mercredi 31 mars 2010

La chanson à Montmartre. Restons chez les chansonniers français !


" Les paroles s'envolent mais les écrits restent " proclamait déjà Aménophis en faisant graver les hiéroglyphes de l'obélisque de Louksor. Trois mille ans plus tard, Gutemberg disait la même chose en parlant des mélodies des troubadours qui faisaient la sérénade en bas de chez lui (les appartements bourgeois présentaient des défauts d'insonorisation, à cette époque). Les nobles, bonnes et spirituelles paroles de nos chansonniers médiévaux s'envolaient aux quatre coins de l'horizon sans qu'il en reste une trace. Sans l'imprimerie, que de chansons se seraient à jamais perdues alors que s'y trouvait sous la forme la plus amusante et parfois la plus vraie, le récit d'événements qui étaient arrivés par le passé ou le portrait impitoyable de ceux dont on parlait !


Béranger, à cet égard, doit sa postérité aux éditions qui ont retracé son œuvre. Bien sûr, on ne demande pas à un pamphlétaire de la bonne foi et un libre-arbitre de pensée. Il était dans l'air du temps d'être républicain et laïque comme si chaque composante était indissociable… Plus tard la chanson est devenue plus réaliste et un peu moins poétique, peut-être, avec son courant réaliste inspiré par les œuvres de Zola. Vous n'avez pas, si vous êtes un peu jeune, connu votre grand-mère fredonner " Les roses blanches " alors que le mange-disque de votre chambre égrenait les premiers airs des " Beatles" mais je vous assure que cela ne s'oublie pas !


Ce bel ouvrage aux illustrations Art-Nouveau, édité en 1900 par L'Écho de Paris, vous offre un lot de chansons de Montmartre, haut lieu de refrains républico-potaches. Ces paroles vous feront redécouvrir ce Paris frondeur qui plait tant aux étrangers de passage. Des airs qui rappellent le bon temps, le mauvais temps et ceux qui en étaient les responsables…


Mont' là-d'sus
Mont' là-d'sus
Mont' là-d'sus
Et tu verras Montmartre
Et sois-bien convaincu
Qu'tu verras sur'ment quèque chos' de plus
[Mont' là-d'sus !]
De là haut
S'il fait beau
Tu verras
De Paris jusqu'à Chartres
Si tu n'las pas vu
T'a qu'à monter là-dessus
Tu verras Montma-a-artre !


Collectif de chansonniers. La Chanson à Montmartre édité pour l'Echo de Paris par la Librairie Internationale, 1900 in 4 (31 x 24 cm), 70 pages approximativement, non paginé Partitions illustrées en couleurs et illustrations in et hors-texte en noir de Edmond Gros, Matet et B. Numa. Reliure cartonnage illustré éditeur. Plats illustrés par Gründ. Ensemble de 11 chansons avec une courte biographie avec portrait en médaillon pour chaque artiste : Chanson des Heures par Privas, Le chapelet de l'Elysée par Numa Blès, Jour d'exposition par Dominique Bonnaud, La cloche d'Ys par Téodore Botrel, Monsieur Loubet au grand Prix par Fursy, Il s'en bat l'il par jean Meudrot, Faute de mieux ou le meilleur Président par Jacques Ferny, Quleques mots sur l'Angleterre par Gaston Sécot, L'affranchissement des femmes par Eugène Lemercier, Quelques mots sur le Transvaal par Jean Varney, Le reliquaire Electoral par Pierre Trimouillat, Les toasts du président par Vincent Hyspa - Cartonnage avec quelques frottements, intérieur très frais, petite réparation visible sur les deux coiffes. 50 € + port

Arts et Lettres dans la Vallée des Baux. Pâques 2010

Si vous êtes en Provence, cette fin de semaine, et que vous désirez associer balade dans les Alpilles et petite pose culturelle dans un cadre charmant, ne cherchez plus, j'ai la manifestation qu'il vous faut ! (Et je ne dis pas ça parce que l'organisateur est un ami…)

L’association " Cerveaux Sans Frontières " et la Mairie du Paradou organisent la seconde exposition du Groupe " Es’cale " les samedi 3, dimanche 4 et lundi 5 avril de 10 à 12h et de 14h à 18h dans la salle polyvalente du Paradou. Entrée libre.

