jeudi 7 juin 2012

Méthode de plain-chant et son antiphonaire…

La musique religieuse, qui rajoute un si grand éclat aux solennités du culte catholique, a perdu un peu du caractère sacré que lui assignaient ses antiques traditions. Il faut attribuer cette évolution à la disparition du plain-chant, base de la musique religieuse latine. De la fin de l’Antiquité romaine jusqu’aux années 1960, le latin fut, en effet, la langue sacrée et liturgique utilisée en occident par l’église romaine pour ses chants de prière. On appelait alors ce chant : Le plain-chant.

Le Plain-Chant a une allure grave, comme il convient aux pensées qu'il exprime, un peu lente afin que tous puissent suivre et réunir leurs voix ; toujours calme, il ne réveille pas les sens. Il a des accents doux, suaves, onctueux, tristes, humbles, énergiques, pour exprimer tour à tour la prière, l'espérance, l'amour, la compassion, la crainte et l'admiration.

Je ne suis pas là pour dénoncer mais je peux vous dire que j'ai assisté (disons, dernièrement) à une messe de 1ere communion où le choix de mélodies contemporaines, accompagnées d'instruments désaccordés, chantées par une chef de chœur enrouée et entonnées en dehors de toute tonalité connue, si elle engendre un sourire bienveillant sur les lèvres des paroissiens ne favorise pas la concentration ;-))












Le Plain-chant est un genre musical sacré qui répond à quelques contraintes : Il se chante souvent a cappella, c’est-à-dire sans accompagnement instrumental, de façon monodique, c’est-à-dire à une seule voix, il est non polyphonique, et suit une rythmique verbale sans division ni mesure. Il est souvent confondu avec le chant grégorien qui lui a emprunté ses règles.

Le terme est l'équivalent français du latin "Cantus Planus". Ici, le terme plain (à ne pas écrire « plein ») est de la même famille que plaine, et désigne quelque chose qui n'a pas de rupture, d'accident ou d'altération. L'écriture musicale nécessite une certaine habitude. La portée ne comporte que 4 lignes avec des notes à forme nettes (géométriques) pour être faciles à situer dans les lignes et interlignes. Les nuances sont peu exprimées et nécessitent un apprentissage oral du chef de chœur.

Comme on le voit dans la caricature d'accueil du billet, il est aisé de se moquer du plain-chant, tant par ses exécutants que par la démesure de la taille des "antiphonaires" en usage. C'est la fameuse "édition vaticane" qui fait autorité, présentant à travers ses pages des notes carrées à peine plus enrichies que les partitions médiévales ! Entre la monotonie du plain-chant et la concurrence de la musique religieuse de type lyrique italien, il n'est pas étonnant que les officiants préfèrent, aujourd'hui, la polyphonie pour les grandes cérémonies.

Le plain-chant est souvent chanté bas et à l'unisson. Il faut donc une excellente acoustique pour exprimer ce plain-chant. La place de la chapelle musicale est donc derrière l'autel, et elle n'est pas visible. C'est la hauteur architecturale du chœur qui amplifie la voix.

L'aménagement de l'église est alors révélateur : Face au monumental lutrin, on voit les tabourets des enfants puis les pupitres des hommes. Les musiciens, quand il y en avait, étaient placés dans le fond du chœur. L'endroit étant fermé ou semi fermé, le son était obligé de monter vers la voûte de l'abside qui forme parabole, avec l'excellent résultat qu'on imagine. Quelques mètres plus en avant, l'effet parabolique ne se produisait plus, et le son ne se concentrerait pas vers la nef.

Bon ! Pour la méthode de plain-chant en elle-même, je vous renvoie à l'ouvrage que je propose à la vente et à un graduel (souvent qualifié d'antiphonaire décoratif) qui s'y attache pour vous entraîner ;-)) Pierre


FEILLEE (M. de La). Méthode de plain-chant augmentée par un eleve de M. De La Feillée. Nouvelle édition. A Avignon, chez Chambeau fils, 1827. Reliure pleine basane marbrée, dos lisse et lettres dorées, tranches jaspées. 532 pp in-8 dont un grand nombre de chants liturgiques classiques en fion d'ouvrage. Quelques rousseurs claires. Bel état. Vendu

MISSAE PRO DEFUNCTIS, CANTUS COMMUNES IN MISSA, ET CANTUS DIVERSI. A Toulouse chez Auguste Manavit, 1839. Reliure pleine basane, dos à nerfs. 128 pages in folio. Un coin usé. Très bel état général. Vendu

2 commentaires:

calamar a dit…

Ah sur des cartonnages rigolos çà y va les commentaires, mais dès que c'est un peu plus sérieux alors là ya plus personne ! ah elle est belle la bibliophilie !

Pierre a dit…

Tout à fait d'accord avec vous, Calamar ;-))

Ce graduel en latin en intimide plus d'un et ne parlons même pas de la méthode de plain-chant ! C'est à croire que plus personne ne va à la messe aujourd'hui ;-)) Pierre