Dans le cadre des Journées du patrimoine, les 18 et 19 septembre 2010, la mairie de Tarascon organise les deuxièmes " Journées du livre ancien de Tarascon ". La manifestation aura lieu au centre ville, dans la rue couverte des Halles et dans la salle de la mairie, prêtée à cet effet, les samedi 18 et dimanche 19 septembre 2010 de 9 h jusqu'à 18 h.
Les libraires exposants professionnels auront le choix entre un emplacement protégé des intempéries de chaque côté de la rue, sous les arcades, ou une salle spacieuse pour les libraires qui souhaitent réserver une place à l'intérieur d'une galerie restaurée et pourvue de tout le confort nécessaire. Le prix, cette année, restera encore symbolique : 30 €. Les inscriptions seront closes début septembre en sachant que le nombre de places est limité. Cette somme me permettra, comme – mais mieux – l'année dernière, d'offrir un apéritif de bienvenue et de d'organiser une réclame efficace. Il faut mentionner que la rue des Halles et ses arcades viennent d'être restaurées et bénéficient d'un éclairage performant.
Fort du succès d'estime de l'année dernière, l'Association des Commerçants de Tarascon, désireuse de s'associer à ces journées organise conjointement ses premières " Journées du collectionneur " qui verront des professionnels établir leurs stands en amont de la manifestation.
Cette manifestation de prestige s'inscrit dans la suite du " Salon de Lourmarin " qui aura lieu la semaine précédente sans pour autant approcher le niveau de haute bibliophilie de ce dernier. De beaux ouvrages seront proposés avec un thème choisi par l'exposant. Il n'y a pas de thème imposé mais la Provence sera, sans nul doute, présente.
La manifestation est placée sous la bienveillante autorité de Pierre Brillard qui tient une librairie ancienne à Tarascon et se propose d'être l'interlocuteur privilégié des bouquinistes et libraires exposants.
La mairie de Tarascon, L'Association des Commerçants de Tarascon, Pierre Brillard et les amoureux du livre de notre cité se chargent d'être les ambassadeurs de cette manifestation auprès des bibliophiles qui rendront la manifestation pérenne. Un relieur professionnel sera présent sur l'espace.
J'enverrai ce premier courrier à des libraires amis. Si vous connaissez des confrères attirés par l'été indien en Provence, n'hésitez pas à les prévenir en envoyant le lien du message. Merci d'avance. Pierre
samedi 27 février 2010
vendredi 26 février 2010
Robida et l'hebdomadaire "La Caricature". Les premiers numéros.
L'hebdomadaire " La Caricature " compte, sans contestation possible, parmi les réussites les plus éclatantes de la presse satirique de la fin du XIX° siècle. Audacieuse par sa vivacité formelle plus que par un contenu politiquement discret, elle est même révolutionnaire pour ses vertigineux aplats colorés issus de la récente photogravure utilisée ici avec la plus haute dextérité.
Jacques Lethève, dans La caricature sous la IIIe République, décrit ainsi la revue ; « Au milieu des journaux le plus souvent de basse qualité apportés par la vague de l’année 1880 se détache La Caricature que crée à cette date le dessinateur Albert Robida. Publiée sur huit pages, comportant peu de texte, elle offre dans chaque numéro un grand nombre de dessins : histoires en images et sans légende, silhouettes, portraits charges, grandes compositions, toutes les formes alors en usage de la caricature s’y rencontrent et si la valeur des dessins est naturellement fort inégale, les actualités y sont passées en revue. Les mondanités voisinent avec la littérature, le théâtre et les potins du jour, la politique ne figurant qu’au rang des curiosités du moment. » La pérennité du titre atteste déjà de son impact et de la fidélisation rapide d’un lectorat plutôt aisé et parisien, certainement amateur de La Vie Parisienne jusqu’ici emblématique de ce mélange entre trait satirique et divertissement. En effet, La Caricature se livre chaque semaine au fronton des kiosques durant près de vingt cinq années, durée de vie assez rare dans un monde où le va et vient des périodiques témoigne en écho, du rythme syncopé de la vie politique.
