mercredi 30 novembre 2011

Joséphin Péladan. Personnage singulier, oeuvres plurielles...

Joséphin Péladan était un homme singulier, il faut le concéder. J'entends par là qu'il s'écartait, par goût, des conventions sociales de son époque. On ne calcule pas, d'ailleurs, le nombre d'hommes remarquables qui, de tous temps, se sont abandonnés à des comportements qui ont paru bizarres pour leurs semblables… Oui, j'ai bien dit "bizarre" ! Ils avaient au moins le courage de leur originalité. Né à Lyon en 1858 et mort en1918 à Neuilly, Joseph Péladan fut un écrivain et occultiste renommé. Il s'était donné le surnom de Sâr Mérodack Joséphin Péladan. Un homme normal aurait choisi " Jojo ", vous vous doutez bien !


Issu d'un milieu catholique traditionaliste, il fut initié à l'occultisme par son frère Adrien, plus âgé de 14 ans. Adrien était médecin-osthéopathe et affilié à une confrérie Rose-Croix... Toute sa vie, Joséphin Péladan s'intéressa autant à l'art qu'aux arcanes des sciences maudites. La complicité qui unissait les deux frères, fut interrompue de façon tragique quand Adrien mourut d’un épisode tragique lors de la distribution de médicaments homéopathiques. « Peladan avala une trituration de Strychine en 1° décimale pour l’essayer devant un malade et décéda immédiatement ». Pathétique, non ?


En 1881, Joséphin Péladan décide de partir pour Paris et y rencontrera Léon Bloy, qui lui demandera alors d’écrire un article pour le journal du Chat noir. C’est ainsi qu’il rédige « Le Grand Œuvre d’après Léonard » Dés la sortie de son premier livre « Le Vice Suprême », paru en 1882, il devint célèbre. Ses tenues vestimentaires, sa façon d'être et de se comporter, les ouvrages qu'il fit éditer et le cercle de ses amis ont toujours contribué à donner une image sulfureuse de cet écrivain aux talents variés. Je vous engage à faire un tour chez M. Wiki Pédia pour en savoir plus… On ne peut pourtant parler de Péladan sans penser à Léonard de Vinci, dont il était fasciné. L’un de ses premiers articles lui fût d'ailleurs dédié et c'est pourquoi je vous présente un autre ouvrage abordant la vie de Vinci.


Péladan mourra, comme son frère, d'une intoxication alimentaire. Sa seconde femme Christine Taylor donna ses papiers à la Bibliothèque de l’Arsenal en 1936 : Manuscrits autographes de romans, essais, articles, ouvrages sur l’art, le théâtre, l’esthétique, les salons, critique dramatique, coupures de presse sur Péladan et ses activités romanesques, occultistes, théâtrales et esthétiques. Ce don comporte aussi des portraits peints, des sculptures dont un buste en terre cuite par Zacharie Astruc, une abondante iconographie, des photographies, et des livres imprimés.


Aujourd'hui, on note un regain d'intérêt pour les ouvrages, parfois difficiles, de Péladan. J'en ai sélectionné quatre qui peuvent aider à cerner ce personnage qui était singulier – comme je l'ai mentionné en début d'article… Pierre

PELADAN (Josephin). Les dévotes d'Avignon. Paris, Aux éditeurs associés, 1925. Un volume in-8. 17 € + port


PELADAN (Josephin). Modestie et vanité. Roman. La décadence latine (Ethopée). Préface de Camille Mauclair. Paris, les éditions du livre moderne, 1926. In-12, broché, quatrième édition. 357 pp. Intérieur en bon état. 15 €

PELADAN (Josephin). Le vice suprême. Roman. La décadence latine (Ethopée). Préface de Jules Barbey d'Aurevilly. Paris, les éditions du livre moderne, 1926. In-8, broché. 394 pp. Edition numérotée. Un des 100 sur papier de Hollande (N°57). Intérieur en bon état. Quelques petites traces de mouillure marginale en bas de certains feuillets ne touchant pas le texte (grand papier). 30 €

mardi 29 novembre 2011

Le vray Antiphonaire Bellettrien: De profondis morpionibus…

C'est un ouvrage peu banal et inclassable que je vous présente aujourd'hui. D'abord par l'histoire de sa maison d'édition et parce que c'est un antiphonaire un peu spécial… Parlons en premier lieu de l'éditeur : Il a été édité par une société de gens de belles-lettres (d'où le terme de Bellettrien) dont l'origine se perd dans l'histoire de la Suisse romande et en particulier dans sa période tourmentée du début du XIXe siècle.


