samedi 31 octobre 2015

Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud illustrées par Suzanne Ballivet. J'aime...


Pourquoi cet ouvrage n'a t-il pas trouvé acquéreur ? Ce ne sont pas les manques de notoriété de l'auteur ni de celui de l'illustrateur qui peuvent être mis en cause ? Non.  Ce ne peut être le manque de talent de celui qui a écrit le billet qui suit ? Non. C'est vraisemblablement que l'ouvrage a été proposé à un prix trop cher !  Étêtons-le de 25% et voyons le résultat...


On ne présente pas Rimbaud. Ni jeune, ni adulte… Rimbaud n'a pas d'âge. C'est un de ses oeuvres qui a marqué ma jeunesse. L'instituteur ou le professeur, je ne sais plus à quelle époque c'était, nous avait lu un poème et j'en ai retenu les vers sans bien m'en rendre compte. J'ai toujours été sensible à l'injustice, en fait ! C'est un des traits de l'adolescence qui ne m'a jamais quitté… et j'avais été révolté par cette jeunesse gâchée, moi qui ne comprenait pas la guerre !


C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit...


Avec le temps, la cicatrice ne s'est pas guérie et je dis encore et toujours avec Victor Hugo :  

Depuis six mille ans, la guerre plait aux peuples querelleurs 
et Dieu perd son temps à faire les étoiles et les fleurs… 


Mais Rimbaud ne peut être réduit au Dormeur du val, me direz-vous ! Si vous désirez le relire dans une très belle édition, l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente est fait pour vous. Remarquablement illustré par des lithographies originales de Suzanne Ballivet, compagne d'Albert Dubout avec qui elle a dessiné à quatre mains les œuvres de Marcel Pagnol, il fait partie d'une célèbre collection de la librairie Rombaldi pour la guilde des bibliophiles. Pierre


RIMBAUD (Arthur). Œuvres complètes. Paris, les Presses du Compagnonnage, 1959. Réservé à la guilde des bibliophiles de la librairie Rombaldi. Format In-4. Couverture rempliée sous emboîtage et étui rouge et or. 309 pages et table en feuillets libres. Exemplaire n°815 sur un tirage total à 900, tiré sur papier vélin de Lana. Illustré de 32 lithographies originales de Suzanne Ballivet in et hors texte imprimées par Mourlot. Menus défauts d'usage sur l'emboîtage, intérieur en parfait état. Bel exemplaire peu fréquent à la vente. 135 € + port

vendredi 30 octobre 2015

Le Mexique : au pays de la voiture-reine...


Si vous aimez les grosses voitures américaines, anciennes ou pas... Si vous aimez les coccinelles antédiluviennes... Si vous aimez les gros trucks américains qui sillonnent les centre-villes... Si vous aimez les bus qui pètent et pétaradent... Si vous aimez entrer à six dans un taxi... Si vous n'aimez ni les ceintures de sécurité ni les casques... Si vous aimez la démesure et la conduite sportive... En gros, si vous aimez le risque, alors le Mexique est fait pour vous ! Pierre






























































jeudi 29 octobre 2015

Causerie mexicaine de Philippe Gandillet...


Le temps des vacances est plutôt un temps de détente, pendant lequel j’essaie de décompresser, de me reposer. J’essaie, en même temps, de prendre un peu de hauteur par rapport aux activités habituelles de l’année ;  le dictionnaire – les mondanités... Et comme j’ai du mal à tout maitriser, c’est plutôt le temps du laisser-penser… Ça fait combien de temps qu’on se connait, en fait ? Six ans, au moins, non ? Si ça ce peut, vous vous faites une opinion erronée de moi ! Quelqu’un d’un peu distant ; le type même du gars qui vouvoie son personnel, pas tactile pour un sou, et qui ne s’intéresse jamais au sort des autres, c'est ça ? Je veux dire ; vous ne savez même pas quelles auraient été mes aspirations si un talent naturel pour l’écriture ne m’avait éloigné de ma première vocation ?