En 1880, lorsque sort le premier numéro, le titre est déjà familier pour bon nombre d’amateurs de la disqualification graphique et de ses gloires passées. La Caricature fleure bon la nostalgie des années 1830, lorsque son premier fondateur, Charles Philipon, croquait Louis-Philippe en poire lors d’une audience d’assises, impertinence déclinée à l’envie par son journal et ses affidés durant plusieurs années, jusqu’à devenir le symbole de la monarchie bourgeoise et de ses impasses. C’est la première génération de dessinateurs satiriques dont le plus doué, Honoré Daumier, vient justement de décéder peu avant la résurrection du titre, comme le symbole de la fin d’une époque. La nouvelle Caricature se veut justement moins engagée que son illustre aînée, davantage tournée vers ce que l’on nomme, faute de mieux, la caricature de mœurs.
Le journal de Robida amène de la couleur, ainsi qu’une audace de trait qui tranche avec la production contemporaine, y compris la sienne, au cours des années précédentes. La Caricature fait la part belle à la vie théâtrale, mais abandonne les grandes compositions récapitulatives des spectacles de la semaine, alors en vogue, pour se focaliser sur une œuvre singulière. Pour autant, il n’y a rien là de publicitaire, ce ne sont pas des affiches comme Le Courrier français en produira plus tard régulièrement. Ce sont des traductions graphiques dont l’exagération prétend faire écho à l’ambiance du spectacle tout en inscrivant le trait dans le genre satirique, sans que la dimension critique ne soit absente. Le registre de la caricature théâtrale ne concerne que les premiers temps de La Caricature, les trois premières années, avant que les « tableaux-bouffe » de Robida ne commencent à décroître. Ces grandes compositions endiablées et colorées sont à ce point attachées à l’image du journal que lorsque celui-ci sera repris, en 1897, la nouvelle direction demandera tout de suite au dessinateur Maurice Radiguet une couverture dans la ligne des premières pages de Robida, à mi-chemin entre l’hommage et la volonté de réanimer le genre.
Le premier numéro, le 3 janvier 1880, témoigne d’une neutralité de façade et sonne comme l’épilogue d’une décennie coercitive, depuis la fin tragique de la Commune de Paris et le triomphe de l’ordre moral. Apparente neutralité car cette première attaque de Zola, de l’adaptation de Nana sur les planches et du naturalisme n’est pas innocente, pas plus que la propension à repousser sans relâche les barrières de la tolérance en matière de représentations féminines, à forte connotation érotique. Ne nous y trompons pourtant pas : si le caractère licencieux des couvertures est un argument de vente privilégié, c’est aussi un angle d’attaque résolu contre le corsetage des mœurs et des esprits de ce moment qu’Armand Lanoux a qualifié avec bonheur de « Bourgeoisie Absolue ». L’explosion de La Caricature résume parfaitement l’envol d’une presse légère qui précède (et non l’inverse comme on le lit souvent) la grande loi libératrice du 29 juillet 1881. On parle alors de « vague pornographique » déferlant sur la capitale, terme abusif amalgamant des feuilles sans lendemain et bâclées comme L’Evènement Parisien, avec des journaux arborant une maquette et une qualité de trait sans commune mesure avec la décennie précédente.
Le bandeau du journal est classique et indique, outre le nom d’Albert Robida comme rédacteur en chef, que le titre correspond à une « publication de La Librairie illustrée ». Cette mention conservée jusqu’en mars 1882, disparaît ensuite pour une raison inconnue, remplacée par « journal hebdomadaire ». Les bureaux sont installés 7 rue du Croissant, au cœur du quartier de la presse parisienne, non loin des Grands Boulevards, et demeurent à la même adresse que La Librairie illustrée, ce qui témoigne un peu plus des relations étroites entre le périodique et son commanditaire.
La Caricature sort chaque vendredi et sa pagination ne tient pas compte des numéros ni des années. À la façon d’un immense volume, les pages et les éditions sont numérotées à partir du numéro 1 ce qui fait qu’à son ultime opus en 1904, La Caricature s’interrompt au bout de vingt cinq années à son 1 305e numéro. Cet article est tiré de l'excellente présentation de Laurent Bihl (caricature.com).
J'imagine que la possession d'une collection complète de "La Caricature " s'apparente à la quête du Saint- Graal et l'acquisition de la première année à un miracle ! C'est pourquoi l'ouvrage que je vous propose me semble être une belle opportunité. Pierre
ROBIDA (A) & COLLECTIF. LA CARICATURE - Ensemble de 53 revues allant du N°1 (1er janvier 1880) au N° 53 compris (1er janvier 1881). In folio relié en demi basane cerise contenant une année entière de l'hebdomadaire dans une belle livrée et en excellent état. Complet de ses gravures dépliantes HT. Illustrations noir et blanc et couleurs pour les couvertures par JOB, ROBIDA, STEILEIN, BAC, LE MOUËL, DAMBLANS, GODEFROY, GUILLAUME, VOGEL - sans rousseurs.Vendu
mercredi 24 février 2010
L'almanach Royal . Deux éditions de 1735 et 1736 à la suite.