Vernissage le vendredi 2 avril


Artistes et Artisans d’Art :
Asher, A. Barthelemy, D. Bompard, MC Bompard, N. Chauve, C. del Corso, D. Eghigian, N. Enjalbert, C. Farina, Géhel, K. Kravtsova, V. Laget, Lilit, JJ Marie, P. Priaulet, C. Vigne, R. Vigne.


Auteurs :
R. Aprin, A. Bonafos, M. Bonnefoy, C. Chandelier, M. Lajoux, A. Lepinteur, G. Lesoeurs, F. Oberson, A. Pautus.


Les oeuvres et ouvrages seront primés de 6 distinctions : Prix Es’cale, Mairie du Paradou, Cerveaux Sans Frontières, Société de lecture de Maussane

lundi 29 mars 2010

Causerie de Philippe Gandillet : Béranger et la chanson engagée…

Est-ce à cause de mes dons pour le chant que Pierre m'a laissé un recueil de chansons populaires à commenter ? Je l'imagine... Le chant est un des attributs de l'homme. A sa naissance, il pleure, dès qu'il a une étincelle de raison, il rit et dès qu'il peut former quelques sons, il chante ! Certains sont plus gâtés par la nature que d'autres. J'ai, pour ma part, un timbre dit " Baryton approximatif " qui a fait le bonheur de nombreuses scènes nationales pendant quelques lustres. Le manque de partenaires à ma hauteur m'a fait négliger cette disposition… En effet, je m'étais spécialisé dans les rôles de jeune premier à l'opérette et le temps passant, elles devenaient vraiment trop juvéniles !


Une question vous taraude : Peut-on découvrir les origines de la chanson populaire en remontant à la source des ages ? Jusqu'ici personne n'y est parvenu et les esprits les plus érudits attendent encore mon opinion. Puisque vous insistez, je peux vous informer que les hiéroglyphes ne se lisent pas mais se chantent ! C'est un des points auquel Champollion n'avait pas pensé ce qui n'enlève rien à ses petites trouvailles, par ailleurs…

C'est lors de la Révolution Française que la chanson engagée apparaît comme un genre musical à part entière. Auparavant, l'engagement dans les chansons populaires était rare ; la musique n'était souvent que pur divertissement. On ne sait d'ailleurs pas comment naît une chanson à succès ! A de très rares exceptions près, le refrain à la mode n'est le résultat ni d'un fait politique, ni d'une satire. Il s'envole au théâtre, au travail ou dans la rue. C'est le plus souvent, un couplet banal qu'une heureuse phrase musicale met en évidence. C'est un mot, une rime, un rien…Mais, explosif, prompt comme l'éclair et surtout communicatif.


Aujourd'hui, on nous distribue, on nous impose jusqu'à l'obsession, ce que l'on appelle nos divertissements, nos plaisirs. Le lancement d'une chanson est devenu une opération commerciale et le tirage d'un exemplaire est prêt à livrer avant même sa diffusion. C'est ainsi ! C'est pourquoi je reçois tant de courriers de lecteurs du blogue qui m'informent d'une excessive indulgence pour les chansons uniformes et sans esprit. Tout le monde s’accorde à penser que la chanson n’est fille exclusive ni du texte, ni de la musique ; qu’elle est enfant de leur union ; on accordera à Béranger la paternité de l'écriture. Il existe, parait-il, un libraire réputé qui se régale des œuvres de ce chansonnier lorsqu'elles sont présentées dans un maroquin signé de belle provenance. Si ce n'est pas une preuve de son talent, ça !


Pierre-Jean de Béranger (1780 -1857) est un chansonnier français qui fut l'égal de Victor Hugo dans la renommée à son époque. Courant Paris à la recherche d’un « protecteur », il s’adresse en 1804 à Lucien Bonaparte. Il joint à sa lettre quelque cinq cents vers, dont Le Déluge. Bonaparte lui donne procuration pour toucher son traitement de membre de l’Institut. En 1809, il devient attaché comme expéditionnaire aux bureaux de l’Université. Tout en s’acquittant de sa besogne de copiste, il fait de joyeuses et piquantes chansons. Au début des années 1810, il est déjà célèbre. On l’appelle pour présider des banquets et égayer le dessert par ses chansons. Après le retour du roi Louis XVIII, Béranger va exploiter les thèmes du respect de la liberté, de la haine de l’Ancien Régime, de la suprématie cléricale, du souvenir des gloires passées et de l’espoir d’une revanche. Alors que la presse n’est pas libre, il renouvelle la chanson dont il fait une arme politique, un instrument de propagande : Il attaque la Restauration et célèbre les gloires de la République et de l’Empire. Béranger était la voix du peuple ou " l’homme-nation "comme le disait mon confrère Lamartine !

