mardi 30 novembre 2010

Histoire naturelle de l'air et des météores par l'Abbé Richard.


A ceux qui se plaignent qu'il n'y a plus de saison ou qu'un des effets pervers du réchauffement de la planète est qu'il fait de plus en plus froid dehors, je rappellerai que L'Abbé Jerôme Richard se plaignait déjà des aléas saisonniers par le passé et de la neige tombée en Bourgogne le 7 avril 1770 !! Vous rendez-vous compte ?

Mais qui était l'Abbé Richard ? Membre de l'Institut, chanoine de Vézelay, il fut un scientifique reconnu au siècle des Lumières. Son traité sur l'air et les météores que je présente aujourd'hui faisait référence en son siècle.


Toutefois, il faut rappeler ce que l'on nommait "météore", à cette époque, pour bien comprendre pourquoi la neige entre dans notre propos du jour… Le terme de météore, par le passé, pouvait avoir plusieurs significations. Selon l'étymologie grecque, ce terme signifie, en effet, « qui est en haut ».Un météore était donc un phénomène atmosphérique étudié dans la science météorologique. Au sens large, cela comprenait les précipitations (hydrométéores), les nuages, le vent, le tonnerre, la foudre et des phénomène optique tels que les arcs-en-ciel, l'aurore boréale, le halo et j'en passe…

Aujourd'hui, le terme météore désigne communément la traînée lumineuse produite par l'entrée dans l'atmosphère d'un corps extraterrestre (assimilé à une météorite). Mais, revenons deux cent cinquante ans plus tôt et à notre neige bourguignone…


Page 40 - On a peut être fait, sur la formation des météores, aucune observation plus hardie, plus exacte, & mieux suivie que celle que le célèbre Descarte fit sur la neige dans le temps qu'il s'appliquait avec le plus d'ardeur à l'étude de la nature, pour donner une nouvelle existence à la physique… formé une grande digue – Page 145

On pourrait résumer les observations de l'Abbé Richard ainsi : La neige est une forme de précipitation, constituée de glace cristallisée et agglomérée en flocons pouvant être ramifiés d’une infinité de façons. Puisque les flocons sont composés de petites particules, ils peuvent avoir aussi bien une structure ouverte et donc légère qu’un aspect plus compact voisin de celui de la grêle. La neige se forme généralement par la condensation de la vapeur d’eau dans les hautes couches de l’atmosphère et tombe ensuite plus ou moins vite à terre selon sa structure.


La neige tombe, surtout en hiver, lorsque la température est aux environs de 0°C. Les chutes de neige sont moins importantes ou à peu près nulles quand la température est basse. Il peut encore tomber de la neige au-dessus de 0°C, mais sous forme d'averses de courte durée, et jusqu'à +8°C, surtout au printemps et en automne. La qualité de la neige intéresse particulièrement les skieurs, qu'il s'agisse de la " poudreuse ", fine et sèche, ou de celle qui est dite " gros sel ", grossière et humide. Non ! Là, je blague. L'Abbé Richard ne savait pas que l'on pouvait faire de l'or avec de la poudreuse…


La neige se forme dans l'atmosphère par congélation de gouttes d'eau, à des températures de – 12°C à – 16°C. Les cristaux de neige ont différentes formes, aiguilles, prismes, étoiles, lamelles (toujours à symétrie hexagonale). La pression de saturation de vapeur d'eau et la température influent sur la forme et la grosseur des cristaux de neige. Autour de 0°C, ceux-ci se rassemblent pour constituer les flocons bien connus de tous. C'est pour la même raison qu'on observe plus de neige sous les latitudes moyennes plutôt que dans les régions arctiques et antarctiques.


