samedi 16 mars 2013

Jérôme Doucet et sa famille : par Christian Lamard – 1ere partie



C'est un article d'exception – ou plutôt trois articles qui paraîtront à la suite, samedi, dimanche et lundi – que je vous propose de découvrir aujourd'hui. Nous évoquerons avec Christian (calamar pour les internautes), la vie de Jérôme Doucet et de sa famille. Aimer c'est connaître, dit-on mais mieux connaître c'est aimer davantage, vous le constaterez…

Christian est parti d'une lettre autographe où Doucet parle de sa femme. " J'ai voulu savoir s'il y avait quelque chose pour donner un peu de contexte à cette lettre. Initialement, je pensais centrer mon étude sur Clémentine Rouzaud, des chocolats "marquise de Sévigné", grande amie de Doucet, dont il est question dans cette lettre. Mais quand je suis tombé sur le portrait de Marie Meunier par Renoir, sur sa signature sur l'acte de mariage, tout a changé ! Et quand j'ai vu que le pseudonyme de Doucet venait de la ferme de naissance de son père, que celui-ci l'avait déjà utilisé avant Jérôme, j'ai su que je tenais un bon sujet…  Le lecteur ira de surprise en surprise. Du coup, la Marquise, elle est passée à la trappe ! "

Jérôme Doucet n’est pas un inconnu pour qui s’intéresse aux belles publications du début du XXe siècle. Journaliste, dramaturge, poète, il a écrit de nombreux contes, pour enfants et grandes personnes, et a produit de nombreuses publications de bibliophilie, en y apportant un soin particulier, les éditant lui-même à l’occasion.

Portrait de Jérôme Doucet publié dans l’Album Mariani, 1903. Jérôme Doucet a 38 ans.
Sa fiche Wikipedia nous indique : Jérôme Doucet, né à Lyon le 5 mars 1865 et mort à Paris le 1er février 1957, est un journaliste et écrivain français, auteur de comédies, de poésies, de contes, de livres pour la jeunesse et d'ouvrages d'art. Il était le fils de Théophile Doucet, professeur de mathématiques, et d'Élise Baudesson de Richebourg et le petit-neveu de Joseph François Dupleix. À la suite d’une grave maladie, il ne présenta pas le concours de l'École polytechnique et se consacre au journalisme.

Ces renseignements sont tirés de l’Album Mariani.  Ils ne sont sans doute pas faux, mais dans leur sécheresse pourraient se révéler assez trompeurs. Creusons un peu… Théophile Doucet, professeur de mathématiques ?
Ajouter Portrait de Théophile Doucet, publié par la Revue du Siècle, en 1890.une légende
Théophile Doucet est né le 19 janvier 1831 à Beaumont-le-Roger, dans la ferme familiale, au lieu-dit Montfrileux. Une rue de ce village porte son nom, rue qui donne dans la rue Jules Prior, poète local. Théophile, né dans une famille sans instruction, est remarqué par le curé du village, l’abbé Chouard, qui le pousse à faire ses études. Il avait vu juste : Théophile réussit brillamment les concours d’entrée de l’école Normale et de Polytechnique. Il choisit Polytechnique, puis opte pour le Génie, pour finir par être attaché à l’état-major du maréchal Canrobert à Lyon. En 1861, il épouse Elise Baudesson de Richebourg, dont le père est également officier du Génie à Lyon. Les Baudesson sont une ancienne famille originaire d’Auxerre. C’est par cette famille que Jérôme Doucet peut prétendre à une lointaine parenté avec Dupleix ; son grand-père étant l’arrière-neveu de celui-ci et cousin de Bougainville, petit-fils des sculpteurs Caffieri.

Théophile Doucet démissionne de l’armée en 1863, et choisit l’enseignement. Il reprend ses études, et réussit l’agrégation,  en « enseignement spécial », puis en mathématiques. Mais surtout, Théophile se révèle proche des milieux artistiques. Il publie des poèmes, sous son nom et sous le pseudonyme de Montfrileux, et devient collaborateur régulier de la revue lyonnaise La Revue du Siècle. Aimé Vingtrinier publiera plusieurs de ses productions.

Plaquette de Théophile Doucet publiée par Aimé Vingtrinier.
Elise Doucet suit les cours du sculpteur Bonnet. Il reste de sa production un médaillon représentant Victor de Laprade.

Médaillon sculpté par Elise Doucet, représente Victor de Laprade.

Détail de la signature du médaillon.
A la naissance de leur fils aîné, Jérôme, le 6 mars 1865, le peintre lyonnais Louis Carrey est témoin.

Théophile célèbrera cette naissance dans une ode publiée par Vingtrinier : « Conseils à mon fils », en 1869. Il ne s’y révèle pas grand prophète, et termine par :

Je serai vieux déjà, divinités proscrites,
Lorsque vous reviendrez vivre au milieu de nous,
Lorsque l'homme adouci fléchira les genoux
Devant le triple éclat des célestes Charités...

Ce groupe merveilleux par la Grèce enfanté,
Le rêve des grands cœurs, leur suprême espérance,
Tu le verras, mon fils... C'est la Paix, la Science
Qui tiennent par la main leur sœur, la Liberté.

Mais quand il s’adresse à son fils, il est plus perspicace :

C'est un espoir, mon fils, qui plaît à ma tendresse,
Ce laurier de poète à ton front attaché,
Mais qui sait si du doigt la Muse t'a touché,
Si sa lèvre, au berceau, t'a fait une caresse ?

Tu seras un savant peut-être... Dans tes mains
Le compas, le scalpel auront quelque puissance ;
Souviens-toi que le but, le vœu de la science,
C'est l'adoucissement de tous les maux humains.

Et effectivement Jérôme Doucet, après avoir renoncé à une carrière scientifique, se tournera vers la poésie, suivant les traces de son père.

... La suite demain avec une annonce de la vente Doucet père où, intercalés entre de beaux meubles et une bibliothèque somptueuse, on met en vente, sans façon, quelques tableaux de Diaz, Corot, Courbet et Ziem ! Pierre

2 commentaires:

Pierre a dit…

Un grand merci à Christian... ça sent les palmes académiques ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Merci vraiment.
Bien à vous.
Sandrine.