Il y a dans l'œuvre de ce chansonnier du 19eme siècle un peu du duo " Ferrat-Aragon " du siècle suivant… Un beau sujet de philosophie au Bac, vous ne trouvez pas ? Votre dévoué, Philippe Gandillet, qui retourne à son do-mi-si-la-do-ré.


BERANGER (P.-J). Œuvres Complètes De P.-J. De Béranger. H. Fournier Ainé, Paris 1840 - Cet ouvrage contient 315 chansons de Béranger égaillées par 120 illustrations de Granville. Grand in 8. 1 f de faux-titre, 1 frontispice gravé par Wiesener d'après Clerget, 1 f de titre, XX-461 pp. Reliure en 1/2 basane brune, plats en papier coloré, dos lisse à caissons séparés par un filet doré. Pièce de titre en lettres dorées. Frottis sur les plats et coins. Rousseurs intérieures et traces de mouillures claires au début de l'ouvrage qui ne plaident pas en la faveur de l'ouvrage. Néanmoins cahiers très solidaires. Vous serez enchanté par son prix ! 55 € + port

samedi 27 mars 2010

La numérisation. Une opportunité financière pour les libraires ?


Le blogue avait présenté il y a quelques temps, avec l'arrivée de l'ebook, une méthode pour effectuer une numérisation de garage.

http://livresanciens-tarascon.blogspot.com/2009/10/causerie-du-lundi-de-philippe-gandillet_19.html

Celle-ci s'avérait être difficile à mettre en place (sic) ce qui ne signifiait pas qu'elle était impossible. Beaucoup voient dans la numérisation, la mort de la librairie ancienne et c'est une opportunité récente qui m'a fait découvrir qu'elle pouvait néanmoins amener à certains confrères une source de revenu complémentaire : Je m'explique :


Un client qui prépare en ce moment un ouvrage sur la numismatique de l'Archevêché d'Arles (avant le dix-septième siècle) m'a demandé de lui trouver le "Gilles du Port ", livre de référence, s'il en est. Cette personne n'est pas regardante sur le prix des ouvrages qui sont nécessaires à sa bibliothèque de travail car elle rechigne à courir son temps entre les différents fonds patrimoniaux de la région. Elle a trouvé chez d'excellents confrères de Marseille (et chez moi) son bonheur jusqu'à là, mais même avec de l'argent, l'introuvable reste introuvable ! Je lui ai alors proposé de commander l'ouvrage sur un site étranger où il était en vente.


Résultat : Délai de réception rapide ; sécurité de transaction ; ouvrage conforme ; petite marge bénéficiaire à la clef et client très satisfait. Ce qui ne l'empêchera pas, par ailleurs, de se procurer des éditions anciennes lorsqu'elles seront sur le marché !

Je crois qu'il existe une différence fondamentale entre le bibliophile et l'utilisateur, stricto sensu, du livre. La numérisation est là pour conserver et diffuser de l'information, l'achat d'un livre ancien par un bibliophile est un plaisir sensuel qui va au-delà du texte. A cet égard j'en profite pour redemander à Stéphane et François ; ils se reconnaîtront ;-)) de me ramener l'ouvrage que je leur ai prêté pour aider à la constitution d'un fond de livres régionaux anciens numérisés. Je voudrais le vendre avant qu'il soit disponible en numérisation…


Certains lecteurs voudront peut-être commenter ma démarche ? Si Stéphane ou François avaient le temps de donner leur point de vue, j'en serais enchanté.

Il y en a qui vont dire que je me tire une balle dans le pied. Un libraire bordelais renommé, Jean-Luc, envisageait cette éventualité, il y a déjà quelques temps, sans paraître choqué (pas que je me tire une balle dans le pied mais que cette pratique devienne commune !). Votre avis ?

Pierre

vendredi 26 mars 2010

Prassinos ou Péguy ?


