jeudi 29 septembre 2011

Les cartonnages romantiques à plaques de la Maison Mame...

On ne peut pas présenter une série d'articles sur les cartonnages romantiques sans, un moment ou l'autre, évoquer le passé prestigieux de la Maison Mame en la matière.
Et ce moment est arrivé !
C'est la maison d’édition fondée par Charles-Pierre Mame à Angers en 1779 qui donna naissance, à la génération suivante, et à Tours, à ce qui deviendra très vite un empire de l’édition et de la librairie au XIXeme siècle. Deux de ses fils, et surtout son petit-fils Alfred Mame donneront, en effet, à l’entreprise familiale une impulsion qui fera entrer la production de livres dans l’ère industrielle.


Rapidement, la Maison Mame devient la référence en matière d’édition religieuse, au point d’obtenir l’exclusivité du rite romain dans le monde entier. Par ailleurs, Alfred Mame comprend immédiatement le parti à tirer des lois scolaires qui se succèdent à partir des années 1830, et fonde ainsi sa réussite sur la production à grande échelle de livres de prix et d’ouvrages pour la jeunesse.


En dehors des cartonnages gaufrés qui on fait la réputation de la maison Mame, on lui doit la production de nombreux cartonnages recouverts de percale estampée et illustrée de motifs historiés ou gothiques. Je vous en propose quelques uns à la vente, aujourd'hui. Ces ouvrages présentent, sur leurs plats et sur leurs dos, des motifs dorés ou polychromes imprimés à la presse, avec des plaques ayant beaucoup de points communs, vous le constaterez. C'est que les concepteurs de ces percalines avaient beaucoup d'imagination pour faire des ajouts ou des associations de plaques qui donnaient à chaque exemplaire l'illusion de l'originalité !


L’imprimerie des "Mame" fut considérée comme la première imprimerie de France, particulièrement pendant la période d’Alfred Mame (1811-1895). Cet éditeur a marqué son siècle. A la fin du second Empire, ce sont 30 presses mécaniques à vapeur qui produisent chaque jour l’équivalent de 20 000 volumes de 10 feuilles de format in-12. L’entreprise cherche ainsi à diminuer considérablement les coûts de tirage grâce à l’utilisation la plus large possible des machines industrielles. Une part importante de la production des éditions Mame concerne la jeunesse avec des collections éducatives et des livres de lecture dont de nombreux exemplaires illustrés. Mais la production des Mame concerne bien d’autres aspects de la littérature avec l’édition de classiques : Les Fables de la Fontaine, les oeuvres de Racine ou comme ici, les œuvres de Madame de Sévigné ou de P. Corneille.


Il est important de préciser que la Maison Mame fut une grande entreprise avec, vers 1875, 1200 employés pour lesquels était pratiquée une politique sociale regardée comme exemplaire. La Maison Mame est maintenant (et depuis peu) fermée. Les syndicats ouvriers, les syndics, les huissiers et l'état se partagent maintenant les maigres restes de la bête qu'on croyait être un ogre… Je n'ai choisi que des formats in-8 pour que la liste de cartonnages présentée soit homogène. Les prix proposés tiennent compte de l'état de l'ouvrage, des rousseurs éventuelles, des défauts de reliure, des tranches dorées, de la beauté des plaques et de mon estimation personnelle forcement approximative… Je peux envoyer des clichés supplémentaires pour chaque ouvrage, bien sûr. Pierre


PINARD (Abbé). Bienfaits du catholicisme. 45 € + port
ALLEMAND(Abbé). Nouveau choix des lettres de Mme de Sévigné. 60 € + port
WOILLEZ (Mme). Silvio Pellico. Œuvres choisies. 50 € + port
SAUCIE (M.D). Bossuet de la jeunesse. 55 € + port
VEUILLOT (L). Rome et Lorette. 45 € + port
WOILLEZ (Mme). Silvio Pellico. Œuvres choisies. 50 € + port
WALSH (Le Vte.). Souvenirs et impressions de voyages. 65 € + port
VEUILLOT (L). Les pèlerinages de Suisse. 45 € + port
SAUCIE (M.D). Chefs-d'œuvre de P. Corneille. 60 € + port
VALENTIN. Les ducs de Bourgogne. 60 € + port

mercredi 28 septembre 2011

Cartonnages romantiques. Des plaques historiées comme pour les contes de Charles Nodier...


