Desiderius Erasmus Roterdamus dit "Erasme" (1469-1536) : Rien ne destinait ce hollandais de Rotterdam à devenir une des plus grandes figures de son temps. Pour le placer dans l'époque, sachez qu'il est contemporain de Rabelais et de Léonard de Vinci. Période Renaissance, donc…
À l’âge de dix-sept ans, il prend le nom sous lequel il va devenir célèbre : Desiserius Erasmus (le désiré très aimé). Cela prouve déjà qu'il avait le sens de l'humour car son père était, quand même, ecclésiastique.... Après une vie monastique où il accumule un savoir encyclopédique, il est nommé prêtre à vingt-cinq ans et se sent prêt à se mesurer à l’obscurantisme de l'époque. Sa vie sera dès lors jalonnée de longs voyages à travers l’Europe, de l’Italie vers l’Angleterre en passant par la France.
Entre 1500 et 1503, il publie les Adages et le Manuel du Soldat Chrétien, qui propose une réforme catholique, fondée sur la charité. Il s’attelle ensuite à une traduction du Nouveau Testament à laquelle il consacrera une dizaine d’années. Il séjourne longuement en Italie, où la publication de ses Adages ainsi que ses éditions d’auteurs grecs le classent parmi les plus grands savants de son époque. Puis il retourne en Angleterre chez son ami Thomas More où il y rédige en quelques jours son fameux Éloge de la Folie, joyeux texte iconoclaste sur la philosophie.
Suivant la définition des stoïciens,
la sagesse consiste à prendre la raison pour guide;
la folie, au contraire, à obéir à ses passions;
mais pour que la vie des hommes ne soit pas tout à fait triste et maussade
Jupiter leur a donné bien plus de passions que de raison.
la sagesse consiste à prendre la raison pour guide;
la folie, au contraire, à obéir à ses passions;
mais pour que la vie des hommes ne soit pas tout à fait triste et maussade
Jupiter leur a donné bien plus de passions que de raison.
Il retourne ensuite aux Pays-Bas et fait de nombreux séjours à Bâle, où il prépare l’édition de sa traduction de la Bible. Cette publication va déclencher l’hostilité des théologiens réactionnaires qui condamnent tous les hellénistes et exégètes partisans du recours direct à l’Évangile. Cependant, l’influence grandissante de Luther embarrasse Érasme : On lui reproche d’avoir "couvé l’œuf" et d’être responsable de l’active "hérésie luthérienne" qui se développe. Les deux camps, celui des Réformés et celui des tenants du catholicisme traditionnel, l'obligent à prendre position. Érasme plaide l’unité et la réconciliation. Nous avons à faire à un humaniste pacifiste, rappelons-le.
François Ier, fasciné par cette figure hors du commun, cherche à l’attirer à la Cour, mais Érasme veut avant tout rester indépendant et refuse toutes ses invitations. En 1521, il quitte définitivement les Pays-Bas et s’installe à Bâle. C’est là que commence sa querelle avec Luther, à coups d’essais philosophiques. Derrière les deux champions se cristallisent des regroupements qui annoncent les guerres de religion. Il refuse cependant de prendre parti et proclame que l’Europe doit s’unir (toujours d'actualité) et que l’Église doit tout faire pour retrouver son unité perdue. Face à la montée de l’extrémisme (idem), Érasme est obligé de fuir à Fribourg.
Il ne reviendra à Bâle passer la dernière année de sa vie. Ses derniers jours furent ceux d'un sage. Sa sérénité ne se démentit jamais, et il accueillit ses amis avec une bonne grâce imperturbable. Par son testament, il léguait tout ce qu'il possédait "aux pauvres vieux et infirmes, aux jeunes orphelines et aux adolescents de belle espérance". Toute la ville de Bâle suivit ses obsèques derrière l'université. Il est enterré dans la cathédrale.
Érasme ne fut pas seulement un philologue et un théologien, ce fut aussi un littérateur. Par l'importance de leur auteur, par leur genre et leur objectif, les Colloques (Colloquia, Bâle, 1516) d'Érasme sont les textes les plus représentatifs de l'esprit des humanistes du XVIe siècle. Érasme n'est-il pas le plus connu de ces intellectuels chrétiens, à la fois critiques et idéalistes, qui croient en la force de l'éducation ? Ces dialogues (conversations), présentés sous une forme pseudo-théâtrale et inspirés de l'Antiquité, sont destinés à faire réfléchir sans ennuyer. Ils s'adressaient non seulement aux écoliers mais aussi à un public plus large. Ces textes savoureux, présentés avec bon sens et même avec humour, n'étaient pourtant composés que pour apprendre à devenir d'honnêtes hommes ou d'honnêtes femmes. A relire, donc… Pierre
ERASME. Oeuvres. Le premier - deuxième - troisième - quatrième livres des colloques. Traduit du latin par Jarl-Priel, illustré par Albert Puyplat. (complet en quatre volumes). Paris, Editions A l'enseigne du Pot Cassé, 1934, 1934, 1935 et 1936. Brochés, couverture illustrées, 286, 286, 252 et 254 pages, 12cm x 18cm, intérieur propre (non coupé). Exemplaires numérotés sur papier de Bornéo. Traduit du latin par Jarl-Priel. Avec les illustrations (bois gravés) (portrait, frontispices, bandeaux, lettrines) de Albert Puyplat. Les troisième et quatrième volumes sont illustrés par A.-F. Cosÿns. Etat parfait. 90 € les quatre volumes + port