C'est en ces termes qu'il faudrait définir la bibliophilie. Choix d'un auteur pour le lecteur, choix d'une collection pour l'amateur, les deux pour l'amoureux du livre. Et je ne parle même pas des bibliographes pour lesquels il faudrait ajouter l'éditeur, l'année de parution, le typographe et l'illustrateur. Charles Péguy fait, pour moi, partie de ces mystiques de la fin du 19eme siècle emportés dans une rafle… Je le dis en souriant car j'ai beaucoup d'empathie pour ces auteurs qui ont du renier beaucoup de leurs certitudes pour un peu de Foi ; Huysmans, Claudel, Maritain et Psichari conduisant la locomotive avec quelques passagers peu fréquentables comme notre bon Léon Bloy capable d'en irriter plus d'un…


Charles Péguy (1873 / 1914) est un écrivain, poète et essayiste français. Il était également connu sous les noms de plume de Pierre Deloire et Pierre Baudouin. Après avoir été militant socialiste, dreyfusard et anticlérical au cours de ses études, il se sent proche du catholicisme à partir de 1908. Son œuvre comprend des pièces de théâtre en vers libres et des recueils poétiques en vers réguliers d'inspiration mystique et évoquant notamment Jeanne d'Arc, un personnage historique auquel il restera toute sa vie profondément attaché, mais aussi des essais où il exprime ses préoccupations sociales et son rejet de la modernité. Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc est une pièce de théâtre dont la première version date de 1910, une seconde, posthume, et augmentée de deux actes inédits, a été publiée en 1956. Notre exemplaire reprend donc la première version. Trois protagonistes sont présents et le thème central de leurs échanges est la question du mal et de la souffrance dans le monde. Péguy s'est expliqué lui-même sur les sources qui l'avaient inspiré. Il donne, dans l'ordre, premièrement, le catéchisme ; deuxièmement la messe ; troisièmement les évangiles. L'auteur a donc une vision, étymologiquement parlant, païenne de la religion et comme Jeanne, découvre la foi par le catéchisme, les sacrements et la liturgie. Ce chemin vers la Foi est donc radicalement opposé aux courants modernes qui se rapprochent d'une Foi théologique essentiellement tournée vers l'ancien testament. Charles Péguy est, à cet égard, le plus pur représentant de la Foi catholique et nationaliste (il est tué d'une balle dans le front au début de la bataille de la marne). Certains ont eu vite fait de l'utiliser à des fins politiques…


Mario Prassinos (1916-1985) est un peintre non figuratif français d'origine grecque de la nouvelle École de Paris. En 1922 les Grecs de Turquie quittent le pays pour fuir les persécutions et sa famille s'installe en France. En 1934, sa sœur Gisèle Prassinos écrit ses premiers textes que publie la revue "Minotaure". Il rencontre alors, chez Man Ray, les poètes surréalistes, André Breton, Paul Éluard, René Char puis les peintres Max Ernst et Salvador Dali. Il réalise quelques dessins et frontispices pour l'éditeur Guy Lévis-Mano. Après une première exposition personnelle, préfacée par René Char, Mario Prassinos s'éloigne à partir de 1939 du surréalisme. Engagé volontaire durant la guerre, il est blessé et reçoit la Croix de guerre (les grands artistes sont-ils tous des héros ?).


Il se lie avec Raymond Queneau et collabore avec les éditions de la NRF pour lesquelles il crée des maquettes de livres dont certains bibliophiles raffolent. Ce livre en est un exemple. En 1985, Prassinos travaille aux onze Peintures du Supplice qu'il réalise pour décorer la chapelle Notre-Dame de Pitié à Saint-Rémy-de-Provence. C'est là qu'est exposée la donation des 108 œuvres qu'il a faite à l'État français en 1985. A ce titre Prassinos ( comme Louis Jou, un illustrateur que j'affectionne aussi, vous le savez) a été consacré artiste Provençal… Vous aimez ce type de cartonnage ? Pierre

PEGUY (Charles). Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc. Librairie Gallimard, collection NRF, 1943. In-12, cartonnage orné, 206 p. Exemplaire numéroté. Vendu

mercredi 24 mars 2010

Pharmacopée de BAUDERON. Toulouse, par Arnaud Colomiez, 1654.


Contrairement à l'idée commune, la séparation des apothicaires d’avec les épiciers n’a été réalisée qu’en 1777 à Paris et les premières écoles de pharmacie, ancêtres des facultés de pharmacie, n’ont été crées qu’en 1803. Ce n'est qu'avec le début du 21eme siècle que ces deux grands corps professionnels ont, de nouveau, étés réunis… Je vous présente aujourd'hui un ouvrage de référence de Brice Bauderon dont la " Pharmacopée " fut réédité de très nombreuses fois jusqu’en 1681.