Il existe une intérêt certain à redécouvrir le travail des éditeurs du XIXeme siècle, nous sommes d'accord [Mame; Lehuby, Barbou, Ardant, Lefort, Megard]. Les cartonnages romantiques, aussi beaux soient-ils, n'ont pourtant pas fait que des adeptes à leur époque. Voyons ce qu'en disaient nos aïeuls quand ils étaient jurés lors d'une exposition de reliure en 1878 :


" Mais revenons à la France, car nous n'avons pas étudié la partie la plus… j'allais dire sérieuse, selon l'opinion du plus grand nombre de jurés, celle qui donne le plus gros chiffre d'affaire ! Est-ce que nous allons revenir au veau d'or ? Allons nous, nouveaux descendants d'Israël, danser devant l'arche et ne reconnaître de bon que ce qui produit n'importe comment, beaucoup et encore beaucoup ? Car là est le seul mérite de la fabrication, de l'usine, comme nous l'appelons, par dérision, il est vrai. Du trompe l'œil, tout à la surface rien au fond. Quelles lamentations pourrait faire un nouveau Jérémie sur ce sujet, qui a pour résultats principaux, par la division du travail, de faire des ouvriers, des machines de chair inconscientes, dépourvues de tout sentiment artistiques et même d'indépendance, et, en plus, de livrer au consommateur un produit inférieur, du vin au bois de campêche !


Oh ! Cela a de l'œil ! Le libraire qui ne vise qu'à percevoir au moins 30% n'en demande pas plus, certain que les consommateurs ne sont pas des connaisseurs et qu'ils se laisseront prendre aux apparences. Il ne demande surtout qu'à rentrer de l'argent dans la caisse. Je vais vous donner un exemple : Vous connaissez le dictionnaire Littré, qui par parenthèse est imprimé sur un papier où la pâte de bois doit rentrer pour la moitié, ce qui n'est pas très bon pour un livre d'usage ; et bien ! L'éditeur fait relier ces volumes à raison de 3f.75 […] N'est-ce pas compromettre l'avenir de ce livre ? N'est-ce pas, comme on dit, gaspiller la richesse publique ? N'est-ce pas manger son blé en herbe ?


[…] Ces livres ont des mors faits au moyen de la machine rouleau, le papier supplée au fil qui manque pour le faire ; mais l'enfant qui a eu ce livre pour récompense, et qui croit s'en servir et le conserver, devra abandonner cet espoir ! […] De 1830 à 1850, les Huet, les Boutigny, Scheck, Lenegre, scheck et Engel firent de la fabrication ; mais jusqu'à l'introduction des machines, ces quatre dernières maisons, tout en faisant de l'emboîtage, à l'imitation des anglais, les faisaient solides […].


A peu près vers la même époque on inventa la toile cannelée. Les couvertures alors recouvertes de belles plaques historiées, dues pour la plupart au burin de Haaraus, passionnèrent par leur richesse et leur éclat, les amateurs de clinquant. Le balancier à percussion de Duchenay venait d'être avantageusement remplacé par celui à colonne de Steinmetz […].