Je vous la dis ? C'est un secret... En fait, j’aurais voulu être croque-mort !  C’est bêta quand on est un Immortel, n'est-ce pas ? Quand j’étais tout petit, déjà, je m’amusais à enterrer les hannetons. Au collège, je passais mon temps à confectionner des petits catafalques en cartons, même que les dimanches de sortie, je suivais les convois mortuaires pour me changer les idées ! J’ai, bien sûr, dû arrêter cet agréable passe-temps quand j’ai enterré ma vie de garçon… Je sais ! Les croque-morts ne sont pas très recherchés en société mais ils sont utiles, quand même. Quand on a besoin d’eux, on les trouve. Ce n’est pas comme les plombiers pendant la période des vacances, par exemple. J’ai dit  "plombier" car c’est la première profession qui m’est venue à l’idée mais j’aurais pu dire "trapéziste", aussi… Bien que pour réparer une fuite, un plombier, c'est quand même mieux. Oui ! Je sais bien que si vous vous trouviez entre deux croque-morts, lors d’un repas, vous ne les inviteriez pas à diner le lendemain ! Pourtant ce sont des hommes comme les autres. Dame, ils ont un rude métier ! Il faut en avoir le goût. Le plus ennuyeux, c’est que les gens qu’ils transportent ne donnent jamais de pourboire. Maintenant, il y a des compensations… Vous pouvez enterrer votre belle-mère vous-même ! Tout le monde n’a pas ce plaisir là… Moi, si j’avais été croque-mort, j'aurais fait cadeau de mon squelette au Muséum d’histoire naturelle à mon décès, parce qu’après avoir servi aux morts toute ma vie, je trouverais normal de servir aux vivants toute ma mort (sic)... Mais je suis Immortel, vous le savez, et si je suis digne d’un don, ce n’est pas celui de don d’organe (resic) !


Ce n’est pas la meilleure blague que j’ai faite ces derniers temps… Hein ?  La plus mauvaise ? C'est possible. J’essaierai néanmoins de la placer à ma voisine de table lors d’un immanquable diner en ville donné en mon honneur. Si elle tombe à plat ; pas ma voisine de table mais la blague – je suis très en forme, ce matin - je pourrais toujours dire qu’elle vient de la bouche même de Pierre, le libraire que je remplace, de temps en temps, à Tarascon. Tout le monde le croira aisément car son humour a toujours été un peu "brut de décoffrage". Il est au Mexique, en ce moment. Il pouponne toute la journée, fait des mots croisés en bavardant avec sa fille, accompagne son épouse quand elle va faire des courses au marché, mange des fruits exotiques... ; toutes choses qui lui sont habituellement inconnues. Le soir, seulement, il allume son ordinateur. Soit dit en passant, il y a peut-être lieu, en vacances, d'ouvrir d'autres fenêtres que celles de Windows, non ? Votre dévoué. Philippe Gandillet

mercredi 28 octobre 2015

Ernest Renan : de la difficulté d'associer la foi et la connaissance...


Alors que j'ai, en ce moment, un peu de temps pour relire les petits billets que j'ai semés tout au long de ces années sur le blogue, je réalise que certains auteurs que j'apprécie sont injustement oubliés et que la présentation que j'ai faite de leur carrière n'a rien arrangé à ce désamour ! Je suis catholique pratiquant, certains le savent, mais j'ai beaucoup de respect pour l’œuvre d'Ernest Renan, darwiniste convaincu qu'on a traité à tort d'impie ! Intelligent, tout au plus... De mon côté, je n'ai pas cette foi de charbonnier que l'on retrouve - et que l'on peut envier à certains égards - au sein de la communauté catholique mexicaine, par exemple. Ceci explique peut-être cela...


Une part essentielle de l'œuvre d'Ernest Renan sera consacrée aux religions avec, par exemple, son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) et sa Vie de Jésus (1863). Ce dernier livre qui marquera les milieux intellectuels contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Ceci déclenchera des débats passionnés et la colère des églises catholique et protestante car la foi ne pouvait se concevoir, à l'époque, sans la démonstration de faits historiques incontestables…