L'ouvrage que je vous propose est divisé en quinze discours. La première partie de l'ouvrage propose une théorie générale de l'air et des changements atmosphériques, puis s'intéresse à l'évaporation, aux météores et aux phénomènes atmosphériques: pluie, vents, neige, grêle, arcs en ciel, halos, tonnerre, aurores boréales. L'auteur émaille son exposé de nombreux exemples tirés des auteurs anciens et modernes, ainsi que d'observations recueillies aux quatre coins du monde. Il s'intéresse enfin aux éruptions volcaniques, aux feux follets, aux insectes lumineux… Selon le censeur, cet ouvrage est au monde aérien ce que "La théorie de la terre" de Buffon est au monde terrestre. Etudiant le climat des pays, l'auteur donne un aperçu de la composition de l'atmosphère, de ses manifestations violentes, tels les ouragans, les moussons, les aurores boréales…Il appuie ses rapports sur les récits de voyageurs et nous apprenons ainsi une série de détails sur les mœurs des contrées lointaines, les déserts de l'Afrique, l'Abyssinie, les terres australes. Donc un voyage dans les airs, sur terre et dans le temps ! Pierre


RICHARD, l'Abbé [Jérôme]. Histoire naturelle de l'air et des météores. Paris: Saillant & Nyon, 1770 - 1771. Première édition, 10 volumes in-12; Environ 500 pages par volume, quelques petits bandeaux et en-têtes. Reliure d'époque en veau marbré, dos à nerfs orné, pièces de titre et de tomaison, pages de gardes en papier coloré, tranches rouges. Table pliante dans le volume 6, aucune illustration. Quelques défauts à la reliure (coiffes, épidermures), 1 pièce de tomaison manquante (5) remplacée, traces de mouillures très claires sur le volume VII. Pas de trous de vers. Ensemble agréablement relié, intérieurement frais. Vendu

lundi 29 novembre 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Paul Lacroix dans la hotte du Père Noël...


Ayant reçu la semaine dernière un courrier du Père Noël, vous vous en souvenez peut-être, je me suis dit qu'à mon tour une petite lettre au Père Noël ne serait pas déplacée… Je profite du calme qui règne dans la librairie, ce matin, pour vous soumettre ma demande. J'ai, en effet, trouvé sur les rayonnages de la librairie de Pierre deux jolis volumes qui me plairaient bien…

Vous pouvez, bien sûr, vous inspirer de cette lettre si vous trouvez que le modèle est convainquant. Il vous suffit alors de remplacer mon souhait par le votre et de préciser, à travers une notice précise, l'ouvrage que vous désirez trouver dans vos souliers, le 25 décembre au matin... Vous envoyez la lettre à l'adresse indiquée au début de ce billet, en recommandé avec accusé de réception, c'est évident ;-))


Cher Père Noël,

Vous êtes trop occupé pour vous rappeler ce détail mais, lorsqu'il y a près de quarante cinq ans, je vous ai demandé des livres en cadeau de Noël, j'ai trouvé au pied de la cheminée un pull-over qui gratte et un circuit 24 à partager avec mon frère…

Je renouvelle, cette année, ma demande et c'est pourquoi je me permets de recroire en vous…


Le hasard a fait qu'avec le temps cette passion pour les livres ne s'est pas estompée. Mais ce ne sont donc pas des ouvrages neufs que je désire, cher Père Noël... Ce sont des livres anciens !

J'imagine qu'en dehors de la période chargée des fêtes, le temps doit vous paraître un peu long là-haut sur votre traîneau et que vous devez posséder une bibliothèque impressionnante. Alors, pourquoi ne pas piocher dans ces livres qui prennent tant de place dans les rayonnages de vos nuages ?


Comme le passage par la cheminée reste, malgré tout, dangereux pour ce type de cadeau, je vous propose, cher Père Noël, de me les déposer en passant par la porte et de m'envoyer, à votre place, une de vos pulpeuses hôtesses portant sur son léger costume de circonstance un lapin aux grandes oreilles brodé sur le revers de la fourrure. Vous pouvez aussi demander à un ami (Père Fouettard) ou collègue (Saint Nicolas) de me les porter mais ce sera moins sympa…


Je suis intéressé par deux forts ouvrages de luxe édités par Firmin-Didot et écrits par le Bibliophile Jacob sur le XVIIeme et le XVIIIeme siècle.