C'était un véritable perfectionnement ; les résultats étaient sérieux. Il suffit de revoir, pour s'en rendre compte, les publications de cette époque : La Bretagne, la Normandie avec leurs belles plaques mosaïque et or, les fleurs animées, Jérôme Paturot, etc… […] Puis les éditeurs sacrifièrent l'âme du livre au profit de l'extérieur et du bon marché. […]. La parure se fit à coup de serpe et tout à l'avenant : Beaucoup d'or, du vernis, un cachet mais alerte ! La voiture attend... Cette appréciation brève et sévère est nécessaire pour bien faire comprendre que l'art a tout à perdre avec cette nouvelle façon de faire…"


N'en jetez plus ! Demain, je vous mentionnerai un passage où l'on dit beaucoup de bien de certains éditeurs qui ont imprimé et illustré de jolis cartonnages comme ceux que je propose ci-dessous. L'état de ces deux livres n'est pas irréprochable mais quel témoignage du savoir faire des artisans de l'époque ! Pierre


NODIER Charles. Contes : Trilby. Le songe d'or. Baptiste Montauban. La fée aux miettes. La combe de l'homme mort. Inès de Las Sierras. Smarra. La neuvaine de la Chandeleur. La légende de la soeur Béatrix. Victor Lecou J. Hetzel Cie sd (autour de 1840), format in-4. Reliure éditeur, percaline estampée et illustrée. Jolie plaque historiée signée sur le premier plat. Dos orné de motifs dorés. Vignette dorée sur le dernier plat. 3 tranches dorées, 310 pages avec 8 planches hors-texte d'eaux-fortes et nombreuses illustrations en vignettes par Tony Johannot. Rousseurs éparses. Les 4 premières gravures ont malheureusement été colorisées de façon amateur. Le prix de l'ouvrage est donc en conséquence de ce défaut intérieur. Vendu


COLLECTIF. Le Bon Ange. Janet Louis Vve Mme. Non daté. In-8 Carré. Cartonnage d'éditeur. Une plaque historiée au premier plat. Dos orné de motifs dorés, Vignette dorée au dernier plat. 219 pages. Chromolithographie en frontispice, avec serpente. Nombreuses planches de lithographies, en noir et blanc, hors-texte, avec serpentes. Tranches dorées. Bandeaux et culs-de-lampe. Des rousseurs. 65 € + port

mardi 27 septembre 2011

Mlle A. Celliez : Les Reines de France et d'ailleurs habillées de jolies percalines dorées...

Pourquoi les bibliophiles collectionnent-ils les cartonnages romantiques du XIXeme siècle et en particulier les cartonnages recouverts de percale et ornés de plaques dorées ? Je devrais pouvoir y répondre puisque je… En fait, je manque, pour cette fois, de clairvoyance et vous pourrez peut-être me donner une réponse satisfaisante.


Depuis le début du XIXeme siècle, le livre était devenu l'ami des foyers. Peu à peu, se généralisa l'habitude d'offrir des livres pour les anniversaires, les fêtes, les mariages et lors de distribution des prix dans les écoles. Pour établir un prix de vente accessible, il fallut imprimer et relier des milliers d'exemplaires. L'ère industrielle tombait à point ! Engel qui débuta avec son beau-frère Shaeck ; Lenegre secondé par Magnier ; Mame, établi à Tours et quelques années plus tard, Hachette se lancèrent dans la production mécanique des livres. La reliure industrielle s'imposa comme une nécessité venue à point faire la grande série des cartonnages romantiques.


Tout le monde a, dans les rayonnages de sa bibliothèque, ces magnifiques ouvrages souvent surchargés de dorures. Il est pourtant une catégorie de cartonnages romantiques qui échappe au "tout mécanique" et qui par l'obligation du caractère manuel du façonnage des plats est particulièrement recherchée des collectionneurs. Il s'agit des "percalines à plaques". Nous en avons d'ailleurs un émérite spécialiste en Provence qui s'est attaqué, vaste programme, à les classer et à les répertorier... J'ai l'intuition que ces ouvrages sont un bon placement financier et que le travail de quelques érudits va profiter à tous les collectionneurs et tous les bibliophiles qui en possèdent…


La percaline est une toile de coton légère et lustrée, d'origine anglaise, qui apparaît en France vers 1830. Elle existe en plusieurs couleurs. Elle est noire et bleue nuit dans les premières années puis remplacée par de la percaline rouge vers 1860. Elle est travaillée au cylindre pour lui donner un grain qui rappelle le grain d'une peau, comme le chagrin ou le maroquin mais elle peut aussi avoir des rayures ou des chevrons.