Paul Féval fils se pencha sur sa page blanche… Son éditeur lui avait demandé d'écrire, sous forme d'un feuilleton hebdomadaire paraissant dans le journal des annales, un roman de cap et d'épée comme son père avait si bien su le faire avec son " Bossu ".
- Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi !
Ce sera donc " Le fils de Lagardère " L'action se passe en 1735. Le fils de Lagardère rencontre dans le bureau des économats, l'Abbé d'Argenson, Conseiller d'état et Chancelier de l'Ordre de Saint Louis, Méssire François Chicoyneau, Premier médecin Ordinaire du Roy ainsi que le Prévost de Paris, Mr de Bullion, Comte d'Esclimont…
Dans ce type de roman tout est vrai, sauf l'intrigue ! Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ... n'est pas le fruit du hasard mais s'explique par l'utilisation fréquente d'informations puisées dans un Almanach Royal de l'époque. Celui que je vous propose aujourd'hui, s'il ne brille pas par sa reliure est très solide, englobe deux années et sera un excellent outil de travail pour le feuilletoniste ou l'historiographe qui sommeille en vous.
L’Almanach Royal est un annuaire administratif français fondé en 1683 par le libraire Laurent d’Houry, qui parut sous ce titre de 1700 à 1792, et sous d’autres titres jusqu’en 1919. Il présentait chaque année, dans l’ordre officiel des préséances, la liste des membres de la famille royale de France, des princes de sang, et des principaux corps du royaume : grands officiers de la Couronne, membres du haut clergé, abbés des grandes abbayes (avec le revenu de chaque abbaye), maréchaux de France, colonels et officiers généraux, ambassadeurs et consuls de France, présidents des principales juridictions, conseillers d'État, banquiers, etc. Malgré le caractère indigeste qu’il pouvait présenter en raison des nombreuses listes dont il était composé, il jouissait d’une large diffusion auprès d’un lectorat essentiellement composé de financiers, de politiques et de toutes les personnes qui avaient un intérêt à connaître l’organisation administrative de la France.
Les premiers Almanachs n’ont pas été imprimés par Laurent D’Houry. L’Almanach de 1706 est ainsi imprimé par Jacques Vincent, installé rue de la Huchette, à l’enseigne de l’Ange. En 1712, Laurent d’Houry devient imprimeur et commence aussitôt l’impression de son ouvrage. Ensuite, tous les almanachs seront imprimés par leur éditeur.
L’almanach est vendu soit broché, soit relié par l’imprimeur. La version brochée permet à l’acquéreur de faire relier son livre comme il le désire, et c’est ainsi qu’il est possible de trouver des ouvrages aux reliures très ouvragées, avec dentelle, armes des familles, rehaussées de nombreuses couleurs ou de dorures, etc. La version reliée fournie par l’imprimeur se présentait habituellement dans une reliure en veau ou maroquin plein, et des fleurs de lys dans les caissons du dos. Avec la révolution, les fleurs de lys sont remplacées par des bonnets phrygiens à cocardes.
Vous y trouverez toutes les bibliothèques du Royaume et vous constaterez avec satisfaction que dans les processions d'honneurs des Universités, les libraires, imprimeurs, relieurs, enlumineurs et doreurs n'étaient pas exclus du défilé. Quelle reconnaissance !
Un coup de chapeau à Wikipédia pour un excellent article sur les almanachs. Pierre
ALMANACH Royal. Paris, Veuve d'Houry, 1735, in-8, 422 p & 1736 à la suite, in-8, 418p, Reliure ancienne mais restauration amateur moderne, dos à nerfs. Traces de mouillures sur le premier almanach, rousseurs. Cahiers très solidaires. Exemplaire de travail intéressant en ce qu'il contient deux années successives. Vendu
lundi 22 février 2010
Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Science du bien vivre à table.
Je ne réponds jamais au téléphone lorsque je suis dans un dîner en ville, question de politesse. Quand j'ai vu le prénom de Pierre apparaître sur l'écran de mon portable, samedi soir, j'ai dérogé à cette règle élémentaire de bienséance et ai demandé à la maîtresse de maison l'autorisation de converser avec notre infortuné libraire.