Si la diversité des connaissances éblouit le curieux que je suis, c'est aujourd'hui la qualité de ces ouvrages pour leurs illustrations, leur typographie et leur présentation générale qui m'intéresse. Je compte donc sur votre bienveillance.


Voici donc ma "lettre à vous", cher Père Noël ! Je n'oublie pas de vous souhaiter, à vous aussi ainsi qu'à toutes vos charmantes assistantes, de joyeuses fêtes de fin d'année et mes pensées les plus affectueuses.

Votre dévoué. Philippe Gandillet


LACROIX PAUL (BIBLIOPHILE JACOB). XVIIe siècle Institutions usages et costumes, France 1590-1700. Paris, Firmin-Didot, 1880. viii + 580pp.illustré de 16 chromolithographies et de 300 gravures sur bois (dont 20 tirées hors-texte) d'après les monuments de l'art de l'époque, reliure d'éditeur demi-chagrin rouge. Dos lisse orné de motifs et de pièces de titre en lettres dorées, plats de percaline richement illustrées de motifs et de lettres dorées, toutes tranches dorées. Aucune rousseur. Etat parfait. Vendu


LACROIX PAUL (BIBLIOPHILE JACOB). XVIIIe siècle Institutions usages et costumes, France 1700-1789. Paris, Firmin-Didot, 1875. viii + 520pp.illustré de 21 chromolithographies et de 350 gravures sur bois (d'après Watteau, Vanloo, Rigaud, Boucher, Lancret, J.Vernet, Chardin, Jeaurat, Bouchardon, etc.), reliure d'éditeur demi-chagrin rouge. Dos lisse orné de motifs et de pièces de titre en lettres dorées, plats de percaline richement illustrées de motifs et de lettres dorées, toutes tranches dorées. Rousseurs clairsemées dans le texte. Cahiers solidaires. Très bon état général. Vendu

samedi 27 novembre 2010

Page manuscrite ou page imprimée ? Le talent des copistes...


Je présentais hier un billet dans lequel un ouvrage à la vente présentait une planche habilement remplacée par un ancien propriétaire, à une période qui semble tout à fait concomitante avec la parution de l'ouvrage.

Erreur de l'imprimeur, oubli du relieur, arrachage involontaire ou volontaire sont les trois possibilités qui s'offrent à notre sagacité.


Sur des ouvrages du 16eme et 17eme siècle, la probabilité d'une erreur professionnelle est envisageable car les normes de qualités n'étaient pas, au début de l'imprimerie, ce qu'elles sont aujourd'hui.


Sur des ouvrages postérieurs, j'aurais tendance à penser qu'il faut rechercher dans le remplacement d'une planche, une fraude involontaire ou volontaire.


J'ai vu des ouvrages auxquels des gravures jugées licencieuses avaient été enlevées sciemment pour cause de pudibonderie religieuse. J'imagine également que les lecteurs étaient tout aussi maladroit qu'aujourd'hui et qu'une planche pouvait être déchirée lors d'une manipulation hasardeuse. Il y a surement beaucoup d'autres raisons qui peuvent expliquer les incomplets et je sais que de superbes ouvrages ont payé un lourd tribut la mode de l'encadrement, par exemple !


Au-delà du fait de savoir si l'ouvrage devait être considéré comme complet ou incomplet après le remplacement de l'original par une page ou par une planche manuscrite, c'est la qualité du travail de la personne qui a procédé à ce remplacement qui m'amène à vous soumettre ce petit billet…


Alors… Dans les exemples que je vous propose... page manuscrite ou page imprimée ? Pierre


J'ajoute un autre exemple envoyé par René de BLC. Je profite de l'occasion pour le remercier de son aimable sollicitude.


Je possède un Missale Romanum de 1629, livre d'un intérêt bibliophilique fort réduit bien que comportant de superbes gravures (certaines de Cornelius Galle) .


On trouve à la fin 4 pages ajoutées, entièrement en "typographie" manuscrite. Il ne s'agit pas du remplacement de feuillets manquants mais d'une addition concernant sans doute une fête particulière. Elles se trouvent après le verso blanc du dernier feuillet, le recto se terminant par FINIS. Il s'agit là aussi d'un travail de grande patience réalisé par un habile copiste.

vendredi 26 novembre 2010

Joseph de Lalande : L'astronomie au siècle des lumières...