Brice Bauderon est un médecin français né à Paray-le-Monial (1540-1623). Après avoir étudié la médecine à Montpellier, il vint se fixer à Mâcon, où il exerça son art jusqu'à sa mort. Il nous a laissé " Praxis medica in duos tractatus distincta " (Paris, 1620, in-4), ouvrage qui a été traduit en anglais, et une Pharmacopée (Lyon, 1583, in-8°) fort estimée à l'époque.


Avant l’essor d’une discipline pharmaceutique autonome à la fin du XVIIIe siècle, l’apothicairerie était sous tutelle intellectuelle de la médecine universitaire, qui dispensait seule des enseignements de pharmacie. Les médecins qui rédigeaient des ordonnances de préparations que l’on qualifie aujourd’hui de magistrales se devaient d’avoir des connaissances approfondies sur la manière de préparer les médicaments. Ces connaissances étaient présentées dans des livres de recettes qualifiés d’«antidotaires» puis de «pharmacopées» au milieu du XVIe siècle. Ces ouvrages de référence, éminemment pratiques, étaient rédigés par des médecins ou des collèges de médecins, et avaient valeur de référence pour les apothicaires qui devaient se conformer aux indications qu’elles renfermaient.


L'apothicaire devait avoir quelques vertus qui se sont transmises au fil des siècles " Il doit être prudent, sage, de bonnes moeurs, modéré en ses passions, sobre, craignant Dieu, laborieux, vigilant, ayant appris la langue latine, qui lui est nécessaire pour pouvoir entendre les livres latins de son art et les ordonnances des médecins, et possédant un bien raisonnable pour subvenir aux dépenses considérables auxquels il est obligé. Il doit faire un apprentissage de trois ou quatre années selon les statuts, chez un habile Maître, après quoi il est bon qu’il voyage, et qu’il travaille dans les principales villes du Royaume, où la pharmacie se fait avec le plus de réputation pour se former dans la vacation et pour apprendre les différentes manières d’opérer "


En écrivant ces lignes, je me demandais si ce sage conseil de l'époque était encore respecté " Je conseillerais à tous les jeunes médecins d’aller voir opérer les apothicaires, et de mettre la main à l’oeuvre, au moins pendant une année, avant que d’entreprendre de pratiquer, ils seraient bien plus sûrs de leur fait quand il s’agirait de prescrire leurs ordonnances ". Ce principe judicieux a d'ailleurs été mis en place dès la création des écoles chez les vétérinaires français qui sont aussi pharmaciens.


Un des plus illustres détracteurs des apothicaires reste Molière qui disait : J’ai connu un homme qui prouvait par bonnes raisons qu’il ne faut jamais dire : « une belle personne est morte d’une fièvre et d’une fluxion sur la poitrine », mais : « elle est morte de quatre médecins et de deux apothicaires ! ». Les temps ont bien changé depuis. Pierre


BAUDERON & CATELAN & SAUVAGEON. Pharmacopée de Bauderon, relevée, corrigée et augmentée de plusieurs compositions nécessaires & des facultés de chaque composition. Avec un traité des plus usités et célèbres médicaments chimiques par G. Sauvageon. 3eme édition. Toulouse, par Arnaud Colomiez, 1654. Petit in-8. Reliure pleine basane, dos à 4 nerfs, pièce de titre en lettres dorées.
Collation : 1f blanche, page de titre, 7ff (épigrammes)
Paraphrase sur la Pharmacopée de Bauderon., 512pp, table de 8ff.
Traité des eaux distillées par Laurens Catelan. 32pp.
Traité chimique revu et augmentée en cette dernière édition, Toulouse chez Arnaud Colomiez, 1654. 4ff, 97pp, 3ff,
1f blanche.
Usure aux coins, au dos et restauration amateur du dos. Cahiers solides et homogènes, tranches colorées. Intérieur frais.
La Paraphrase sur la Pharmacopée de Bauderon est divisée en deux livres, le premier présente les condiments et confitures en général, le deuxième les médicaments externes
Ouvrage de référence. Dommage que la reliure soit abîmée ! Vendu

lundi 22 mars 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Le Tour du Monde de Mr Edouard CHARTON.