Belles-Lettres est une société littéraire issue d'un mouvement étudiant. C'est cet esprit bellettrien qui souffle encore depuis deux siècles car cette société d'étudiant existe encore… Arts, lettres, théâtre, musique, politique, journalisme, l'esprit de Belles-Lettres a soufflé partout. L'écrivain Philippe Monnier estimait que ce qui en constituait le fond, c'était la gaîté comme antidote à la méchanceté et à la bêtise, la fantaisie « avec un grain de caprice par la tête ». On peut y relever aussi un goût certain pour la dérision et, qualité plus rare, l'autodérision.


Affranchie de toute obédience politique, Belles-Lettres, si l'on en croit l'historien Olivier Meuwly, est donc une société inclassable. On peut y être communiste (André Muret), radical (Georges-André Chevallaz), gauchiste alternatif (Gaston Cherpillod), libéral, n'importe quoi, aucune importance ! Depuis 1982, on peut même y être femme, avec ou sans opinion. N'étaient-ce les couleurs dont elle se dote en 1846[ rouge et vert ], Belles-Lettres n'a ni emblème ni domaine établi. Pour éviter sa disparition, la société, en 1989, promulgue une constitution bellettrienne qui mentionne que la dissolution de la société est impossible, sauf circonstances extraordinaires et surnaturelles ! J'aime…


Revenons à l'ouvrage : Un des pans délaissé de l'édition semblait être la chanson étudiante. Belles-Lettres s'est emparé de ce thème avec tout le sérieux qu'on prête aux suisses et avec toute la gouaille qu'on prête aux étudiants. D'augustes censeurs estimeront sans doute qu'une telle œuvre ne méritait pas tant d'efforts et qu'il eût mieux valu les affecter à des buts plus innocents et plus aseptiques…


D'autres moins prudes, et je pense ici aux gaulois bibliophiles qui nous lisent, objecteront que la chanson étudiante se doit de braver l'écrit. Par l'excès même de leur obscénité, par leur volonté de rompre sciemment avec l'honnêteté morale, par le mépris des conventions, la chanson étudiante s'écarte de la pornographie pour créer à elle seule un genre littéraire. On n'est pas obligé d'aimer mais on ne peut ignorer…


De tels ouvrages permettent à la chanson gauloise, de tradition orale, de traverser le temps et de s'établir à part entière dans le patrimoine littéraire. Les Trois orfèvres, proviennent en droite ligne du siècle de Villon et on doit à La Fontaine et Ronsart d'avoir enrichi le genre :
Je te salue, ô merveilleuse fente
Qui vivement entre ces flancs reluis…


De toute façon, la chanson étudiante n'a pas le monopole de la verdeur ! Cet ouvrage à petit tirage ravira le bibliophile. Présenté en feuillets non coupés, il permettra à son propriétaire d'envisager de le recouvrir d'une peau douce et satinée… Des illustrations ? Oui mais à peine vulgaires. On s'attendait à pire… Pierre


COLLECTIF. Le vray Antiphonaire Bellettrien. A l'enseigne du morpion rouge et vert, Thélème, 1959. Sous feuillets et chemises. Format in-4°. Edition originale. 288 pages. Bon état. 80 € + port

lundi 28 novembre 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Valeur objective du prix du livre ancien. Enfin un barème !