Un empêchement, un service, un problème ? Rien de tout cela. Ayant été invité à souper chez un de ses riches clients un peu mécène, il désirait m'entretenir des quelques règles de savoir-vivre qui lui seraient nécessaires pour paraître. On peut dire ce que l'on veut sur mes talents d'écrivain mais ce n'est pas sans raison que je suis invité à toutes les grandes réceptions mondaines de Paris et de province. Voici en quelques lignes les conseils que je lui ai donnés. Vous les retrouverez, d'ailleurs, dans les deux ouvrages que je vous présente ici et qui vous seront utiles quand vous serez invités dans le beau monde. Mais si, mais si…
Arrivez exactement à l'heure qui vous a été fixée - Posez votre chapeau, canne, pardessus, manteau dans le vestibule mais gardez votre veste et votre pantalon. Un "Merci, mon brave" fera toujours plaisir au majordome qui vous aidera dans cette manœuvre tout en vous abstenant de lui glisser une pièce dans la main, surtout si c'est le mari de la maîtresse de maison qui vous accueille - Entrez discrètement. Si l'on vous présente à une autre personne, serrez la main qu'on vous tend sans la broyer. Avant de vous mettre à table, prenez toutes vos petites précautions pour n'avoir pas à vous déranger par la suite. Madame, rappelez-vous que dans une salle à manger vous ne devez pas vous remettre de poudre, de rouge ou de noir et refusez toute autre boisson qu'un "Kir-champagne" bu du bout des lèvres - Au moment de vous mettre à table, asseyez-vous en ayant soin de ne pas cogner vos genoux contre un pied de table et si cela vous arrive, ne poussez pas un juron retentissant qui ferait sursauter l'assistance. Dépliez votre serviette, ne la mettez pas autour de votre cou, ni dans votre col ; placer-la sur vos genoux. Admirez sans rien dire la belle ordonnance de la table, jetez un coup d'œil à vos commensaux, souriez leur discrètement et repérez ceux qui, pouvant vous être utiles, seront le sujet de toute votre attention.
Ne vous mettez pas à astiquer votre assiette. Attendez que tous les convives soient servis avant de commencer à manger. Si votre potage est très chaud, ne souffler pas dessus mais attendez qu'il refroidisse. Ne frappez pas la cuillère dans l'assiette et ne l'inclinez pas pour la portez à votre bouche - Durant l'attente du prochain plat, ne frappez pas votre verre avec votre couteau sous prétexte de vous rendre compte si c'est bien du cristal. Ne faites pas de boulettes avec la mie de pain. Rompez-le puis remettez-le à plat sur le plateau, dos en l'air. Ne ramassez pas la sauce avec et évitez à tout prix de le sucer puis de le replonger dans le plat en arguant que la préparation est délicieuse - Essuyez-vous aussi la bouche avant de boire afin de ne pas laisser de trace de graisse sur le bord du verre. N'avalez pas le contenu de votre verre d'un trait et après avoir bu, ne poussez pas un soupir à fendre l'âme. Pas de rot non plus, ou bien excusez vous auprès de la maîtresse de maison qui avec hypocrisie et stoïcisme vous affirmera que cela n'a aucune importance…
Soyez gentil et prévenant avec vos voisins, surtout avec la douce et jolie jeune femme à votre droite. N'en profitez pas pour lui raconter des histoires de corps de garde - Ne parlez jamais à table de médicaments, d'opérations chirurgicales, de noyés, d'animaux crevés ou de pêche à l'asticot. Ne faites du genou ou du pied à votre voisine qu'avant d'être absolument certain que cela lui plaira et dans ce cas seulement, faites attention à ce que son mari ne s'en aperçoive pas. Si par mégarde, vous laissez tomber votre fourchette, ne plonger pas aussitôt sous la table où se déroule une vie intime qui doit le rester mais redemandez un autre couvert au serveur.
