lundi 11 août 2014

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Le Magazine du bibliophile.


De l'information, des interviews, des articles de fond, une passion désintéressée pour le livre ancien, le tout dans une excellente mise en page : je voudrais vous dire tout le bien que je pense du Magazine du bibliophile [et de l'amateur de manuscrits & autographes] dont je viens de terminer la lecture à l'instant. Pierre, notre libraire tarasconnais, l'a mis en évidence sur sa table de travail avec quelques acquisitions récentes pour que j'en dise un mot, c'est chic ! 


Que les choses soient bien claires entre nous : Frederik Reitz n'a heureusement rien à attendre de ma caution intellectuelle pour augmenter le nombre de ses lecteurs et mon avenir dans le monde des lettres n'a besoin d'aucun appui – fut-il journalistique - pour accéder à une légitime renommée : mon élection à l'Académie française au fauteuil du pompier de service en est la plus évidente illustration…


Quelques articles ont, bien évidemment, retenu mon attention. Une charmante jeune femme, semble t-il présidente du Syndicat français des libraires d'ouvrages anciens, nous  précise l'attitude très réservée de ses membres à propos d'un partenariat avec un site de vente en ligne de livres. S'il fallait résumer son propos, on pourrait dire : " qu'à sa connaissance les dindes ne votent pas pour Noël ! ". Cela tombe bien car le bibliophile, de son côté,  n’aime pas, non plus, qu'on le prenne pour un pigeon…  A la suite, à propos de la disparition de la librairie Gangloff à Strasbourg, on apprend subséquemment  que " la passion du livre  ne suffit pas pour devenir et être libraire ".  On s'en doutait un peu. J'éviterai cependant de le rappeler à Pierre dont la candeur juvénile frise parfois l'inconséquence…


Ensuite ? L'imprimerie est mise à l'honneur par un article sur Alde Manuce, l'édition par la présentation d'un ouvrage bibliographique sur Denoël et Steele, l'industrie du papier par la présentation de son histoire sur le versant italien, le patrimoine littéraire par une exposition sur Jean Giraudoux à Bellac et un calepin complet des manifestations à venir est annexé en fin de revue. Comptez quand même une petite matinée, petit déjeuner compris, pour digérer toutes ces informations !


Mais qui est donc Frédérik Reitz, le rédacteur en chef de cette revue ? Cela me sera d’autant plus facile de vous le dévoiler que je ne le connais absolument pas. Voici, ici, le résultat de ma recherche lundimadaire… J'entends déjà murmurer quelques esprits critiques : " On sent que cet homme est fatigué. La brillante causerie qu'il nous propose habituellement va en pâtir et ce billet complimenteur risque de ternir à jamais sa réputation ". Quoi ? Depuis tant d’années, Le Magazine du bibliophile  ferait le bonheur des amateurs de livres anciens et il faudrait que je le passe sous silence ?


Si l’on s’en réfère à un article élogieux publié dans un journal local, cette revue, créée à Paris en 2000, est installée depuis quelques années à Montmorillon ; en toute discrétion, au-dessus d'une librairie de la cité viennoise, L'Octogone. Le chiffre " huit " est, comme chacun le sait, le symbole de la résurrection… La mort étant considérée comme l'entrée dans la vie éternelle, placer le siège de la revue au dessus de l’Octogone, c’était donner une nouvelle naissance au Magazine du Bibliophile....


Journaliste depuis 1976 et passionné de littérature, Frederik Reitz fut un des créateurs de cette revue. En 2007, il en devient le rédacteur en chef à la faveur du rachat du titre. Deux ans plus tard, alors que son employeur déposait le bilan, il décide de poursuivre l'aventure, seul.  " Au cours de ma carrière de journaliste, j'ai collaboré à plus d'une trentaine de titres et j'en ai vu beaucoup disparaître. Le tribunal de commerce a validé la reprise du journal pour un euro symbolique. Mais il y avait 50.000 € d'abonnements en cours à honorer… J'ai quand même foncé. "


Dans la foulée, il pose ses valises à Montmorillon et devient libraire. Au deuxième étage de L'Octogone, il installe la rédaction du magazine : un ordinateur, un téléphone, une secrétaire lascive et une machine à café. C'est de là qu'il élabore le contenu et trace " le chemin de fer " de chaque numéro. Il travaille avec une vingtaine de collaborateurs dans toute la France. Des journalistes, des universitaires, des étudiants, des personnalités du monde culturel, et nombre de bénévoles qui lui envoient par courriel les articles commandés.


Pendant l'été, quelques lecteurs poussent la porte de L'Octogone comme d’autres - ou les mêmes - poussent la porte de la librairie tarasconnaise de Pierre ; parce qu’il est rassurant de rencontrer des personnes désintéressées ; parce qu’il est rassurant de rencontrer des personnes désintéressées qui réalisent leur rêve ; parce qu’il est rassurant de rencontrer des personnes désintéressées qui réalisent leur rêve et en vivent…Votre dévoué. Philippe Gandillet

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Aucun commentaire pour cet excellent billet?!
Fichtre...
en voici un!

M.

Pierre a dit…

Il n'est pas aisé de "commenter" du Philippe Gandillet sans risquer de faire un éloge flatteur qui va faire bouffir d'aisance notre chroniqueur du lundi. Pour ma part, je m'en abstiens sans cacher, cependant, tout le bien que je pense de lui...

Pierre ;-))