Voyage-t-on pour découvrir le monde ou pour le changer ?
Ce petit mot laissé sur quelques forts volumes rouges est le seul indice que m'a laissé Pierre en partant de sa boutique. Il se plait à ces questions philosophiques en sachant que ma réponse sera pertinente et mettra, encore une fois, ses ouvrages en valeur. Il aurait d'ailleurs bien des difficultés à trouver la solution à sa propre question, lui qui n'a jamais voyagé ! Tandis que moi…

Montaigne, a cette question, répondait " Le voyager me semble être un exercice profitable. L’âme y a une continuelle exercitation à remarquer des choses inconnues et nouvelles. Et je ne sache point meilleure école à façonner la vie que de lui proposer incessamment la diversité de tant d’autres vies, fantaisies et usances et lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature ". Pour lui, si le monde changeait, la faute n'en revenait pas au voyageur qui venait y puiser de l'exotisme et élargir son horizon de pensée. En ce sens, nous étions du même avis qui lui faisait dire aussi " Ce n'este point folie de scavoir que les relations husmaines et la sciensse informatique étoient à l'origine du changement de l'absolue perfection du monde ".

Depuis des siècles, le plus souvent sous la forme de pèlerinage, les hommes pratiquent ces périples qui s'apparentent à un art de vivre. La première difficulté d'une expédition, c’est de réussir à se lancer aussi mes conseils vous seront , sans nul doute, profitables.



Les 3 principales contraintes que l’on a, lorsqu’on voyage sont : - Le temps - L’argent - Les valises. Pour les valises, c’est simple, ne prenez rien…ou presque. Pour des matérialistes comme nous, c’est une idée difficile à accepter, particulièrement en vieillissant (j'ai la chance d'être détaché du nécessaire mais le superflu m'est malheureusement indispensable). Ceci explique en partie pourquoi la population des voyageurs est majoritairement jeune. Le strict minimum est à observer. Contrairement à ce que pensent les touristes inexpérimentés, il est très facile de trouver du dentifrice, une brosse à dent et un petit polo en cachemire dans la plupart des endroits du monde, même les plus reculés.

Sur la question du temps, je vous conseille de faire en fonction de vos envies. Pour nous, pauvres esclaves modernes pris dans une course effrénée contre la montre, ce concept est difficile à comprendre et à mettre en œuvre. Voyez si l’ambiance du lieu vous plait et décidez rapidement de rester ou de partir. Tout simplement. L’argent n’est pas vraiment un problème. Surtout quand on en a ! Bien souvent, les pays dits exotiques permettent de vivre sur place pour une fraction de ce que vous coûterait votre vie en France. Je vous conseille de dormir chez l'habitant si toutes les conditions de sécurité vous semblent requises mais de refuser de consommer la nourriture si elle vous parait trop épicée…

Et surtout, ne préparez pas tout ! Une partie de l’aventure réside dans l’inconnu. Le plus souvent, je me contente de préparer mon passeport au dernier moment et de prendre un aller simple. Je laisse le reste à l’aventure. Le drame serait de devoir quitter une ville sous prétexte d’avoir pris à l’avance un billet d’avion vers une autre ville. Rester ouvert à l’aventure est un impératif pour éviter l’ennui et permet de nouer des contacts inattendus. C'est à la devanture des bijouteries dans les palaces de Lausanne que j'ai rencontré les plus belles femmes de notre planète. Étonnant, non ?



Une fois sorti de votre résidence, quelques précautions s'imposent. Le plus simple est de ne pas se rendre là où il y a de forts attroupements sous prétexte qu'il y a des choses à voir ! Prenez toujours soin de fermer votre sac Vuitton. Faites attention à votre argent, vos papiers et votre carte Gold. Méfiez-vous des invitations douteuses, mais admettez que l'élégance naturelle et le charme fou que dégagent les français à l'étranger puissent attirer les femmes fragiles. Hormis ces précautions de bon sens, ne laissez pas la paranoïa gâcher votre séjour.

Ce qui est difficile, c’est aussi d’abandonner l’idée d’objectifs. Il m'est quelquefois arrivé d'être bien décidé à ne rien faire et de ne pas y arriver. Le plaisir se trouve souvent dans les détails du quotidien. Mangez une côtelette de porc à Dubaï ou trouvez des toilettes climatisées en plein désert devient alors un défi et provoque un certain émerveillement. On retrouve son âme d’enfant ! Les différences culturelles sont parfois subtiles et il vous appartient de vous renseigner ou de les découvrir à votre détriment. Le seul risque est d’apprendre à ne pas juger et d’oublier son point de vue, de s’ouvrir à l’autre de manière sincère le temps de l’écoute…
 
