mercredi 31 octobre 2012

J.J Granville et les métamorphoses du jour...


Jean Ignace Isidore Gérard (1803 - 1847), est un caricaturiste français, plus connu sous le pseudonyme de J.J Grandville. Il fait partie avec Gustave Doré (1832-1883) et Albert Robida des grands dessinateurs qui ont marqué la fin du XIXeme siècle et marquent encore, de leur empreinte, les illustrateurs modernes.


Grandville a reçu ses premières leçons de dessin de son père, peintre miniaturiste. À l'âge de vingt et un ans, il s'installe à Paris et, peu de temps après, publie un recueil de lithographies intitulé Les Tribulations de la petite propriété. Il poursuit son œuvre avec Les Plaisirs de toutdge et La Sibylle des salons puis se fait vraiment fait connaître par Les Métamorphoses du jour, une série de soixante-dix scènes dans lesquelles des personnages humains sont représentés avec une tête d'animal en situation pour un rôle dans la comédie humaine. Ses dessins sont remarquables par l'extraordinaire habileté du dessin des expressions humaines transposées sur une figure animale. C'est cet ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente. La 1ere édition, sans texte, est parue chez Bulla en 1829 au format in 4° oblong. 









Le succès rencontré par ces œuvres a conduit divers périodiques tels que La Silhouette, L'Artiste, La Caricature et Le Charivari à l’engager comme dessinateur et ses caricatures politiques satiriques ont bientôt suscité un engouement général.


Après le rétablissement de la censure, Grandville s’est tourné presque exclusivement vers l'illustration de livres, en illustrant divers ouvrages, tels que les œuvres d’Honoré de Balzac, les chansons de Béranger, les fables de La Fontaine (comme Doré mais en1838), Don Quichotte, les Voyages de Gulliver ou Robinson Crusoé.


Il a également continué à publier des recueils de lithographies : Les cent proverbes, Un autre monde (1844) et Les fleurs animées dont nous avions présenté une édition sur le blog.

 









Le recueil de textes qui accompagnent les dessins de Grandville sont de la plume des meilleurs écrivains de la génération romantique, à qui il était  toujours possible d'arracher quelques pages spirituelles et bien écrites si elles étaient assorties d'une signature prestigieuse pour l'illustration. Pour cette édition posthume, donnée sept ans après la mort de l'artiste, les éditeurs ont confié la tâche de graver sur bois les compositions précédemment lithographiées, et à un collectif d'auteurs le soin de commenter ces images de courts textes en prose ou en vers. Une longue notice biographique par Charles Blanc, avec une liste des livres illustrés par Grandville, est donnée en préambule.










Les dessins de Grandville présentent habituellement une analyse des personnages pleine d’inventivité et de merveilleux. Son humour est toujours tempéré par la délicatesse et la bonne humeur. Il n'a pu appliquer cette vertu à lui-même. Il est mort de chagrin en 1847 à l’asile d’aliénés de Vanves…Pierre

GRANVILLE (Jean Ignace Isidore Gérard). Les métamorphoses du jour par Grandville. Accompagnées d'un texte par MM. Albéric Second, Louis Lurine, Clément Caraguel, Taxile Delord, H. de Beaulieu, Louis Huart, Charles Monselet, Julien Lemer. Précédées d'une notice sur Grandville par M. Charles Blanc. Paris, Havard, 1854. Un volume grand in-8. Demi-basane rouille, dos lisse orné de roulettes, filets et lettres dorées, gardes colorées. 2ff - XXVIIIpp - 283pp - 70 planches. Première édition avec gravures sur bois coloriées. Des défauts : Rousseurs marginales généralisées et quelques piqûres sur le texte, les planches en sont indemnes, coiffes et mors restaurés, coins usés, une bande adhésive transparente sur les deux charnières des gardes colorées… Vendu

mardi 30 octobre 2012

La vie de Saltimbanque de Molière par Benjamin Pifteau...

Désormais tout parait avoir été dit sur Molière, cette éternelle incarnation de la raison humaine… Cependant l'auteur de l'ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente,  Benjamin Pifteau, nous conte ici la lutte que Molière eut à subir avant d'arriver au succès et la gloire.



Ce fut d'abord dans la troupe des Enfants de famille (décembre 1642) qui joua à Paris et prit bientôt le nom d'Illustre théâtre, puis ce fut à Rouen, puis à Paris où elle alla s'installer dans la salle du jeu de Paume Metayer près de la porte de Nesle, le 31 décembre 1643, puis… Qu'importe ! Les saltimbanques n'ont pas d'adresse fixe, en fait… Et c'est ainsi que la troupe de Molière partit 10 ans en tournée en province avant de revenir à Paris présenter ses succès. Il est a noter que la tradition perdure qui fait que de nombreuses pièces sont encore présentées en province avant que la générale ne soit jouée à Paris !