Si l'on vous présente des rince-doigts, trempez-y simplement l'extrémité de votre main et ne retroussez pas vos manches ni ne faites du clapotis avec vos doigts. Ne fumez pas pendant le repas sous prétexte que c'est une habitude contractée du temps où vous étiez célibataires - Si le plat est particulièrement réussi, vous pouvez féliciter discrètement la maîtresse de maison mais n'allez pas vous aviser de lui dire que son rôti de veau est excellent si c'est du porc que l'on vous a servi. Enfin, si par malheur en fin de repas quelque convive raconte une histoire drôle, ne vous écriez pas "Celle-là, je la connais !" mais souriez gentiment comme vos voisins qui la connaisse aussi - Pour terminer, essayez pendant ce repas d'être spirituel et léger et vous serez à coup sûr, invité une deuxième fois. Si un convive, par exemple, révèle une information confidentielle destinée à être ébruitée dans les ministères, n'hésitez pas à vous fendre d'un "Parbleu, ça me troue le cul !" qui est toujours du plus bel effet...
A bon entendeur, salut ! Votre toujours dévoué. Philippe Gandillet
BEN (Paul) & DESREZ (Auguste). Science du bien vivre ou Monographie de la Cuisine Envisagée sous son aspect physique, intellectuel et moral. Guide de la Maîtresse de maison, suivie de Mille nouvelles recettes par ordre régulier du service de la table...Troisième édition. PARIS, Au Bureau du Musée des Familles, 1846, broché, grand in-8, couverture illustrée, (7), 232p, frontispice, titres illustrés et nombreuses illustrations in-texte en noir ; texte sur 2 colonnes. Rousseurs en fin d'ouvrage (7 pages). Ensemble solide aux cahiers bien réglés et très correct mais le 1er plat et le dos présentent des signes d'usage. Monographie de la Cuisine Envisagée sous son aspect physique, intellectuel et moral. Guide de la Maîtresse de maison, suivie de mille nouvelles recettes par ordre régulier du service de la table, d'une liste des provisions que l'on doit faire dans un ménage, et de l'indication des pays d'où elles peuvent être tirées; d'un calendrier culinaire; d'une nomenclature des vins de choix et de l'ordre dans lequel ils doivent être servis; de la préparation et de l'arrangement du dessert; d'une nomenclature de tous les ustensiles nécessaires dans une cuisine; d'un vocabulaire des termes employés à la cuisine et à l'office; des travaux de l'office; de la description des menus pour 3, 5, 7 et jusqu'à 20 convives; de la composition des menus de dîners maigres; des moyens de bien faire le café, suivis de quelques conseils sur la manière dont il doit être servi et augmentée de l'Art d'utiliser les restes. 95 € + port.
samedi 20 février 2010
La Rochefoucauld. Pensées, Maximes et Réflexions morales (Ganeau, 1741) dans une belle reliure.
L'évocation de Saint Evremond, dans la chronique précédente m'amène tout naturellement à vous présenter un écrivain moraliste de la même époque dont le chemin fut, à bien des égards, comparable comme vous le constaterez mais dont la renommée est restée intacte avec le temps qui passe. Laissez-moi donc vous conter la triste vie de Mr le Duc François de La Rochefoucauld (1613-1680).
Amour : Il épousa à quinze ans, sans amour, une femme à laquelle il fera par distraction huit enfants. Je ne sais quelle courtisane entretenue par un Duc fort laid parlait de sa chambre à coucher en la qualifiant de "chambre expiatoire". Cette image pathétique accompagnera la vie sentimentale de La Rochefoucauld toute sa vie…
Faits d'armes : Soldat et conspirateur dans l'âme, il reçut trois coup de mousquet au siège de Mardyck, en Flandre, complota avec la duchesse de Chevreuse contre Richelieu, puis avec Cinq Mars, puis avec Condé en devenant comme Saint Evremond ennemi de Mazarin, puis avec les espagnols et Mme de Longueville puis avec… il conspira toute sa vie.
Écriture : Ses réussites dans l'édition ne furent guère meilleures. Dès 1662, ses premiers écrits (mémoires) furent sujets à erreurs et contrefaçons. Ses " Réflexions ou Sentences Morales " parues en 1664, si elles lui amenèrent la notoriété se révèlent être aujourd'hui, un recueil de mots d'auteurs plus ou moins corrigés dont il fut loin d'être le seul initiateur.
Ligne de chance : En un seul jour de 1672, La Rochefoucauld eut un de ses fils tué à la guerre, un autre gravement blessé et perdit le petit fils qu'il eut de sa maîtresse, Mme de Longueville et qui était sa fierté.
Postérité : Connu pour des maximes qu'il a piochées chez ses maîtres, il participera pendant cinq ans à l'écriture de la Princesse de Clèves dont Mme de Lafayette restera l'unique bénéficiaire. Trop timide pour parler en public, il refusera d'entrer à l'Académie Française à cause du discours de réception qui devait être lu devant l'auditoire.