Les décors se font à l'aide de plaques à gaufrer et de plaques à dorer, propres à chaque ouvrage, et il faut imaginer sous la presse, les petites mains des employées posant, de façon précise, les petits ajouts colorés qui font ces si belles plaques polychromes que nous collectionnons…


J'en viens au texte. Bon ! Il arrive que celui-ci soit excellent, pertinent, intelligent, étayé de démonstrations éblouissantes et admirablement illustré. Mais des fois, il arrive que le plumage soit plus beau que le ramage… J'en conviens.


Je crois que le simple plaisir visuel d'une reliure ornée manuellement, sur ses plats et sur son dos, n'est pas étranger au plaisir de l'achat tout court. Des ouvrages souvent édités à petit nombre d'exemplaires d'ailleurs… Je développerai tout ceci à l'aide d'exemples cette semaine. Pierre


CELLIEZ (A.). Les Reines de France. Paris, P.-C. Lehuby, 1851. 1 volume grand in-8. Reliure éditeur pleine percaline dorée. Grande plaque estampée et dorée à 4 médaillons sur le 1er plat, dos entièrement décoré d'un motif doré, motif doré central sur le deuxième plat, tranches dorées. 1faux-titre, 1frontispice, 1titre, VIII + 764pp, 2 feuillets. 17 planches hors texte. De Clothilde à Marie-Antoinette. Deuxième édition "revue et corrigée" d'un ouvrage publié en 1847, plaque de 1847 réutilisée avec des médaillons différents sur le 1er plat, et un dos différent. Lehuby fut, dans les années 1840-1850, un des plus importants éditeurs parisiens de livres pour les jeunes, sans doute le premier à vendre de tels cartonnages d'éditeur en percaline dorée (ou mosaïquée). Cartonnage en très bel état, pas de rousseurs ni de frottements. Vendu


CELLIEZ (A.). Les Reines d'Angleterre. Paris, P.-C. Lehuby, 1852. 1 volume grand in-8. Reliure éditeur pleine percaline dorée. Plaque estampée et dorée avec un décor armorié sur le 1er plat, dos entièrement décoré d'un motif doré, nom de l'éditeur en queue, motif doré central sur le deuxième plat, tranches dorées. 1faux-titre, 1frontispice, 1titre, IV + 617pp, 1 feuillet. 16 planches hors texte. Cartonnage en état satisfaisant mais traces d'usure aux mors et sur la coiffe supérieure, des rousseurs sur les serpentes et dans le texte. 110 € + port

lundi 26 septembre 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Le bonheur... ou pas.


Au cours de mes nombreuses réincarnations (vous ai-je dit que j'en avais des souvenir précis ?), il m'est arrivé de me retrouver dans tous les corps possibles. Je passe sous silence l'épisode de l'étalon souffleur à la fin du XIXe siècle qui ne m'a laissé au cœur que des sanglots désespérés et un mal persistant à l'aine pendant plusieurs générations…

Je garde, par contre, un très bon souvenir de Monsieur Philippe – je faisais alors relier mes ouvrages en maroquin aux chiffres MP entrelacés – et quand le hasard me plaça, ce matin en entrant dans la librairie de Pierre, devant un des exemplaires de mon ancienne bibliothèque, je dois avouer que des larmes me sont montées aux yeux … L'ouvrage que je possédais étant un excellent recueil de conseils pour atteindre le bonheur, j'en ai encore le souvenir. Je vous cite la préface de mémoire :