Empruntant le couloir et la route royale (Dijon-Lyon-Avignon- Pezenas-Beziers-Bordeaux), tout passait : marchandises, monnaie, idées et armées, les modes littéraires sinon les auteurs, et parfois les comédiens ambulants... Il faut reconnaître que le support chronologique de la tournée provinciale de Molière réside seulement en quelques dates éparses, quand il ne s'agit pas de pure invention (les chambres où Molière aurait dormi sont légions). Seule La cité de Pézenas a gardé dans sa mémoire collective tout ce qu'il fallait pour passer de Molière au molièrisme…

Le risque était que la renommée de l'homme de théâtre n'en fasse un jour un " Molière de Bazar" avec sa cargaison de produits dérivés. Tel n'est pas le cas dans la cité languedocienne.  

L'intérêt de l'ouvrage présenté est doublé par l'hommage que l'auteur fait à Molière sous forme d'une petite pièce de théâtre un peu pastiche : Molière en voyage.


Cette pièce a pour seul tort de n'avoir pas vu le feu de la rampe mais vous auriez pu entendre ceci :

Par l'œuvre on connaît l'homme.
La question n'est pas dans le mot qui nous nomme :
Elle est dans l'action et surtout dans le but.

Locution qui pourrait tout aussi bien convenir aux bibliophiles  ;-)) Pierre


PIFTEAU (Benjamin). Molière en province, étude sur sa troupe ambulante, suivi de Molière en voyage, comédie en un acte en vers. Paris, Léon Willem, 1879. Un volume in-12 avec un portrait de Molière d'après Mignard et 4 eaux-fortes dessinées par Mès, gravées par Legenisel, le tout sous serpente. Reliure demi-maroquin cerise, dos à nerfs, titre en lettres dorées, gardes colorées, couvertures conservées. Bandeaux, lettrines et culs-de-lampe. 103 pages. Exemplaire numéroté sur papier de Hollande n° 358 sur justification de 450. Bon état. Infimes rousseurs. Vendu

lundi 29 octobre 2012

Cartonnage à plat historié, beau cadeau de Noël assuré…


Voici quelques nouveaux plats historiés, choisis sur les rayonnages de la librairie. Ils viendront compléter le catalogue que vous trouverez à gauche de l'article sur la page de présentation du blog. Pierre

samedi 27 octobre 2012

Pierre-Hippolyte Lucas : Leçon N° 1 : Les papillons sont des lépidoptères…

Tous les insectes ont pour point commun de posséder six pattes, un corps en trois parties, deux antennes et très souvent des ailes. La libellule, la sau­terelle, la coccinelle, la mouche ou le papillon sont tous des insectes. Pourtant, ils ne se ressemblent pas !


C'est pourquoi les scientifiques les ont donc encore divisés en petits groupes appelés " ordres " en fonc­tion de leurs caractéristiques communes. Parmi ces nombreux ordres, vous connaissez tous les coléoptères qui ont des ailes en étuis, les diptères que l'on tue avec des tapettes à mouches et les lépidoptères dont les ailes couvertes d’écailles sont un vrai plaisir des yeux…

C’est l’ordre qui nous inté­resse, aujourd'hui ; celui des papillons aux quatre ailes brillamment colorées, papillons qui font aussi le régal des collectionneurs. Pierre-Hyppolyte Lucas fut de ceux là au XIXeme siècle. Avec l'aide et le talent de dessinateurs, de graveurs tels Pauquet et A. Noel, il nous propose ici la bible des lépidoptéristes et des lepidoptérophiles

Le papillon est un être vivant plein d’occupations qui ne tient pas en place : un coup je plane, un coup je bats des ailes ; ici je butine… Mais avant de pou­voir faire tout cela, il lui a fallu passer par de nombreuses étapes, celles de la vie. Et tout d’abord, le commencement... la chenille.


Assez logiquement, il y a très peu de collectionneurs de chenilles car la bête est un peu repoussante avec ses 16 pattes et ses anneaux. Un beau jour, la chenille ayant atteint sa taille définitive, va décider de ne plus manger mais de se fixer à un endroit, au calme. Là, elle va abandonner son ancienne peau pour une enveloppe plus dure: la chenille va laisser place à la chrysalide.