Les rapports d'Ernest Renan avec la religion sont complexes. Il la critique comme système de pensée tout en affirmant son importance comme facteur d'unification des sociétés humaines. Dans L'Avenir de la science, il résume la situation en disant : " Quand je suis à la ville, je me moque de celui qui va à la messe ; mais quand je suis à la campagne, je me moque au contraire de celui qui n'y va pas ". Ernest Renan était un homme amer. Pour preuve, quelques extraits du portait qu'il traçait de lui-même : " J'ai parmi mes défauts, une sorte de mollesse dans la communication verbale de ma pensée qui m'a presque annulé dans certains cas. Dans mes écrits j'ai été d'une sincérité absolue. Mais dans ma conversation et ma correspondance, j'ai parfois d'étranges défaillances.Ma nullité avec les gens du monde dépasse toute imagination... Je m'embraque, je m'embrouille, je patauge, je m'égare en un tissu d'inepties. Quand je relis ce que j'ai écrit, je m'aperçois que le morceau est très faible, que j'y ai mis une foule de choses dont je ne suis pas sûr. Par désespoir, je ferme la lettre, avec le sentiment de mettre à la poste quelque chose de pitoyable…" C'est exactement le sentiment qui m'inonde juste avant de poster mes propres billets... C'est aussi en quoi cet auteur m'est proche ! Pierre

RENAN (Ernest). Le livre d'or de Renan. Paris, A. Joanin, 1903. Grand in-4. Reliure de l'éditeur en percaline lie de vin avec au centre du premier plat le titre en lettres dorées de l'ouvrage. Édition originale. Large iconographie, nombreux fac-similés autographes pour ce recueil de texte et de discours imprimé après son décès. Excellent ouvrage en bel état. 65 € + port

mardi 27 octobre 2015

El día de los Muertos : Fête des morts à Toluca...


La fête des morts (Día de Muertos) est une fête mexicaine qui n’est pas sans rappeler Halloween. Cette fête se distingue des autres fêtes des morts chrétiennes par son caractère festif et par la réalisation d'autels privés dédiés aux morts, couverts d'offrandes d'objets, de fleurs et de nourriture. Les âmes des défunts reviennent sur terre. Il convient alors de leur donner des offrandes appropriées… El día de los Muertos est sans doute la fête traditionnelle la plus importante du Mexique, et rappelle à certains égards, notre Noël européen.

 
Cette fête date de l’époque des Aztèques. A cette époque, les gens pensaient que les morts venaient rendre visite à leurs familles à cette date. C’est une fête joyeuse durant laquelle les mexicains dansent, font la fête, chantent, se déguisent, jouent de la musique joyeuse dans les cimetières. Si le défunt aimait les "mariachis", par exemple, il n’est pas interdit, d’inviter un orchestre à pousser la chansonnette sur sa tombe…


De plus, bien que le jour des morts soit, dans la tradition chrétienne, le 2 novembre, les festivités mexicaines commencent la semaine précédente ; en tout cas, c’est le cas à Toluca… (sic)


Depuis le début de la semaine, les gens, jeunes comme vieux, mangent des friandises comme le pan de muertos  ou "pain de la mort", et des calaveras de azúcar ou "crânes en sucre". Le tout est souvent recouvert de chocolat… Le mexicain a bon appétit, il faut le préciser ! La faute à la totale désorganisation des rythmes alimentaires – on mange un peu quand on veut, ici - et au manque total de pudeur des mexicains. Vous rentrez dans une administration, par exemple, à l’heure du repas du préposé à ne rien faire… et bien il continuera à manger devant vous sans que son rendement ne baisse ! (resic)


Les mexicains disent qu’ils n’ont pas peur de la mort. Ils se moquent d’elle, c’est certain ! Dimanche, à Toluca, on rencontrait dans la rue des enfants – ou des adultes - déguisés en Dracula, en momies et autres morts-vivants afin d’obtenir des pièces de monnaie. C’est d’ailleurs une pratique fréquente, ici. Vous ne verrez jamais de gens faire l’aumône dans les rues non touristiques au Mexique. Les gens pauvres offrent chacun de petits services que vous rétribuez avec des pièces de monnaie toujours à disposition dans votre poche. C’est un peu déstabilisant au départ mais ce système fonctionne…


Les mariachis se mettent de la partie et on se met à chanter. Pendant que j’écris ce petit billet, par exemple, une musique poussée à fond remonte à travers les frêles cloisons du petit hôtel que nous occupons près de l’appartement de notre fille. Il ne viendrait à personne l’idée d’empêcher ces manifestations de joie… Je m’en fous, j’ai des boules Quies  ;-))  Pierre

dimanche 25 octobre 2015

Marketplace bibliophile. Une autre approche...