En préparation d'un article sur un ouvrage emblématique du siècle des lumières, je continue ma présentation des encyclopédistes célèbres…. Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande ou de La Lande (1732 / 1807), est de ceux-là. C'est un astronome français qui composa le Dictionnaire d’astronomie de l’Encyclopédie méthodique.


Si l'on en croit le portrait du poète Charles-Hubert Millevoye, dans ses Étrennes aux sots de 1802, Mr De Lalande était affublé d'une physionomie ingrate. Son athéisme proclamé était tout aussi légendaire, bien qu'il gardât toujours une amitié profonde pour les jésuites, en souvenir des maîtres qui l'éduquèrent à Lyon. Sous Napoléon, alors que la France redevenait une nation chrétienne, il écrivit : « On ne sait rien. On croit aux miracles, aux sorciers, aux revenants ; on a peur du tonnerre, des araignées, des souris et à plus forte raison on croit en Dieu. » Il avait en outre la réputation d'être extravagant et vaniteux, capable, selon la légende, de manger en public des araignées pour le simple plaisir de la provocation. Voilà donc un personnage qui va dépasser le simple scientifique, auteur d'un traité d'Astronomie que je vous propose aujourd'hui !


Avec ses enthousiasmes, ses éclats de colère, ses zones d’ombre et ses travaux acharnés, avec ses amours champêtres et ses foucades soudaines, Lalande est un personnage complexe, souvent attachant, parfois irritant – sans doute l’un des plus grands astronomes français du XVIII° siècle. Ouvert à la vie, ce célibataire endurci était toujours entouré de femmes. Les dames qui fréquentaient les salons adoraient ce petit homme alerte à l’esprit vif, prestigieux savant aux réparties mordantes et à l’ironie parfois cruelle, mais toujours séduisant.


Humaniste, Lalande l’était aussi dans sa vie publique et ses prolongements politiques. Quoiqu’élevé par les Jésuites, il devint très tôt un porte-drapeau de l’athéisme d’alors. Cofondateur de la loge maçonnique des Neufs Sœurs, il y accueillit Voltaire comme l’un de ses frères quelques mois avant sa mort.


Revenons sur sa vie :

Après des études pendant lesquelles il rencontre un célèbre astronome de l'époque, Le Monnier, il exerce brièvement le métier d’avocat. Ce dernier obtient la permission pour envoyer Lalande à Berlin pour y observer la parallaxe lunaire, simultanément avec l’abbé Nicolas-Louis de Lacaille (1713-1762) qui fait de même au Cap, ce qui permit de déterminer, par une méthode de triangulation, la distance Terre-Lune. (370.000 km, environ d'après mes derniers calculs !)


Le succès de sa mission le fait entrer à l’Académie des sciences de Berlin à 21 ans. Il obtient un poste d’assistant à Paris et il est élu membre de l’Académie des sciences en 1753.
En 1762, Delisle démissionne de sa chaire d’astronomie au Collège de France en faveur de Lalande qui occupe cette fonction 46 ans. Sa renommée vient de son travail sur l’orbite de Vénus en 1769, mais son caractère difficile lui vaut de nombreuses inimitiés.


En 1778, délaissant momentanément les étoiles pour l’hydrologie, il rédige Des Canaux de Navigation, et spécialement du Canal de Languedoc, une somme sur la navigation intérieure en tous temps et sur tous les continents qui fait encore autorité, consacrant un tiers de l’ouvrage au canal du Midi, présenté comme une réalisation exemplaire. Il a donné près de 250 articles sur l’astronomie, les mesures et la franc-maçonnerie à l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.