L’art de voyager est, en fait, un art de vivre que nous gagnerions tous à découvrir et je vous recommande vraiment la lecture de ces voyages qui permettront peut-être, un jour, à Pierre d'en faire si vous lui achetez des livres... Votre dévoué promeneur littéraire. Philippe Gandillet
CHARTON Edouard. Le Tour du Monde. Nouveau Journal des Voyages. Paris, Hachette, 1862 et suite.... Volume in-4 de deux semestres, demi chagrin rouge, dos à 5 nerfs orné de fleurons et filets dorés. Témoin des explorateurs de la seconde moitié du 19° siècle , la revue le Tour du Monde publia les récits des voyageurs et découvreurs de terres encore mal connues , voire inexplorées , aussi bien en Asie , Afrique , Amérique ou Océanie .et s'assura de la collaboration des plus grands dessinateurs de l'époque , Riou , Gustave Doré ,etc... Commencée en 1860, la publication fut poursuivie jusqu'au premier semestre 1914. 110 € le volume + port.

samedi 20 mars 2010

Cité du livre de Beaucaire dans le Gard


A l’instar de plusieurs communes françaises qui voguent sur le concept " Villages du Livre ", Montmorillon, Bécherel, Fontenoy-la-Joûte ou même Redu en Belgique, Beaucaire est aujourd’hui Cité du Livre. L'association des bouquinistes a le plaisir de vous inviter à son premier " Marché du livre " le 22 et 23 mai 2010. (15h / 22h et 10h / 19h)


Dans le cadre du prestigieux théâtre " Le Casino " et en face sur les anciens remparts, au moment où des centaines de milliers de visiteurs (je recopie ce qui est écrit mais je dois avouer qu'ils exagèrent facilement de ce côté-là du Rhône…) seront dans la région pour cause de vacances ou de corridas (je recopie encore mais je ne suis pas aficionado...), cette manifestation attirera une nombreuse clientèle.


La ville de Beaucaire offre en outre un grand nombre de lieux de restauration et de séjour dans un cadre architectural unique. Espérant vous compter parmi nos exposants professionnels, vous trouverez les formulaires nécessaires à votre inscription sur boucbeaucaire@yahoo.fr ou au 04.66.58.03.44


Ça, c'était pour le texte que l'association des bouquinistes de Beaucaire m'a donné !

Je précise que Jean-Claude, Fred et Xavier qui en sont les organisateurs sont des confrères sympathiques et expérimentés ! Fred qui a 30 ans d'expérience dans ce métier m'a accueilli avec bienveillance dans cette nouvelle confrèrie et je lui en suis reconnaissant. Bien sûr, j'ai réservé une place au Casino si vous voulez me rencontrer à cette occasion.


Un lecteur du Blogue est-il déjà allé rencontrer les bouquinistes de Beaucaire ?

Qu' a-t-il pensé de cette cité du livre ? une opinion ; des suggestions ... Pierre

vendredi 19 mars 2010

Revue bimestrielle de la poésie ; Pierre Seghers ; illustrée par Louis Jou.




Je suis loin d'avoir toutes les qualités requises pour être un bibliophile distingué, je suis loin d'être un collectionneur mono-maniaque insatisfait mais lorsque le hasard me place devant un lot de revues poétiques dont la couverture est illustrée par Loui Jou (je reconnais le style de cet illustrateur à 20 mètres) mon sang ne fait pas mille tours, mon sang ne fait pas neuf cents tours, mon sang ne fait pas huit cents tours, mon sang ne fait pas sept cents tours ... mon sang ne fait pas cent tours, mon sang ne fait pas cinquante tours, mon sang ne fait pas vingt tours, mon sang ne fait pas trois tours... Non ! mon sang ne fait qu'un tour ; j'achète.


J'ai un véritable respect teinté d'admiration pour l'œuvre et le style de ce graveur (surtout sur bout de bois où il a excellé), de cet imprimeur typographe et de cet éditeur du vingtième siècle. Mon budget ne me permet pas de posséder, pour l'instant, un fond suffisant de ses productions mais je ne désespère pas disposer de quelques belles pièces d'ici quelques années. J'ai d'ailleurs présenté deux ouvrages de Loui Jou sur le blogue depuis sa création.


http://livresanciens-tarascon.blogspot.com/2009/10/jean-de-la-fontaine-psyche-louis-jou.html

http://livresanciens-tarascon.blogspot.com/2009/08/ronsard-illustre-par-louis-jou.html

Nous possédons, grâce à l'ouvrage bibliographique d'André Feuille, une étude très complète et très bien illustrée sur les livres typographiques de Louis Jou. Il ne me reste plus qu'à remplir les cases virtuelles en regard des œuvres présentées pour devenir un spécialiste de quelque chose… Pierre


POESIE 40 ( 41, 42, 43…) . Revue bimestrielle de la poésie. Villeneuve-les-Avignon : Pierre Seghers, 1940, 41, 42, 43…. In 8 (135x210) - 1941 (190x120).