Maladie : La goutte le clouera sur une chaise, les dix dernières années de sa vie.
L’édition définitive de ses pensées avec les sept cents Maximes n’a paru qu’en 1817. S'il me fallait me souvenir d'un seul de ses aphorismes, je choisirais celui qui se prête le mieux à ma belle existence en constatant le triste déroulement de la sienne :" La vie nous donne assez de force pour supporter les maux d'autrui ". Pierre
LA ROCHEFOUCAULD François (duc de). Les Pensées, maximes et réflexions morales de M. le Duc ***, onzième édition augmentée de remarques critiques, morales et historiques, sur chacune des réflexions par M. l'abbé de La Roche. Paris Ganeau 1741, in-12, XXIV-299 p., veau blond, dos à 5 nerfs ornés de motifs et pièce de titre en maroquin rouge, roulette dorée sur les coupes, tranches rouges. Armes de la famille de Mr le Comte De La Combe et chiffres aux quatre coins sur les deux plats (double C entrecroisé), Armes manquant, d'ailleurs, de noblesse… Coiffe supérieure arasée et coins frottés. Bel exemplaire néanmoins (sic), d'une édition peu commune à la vente. Vendu
vendredi 19 février 2010
Mr De Saint-Evremond. Chez Pierre Mortier en 1706.
Charles Marguetel de Saint-Denis, plus connu sous le nom de Saint-Évremond (1614-1703) est un écrivain libertin qui a eu la particularité d'avoir été connu de son vivant mais surtout édité après sa mort.
Jeune élève des jésuites et brillant étudiant en droit, il préférait alors être remarqué pour ses dons de cavalier et son adresse à l'épée. Vous connaissez peut-être " La botte de Saint Evremond " ? Entre deux faits d'armes, il discutait philosophie avec Gassendi, bonnes manières avec la Marquise de Rambouillet et libertinage avec Marion de Lorme et Ninon de L'Enclos. Sa séduction ne tenait pas à son physique si l'on en juge par son portrait.
La " Comédie des Académistes pour la réforme de la langue française " marquera sa première disgrâce auprès des bien-pensants. S'étant attiré l'antipathie du Cardinal de Mazarin, il s'exila en Angleterre où il resta même quand il lui fut possible de rentrer en France. La cuisine sans doute… Il s'était lié à Swift et sa réputation était grande au café "Will" qui lui tenait lieu d'Académie ; en tout cas c'est ce que disait le patron (en anglais).
Lecteur de Montaigne et de Cervantès, il correspondit avec Corneille, La Fontaine et Spinoza. Il écrivit un " Jugement sur quelques auteurs Français " qui montre qu'il était visionnaire et lucide. Sauf en amour ! A cinquante six ans (bel age s'il en est un), il tomba amoureux d'une demoiselle Hortense de vingt huit ans qui le ruina. Les temps n'ont pas changé me direz-vous. Il écrivait en pensant à elle :
Plutarque est suspendu, Don quichotte interdit
Montaigne auprès d'Hortense a perdu tout crédit
Racine lui déplait, Corneille l'importune
Et ce bon La Fontaine a la même fortune.
Montaigne auprès d'Hortense a perdu tout crédit
Racine lui déplait, Corneille l'importune
Et ce bon La Fontaine a la même fortune.
Cette Hortense lui fit perdre la tête. Elle l'a perdit aussi en 1699 quand elle se suicida. Dans ses derniers jours, on le conjura de se réconcilier avec la Foi. " Je préfère que l'on me réconcilie avec l'appétit " dit-il dans une dernière bravade de mousquetaire. A 86 ans, il s'éteignit. Ses derniers vers l'annonçaient :
Aucun vin ne me fait envie
D'aucuns mets je suis tenté,
Que puis-je faire dans la vie ?
Je prends peu de plaisir à lire,
J'oblige le public en m'abstenant d'écrire…
D'aucuns mets je suis tenté,
Que puis-je faire dans la vie ?