L’heure est enfin venue de devenir adulte. La chrysalide va laisser place à un être mer­veilleux, qui l’eut cru ? Le papillon. Si la chenille passait le plus clair de son temps à manger, le papillon a lui, bien d’autres préoccupations. Dès son baptême de l’air, il n’a qu’une idée en tête : trouver un partenaire sexuel pour que son espèce puisse continuer à exister sur terre ; et vite, car la vie d’un papillon est très brève, cinq jours en moyenne ! On ne se nourrit pas que d'amour et d'eau fraîche, même chez les papillons…


Sa deuxième préoccupation est, bien sûr, de prendre des forces mais uniquement sous forme de liquides. A l’aide de sa trompe, il aspire le nectar des fleurs et participe à la pollinisation.











Autrefois les plus grands prédateurs (artificiels) de papillons étaient les collectionneurs… Aujourd’hui, une écrasante majorité des espèces de papillons est menacée. Les pollu­tions diverses et la disparition des prairies naturelles en sont les causes les plus citées. 


Pierre-Hippolyte Lucas (1814-1899) fut un entomologiste français  assistant au Muséum d'histoire naturelle  et conseiller scientifique  pour l'Algérie. Ses travaux nous ouvrent de nouveaux horizons. Ce même horizon est-il sombre pour les papillons ? Je ne sais. Puisse ces deux magnifiques ouvrages redonner le goût de la lepidoptérophilie ! Ce dont je suis certain, c'est que la qualité des illustrations qui les composent est déjà un bel hommage à la bibliophilie. Pierre


LUCAS (H). Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe par H. Lucas, attaché au Muséum d'histoire naturelle et membre de plusieurs sociétés savantes. Paris, L. De Bure, 1845. Ouvrage orné de près de 400 figures peintes d'après nature par A.Noel et gravées sur acier par Pauquet. Un volume grand in-8. [3ff dont page de titre et de faux titre]- VIII- 216pp- [1f de titre des planches illustré]- 80 planches de papillons (num 1 à 79, avec une planche 8 bis) - 1double planche de matériel-[2ff bl]. Reliure demi-chagrin empire, dos à nerfs avec titre, nom de l'auteur, filets et caissons dorés, 1ere garde colorée, 2eme garde moirée blanche. Une petite restauration sur la coiffe supérieure, frottements sur les plats, des rousseurs claires sur le texte, pas de rousseurs sur les planches. Ex-libris D(ama)ris Dumont. Rare ouvrage en bel état.


LUCAS (H). Histoire naturelle des lépidoptères exotiques par H. Lucas, attaché au Muséum d'histoire naturelle et membre de plusieurs sociétés savantes. Paris, L. De Bure, 1845. Ouvrage orné de 200 figures peintes d'après nature par Pauquet et gravées sur acier. Un volume grand in-8. [3ff dont page de titre et de faux titre]- VIII- 156pp- [1f de titre des planches illustré]- 80 planches sous serpente de papillons- 1double planche de matériel. Reliure demi-chagrin empire, dos à nerfs avec titre, nom de l'auteur, filets et caissons dorés, 1ere garde colorée, 2eme garde moirée blanche. Une petite restauration sur la coiffe inférieure, frottements sur les plats, des rousseurs claires sur le texte, pas de rousseurs sur les planches. Ex-libris D(ama)ris Dumont  Rare ouvrage en bel état.

Ensemble indissociable. Vendu

vendredi 26 octobre 2012

Pontus de Tyard : Un lycée porte son nom ; ultime hommage au cercle des poètes disparus...


L'un se retirera en Périgord (Montaigne), l'autre en Bourgogne (Pontus de Tyard )… Tous deux philosophes et détachés de tout par les soins d'une heureuse naissance, d'une bonne santé et d'une grande intelligence, ils marqueront le siècle de leur passage. On doit cependant reconnaître à Pontus de Tyard une renommée posthume qui en fit un poète à l'égal de ses amis Ronsard et Du Bellay. De là vient sûrement qu'il est complètement oublié, aujourd'hui…


Pontus de Tyard, seigneur de Bissy (1521-1605) aura su au cours de sa longue vie s’illustrer comme un authentique humaniste dans une des périodes la plus sombre de la Bourgogne : celle des guerres de religion. Évêque de Chalon, véritable encyclopédiste, il fut également une figure emblématique de la vie culturelle et politique française au XVIe siècle, en étant à la fois l’un des fondateurs de la Pléiade (premier mouvement de l’histoire littéraire française), et un brillant diplomate en assurant auprès du roi Henri III le rôle de conseiller d’État.


Après 1570, Pontus de Tyard connaît un certain succès dans les salons parisiens à l’occasion du courant néo-pétrarquiste qui voit dans ses « Erreurs amoureuses » une œuvre fondatrice. Évêque de Chalon-sur-Saône en 1578, sa vie prendra un nouveau tournant quand il se consacrera entièrement à sa nouvelle charge qu'il abandonnera en 1589 pour se retirer dans ses terres, où il restera jusqu’à sa mort.