La confiance du bibliophile dans son libraire fut la gloire des premiers jours de la librairie ancienne. Je lisais, hier encore, une belle biographie de Pierre Beres qui en fit un des piliers de sa réussite. A quoi bon se le dissimuler ? Cette confiance n’existe plus, ou plutôt, elle a disparue en raison de son inutilité ! Les nouveaux bibliophiles qui fréquentent les salles de vente ou ceux qui enchérissent sur Internet n’en n’ont que faire ! L’opinion générale qui disait que « Le libraire d’ouvrages anciens est un professionnel compétent qui donne de bons conseils et qui gagne honnêtement sa vie » n’est plus suffisante pour attirer le client. Le bibliophile désire aujourd’hui faire de bonnes affaires puisqu’il qu’il en a le choix !

On voit apparaître sur les blogs bibliophiles de savantes dissertations sur ce désamour entre l’acheteur et le vendeur. Oserais-je dire qu’il n’est pas l’apanage du commerce d’ouvrages anciens ? De la même façon que dans tous les négoces (vêtements, alimentation, etc), une partie du chiffre d’affaire des commerçants se fait maintenant par Internet, beaucoup de mes confrères vivent, tout ou partie, grâce à la vente sur site. Ce sont les fameux "Marketplaces" dont j’ai découvert le nom en lisant un des derniers articles de Hugues sur le blogue du bibliophile : Amazon, Abebook et LRB sont les noms qui me viennent en premier aux lèvres. Et, en effet, dans ce type de négoce, la seule confiance qui soit nécessaire est dans l’intégrité de l’hébergeur qui détient, à un moment, l’argent des deux intervenants !

Je ne vends pas sur ce type de site mais je sais, par des confrères qui y sont, que les frais de gestion de ces sites sont suffisamment élevés pour que des libraires naviguent entre eux afin de trouver la meilleure rentabilité à ce commerce en ligne. Qui connait exactement ces frais de gestion ? Est-il possible de les comparer selon les sites ? Je compte sur votre aide.

Et puis, il y a Ebay qui est aussi un ou une "Marketplace", non ?  Dans son système d’achat immédiat, en tout cas, il est comparable aux autres. Si on envisage le système d’enchères qui est le seul que je connaisse vraiment en tant qu’acheteur, il est différent. Personnellement, je suis comme beaucoup d’entre vous ; je m’amuse (car j’y trouve un plaisir fugace) à détecter le trou d’air qui va me permettre de faire une bonne affaire… Il n’est pas question, ici, de bibliophilie mais de jeu à "qui perd gagne". On sait que certains "joueurs" peuvent développer des addictions telles qu’ils achèteront, en fait, plus cher sur Ebay qu’en librairie. Mais ils auront eu le plaisir du jeu…

Ce même plaisir du jeu, ils l’auront aussi dans les salles de vente. Les frais élevés prélevés sur le compte du vendeur et ensuite demandés à l’acheteur me rendent parfois perplexe sur le succès de ce type de négoce. De plus l’ambiance n’est pas toujours sympathique et l’activité très chronophage…

Des hébergeurs "généralistes" proposent, aujourd’hui, leurs services à des coûts beaucoup moins élevés que les sites spécialisés. Je pense particulièrement au "Bon coin" qui semble posséder de réels avantages financiers pour le vendeur. J’ai personnellement utilisé ce site avec bonheur dans une transaction de voiture ancienne et mes enfants en sont de gros consommateurs. Certains libraires de sont engouffrés dans cette brèche. Leur avis ?

Si j’ai bien compris (mais je suis un peu long à la comprendite…) Hugues pourrait envisager de développer un tel service sur un site bibliophile en création. Je dois reconnaitre que, passé le court moment de honte de profiter, encore, de tout l’investissement bénévole qu’il met dans sa passion, je serais intéressé par une telle structure. Soyons francs ! J’ai développé mon propre outil marchand car, étant gratuit pour les deux parties (sauf l’investissement "temps"), il me permet de proposer des ouvrages, sans frais de gestion, à des prix plus raisonnables. Ma visibilité est cependant faible. Si un site se proposait de faire un  "Bon coin du livre ancien" , je l’utiliserais et en ferais, de toute façon, la promotion !

Qu’on se le dise… Le libraire d’ouvrages anciens peut encore espérer rester un interlocuteur valable pour l’acheteur s’il est financièrement attractif. Des solutions s’offrent à lui. Il ne lui restera plus qu’à assurer à l’acheteur des services supplémentaires gratuits tels la compétence, la fiabilité et l’amabilité : mais ça, il sait faire ! Pierre