Je prends peu de plaisir à lire,
J'oblige le public en m'abstenant d'écrire…
Il y a des langueurs magnifiques, n'est-ce pas ? Les anglais qui sont clairvoyants l'ont enterré à côté de leurs poètes à l'Abbaye de Westminster. Hats off, gentlemen ! Pierre
SAINT-EVREMOND. Oeuvres mêlées, 1 seul volume sur les 5 volumes de l'édition. Amsterdam, P. Mortier, 1706, vol. in-12, veau marbré, Plats aux Armes de Charles –Maurice Le Tellier, Archevêque de Reims, dos à 5 nerfs ornés, caissons entièrement décorés, tr. rouges mouchetées, pièces de titre et de tomaison (rel. de l'époque.). Édition augmentée de nouvelles remarques. Reliure usagée, mors fendus, coiffes absentes et coins frottés. Ex-libris de la bibliothèque St Geneviève. 3 gravures dont une dépliante. Cet ouvrage est une impression elzévirienne dont Pierre Mortier fut un nom de façade quand ces imprimeurs ne voulaient pas voir révéler leur nom. Le Tellier , mort en 1712 à l'age de 78 ans légua ses livres à la bibliothèque Sainte Geneviève ce qui explique l'ex-libris prestigieux. La provenance prestigieuse et la rareté des exemplaires à la vente de cette bibliothèque en font un exemplaire digne d'interêt.
jeudi 18 février 2010
Manuel du démagogue par Raoul Frary
Les élections approchent. J'ai pensé qu'un petit manuel de démagogie pourrait vous servir à soutenir une conversation ennuyeuse ou à vous armer contre elle.
Beaucoup d'hommes politiques ont usé et abusé de ce procédé pour se faire élire mais il n'est pas interdit à chaque concitoyen de faire preuve d'un peu de démagogie dans la vie de tous les jours pour se faire remarquer ou pour se faire aimer, c'est humain ! Personnellement je n'ai jamais utilisé ce recours avec mes lecteurs car tout le monde sait que les bloggeurs sont trop intelligents pour se faire prendre à ce jeu…
Et puis, trop de personnes confondent la démagogie et le bon sens ce qui n'est pas votre cas !
D'ailleurs la vie serait plus facile si l'on écoutait un peu plus les gens…
Contre le chômage, il suffirait de forcer les patrons à acheter des légumes produits en France par des sociétés qui exportent à l'étranger. La violence dans les lycées n'existerait pas si on mettait un policier à l'extérieur des établissements, derrière chaque surveillant qui serait embauché pour résorber le déficit de la sécurité sociale. Les cartables des étudiants seraient bien plus légers si l'on n'y mettait pas des livres de classe indispensables qui devraient être pris en charge par le Conseil Général qui ne sert à rien. Les jeunes seraient moins obèses s'ils respectaient leurs parents en n'allant pas manger des hamburgers dans des fast-foods alors qu'ils n'ont pas d'argent pour se les payer. "On" sait bien que le téléphone portable donne le cancer des testicules quand on le garde dans sa poche mais "on" ne dit rien pour ne pas faire d'ombre aux sociétés pharmaceutiques qui font des profits sur le dos des africains qui meurent de faim dans le désert qui recule. La télévision rend les gens abrutis et il faudrait les forcer à lire le soir au coin du feu mais le gouvernement n'a jamais rien fait contre les exploitants agricoles qui déforestent nos montagnes en tuant des ours qui mangent nos agneaux qui viennent de Nouvelle-Zélande. Les guerres sont injustes et meurtrières, c'est pourquoi il faudrait les interdire par la force. Les femmes voilées devraient avoir le droit de ne pas y être sans que le gouvernement prenne de mesures pour les empêcher de ne pas y être. Les vaches font plus de trous dans l'atmosphère que les fumeurs qui polluent la couche d'ozone en prenant à la gorge les buralistes qui travaillent le dimanche mais tout le monde s'en fout !
"Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez lui dire les choses les plus stupides et les plus crues" diront les démagogues. Ce principe ne correspond absolument pas à ma tendance post-soixanthuitarde-écologico-autogestionnaire-de-gauche. Je vous parlerai donc sans complaisance ni forfanterie et le seul bénéfice que je souhaite dans le commerce de ce petit ouvrage de Mr Frary, c'est votre bonheur car :
- Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles.
- Les monarchies meurent du favoritisme. Les démocraties ont le leur. Il se nomme démagogie. Et elles en meurent aussi.
- La démagogie s'introduit quand, faute de commune mesure, le principe d'égalité s'abâtardit en principe d'identité.
- La démagogie est à la démocratie ce que la prostitution est à l'amour.