C'est une tradition charmante, qui s'est établie avec le temps, de trouver dans la boite aux lettres de la librairie de Pierre, le lundi matin, une correspondance faite de demandes d'éclaircissements, d'avis éclairés, de conseils judicieux et d'aides en tout genre. Il faut préciser que je ne réponds pas systématiquement à ces courriers car je ne désire pas que l'on puisse croire que je suis serviable ; j'ai déjà assez de travail comme cela à rédiger les discours de notre président [cela doit rester entre nous, bien sûr]. Mes critères de sélection ne sont absolument pas définis. Ce matin, par exemple, j'avais décidé de ne répondre qu'aux lettres de bruns barbus. C'est un choix ! Le hasard fait bien les choses, j'en ai reçu une. En voici le contenu :


Cher Maître,

Une interrogation philosophique récurrente est régulièrement posée sur les blogs bibliophiles présents sur la toile: " Existe-t-il une valeur objective à un livre ancien ? ". J'ai bien une idée de réponse mais votre avis m'intéresse. Pour prix de ce service, j'avais l'intention de vous inviter au restaurant. Dites-moi quand cela est possible. Formule de politesse. C*****


Le problème posé par le commerce des livres anciens n'est pas nouveau et c'est un membre fondateur de notre assemblée, Montesquieu, qui écrivait déjà à son époque : " L'effet naturel du commerce des livres est de porter à la paix. Deux professionnels qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendants : Si l'un a intérêt d'acheter, l'autre a intérêt de vendre, et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels. Mais, si l'esprit de commerce unit les professionnels, il n'unit pas de même les rapports entre professionnels et particuliers. L'esprit de ce commerce suppose un certain sentiment de justice exacte, opposé d'un côté au brigandage, et de l'autre à ces vertus morales qui font qu'on ne discute pas toujours ses intérêts avec rigidité, et qu'on peut les négliger pour ceux des autres."


On voit donc que de tout temps, il a été difficile de se prononcer avec objectivité sur la valeur financière d'un ouvrage. Le point de départ de ce questionnement s'appuie sur le problème de l’humanisme marchand opposé au mercantilisme et au libéralisme républicain. S'il est normal que le marchand défende son rôle et son image, on peut néanmoins lui proposer un carcan qui va l'aider à déterminer un prix objectif pour ses ouvrages et des règles morales et économiques qui doivent le guider dans ses évaluations. C'est ce que je vais faire de ce pas !


Cela est d'autant plus facile qu'en matière de livres, il est souvent possible de distinguer le texte, la création artistique dirons-nous, et les différentes techniques utilisées pour le présenter. Grâce à l'outil d’évaluation que je vais vous proposer, vous pourrez estimer la valeur de vos ouvrages en utilisant l'échelle de prix que je propose. Plus besoin de saisir le nom de l'écrivain, le nom de l'éditeur, le nom de l'illustrateur sur vos moteurs de recherche. Plus besoin de surfer sur Ebay, dont je ne citerai pas le nom. Plus aucune utilité à l'ensemble des sites qui fournissent les résultats des enchères dans les salles des ventes du monde entier. Vous pouvez maintenant, en plein accord avec le vendeur, déterminer ensemble le montant du chèque que vous devez établir et ceci simplement en respectant le barème que je vous soumets !


Nous pourrions l'appeler le Barème Gandillet : Il s'agit d'instaurer un système de prix unique du livre ancien : Chaque livre a un prix fixé par Philippe Gandillet et ce prix s'impose à tous les libraires. Il en va de même pour la marge du professionnel. Devant le risque de pratiques illégales et la difficulté d'obtenir par des actions civiles leur cessation, je propose que le gouvernement prenne, d'ailleurs, un décret instaurant des sanctions pénales en cas d'infraction à ce barème. Primo, ce prix unique doit permettre l'égalité des citoyens devant le livre ancien qui sera vendu au même prix sur tout le territoire national et donc, le maintien d'un réseau décentralisé de boutiques, notamment dans les zones défavorisées du sud de la France, le long du Rhône, entre Avignon et Arles… Deusio, le prix unique dispensera l'acheteur de comparer les prix d'un libraire à l'autre ; il gagnera du temps sur la lecture… Tertio, et j'en terminerais par ceci, le prix unique du livre ancien permettra à ces professionnels de vivre en parfaire harmonie et de partager des moments de franche camaraderie autour d'une bonne table.