Le bonheur est étroitement adossé à l'infortune. Continuellement occupé de son bien être et de tout ce qui peut y conduire, l'homme court sans cesse, à tous les instants de sa brève vie, vers celui-ci. Notre époque, qui n'est pas avare en moyens pour y parvenir, exacerbe ses désirs en lui permettant d'acquérir, d'un clic, un objet convoité et quand celui-ci lui échappe au moment où il croit le saisir, il en conçoit une légitime amertume…


Il est pourtant un état tranquille, une paix bienfaisante qu'il peut se procurer pour arriver sans trouble et sans inquiétude au terme de son heureuse destinée : Qu'il mette un frein à ses passions, et à ce moment seulement son bonheur commencera ! Il est, malgré les déceptions, malgré les vicissitudes attachées au commerce de ses semblables, une espèce de plénitude dont on peut aisément se procurer la jouissance ; il est, malgré les assauts continuels que nous livrent nos passions, un état paisible, un avant-goût du véritable et solide bonheur sur lequel on peut légitimement compter ! Il ne s'agit que de connaître le chemin qui y conduit.

Ecoutez donc, philosophes atrabilaires, qui regardez la vie comme un pesant fardeau ; écoutez, esprits insatisfaits qui cherchez le bonheur où il n'est point ; écoutez esprits superbes qui ne pensez qu'à votre réussite ; écoutez malheureux accablés sous le poids de vos idéaux ; écoutez tous et apprenez à être heureux !


Jetez un regard autour de vous et considérez vos semblables ; parcourez des yeux le tableau de la vie humaine ; suivez l'homme depuis son entrée dans le monde jusqu'au moment où il disparaît de la scène et vous serez convaincus de cette importante vérité : Le bonheur d'une vie est fait de détachement et de contemplation !

Si la naissance ne nous a encore rien appris du besoin, c'est, parvenu à un âge plus avancé que l'homme voit ses envies se faire nombreuses. Elles croissent avec lui. Son existence devient alors une consommation quotidienne qui lui impose de travailler. Il lui faudra attendre un age avancé, fait de reconnaissance envers ses semblables, pour qu'il leurs rende enfin tous les services dont il est capable.


C'est dans ces actes accordés avec humanité, dans le zèle qu'il montrera envers les autres, qu'existe le véritable bonheur! Félicité sans nuages, sans remords ni amertume et bien différente des petits bonheurs fugaces auxquels la plupart des gens aspirent. Apprenez donc à être heureux, autant qu'il vous est donné de l'être, malgré les petites contrariétés et malgré les passions qui vous assiègent !

Mais comment y parvenir au milieu de tant de convoitises ?

L'éducation, la crainte des reproches, les remords d'une conscience délicate sont, j'en suis certain, de fortes digues à opposer à ces passions. Elles empêchent les âmes bien nées de se livrer à leur impétuosité. Mais tout ceci est-il suffisant pour nous porter à la pratique de ces vertus ? Il en est quelques unes qui paraissent surpasser les forces de la nature humaine, me direz-vous. C'est possible… Puisse cette brève causerie vous montrer la direction qu'il vous faudra prendre pour accéder à cette tranquillité, à ce détachement si désirable qui sera la récompense de vos sacrifices et vous amènera inéluctablement au bonheur.


Pour lire la suite de cette préface (à moins qu'elle ne soit de MP) et découvrir la méthode infaillible pour atteindre le bonheur, il vous suffira de cliquer sur le bouton "Achat immédiat". C'est encore Pierre, notre libraire qui va être heureux. De mon côté, le bonheur et moi sommes en froid depuis des lustres. Peut-être à cause de cette vilaine douleur à l'aine…Votre dévoué. Philippe Gandillet


