lundi 18 août 2014

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : la femme moderne...


La France ne se porte pas très bien, ce matin. C'est du moins le message que vient de m'envoyer notre bon Président. C'est un ami ; nous avons le même âge, nous avons fréquenté les mêmes bancs d'école et séduit les mêmes jeunes femmes. Il lui arrive de me demander mon opinion sur un sujet épineux : là, c'est sur une méthode  qu'il se propose de mettre en place pour résorber le chômage… Pierre, notre libraire tarasconnais, ne m'en voudra surement pas d'utiliser son blog de renommée internationale pour diffuser la réponse que je lui fais. François, de son côté, s'engage à lui acheter un livre ancien !


Son idée est toute simple : Il suffirait d'interdire le droit au travail pour les femmes. D'ailleurs, il nous rappelle que la place de la femme n'est pas dans l'entreprise. Son rôle est d'adoucir le présent de l'homme et de préparer l'avenir en soignant ses enfants… Pour cela, elle devrait rester à la maison (sic).


Il me semble que ces paroles de bon sens et de vérité méritent d'être toutefois développées. Au moment où la sauvegarde de nos valeurs morales prend un caractère d'impérieuse nécessité, il incombe aux femmes d'incarner les idées de renoncement et de bonté qu'on leur a toujours prêtées. Elles doivent montrer qu'elles sont, avant tout, des épouses et des mères ; comme telles, n'ont-elles pas pour premier devoir d'assurer et d'assumer la vie qu'elles ont donnée ? Ainsi, c'est sur la femme qu'il faudra compter pour rétablir l'équilibre économique de la France… Voilà la grande idée !


Du reste, ce n'est pas sous l'influence de je ne sais quel bas instinct lubrique que l'homme marié demande à son épouse un peu plus de féminité, mais bien plutôt sous l'effet de cette loi naturelle qui veut que chaque élément du couple puisse se compléter l'un par l'autre – l'homme amenant l'intelligence et la femme, la beauté – afin de réaliser l'union parfaite des sexes.


En fin psychologue, l'homme se doit cependant de laisser aux femmes l'illusion de leur propre pouvoir dominateur. Quitte à avoir recours au mensonge ! Cela tombe bien : le français est naturellement menteur, souvent envers les hommes, toujours envers les femmes, et particulièrement envers la sienne…


Il restera néanmoins quelques barrières à faire tomber pour appliquer cette idée lumineuse. Il y a loin de cet idéal théorique aux possibilités et aux réalités de la vie pratique. La femme au foyer, c'est très bien, mais celles qui n'en ont pas, qui n'en ont plus – les hommes qui fument et qui boivent payent malheureusement un lourd tribut à la société qui bosse – ou celles qui n'en auront jamais en raison de leurs humeurs variables se verront, bien souvent, contraintes d'aller chercher le moyen de vivre dans un travail qui n'a rien de commun avec les aspirations légitimes de la femme au foyer. On pourrait rouvrir les maisons closes, peut-être ?


Quelle angoissante alternative ! Et comment concilier les différentes contraintes de l'intérêt national en préservant l'ensemble de ses membres ?  Pour la jeune fille, le problème résulte du fait que les femmes ont, par malheur, toujours été supérieures aux hommes dans les études ! En attendant l'hypothétique mari de leurs rêves, beaucoup d'entres-elles ont donc passé, avec succès, des examens et des concours alors qu'elles eussent certainement préféré tapoter du piano, se pencher mélancoliquement sur quelque métier de tapisserie, ou, poétiquement sur quelque interminable broderie en attendant le mari espéré…


La vie est dure et difficile pour tous, François nous le rappelle. Elle réclame des cœurs vaillants et des âmes trempées. Ce n'est pas en récriminant contre elle, ou en se retranchant d'un air digne et offensé derrière le préjugé moderne qu'une jeune fille doit faire des études qu'on parviendra à résorber ce foutu chômage !


Et voilà pourquoi, nous semble t-il, cette mesure – l'interdiction du travail aux femmes - doit s'accompagner de l'interdiction pour les jeunes femmes d'avoir accès à l'instruction. C'est aussi simple que cela ! Cette mesure est déjà mise en place avec bonheur dans de nombreux pays en voie de développement. Quelques auteurs – et je pense en particulier à Paul de Magdeleine dont Pierre présente un ouvrage à la vente aujourd'hui -  objecteront, peut-être, que les hommes seraient, pour la plupart, de gros fainéants qui ne méritent pas ce sacrifice imposé aux femmes. Je n'en crois pas un mot ! Votre dévoué. Philippe Gandillet


MAGDELEINE (Paul de). L'Agnès d'aujourd'hui ou la femme moderne. Lettre préface de G. Lacour-Gayet, membre de l'institut, Ouvrage couronné par l'Académie française. 8eme édition. Paris, edition de la jeune Académie, 1934.Broché à couverture dorée. Edition numérotée. 361 pages. Evoi autographe à Mme Yves de Kergolay. 32 € + port

3 commentaires:

Pierre a dit…

Enfin un sujet consensuel ! Pierre

christophe a dit…

pour les couples de meme sexe je pense dans ce cas a 2 mi-temps !

Anonyme a dit…

François n'avait pas pensé à ce cas de figure mais cela va dans le sens des demi-mesures qu'il affectionne...

Ph Gandillet