Barème du livre ancien :

Le livre broché : Tous les formats in-8° seront affichés à 10 €. Le prix des formats supérieurs sera multiplié par la taille de la feuille (in-4° à 20 € et ainsi de suite). Le même principe s'appliquera aux formats inférieurs. Tant pis pour les minuscules…
Le livre relié : Tous les formats in-8° en cartonnage seront affichés à 20 €. Votre prix variera en fonction de la qualité du matériau utilisé. Plus la qualité de votre couvrure est élevée plus vous estimerez son prix important. Voici le gradient à connaître : cartonnage - percaline - basane - vélin - chagrin - veau - maroquin. Le coefficient multiplicateur est de 2 dans ce gradient.
L'état du livre : Tous les livres à la vente doivent être en bon état. Un contrôle technique fait par des relieurs ou des restaurateurs agrées sera obligatoire. Tout ouvrage qui ne répondra pas aux critères de qualité déterminés par la profession sera irrémédiablement détruit (ou restauré). Un ouvrage en état exceptionnel sera vendu avec un coefficient multiplicateur de 2.


Intérêt du texte : Tout ouvrage édité sera, par essence, considéré comme intéressant. Il vous sera donc impossible de brader vos recueils de théologie au mètre linaire…
Présence de gravure : La présence de gravures dans un livre va modifier son prix. Comme le nombre et la qualité de ces illustrations diffèrent selon les ouvrages, on posera comme principe injuste mais équitable que celles en noir et blanc doublent le prix de l'ouvrage et celles en couleur le quadruplent…
Problème de la langue : Les ouvrages en langue véhiculaire seront la référence. Les ouvrages en langue morte ou vernaculaire seront taxés à un taux fixé par un comité de 34 membres élus démocratiquement.


Il faudra l'admettre mais l'allure physique de votre libraire va devenir un facteur qui pourra intervenir dans le prix du livre. Ainsi, les libraires à lunettes, qui ont investi dans cet outil, doivent en tirer un légitime bénéfice. C'est pourquoi, ils pourront commercialiser leurs ouvrages avec une marge supérieure à l'ensemble de la profession (65 % de marge au lieu des 50 % accordés de façon classique).


Qu’on se le dise, l’utilisation de ce nouveau barème est une chance pour une profession à la recherche de transparence dans son commerce ! Faites vos calculs… J'ai mis quelques ouvrages en exemple pour tester vos connaissances. Votre dévoué. Philippe Gandillet

dimanche 27 novembre 2011

Le santon "Colporteur de livres" existera bientôt grâce à vous...

Suite aux derniers commentaires, j'ai cherché si des santonniers avaient pensé à représenter le colporteur de livres ou le libraire sur leurs stands. J'ai donc pris mon bâton de pèlerin pour arpenter le marché aux santons de Tarascon.


J'ai posé des questions, menacé les artisans, fouillé les étals pour ne revenir qu'avec un seul santon digne de représenter la passion du livre. Il ressemble à un instituteur, mais bon !


Le santon bibliophile existera l'année prochaine. Ce sera un colporteur de livres et c'est Fontanille qui a promis de le créer pour moi.


Toutes les représentations de personnages avec des livres dans les mains me plaisent comme vous pouvez le constater. Pierre

samedi 26 novembre 2011

Marché aux santons de Tarascon...

C'est à Marseille, à la fin du 18ème siècle, qu'est née la première figurine qui s'appellerait désormais santon, santoun en provençal qui signifie "Petit Saint"... Les santons sont ces petits personnages que l’on met dans les crèches pour les fêtes de Noël, vous le savez. Ils perpétuent les traditions provençales, la vie des hommes et de leur famille. Ils sont les témoins intemporels de la chrétienté et de la résistance du peuple de Marseille aux interdictions de la révolution française. Ils sont aussi une reproduction de la nativité, des vieux métiers et des personnages traditionnels des pastorales.










Les Provençaux se les transmettent de génération en génération et chacun y ajoute les personnages nouveaux créés par les santonniers de son époque. A la mi-décembre, on les sort des cartons dans lesquels ils ont dormis toute l’année, enrobés délicatement dans des feuilles de papiers. Pendant plus d’un mois ils seront dans la crèche, qui reproduit un vieux village au moment de la nativité, où l’on retrouve les traditions et l’histoire populaire de la Provence.