SIGAUD de LA FOND (Joseph-Aignan). L' Ecole du Bonheur. A Paris, Rue et Hôtel Serpente, 1782. Format in-12. Reliure plein maroquin cerise, Chiffres MP entrelacés au centre des deux plats sur une pièce de maroquin vert, celle-ci bordée par une couronne de petits fers champêtres dorés surmontés d'un couple de colombes. Triple filets sur les plats, dos lisse orné de fleurons, petits fers et filets dorés, pièce de titre noire et lettres dorées, toutes tranches dorées, filets sur les coupes. Jolie dentelle encadrant un papier coloré bleu sur les contre plats. [2ff], XIII, [2ff], 394pp, [2ff]. Reliure légèrement frottée, les coins un peu émoussés. Sigaud se fait ici éducateur et rédige un ouvrage de philosophie morale qu' il oppose à ce qu'il nomme le monstrueux égoïsme du temps. Sigaud de La Fond (1730-1810) fut démonstrateur de physique au Lycée Louis-Le-Grand, élève de Nollet, il lui succède au Collège de Navarre en 1760. Il spécialisa ses recherches dans le domaine de l'électricité et de la physique expérimentale (cf. notamment sa Description et usage d'un cabinet de physique expérimentale). Revenu dans sa ville natale en 1782, il y transfère son cabinet de physique. Il donne en 1782 la première édition de l' Ecole du bonheur que nous proposons aujourd'hui. Une noirceur au premier plat. Bon exemplaire. Vendu

samedi 24 septembre 2011

Quintessence de la bibliophilie : La Reliure moderne par Wynants et Guillet...

Voici un bien beau livre !

- On peut être ébloui par la conception très élégante de l'ouvrage

- On sera émerveillé par le travail du relieur : La finesse des décors des plats est indemne de critique, les contre plats sont époustouflants, la soie moirée intacte, les gardes épaisses, la tranche supérieure dorée, les coupes ornées de fines dentelles… tout a été pensé dans le moindre détail !


- On peut éprouver une légitime satisfaction à considérer avec bonheur le choix des couleurs utilisées pour être associées au ton aubergine de l'ensemble.

- On tire son chapeau au doreur pour la précision de son art.


- On peut s'enorgueillir de constater que le recueil de textes est parfaitement adapté au résultat voulu par le donneur d'ordre, excellent bibliophile, à n'en point douter.

- On associera le relieur, le doreur et le propriétaire de l'époque dans les félicitations que nous leur adressons pour cette belle réalisation.


- On peut être reconnaissant aux possesseurs successifs de cet ouvrage et aux libraires d'avoir conservé cet exemplaire dans le meilleur état possible.

- On sera très agréablement surpris de découvrir, sous l'exquise reliure, trois textes qui apportent des informations peu connues sur les grands noms de la reliure de la fin du XIXe siècle (Lortic, Gruel, Trautz-Bauzonnet, etc..)


- Mais je vais tous les réprimander pour leur extrême modestie, préjudiciable à l'estimation financière de l'ouvrage ! Avez-vous une idée du relieur qui aurait pu exécuter un tel travail ? La reliure non signée peut être attribuée à Wynants puisque l'ouvrage regroupe les textes qu'il a écrits en association avec Guillet…


Victor Wynants (1831-1906) est un relieur-doreur français. Issu d'une dynastie de relieurs, Wynans fut ouvrier chez Higel et Amand avant de s'établir à son compte vers 1880 et plus tard enseigner à l’École Estienne de 1896 à 1903.


Je n'ai pas eu à élaborer la fiche de libraire puisque l'exemplaire avait été fort bien décrit lors de sa présentation en S.V.V à Bruxelles. A t-il été vendu, ravalé ? Je l'ai, pour ma part, acheté en France à l'occasion du salon que j'ai organisé dernièrement (Quand on est pas disponible pour vendre, il est judicieux d'acheter, non ?). Il y a quelques rousseurs dans le texte mais la vision de Wynants et Guillet sur le monde de la reliure de luxe à la belle époque est très pertinente et le texte ne me semble pas encore numérisé. Vous serez donc certain de posséder un livre d'exception dans une reliure exceptionnelle... Pierre


