vendredi 26 juin 2009

Un livre en bonne condition...


Jean-Pierre tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude… Il se saisit alors de la tapette à mouche et d'un geste brutal écrasa l'affreuse bête qui l'empêchait de lire tranquillement depuis quelques instants…



Il faut dire que ma boutique est rapidement devenue un salon convivial où les gens font comme chez eux… mais en mieux.

A ce propos, je viens de retrouver deux petits ouvrages qui pourraient vous intéresser.

- Le premier est un petit cartonnage romantique de format in 24 qui retrace l'existence passionnante de Musca domestica pendant la deuxième moitié du 19eme siècle. Je me demandai si, comme pour le genre humain, les conditions de vie de cet animal au 21eme siècle s'étaient, syndicalement parlant, améliorées avec le temps…

BERTIN T.P. Histoire d'une mouche racontée par elle-même. Rouen chez Megard et Cie Libraires éditeurs 1863, 94pp – 1 illustration en frontispice ne représentant pas la mouche,15cm/9cm, cartonnage romantique avec image en inclusion sur le premier plat montrant Henri IV et Sully pour une raison inconnue des bibliographes assermentés. Reliure frottée dos et plat. Un accroc au fil de brochage p50. Intérieur bon. Vendu

- Le deuxième est, comme vous l'avez deviné, l'excellent ouvrage de Malraux "La condition humaine" dans sa livrée d'origine. J'ai un amour sincère pour cette œuvre qui m'avait laissé un souvenir tel que j'avais retenu, par mégarde, l'entrée en matière mot à mot (facile à replacer en société et toujours d'un effet garanti sur les donzelles que je tentais, étudiant, de séduire par cet étrange stratagème…)



MALRAUX André. La condition humaine, Librairie Gallimard, petit in 8, reliure demi chagrin rouille, dos à 5 nerfs, titre et petits fers dorés en pointillé sur les nerfs, couverture conservée, exemplaire numéroté 1668, caractères neufs sur Alfa Navarre , tranche sup dorée, exemplaire parfait. Prix sur demande



Débutent aujourd'hui les fêtes de la Tarasque avec en point d'orgue l'arrivée de Tartarin au port après ses exploits légendaires (avec toute la discrétion qu'on imagine) suivi de la Tarasque et de ses attrapaïres !!! Vous ai-je déjà parlé de la tradition des Tarascaïres instaurée par le roi René ? Non ? Faites moi penser à vous en relater l'origine en tournant les feuilles d'un bel ouvrage…



Bon week-end. Pierre

mercredi 24 juin 2009

Louis Blancard


Un des atouts d'être bien implanté dans sa région est de pouvoir y trouver des ouvrages d'origine régionaliste qui par inertie sont restés bien rangés et parfaitement conservés sur les étagères des bibliothèques.

En conséquence, je peux vous présenter à la vente aujourd'hui 2 tomes du remarquable ouvrage de Louis Blancard sur l'iconographie des sceaux et bulles conservés aux archives départementales des bouches du Rhône.



BLANCARD (L). Iconographie des sceaux et bulles conservées dans la partie antérieure à 1790 des archives départementales des Bouches du Rhône. Marseille, Camoin & Boy ; Paris, Dumoulin, 1860, 2 volumes in 4, demi-basane de l'époque. 322pp + LXpp – 114planches offrant les reproductions d'environ 800sceaux principalement de Provence. Très bon état. Vendu



Bel ouvrage mais pour qui me direz-vous ?

Mais pour une personne désireuse d'écrire une thèse, un mémoire ou un opuscule sur notre trésor numismatique Arlésien par exemple ! Le marché est limité, me direz-vous et il n'existe pas de critères fiables pour assurer de la justesse d'un achat. Comment font les autres ? Choisissent-ils ? Se laissent-ils guider par leur intuition ? Achètent-ils en se convaincant de l'axiome suivant "tout se vend un jour". Oui, mais dans combien de temps ? Un jour, un mois, un an ou plus sur les rayonnages en attendant un acquéreur. Je frémis en pensant au jeune bibliophile impécunieux désirant se lancer dans le commerce du livre ancien…

"Pardon ? Deux secondes, cher Monsieur, je termine un petit billet et je suis à vous – Le livre ? Quel livre ? Ce livre !!! – En effet très intéressant et dans un état de conservation parfait – Je n'en sais qu'un seul à la bibliothèque de notre préfecture et l'employée en charge de l'accueil n'est pas très accorte je l'admets… - Le prix ? C'est que l'ouvrage est rare et …– Et bien, voilà une affaire rondement menée qui fait honneur à son nouveau propriétaire, Cher Monsieur – Au plaisir. C'est cela…"



Vous comprendrez que, par discrétion, je ne puisse maintenant vous donner le prix de l'ouvrage. Pierre

lundi 22 juin 2009

Causerie du lundi de philippe Gandillet : Mon ami Anatole France...