L'ouvrage que je présente à la vente est un abrégé édité en 1774 à la suite de l'édition de 1771 imprimée en 3 volumes chez la même Veuve Desaint. Il vaut pour la simplification du premier texte mais aussi par les planches qui sont magnifiques. Une particularité, cependant. La planche N° XV ne devait pas plaire à son premier lecteur du 18eme siècle. Il l'a remplacée par une planche manuscrite qui reproduit la planche originale. Je vous en ai fait une photographie juste au dessus de ce texte. Je regarderai s'il existe une planche numérisé de l'exemplaire de référence afin de chercher l'explication à cette intervention. Peut-être simplement un enfant maladroit... Pierre


LALANDE (Joseph-Jérôme Le François de). Abrégé d'Astronomie. A Paris, Chez la Veuve Desaint, 1774. In-8 (140 X 207) veau fauve raciné, dos cinq nerfs, caissons dorés, pièce de titre maroquin rouge, tranches rouges (reliure de l'époque) ; un feuillet blanc, XXXVI pages (dont faux-titre et titre), 507 pages, XVI planches. Première édition de cet ouvrage, qui est un abrégé du " Traité d'astronomie " paru en deux volumes in-quarto en 1764. 16 planches dépliantes gravées sur cuivre par Pierre-Claude Delagardette. La planche II est une superbe représentation de sphère armillaire. Lalande prétend dans cet abrégé que " l'invention de la sphère armillaire est certainement aussi ancienne que celle de l'astronomie même… Pas de rousseurs, pas de trous de vers. Une coiffe et coins restaurés. Le bord médial de certaines planches est sali. Vendu

jeudi 25 novembre 2010

Les courants de pensée française du 18eme siècle traduits en anglais…


Alors que j'avais déjà présenté Voltaire ici et Rousseau, et là encore [cliquez sur le mot pour voir apparaitre le lien, c'est magique !!], alors que je m'apprêtais à publier un billet sur un petit ouvrage collectif in-4 en 39 volumes -avec les planches - de Diderot et de ses amis, j'ai pensé qu'un livre traitant de ces trois auteurs ; emblématiques du siècle des lumières ; se devait d'être proposé à la vente.

Il fallait un recueil facile à lire, en un seul volume, à portée de main sur une table de travail ou sur une table de nuit, utilisable par des lecteurs aux quatre coins du monde (c'est une image car on vient, parait-il de découvrir que la terre serait ronde !) et écrit par des auteurs dont la réputation de sérieux et la notoriété ne sauraient être mises en cause, même par les plus érudits de nos lecteurs...


J'ai trouvé ce bijou !

C'est Romain Rolland qui nous présente Rousseau. La qualité et la clarté de sa pensée rendront mes deux articles bien fades. Je vous rappelle quand même que Romain Rolland, (1866 / 1944) a été lauréat du Prix Nobel de littérature en 1915 . Je m'efface donc bien volontiers !


André Maurois, de son nom d'origine Émile Salomon Wilhelm Herzog, (1885 / 1967) était romancier, conteur et biographe, domaine dans lequel il excellait particulièrement. Il nous en donne un exemple magistral dans ce recueil avec l'évocation de Voltaire.


Diderot sera présenté dans cet ouvrage par Edouard Herriot (1872 / 1957). Célèbre maire de Lyon pendant de nombreuses années, il est plus connu comme un fin politique qu'un grand écrivain. Il fut pourtant élu à l'Académie française. En vérité, "Édouard Herriot était un gros homme charmant. Son charme naissait de ce contraste entre la culture, tous les dons d’une intelligence royale et la ruse, disons la finesse, politicienne" disait Mauriac. Il était donc tout désigné pour présenter Diderot.


Un point de détail, cependant : Ce livre est écrit en anglais. Cela ne vous dérange pas ? Il se trouve que quelques-uns de mes lecteurs (que je salue d'un Hi ! soutenu) habitent outre atlantique. Je ne voudrais pas qu'ils pensent qu'ils ne sont pas dans mon cœur…

Best regards. Pierre

ROLLAND / MAUROIS / HERRIOT / BRERETON. French thought in the eighteenth century. London, Cassel & Compagny. Reliure percaline bleue, jaquette illustrée, 428pp au format in-8. 16 € + port

mardi 23 novembre 2010

Le Père Huc : Un aventurier missionnaire dans l'Empire chinois...


