conseille ces deux ouvrages à tous les libraires qui perdent un peu la foi dans ce métier. Les temps ont changé mais pas la motivation des passionnés, des amateurs, des bibliophiles et des bibliomanes est la même…


Quelles sont les qualités requises pour être un bon libraire, d'ailleurs ? De l'indépendance, de l'exigence, de la confiance en soi. Et le désir de ne pas se satisfaire des réponses existantes. Quand une idée jaillit, il faut du courage et de la persévérance pour suivre son intuition. Ce sont, du reste, des critères qui ne lui sont pas spécifiques mais qu'on retrouve chez tous les commerçants qui l'accueillent dans leur quartier, lors de son installation.


Parlons-en de cette installation… Si on trouve de la bienveillance chez beaucoup de confrères installés, il existe parfois de la méfiance chez d'autres quand cela n'est pas de la défiance ! La politique de la porte ouverte n'existe pas et j'ai souvent fait le premier pas avec mes confrères. Les plus polis m'ignorent encore. Une politique d'accueil et d'encadrement aurait été la bienvenue. Et pourquoi pas, par les membres du Slam ? (Syndicat de la librairie ancienne)


C'est un libraire pourtant renommé, ayant fait un déménagement récent au centre de la France, qui me parlait dernièrement de ses désillusions à son arrivée. Il lui a fallu beaucoup de persuasion et de ténacité pour mettre en place un salon du livre ancien dans sa nouvelle région. Je me dis que je ne m'en suis pas si mal tiré que cela. Je vous raconterai tout ceci quand j'écrirai mes mémoires… Pierre


DOMMERGUES (Marcel). Les Après-midi du libraire, réflexions à l'usage des bibliophiles et des Libraires. Paris, Librairie Marcel Dommergues, 1949. Broché, couverture grise imprimée. Un volume in-16 (17 x 11 cm), 104 pp, [3 ff. n. ch.]. Edition originale. L'un des 1000 exemplaires sur vélin, seul papier après 50 sur vergé (n° 85). Envoi manuscrit de l'auteur à un bibliophile. Une rousseur en page de titre. Bel exemplaire. Vendu (à un libraire d'ouvrages anciens)

DOMMERGUES (Marcel). Le Carquois du Libraire. Monaco, Editions du Rocher, 1979. Broché, couverture vert imprimée, rempliée. Un volume in-12 (20,5 x 12 cm), 150 pp, [3 ff. n.ch]. Edition originale. Bel exemplaire. 24 € +port

jeudi 24 octobre 2013

Histoire d'un livre : Paul Desalmand et Le pilon…


" Quoiqu’il puisse m’arriver, j’estime ma vie réussie parce que j’ai été lu. "
C'était il y a quelques années, je venais de lire Le pilon de Paul Desalmand et, hier, je l'ai retrouvé dans une caisse en cherchant un autre ouvrage… On parle beaucoup des auteurs, des éditeurs, des illustrateurs auxquels on attache de l'importance sur nos blogs bibliophiles mais on connait rarement l'histoire personnelle du livre que l'on a entre les mains. Il y a bien heureusement les ex-libris, les ex-dono, les ex-praemio et les catalogues de vente pour nous aider à retracer son existence mais j'avais, à l'époque, été intrigué par ce livre qui parlait de lui à la première personne.


Et si les livres étaient vivants ? Tel est le postulat surréaliste de ce roman qui raconte, avec beaucoup d'imagination, la vie d’un livre. Le récit s’attelle à décrire les pérégrinations dont le livre est l’objet, dévoilant de plus ou moins belles rencontres et dénonçant souvent les injustices de notre monde. Au-delà de la fable, l’auteur nous rappelle que le livre est un objet presque sacré qu’il convient de protéger et de respecter. On touche donc la clientèle des bibliophiles ! Pourtant, la réalité nous apprend, qu'aujourd'hui, deux livres sur trois finissent au pilon


Pêle-mêle, on y trouve quelques exemplaires du rapport Attali, les biographies de Tom Cruise et Michel Drucker, des livres de poche de John Grisham, quelques-uns des ouvrages sur Sarkozy, Carla Bruni ou Rachida Dati, un Kama-sutra qui s'empile sur des ouvrages autour de l'Opus Dei, des livres de Danielle Steel avec des BD des Schtroumpfs, " Un vrai roman " de Philippe Sollers côtoie " La Bible racontée aux enfants " d'Alain Decaux qui s'accommode, par ailleurs, fort bien de la promiscuité du " Parce que je t'aime " de Guillaume Musso. Tout autour, des fragments de pages volettent dans des courants d'air qui charrient l'odeur sèche et un peu âcre du papier… On pense alors à la censure dont fut frappé Baudelaire pour ses Fleurs du mal , aux autodafés de l'Inquisition et, de façon plus générale, à tous les régimes autoritaires qui ont brûlé des livres et on se dit que nombre d'éditions originales vont encore disparaître !


Une étude conduite en 1991 indiquait que les livres les plus fréquemment pilonnés sont majoritairement des ouvrages de littérature générale (romans, documents d’actualité…). Les livres scolaires étaient, par contre, détruits uniquement lors des changements de programmes mais comme ces derniers changent à chaque élection, maintenant, le résultat est le même ! Les ouvrages de référence (dictionnaires, encyclopédies, etc…) seraient moins pilonnés mais leur potentiel de vente s'est depuis amenuisé, voire a complètement disparu, avec Internet. 


Le pilon est, en fait, un processus qui limite le coût du stockage pour les éditeurs et permet de transformer des livres invendus en journaux. Il est à noter que certains éditeurs prélèvent une partie des ouvrages destinés au pilon pour effectuer des opérations de dons dans les réseaux associatifs. C'est ainsi que la méthode de régime amaigrissant Sulitzer fut un best-gifter en Afrique centrale (sic). On se dit cependant que les éditeurs auraient tout à gagner à offrir ces livres à des bouquinistes et à des libraires d'ouvrages anciens qui pourraient alors rétrocéder le fruit de leur vente à compter de la (soyons généreux) 50eme année de stockage… Pierre


DESALMAND (Paul). Le Pilon. Meudon, Quidam éditeur, 2006. Un volume in-8. Cartonnage illustré et feuillets collés. 145 pp. Ex-libris manuscrit de Philippe Gandillet au crayon à mine de plomb en page de garde. Vendu