L'auteur de ce billet n'est pas celui auquel vous vous attendiez.

En effet, Pierre (nous sommes assez amis pour nous appeler par nos prénoms respectifs) étant dans l'incapacité matérielle d'écrire, à l'encre de ses incontournables week-end de beuverie, un article brillant sur une feuille de papier vierge m'a demandé de le remplacer dorénavant en ce début de semaine pour vous présenter un des ouvrages pris au hasard sur les étagères de sa boutique. Il me sait concis dans la phrase et précis dans le mot aussi j'ai tout de suite compris qu'il pourrait tirer quelque avantage de cette notable caution intellectuelle auprès de sa modeste clientèle.

"Pouends chelui qu'ai en hau à gauche avé la photo d'Anatole !" me proposa-t'il en ce clair matin (je ne suis pas cafteur mais il peut être d'une médiocrité crasse quand il boit). Muni du précieux livre, j'ai préféré, vous le comprendrez aisément, rentrer au plus vite chez moi pour accomplir la tâche qui m'était incombée. (ps : vérifier si cette formule élégante est en bon français)

"Le Crime de Sylestre Bonnard" d'Anatole France ! Diantre, mais il me semble que l'ouvrage a déjà été présenté sur d'excellents blogs bibliophiles! La tâche me semble rude mais la finalité recherchée par notre cupide libraire étant différente (marchande), je ne m'embarrasserai pas de tournure alambiquée…

Laissez-moi simplement le plaisir matinal de chausser mes pantoufles, d’endosser ma robe de chambre et d’essuyer une larme dont la chassie matinière obscurcit ma vue. La suave lumière qui inonde mon cabinet de travail ranime, pour l’heure, mon esprit engourdi par un réveil languissant. Des étincelles de soleil en filigrane fleurissent les vitres des fenêtres et me cachent, ce matin, la végétation endormie. L’adagio plaintif de Samuel Barber me rappelle à la mélancolie du soir et à l’infinie beauté du génie humain. Une main négligemment passée sur ma barbe naissante rythme de son bruissement harmonieux, une mélodie déjà parfaite. J’approche alors de la table fraîchement cirée un fauteuil confortable. Près de moi, un ventilateur mobile souffle son doux zéphyr emportant avec lui le parfum mielleux de l’encaustique. La plume prend parfaitement sa place dans mes doigts gourds. Il est bien évident que je ne dois pas essayer de rivaliser avec notre écrivain de talent et au moment de faire une notice bibliographique irréprochable, rechercher des images, un style ou des métaphores qui ne me sont pas familières. Je dois sagement me borner à utiliser les mots avec le sens qu’ils ont au dictionnaire et mettre en péroraison un prix raisonnable sur ce charmant ouvrage.


FRANCE (Anatole). Le Crime De Sylvestre Bonnard. Membre De l'Institut. Description du livre: Calmann-Levy Editeurs, Paris, 1935. État : Bon. Paul Destez illustrateur. Edition aux armes de 6fr.75. In-8. Ouvrage broché orné en sa couverture d'une reproduction photographique tirée d'un film Américain à gros budget, 112 pages. Edition illustrée de compositions et de vignettes in texte de Paul Destez et d'un frontispice représentant Sylvestre Bonnard à l'institut. Exemplaire 22535/5465-5-35 par Brodard et Taupin de Coulommiers-Paris. Papier uniformément mais légèrement jauni. Le dos et un tiers des plats présentent quelques défauts d'usure compatibles avec l'age du livre sinon bel exemplaire. N° de réf. du libraire 1.

 
C’est un peu court quand on connaît mon goût pour l’acribiologie mais il faut quelquefois se contenter de l’essentiel… Votre dévoué. Philippe Gandillet

mardi 16 juin 2009

Le premier message sur le blog du L.A.A.T. Mon programme...

A la première page de mon journal de bord, le jour où j'ai décidé de changer de profession, j'avais écrit :

1- Trouver un local sympa
2 - Transférer ma bibliothèque pour en faire une librairie
3 - Couvrir tous les brochés à l'étalage
4 - Mettre les prix sur (presque) tous les ouvrages
5 – Bosser comme une mule pour savoir un dixième de ce qui est nécessaire pour être un bon libraire
6 – Créer un site pour partager ma passion et proposer des livres à la vente
7 – Le 7eme jour, aller boire une bière bien fraîche…

Le moment de se désaltérer approche !

Je n'ai absolument aucune idée de la façon dont il va évoluer, en fait. Je suivrai mon intuition… Merci à Hugues, Bertrand, Eric, Bertrand, Xavier, Gilles, Jean-Paul et tous les autres d'avoir été de si bons professeurs. Pierre