WYNANTS (V) – GUILLET (L). La Reliure moderne, critique d'un praticien, étude sur les relieurs et sur la reliure en général destinée aux amateurs de livres. Contient : "La Reliure à l'Exposition universelle de 1878". "La Reliure à l'Exposition des sciences appliquées à l'industrie, 1879". Et, signée de L. Guillet : "Chronique de l'Exposition universelle de 1878". Paris, O. Marpon et E. Flammarion, 1882. In-16 (18,5/12). Reliure plein maroquin aubergine, dos à cinq nerfs, caissons ornés de fleurs dorées aux pétales rouges. Les plats sont sertis d'un double encadrement fileté or, plats ornés de jeux de filets dorés et mosaïqués vert s'entrecroisant, au centre du premier plat une rose mosaïquée aux pétales rouges et feuilles vertes; fleurons d'angle rouge; au centre du second plat, un médaillon doré, coiffes et coupes filetées or, contre plats ornés d'une dentelle dorée d'un semis de croix dorées sur fond de maroquin vert, garde de soie moirée aubergine, double garde de papier marbré, coiffes et coupes filetées or, sous étui. 69 p. Provenance: ex-libris du Dr. C. Baudoux. Réservé

vendredi 23 septembre 2011

Album Mondadori 1907/2007


A l'heure où les bourses s'effondrent, j'ai pensé qu'un bel ouvrage retraçant la success-story d'une entreprise d'édition européenne serait à même de redonner de la vigueur aux membres qui y sont attachées…


Lorsqu'un visiteur entre par la tour sud du siège de Mondadori à Segrate, il se trouve immédiatement face à une presse à bras, achetée par Arnoldo Mondadori en 1926 pour l'impression sur papier des œuvres de Gabriele d'Annunzio.


Cette presse est un symbole des racines du premier groupe d'édition italien, dont l'histoire, comme pour toutes les grandes entreprises industrielles, est étroitement liée à la vie d'un homme. En l'occurrence « l’apprenti typographe » Arnoldo Mondadori qui, encore très jeune, en 1907, fit ses premiers pas d'éditeur dans un village de la campagne lombarde, Ostiglia.


Depuis la première collection, La Lampada, créée par Arnoldo Mondadori pour diffuser l’amour de la lecture parmi les jeunes de l’Italie rurale du début du siècle, à travers les Classici italiani, les Classici contemporanei italiani, Medusa, Lo Specchio, chefs-d’œuvre de la culture du 20e siècle, jusqu'aux heureuses intuitions de lancer peu à peu les grands périodiques d’information illustrés, le premier club du livre italien, le premier magazine d’actualités, les premiers livres de poche à bas prix, Mondadori a suivi la vocation de maison d’édition de “tous” les Italiens, en repoussant jour après jour les frontières de la lecture


Le groupe Mondadori est aujourd'hui détenu à 50,24% par Fininvest, une holding de Silvio Berlusconi et présidé par Marina Berlusconi (fille de Silvio). En 2006, il a acheté la filiale française (Emap France) du groupe de presse britannique Emap [Modes et Travaux. Auto Plus. l'Auto Journal. l'Ami des Jardins. Vivre au Jardin. Sport Auto - FR. Science & Vie. Biba. Closer…].


Je vous propose aujourd'hui un fort in-4 à l'italienne (on ne peut pas faire moins) qui retrace l'histoire de cette maison au cours des 100 années qui ont suivi sa création. Cet ouvrage est imposant, je vous le concède, mais il permet au lecteur curieux de découvrir, à côté des grandes maisons d'édition françaises, l'histoire de la plus renommée des Italiennes. Une question me turlupine cependant. Pourquoi les Italiens ont-ils inventé et développé à la commercialisation un format de livre qui ne rentre pas dans nos étagères ? Pierre


MONDODARI Album 1907/2007. Cartonnage éditeur, format in-4 à l'italienne, 840pp. Nombreuses illustrations. Imposant document de travail. Bel état. Édition en français. 115 € + port