Avec Pontus de Tyard, nous découvrons le siècle où la poésie était reine mais l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente nous montre également un personnage aux nombreuses facettes. « Ce poète fut astronome, cet astronome évêque, cet évêque agent du roi et sa plume dans la polémique. La lyre, la mitre, l’astrolabe pourraient figurer sur son tombeau  » écrivait  Paul Valéry dans l'étude qu’il lui consacra.


Pour en savoir un peu plus sur l'écrivain chalonnais, je vous propose cette petite édition, sur beau papier, imprimée à seulement 400 exemplaires par J.-P. Abel Jeandet, médecin cantonal à Verdun-sur-Saône-et-Doubs (Saône et Loire). Ancien élève à l'Hospice de la Salpetrière de Paris, Lauréat de l'Académie des Sciences, Arts, Belles-Lettres et d'agriculture de Macon l'auteur nous offre un excellent ouvrage qui ravira les bibliophiles et les amateurs du XVIeme siècle. Pierre


JEANDET (J.-P.-ABEL). Pontus de Tyard, seigneur de Bissy, depuis évêque de Chalon. Étude sur le seizième siècle; France et Bourgogne. Paris, chez Auguste Aubry, 1860. Un volume in-8. Demi chagrin à coin, encadrement des plats, dos à nerfs, titre en lettres dorées, initiales A.B en queue, gardes colorées, tranche supérieure dorée.  xij-240 p. Belle édition sur papier surfin teinté à l'antique. Vignettes et lettrines. Rousseurs claires. Justification 400 ex dont 300 à la vente. 50 € + port

jeudi 25 octobre 2012

Histoire de l'Inquisition au Moyen Age par Henri-Charles Lea.

L'Inquisition est une juridiction créée par l'Église au XIIe siècle pour contrer le développement des hérésies (le catharisme en est la plus connue). Peu d'institutions ont suscité autant de polémiques entre historiens. La légende noire de l'Inquisition médiévale rapporte des inquisiteurs fanatiques, enfermant les suspects enchaînés dans de sombres cachots, livrant au bûcher des milliers d'hérétiques, entravant la liberté de pensée et réprimant tout progrès d'ordre intellectuel…



Les images ont la vie dure. On les retrouve pour la première fois sous la plume des écrivains des Lumières ; et l'image sera reprise et amplifiée par la IIIe République à des fins de propagande politique. Cette volonté se traduira dans les manuels scolaires de l'époque.

On pouvait notamment lire dans un manuel de cours moyen, « En 1244, on brûla deux cent cinq hérétiques à la fois dans la petite ville de Montségur... en 1328 plusieurs centaines d'autres furent emmurés dans une grotte près de Foix où on les fit mourir de faim ; l'Inquisition, répandant partout la terreur et ôtant aux hommes la liberté de penser, fonctionna durant plusieurs siècles dans les pays catholiques ». Même si les faits demeurent, il faut néanmoins se garder de tout jugement anachronique : les Droits de l'Homme n'ont aucun sens avant la fin du XVIIIe siècle…


C'est l'hérésie cathare, essentiellement implantée dans le Midi de la France, qui va être le point de départ de ce mouvement. La croisade des Albigeois débute en 1209, Montségur tombe en 1244. C'est dans ce contexte qu'est introduite l'inquisition médiévale par le pape Innocent III en 1199. Les princes, associés au pouvoir ecclésiastique, seront chargés d'appliquer les condamnations. Mais devant le manque d'efficacité de ces princes, les hérétiques ne seront ensuite jugés que par des tribunaux ecclésiastiques (ce sont les images de ces tribunaux qui ont marqué notre mémoire). La charge de l'Inquisition est confiée aux ordres mendiants (Dominicains et Franciscains). Le Midi de la France n'est pas seulement concerné : dès 1240, l'Inquisition se répand partout en Europe, à l'exception de l'Angleterre. C'est la fameuse chasse aux sorcières
  

D'une manière générale, l'Inquisition fait peur et son image est si négative que pour la plupart des contemporains, elle est le règne de l'arbitraire. Elle touche même à l'horreur quand on sait que l'aveu étant indispensable, le suspect était soumis à de fortes pressions psychologiques et parfois, à la torture (pratiquée, par ailleurs, aussi dans le cadre de la justice civile…).