Pierre
FRARY (Raoul). Manuel du démagogue. Paris, Librairie Léopold Cerf, 1884. 2eme édition, In-12, 310 pp. Broché. Très bon état. Quelques rousseurs en fin d'ouvrage. Le Manuel du démagogue a été édité sous la IIIème République et s'adressait à un jeune homme destiné à embrasser la carrière politique. Il est toujours d'actualité aujourd'hui. C'est aussi un manuel de mauvaise foi il va sans dire… 29 € + port
mardi 16 février 2010
A Amsterdam chez Louys & Daniel Elzevier en 1661.
Qu'auriez-vous fait à ma place ? Après le précèdent billet, il ne me restait plus qu'à chercher sur les rayonnages de ma librairie cette fameuse édition pour bibliophile de "L'Histoire du Roi Henry le Grand " mentionnée par notre zélé chroniqueur du lundi. Le hasard est étrange… Je l'avais. On a voulu ravir à Hardouin de Péréfixe de Beaumont (1606-1671) la gloire de cette production. Des critiques ont prétendu qu'il avait emprunté la plume de Mézeray, d'autres ont assuré que le véritable auteur était le Père Annat, confesseur de Louis XIV mais tous leurs efforts ont été impuissants, et la Vie de Henry le Grand reste à Péréfixe, qui nous apprend dans la préface qu'il l'a tirée d'un Mémoire de l'Histoire Générale de France, qu'il avait composé par l'ordre du Roi, ouvrage demeuré inédit et qui s'est perdu.
L'édition originale a paru sous l'adresse Paris, Edme Martin, 1661. C'est en raison de la mode du 19eme siècle pour les productions elzéviriennes que cette première édition hollandaise est plus connue et recherchée que la précédente. Les Elzevier (également orthographié Elzevir) sont une illustre famille de typographes néerlandais d'origine arabe (el zefir signifie le vent ), actifs durant tout le XVIIe siècle, principalement à Leyde et à Amsterdam. Ils ont inventé le caractère typographique qui porte leur nom. Doté d'un empattement triangulaire, il donne plus de légèreté à la page et permet ainsi, tout en conservant une grande lisibilité, d'utiliser un corps plus petit. Cette innovation donne la possibilité d'imprimer une grande quantité de texte dans des ouvrages de petit format. Le format privilégié des Elzevier sera le petit in-12, d'une hauteur tournant autour de 130 mm. Louis, imprimeur à Amsterdam, adopta pour marque une Minerve avec l'olivier et cet ancien adage : Ne extra oleas (ne dépassez pas les oliviers, c'est-à-dire les limites indiquées par des oliviers plantés à l'extrémité du stade où les Grecs s'exerçaient à la course). Le sens profond d'un tel précepte ? Aucune idée…
En frontispice de l'ouvrage on trouve une belle illustration gravée sur cuivre montrant Henri IV sur son cheval blanc, rayé de noir dont la couleur est connue de chacun. L'image d'un roi aimable et souriant est la première qui se présente à nos yeux quand nous pensons à ce monarque. On cite ses bons mots et ses réparties et on en oublierait presque que son règne s'est déroulé au milieu de toutes les tristesses du monde. Que d'intrigues et de complots, que de massacres. Et puis, ces guerres de religion ! Comme tout ceci a du être affligeant… Mais par un phénomène providentiel, ce monarque n'a laissé derrière lui que son panache blanc. Henri IV, c'est une légende en fait !
PEREFIXE DE BEAUMONT (Hardouin de). Histoire du Roy Henry Le Grand. Composée par Messire Hardouin de Péréfixe Evesque de Rodez, cy-devant Precepteur du Roy. Chez Louys & Daniel Elzevier, A Amsterdam, 1661. Petit in-12. Titre-frontispice, XII, 522 pp, plein cuir, dos à 4 nerfs, motifs et pièce de titre entre les nerfs frottés, coiffes et coins usés, petite restauration de protection sur les coiffes le tout en bon état néanmoins avec une intégrité totale des feuillets bien solidaires. Plats aux Armes de Brueys d'Aigalliers ? Colbert ? Première édition imprimée par Elzevier. Première des deux éditions elzéviriennes sous cette date, se distinguant, entre autres, de la 2e en ce que la dernière ligne du 1er alinéa de la p. 194 contient les mots 'gens de guerre' (au lieu de 'guerre' seulement). Ces deux éditions sont également belles et ont à peu près la même valeur." (Berghman). 210 € + port
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