Le Père Régis-Evariste Huc naquit à Caylus en 1813.

Entré chez les Lazaristes en 1837, il s’embarque au Havre en 1839, à destination de la Chine. Il touche le sol chinois en 1840, au moment où le Bienheureux Gabriel Perboyre, Lazariste comme lui, l’arrosait de son sang. En effet, le sort réservé aux missionnaires dans cette partie du monde était de nature à refroidir les vocations. Si l’on ne mourrait pas étranglé, on vivait martyrisé ! Mais l'homme n’était pas de nature à se laisser impressionner...


Digne précurseur de l’aventurier Tintin, il se rase la tête, aménage une longue tresse, maquille son visage, ses sourcils et revêt la tunique chinoise de Gabriel Perboyre. Ainsi déguisé, il franchit la grande Muraille via Pékin et rejoint son affectation dans un petit village de la Mongolie intérieure. C’est là qu’il rencontre son futur compagnon de voyage, le père Gabet. Après avoir converti au catholicisme le jeune Lama qui leur servira de guide et appris le mongol, nos deux Lazaristes partent pour le Tibet.


En décembre 1845, le voilà, avec ses compagnons, dans les montagnes du Tibet, à 5 000 m d’altitude. C’est en 1846 qu’il voit apparaître Lhassa, la capitale de l’Asie religieuse, la cité de Bouddha. Dans la ville, on se précipite pour observer ces « lamas venus d’occident » originaires d’un pays inconnu. Pourtant, n’en déplaise à leur fierté, les pères Huc et Gabet ne seraient pas les premiers Européens à entrer à Lhassa. Au 13eme siècle, Odoric de Pordenone les aurait précédés ainsi que les capucins Joseph de Asculi et François de la Tour. Ce qui n’enlève rien à leur mérite ! Le père Huc, à son retour en France, écrivit Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Tibet et la Chine, un récit publié en 1850 qui retrace les événements dont je viens de vous parler.


Mais à cette époque le Daï Lama n'était pas Prix Nobel de la Paix ! Menacée de mort, l’équipe missionnaire doit repasser en Mongolie en 1846. Là, commence le deuxième volet de l’aventure de nos deux missionnaires. Jugés innocents au cours d’un procès théâtral, ils doivent néanmoins regagner Macao. Mais, protégés par les ordres d’un « vice-roi », ils accomplissent le trajet en palanquin, côtoyant cette fois la haute société chinoise. Ainsi naît un second volume de récits paru la première fois en 1854, l’Empire chinois, que je vous propose ici dans l'édition originale. Plus documenté que le premier mais toujours très axé sur l’observation personnelle, le livre démontre une fois de plus les qualités journalistiques de notre prêtre.


Il fondera en Chine une communauté catholique importante. Mais, le Père Huc comprend que sa santé, très affaiblie, ne supportera pas longtemps le climat. En effet, en 1852, il est obligé de quitter la Chine : Il visite les Indes, la Palestine, la Syrie et parvient en France. Il meurt à Paris en 1860.


Son oeuvre reflète l’originalité de sa personnalité. D’une part, un intellectuel, idéaliste attiré par la spiritualité et les longues études, d’autre part, un homme ouvert doté d’un humour à toute épreuve. Il suffit pour cela de lire sa description d’un cadavre que l’on doit découper pour le transporter, les attaques des brigands, le cliquetis des outils des bourreaux au tribunal ou encore une dégringolade de yack dans les montagnes tibétaines…

Un ouvrage qui ravira, sans nul doute, les passionnés d'aventure !


HUC (Père). L'Empire Chinois, faisant suite à l'ouvrage intitulé : Souvenirs d'un Voyage dans la Tartarie et le Tibet. Imprimerie Impériale Paris, 1854, 2 vol. in-8 de 2 ff, XIX, 426 pp. et 2 ff, 440 pp. Reliure demi basane noire de l'époque, pièce de titre et tomaison dorées. Édition originale avec sa carte rempliée. Des rousseurs légères, page de titre tome II restaurée, le reste en parfait état. Cahiers très solides. Vendu