Pour cette revue fondée par Pierre Seghers et faisant suite au "poète casqué", Louis Jou grava les couvertures de poésies 41, 42, 43.

A – Poésie 41 : Titre gravé en vert dans une cartouche, en réserve sur fond vert.
B – Poésie 42 (sauf le N°1) et Poésie 43 : Couverture gravée (vase de fleurs et volute), tirée en réserve sur fond de couleur différente pour chaque numéro.

J'ai le N° XVI de Poésie 43 en double (non coupé) : 14 € + port

jeudi 18 mars 2010

Entretiens sur l'architecture par Viollet-le-Duc : Première édition de 1863




Si je vous dis " Cité de Carcassonne , Vezelay, Notre Dame de Paris ", vous me répondrez : Viollet-le-Duc. Né en 1814 et mort en 1879, il est un des architectes français le plus connu du grand public, entre autres pour ses restaurations de constructions médiévales.


" Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné ". En application de ces principes, Viollet-le-Duc modifia ainsi par interprétation plusieurs monuments, ce qui explique que son œuvre soit aujourd'hui controversée, mais ceci permit de sauver de la ruine notre patrimoine sous l'impulsion d'un grand ministre et écrivain qui était aussi son ami d'enfance, Prosper Mérimé. Mais revenons au contexte historique…


On peut noter que cette époque fut riche de ministres et écrivains visionnaires puisque Lamartine en prenant cause à la même époque pour la Provence fit découvrir Mistral, amena le chemin de fer jusqu'en Arles et propagea le goût pour les monuments Antiques. Mais revenons au moyen age…


On peut aussi noter que c'est grâce à la littérature et aux succès des romans historiques de plusieurs écrivains de l'époque dont le Bibliophile Jacob (Paul Lacroix) et un certain inconnu prénommé Victor Hugo qui écrivit une comédie musicale pour " Garou " que cette mode pour notre passé médiéval se propagea. Mais revenons à Viollet le Duc…

Plutôt que de parler de l'homme, je vous propose une petite liste de ses restaurations et de ses réalisations. Vous verrez que nous devons beaucoup à ce bienfaiteur de la France.


Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay
Cathédrale Notre-Dame de Paris, avec Jean-Baptiste-Antoine Lassus
Basilique Saint-Denis
Sainte-Chapelle (Paris), avec Félix Duban et Jean-Baptiste-Antoine Lassus
Basilique Saint-Nazaire de Carcassonne
Cathédrale Saint-Michel de Carcassonne
Basilique Saint-Sernin de Toulouse
Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Clermont
Hotel de ville de Narbonne (Aude)
Hotel de ville de Compiègne (Oise)
Cité de Carcassonne (Aude)
Château de Pierrefonds (Oise)
Château de Coucy (Aisne)
Remparts de vieille ville d'Avignon
Église Saint-Gimer de Carcassonne
Château Jacquesson à Châlons en Champagne, seule maison de ville de cet architecte.


Les travaux de Viollet le Duc influencèrent profondément beaucoup d'artistes " Art Nouveau " dont Guimard, Gaudi, Horta et bien d'autres. Ce n'est pas tant ses constructions mais ses théories et ses analyses qu'il exposa dans de nombreux livres qui donnèrent à son influence une telle importance. C'est ce que vous pourrez découvrir dans les deux volumes que je propose à la vente aujourd'hui.


VIOLLET LE DUC (E). Entretiens sur l'architecture. Morel et Cie Éditeur. 1863. Reliure demi-chagrin brune, plats en papier coloré marbré, dos à 4 nerfs, pièce de titre et tomaison en lettres dorées, format petit in 4, première édition. Taches de rousseurs éparses. 591p et 107 gravures sur bois pour le tome I, 450p et 93 gravures sur bois pour le tome II. Bords et coins frottés. Bel exemplaire dont vous pouvez apprécier les clichés. Vendu