Un marché de Noël, des ateliers de décoration, des animations, des contes, des concerts et des défilés animent aujourd'hui la ville de Tarascon à l'occasion de son célèbre marché aux santons. J'ai décoré la librairie afin d'être à l'unisson des commerçants de la rue. J'en suis ravi ;-)) Pierre










Dans une boîte en carton,
Sommeillent les petits santons.
Le berger, le rémouleur
Et l'enfant Jésus Rédempteur.
Les moutons, en coton
Sont serrés au fond
Un soir, alors,
Paraît l'étoile d'or
Et tous les petits santons
Quittent la boîte de carton.
Naïvement, dévotement,
Ils vont à Dieu porter leurs vœux
Et leur chant, est touchant
Noël, Noël joyeux
Le berger comme autrefois
Montre le chemin aux trois rois.
Et ces rois ont pour suivants,
Des chameaux chargés de présents.
Leurs manteaux sont très beaux
Dorés au pinceau.
Il est là le divin enfant.
Et leur chant, est touchant
Entre le bœuf au poil roux
Et le petit âne à l’œil doux.
Et l'enfant vagissant
Murmure en dormant.
"Les jaloux, sont des fous,
Humains aimez-vous."

vendredi 25 novembre 2011

Livre-boîte par Simier...

Le nom de Simier sonne à l’oreille des bibliophiles un peu comme celui de Hermes ou de Vuitton à l'oreille des puces de vos cartes Gold, aujourd'hui ! René Simier (1772-1843) fut en effet, avec Thouvenin et Purgold, le grand nom de la reliure de la Restauration. Son fils Alphonse Simier (1796-1859), prenant en 1823 la tête de l’atelier du 152, rue Saint-Honoré, perpétua le renom de la maison jusqu’en 1848. Né à Téloché (Sarthe) en 1772, fils d’un meunier, René Simier débuta comme ouvrier dans l’imprimerie mancelle de Maudet. « Monté » à Paris, il se mit à son compte, sans doute vers 1800. Son atelier acquit rapidement de la notoriété puisque Simier reçut le titre de relieur de l’Impératrice Marie-Louise puis, à la Restauration, celui de « relieur du Roi ».


La maison Simier qui comptait, en 1827, 25 ouvriers ou ouvrières travailla, à côté de la production courante, pour des bibliophiles exigeants comme la duchesse de Berry ou le négociant languedocien Louis Médard. En qualité de relieurs du roi, les Simier honorèrent des commandes officielles comme la reliure des ouvrages placés dans la statue de Henri IV rétablie sur le Pont-Neuf en 1818, ou bien celle des livres échangés en 1834 entre les Chambres françaises et le Parlement anglais. La production des Simier qui fut récompensée de nombreuses fois lors des expositions industrielles, était d’une rare perfection technique. À l’aise dans tous les types de décor, les Simier jouèrent un rôle moteur dans les évolutions stylistiques et techniques du temps (Informations de la médiathèque du Mans).


On notera que deux autres relieurs portèrent aussi le nom de Simier : Louis Germain : Ce relieur qui avait fait faillite au Mans en 1827, fit une carrière honorable à Paris. Ayant épousé une parente de Simier, il chercha à capter à son profit l’image de marque de la prestigieuse maison en signant ses reliures « Germain-Simier » et Jean Simier qui était le neveu de René Simier et qui s’installa à Paris en 1844.


L'ouvrage que je vous propose aujourd'hui est signé en queue "Simier, R du Roi " comme il se doit pour les productions de cet atelier. Il a néanmoins cet avantage qu'il ne nécessite pas de longues heures de lecture pour en tirer un bénéfice complet. Cela ne signifie pas, par ailleurs, que le seul plaisir qu'en tirera un acheteur sera visuel… En effet, si un bibliophile peut apprécier une belle reliure ; un bel emboîtage dans ce cas ; c'est l'ensemble des connaissances qu'il possède sur cet illustre relieur, ce que cet exemplaire lui évoque, ce qu'il en fera et la façon dont il le mettra en valeur qui va déterminer sa convoitise éventuelle…


Certains y verront le réceptacle à un ouvrage de Casimir Delavigne au format adapté (Paris, Ladvocat, 1824, grand in-8, 262 pp), d'autres feront ajouter une pièce de titre à l'emboîtage pour une reliure mosaïquée d'un autre auteur, d'autres encore y cacheront leurs bijoux ou leurs valeurs en priant pour que les voleurs ne deviennent jamais bibliophiles…


On peut même imaginer que derrière cet écran se trouve le propriétaire d'un ouvrage en maroquin cerise recouvert d'une reliure signée "Simier", ce même ouvrage qui avait sa place dans l'emboîtage, ce dernier légué par une grand-mère qui l'avait elle-même reçu d'un héritage où chacun s'était servi dans la bibliothèque d'un volume d'exemplaires équivalent !