L'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente est une référence. Il vous permettra de vous faire une idée un peu plus juste et un peu plus étayée de l'inquisition que celle du cliché que l'on vous a servi dans vos manuels scolaires ou dans l'excellent film tiré du roman d'Umberto Eco…Son auteur, Henri-Charles Lea (1825-1909) était un richissime libraire-éditeur américain, mécène de l'Unitarian Church (église protestante).

Pour ne pas confondre la "Sainte Inquisition" et la "Sainte Gestapo"... Pas toujours facile de garder son libre arbitre ; et cela ne touche pas qu'à l'inquisition ! Pierre


LEA Henri-Charles. Histoire de l'Inquisition au Moyen Age. Ouvrage traduit sur l'exemplaire revu et corrige de l'auteur par Salomon Reinach. Précédé d'une introduction historique de Paul Fredericq.  Paris, Société nouvelle de librairie et d'edition, 1900-1901-1902. Trois volumes petit in-8. Reliure demi-chagrin havane, dos à nerfs, titre et tomaison en lettres dorées. XL-631 + XIX-682 + V-898 pages, portrait frontispice de l'auteur au tome II.  Première traduction française. I : Origines et procédures de l'Inquisition. - II : L'inquisition dans les divers pays de la Chrétienté. -III : Domaines particuliers de l'activité inquisitoriale et Index général. Vendu

mercredi 24 octobre 2012

Germinie Lacerteux des frères Goncourt : Le roman réalité...


Deux ans, il aura fallu deux ans aux Goncourt pour écrire un livre inspiré par ce qui est presque un fait divers. Mme de Goncourt avait à son service, depuis 1837, une bonne, Rose Malingre ; Rose faisait, à sa place et dans son rôle, partie de la famille. Après la mort de leur mère, en 1848, les deux frères prennent un appartement 43 rue Saint-Georges, où Rose les suit. Elle meurt en 1862, et ses maîtres, qui l'avaient prise en charge à la fin de sa vie, pleurent sa disparition.


Peu après, Maria M., la sage-femme, maîtresse des deux frères, leur apprend ce qu'était la vie privée de leur regrettée servante. Rose, fille du peuple, avait eu un jeune amant, Alexandre dont elle avait eu un enfant ; elle avait accouché en secret à l'hôpital ; elle avait ensuite abandonné cet enfant ; elle buvait ; elle se prostituait et en plus... elle volait ses maîtres !


Les Goncourt décident d'en faire une héroïne de roman : Rose Malingre devint Germinie Lacerteux et eux se transformèrent en une Mlle de Varandeuil…


Lorsque Germinie Lacerteux est publiée chez Quantin, dans l'édition 1886 que je propose aujourd'hui à la vente, Edmond de Goncourt ajoute une préface à celle de la première édition en donnant les passages du Journal écrits, à chaud, avec son frère, concernant Rose et met l'accent sur le lien entre Rose et Germinie, entre le réel et la fiction.


La première préface nous trace les bases de ce qu'on appellera le roman naturaliste trop souvent exclusivement attribué à Zola :


" Il nous faut demander pardon au public de lui donner ce livre, et l'avertir de ce qu'il y trouvera. Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai. Il aime les livres qui font semblant d'aller dans le monde : ce livre vient de la rue. Il aime les petites œuvres polissonnes, les mémoires de filles, les confessions d'alcôves, les saletés érotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires : ce qu'il va lire est sévère et pur. Qu'il ne s'attende point à la photographie décolletée du Plaisir : l'étude qui suit est la clinique de l'Amour. Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne dérangent ni sa digestion ni sa sérénité : ce livre, avec sa triste et violente distraction, est fait pour contrarier ses habitudes et nuire à son hygiène. Pourquoi donc l'avons-nous écrit ? Est-ce simplement pour choquer le public et scandaliser ses goûts ? Non. "


Les frères Goncourt sont bien connus du public pour le prix littéraire qu'ils ont mis en place et des biographes pour leur journal. Je propose aux lecteurs de découvrir leur style dans ce roman poignant. Pierre


GONCOURT (Edmond et Jules de). Germinie Lacerteux. Paris, Maison Quantin, 1886. Un volume grand in-8. Reliure demi-maroquin cerise à coins, filet doré de compartimentage. Dos à cinq nerfs et caissons. Les nerfs sont soulignés d'un pointillé doré. Les caissons sont ornés d'un petit fer floral, roulette aux coiffes, gardes colorées, couverture conservée.  XIX–294pp-[3ff]. Orné de 10 belles compositions hors texte par Jeanniot gravées à l'eau forte par Muller. Édition de luxe et 1re édition illustrée de ce roman paru dans la collection "Les chefs d'oeuvre du roman contemporain". Très bel état. Pas de rousseurs. Vendu