SIMIER (Relieur du Roi). Emboîtage plein maroquin cerise, 25cm prof / 17cm long / 6,7cm larg. Intérieur matelassé 23,5cm prof / 15,5cm long / 5cm sans frottement. Emboîtement sur papier moiré. Plats avec double filet doré, cerclé aux coins, encadrant une bande de motifs estampés. Dos lisse, filets et roulettes, titre en lettres dorées Théâtre de Casimir Delavigne. Tranches avec encadrement par roulette dorée. Menus défauts de reliure. 280 € + port

jeudi 24 novembre 2011

Léon Curmer, éditeur et imprimeur : La Passion de Jésus-Christ.

Un excellent article de Thierry Couture retraçant la vie de Léon Curmer et de non moins excellents billets de Bertrand du Bibliomane moderne ont tourné très justement les projecteurs vers cet excellent éditeur du XIXe siècle et réveillé l'intérêt de nombre d'excellents bibliophiles pour ses réalisations.

J'ai cherché dans mes ouvrages un exemplaire réalisé par Léon Curmer ; j'en ai trouvé un qui est à la hauteur de sa réputation ; et j'ai donc pensé que je pourrais fort habilement le présenter à mes excellents lecteurs afin d'en tirer quelques * profits.















Je ne reviendrai pas sur l'éditeur et l'imprimeur. Il est surtout connu pour avoir publié de 1840 à 1842 en 423 livraisons, ce qu’il qualifie lui-même d’encyclopédie morale du XIXe siècle et qui résume toute la société française de la Restauration : « Les Français peints par eux-mêmes ». Les livraisons seront regroupées en huit volumes : cinq volumes pour Paris, trois volumes pour la Province et les colonies. Les textes sont de Balzac, Gérard de Nerval, Charles Nodier, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Henri Monnier, Léon Gozlan, Karr, et les illustrations de Monnier, Gavarni, Tony Johannot, etc. La série était complétée par Le Prisme donné en prime aux souscripteurs qui n’était pas illustré de hors-texte.










L'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente fait partie des nombreuses publications à caractère religieux reflétant la forte vague d'évangélisme de l'époque. L'éditeur Léon Curmer a donc réalisé des livres de luxe associant, grâce aux progrès de l'imprimerie industrielle, des productions à la croisée de l'histoire de l'art et de la gravure, de l'histoire littéraire et de l'histoire religieuse.










Cette édition de La Passion de N.S Jésus-Christ se distingue avant tout par la qualité extraordinaire de sa publication, au vu des possibilités techniques de l'époque, mais également par le format, la typographie et les matériaux utilisés pour la réaliser. L'ouvrage comporte des lithographies exceptionnelle en tête de tous les chapitres (12) avec une attention particulière donnée au rendu des couleurs. Henri Goltzius (1558-1617) est mentionné en page de titre et une très belle reproduction d'une gravure de l'auteur est placée en tête de l'ouvrage. Je crains que d'autres reproductions représentant les Apôtres et la Passion devaient faire partie de l'édition complète car le seul exemplaire de cette passion que j'ai trouvé à la vente, relié, mentionne 14 gravures de Goltzius... L'ouvrage est néanmoins complet de toutes ses lithographies. Bon ! Je voulais quand même vous présenter un "Curmer" pour rester tendance ;-)) Pierre















GOLTZIUS (Henri). La Passion de Notre Seigneur, Jésus-Christ d'après la Concordance des quatre évangélistes. Paris, Curmer, 1860, grand in-4, faux titre, titre-frontispice [7 ff non chiffrés, titre, faux titre, etc…], 76pp, [1f blanc], 1 gravure de Goltzius reproduite par la photographie, 14 chromolithographies dont le titre-frontispice. Incomplet des gravures de Goldzius. Complet du texte et des lithographies. Sous couverture cartonnée d'attente. 30 € + port

* excellents