jeudi 30 avril 2015

La chassomanie par Théophile Deyeux. Edition originale, reliure remarquable...


Je viens de présenter aujourd'hui sur le blogue un ouvrage relatant sept histoires de chasse par Beuville et je réalise que l'ouvrage que j'avais sélectionné au départ (et rangé dans un tiroir), c'était celui-là ! Abondance de biens ne nuit point ! Je rebelote avec ce dernier - La chassomanie par Deyeux -  qui est présenté dans une remarquable reliure…



Théophile Deyeux fut avec Houdetot et Elzéar Blaze, l’un des écrivains le plus fécond au 19eme siècle pour ce qui est des textes cynégétiques. L'édition originale que je propose ici est bien complète des 16 lithographies hors texte en deux teintes, dont un titre-frontispice, par Dreux, Beaume, Forest, Foussereau et Valerio. Pierre


DEYEUX (Théophile). La Chassomanie, poème par Deyeux. Un volume grand in-8 (23/16cm). Ornée de seize grands dessins à deux teintes. Compositions de MM Alfred De Dreux, Beaume, Forest, Foussereau et Valerio. A paris, au comptoir des Imprimeurs unis, 1844. Edition originale. Reliure demi-chagrin vert, dos à deux nerfs ornés de motifs champêtres, grand caisson avec oiseaux, gardes colorées, couverture conservée. Infimes rousseurs. Rare exemplaire en bel état dans une superbe reliure d'artiste. Très bel ouvrage. 260 € + port

Sept histoires de chasse de et par Georges Beuville...


J'entends déjà les protestations des nombreux (adjectif qualificatif qui n'engage que l'auteur) lecteurs du blogue. Comment ? Vous, une personne intelligente et posée. Comment pouvez-vous, par la promotion d'un tel ouvrage, cautionner une activité à l'éthique et à la morale discutables ? J'entends bien, mes chers amis. La chasse a perdu une partie de sa légitimité depuis qu'elle est devenue un sport et les faisans de repeuplement ressemblent à s'y méprendre à des cocotes de tir, c'est vrai. On ne peut malgré tout ignorer le plaisir éprouvé par les porteurs de fusil et par leurs compagnons, les chiens, à cette activité. Ce serait d'ailleurs faire preuve d'angélisme que de ne pas reconnaître que l'homme, comme tout prédateur, prend plaisir à tuer. Les exemples révoltants foisonnent aujourd'hui !


De là, l'image déplorable de la chasse… Cependant, il est indéniable que la chasse est indispensable à la bonne gestion d'un territoire. Sans prélèvement de gibier, certaines espèces pulluleraient et mettraient en danger le fragile équilibre cynégétique de nos campagnes.


Mais puisqu'il politiquement incorrect d'être chasseur, rien n'empêche l'amateur de s'intéresser aux histoires de chasse, non ? Je parle ici de gibier à plumes et à poils made in France, bien sûr… De la Gallinette cendrée garantie bio comme on en trouve à Picauville dans le bouchonnois, par exemple. Sans contestation possible, un des meilleurs conteurs dans ce domaine fut Guy de Maupassant. Je vous propose cependant aujourd'hui un ouvrage publié et illustré par un autre de ses condisciples en littérature : Georges Beuville.


Georges Beuville, a vu le jour en Normandie où son père était éleveur. Il a fait ses premiers essais graphiques sur le plâtre de la maison paternelle et ses premières caricatures au lycée Malherbe, de Caen. Ses parents étant venus s’installer à Paris, il lâcha les études secondaires, arrêtées à la seconde, pour entrer à l’école Germain-Pilon puis aux Arts décoratifs. Quand il en sortit, il fit, pour gagner sa vie, de la décoration, en particulier pour le Casino de Paris, du costume de théâtre à la publicité. C’est lui qui fut responsable des campagnes de publicité du dentifrice Botot, de Ripollin, des cuisinières Kneipp et du célèbre visage en grappe de raisin des vins Grapp. Bien qu’il ait publié un certains nombre de dessins à légendes, son goût le poussa moins dans le dessin humoristique proprement dit que dans l’illustration d’édition pour laquelle il était particulièrement doué, ce qui lui valut de parcourir le monde.


Son violon d’Ingres était un " manche à balai " : en effet, en 1934, il lui prit la " fantaisie " de se faire inscrire à Orly comme élève pilote. Quelques mois plus tard, il passait son brevet Ier degré. C’est à cette époque qu’il remplaça le point sur l’"i" de son nom par une étoile si caractéristique de sa signature…


Voici un ouvrage qui le replace dans son milieu d'origine : la campagne et le plaisir de la chasse. Sept récits tous plus remarquables les uns que les autres. Y a-t-il encore des chasseurs chez les bibliophiles ? Pierre


BEUVILLE Georges. Sept histoires de chasse. Éditions de la Nouvelle France, 1943. Un volume In-8 (25/19,5cm). Couverture illustrée rempliée. Emboitage et étui velours. 172 pp. Avec des illustrations dans et hors-texte de Georges Beuville dont des doubles planches rehaussées au pochoir. Édition numérotée. Celle-ci-ci une des 885 exemplaires numérotés sur vélin de Rives. Parfait état. Vendu

mercredi 29 avril 2015

Bibliophile et amant exceptionnel : C'est vous ! La preuve par Remy de Gourmont.


Je reprends un article paru dans la presse scientifique et je confirme… Entre 2006 et 2010 Raymond Mar, psychologue à l’Université de York au Canada, et Keith Oatley un professeur de psychologie cognitive à l’Université de Toronto, ont publié diverses études nous poussant à penser que les amoureux des livres anciens et modernes sont d'excellents amants. Et voici pourquoi :


A force de rentrer dans la tête des personnes, les lecteurs et lectrices développent une plus grande empathie que la moyenne des gens. Ils sont capables de comprendre les opinions, les intérêts et les croyances des autres sans pour autant perdre les leurs. Voilà une qualité qui sera des plus appréciables quand viendront les inévitables conflits de couple… Un amateur de "Paul et Virginie" ne peut être qu'un honnête homme, par exemple.


Ils ont plus d’expérience aussi. En vivant la vie des personnages cachés dans les pages des dizaines et dizaines de livres lus, les amoureux des livres ont été homme, femme, enfant, moine, gentleman, mère de cinq enfants, Eros ou Aphrodite... La sagesse accumulée grâce à tous ces voyages de l’esprit est inestimable.  


Les lecteurs ont tendance aussi à être plus intelligents – ou dans tous les cas, plus cultivés. Dès leur jeune âge, ils ont un vocabulaire plus varié que la moyenne. Et puis, lire améliore même la mémoire ! Tous ceux qui essaient de se rappeler de l’intégralité des personnages présents dans la Comédie humaine ou chez les Rougon-Macquart ne pourront que confirmer ce dernier point. La communication est à la fois plus facile et plus intéressante quand on est en couple avec quelqu’un qui aime les livres. Tout d’abord, ces personnes sont des professionnelles de la communication verbale grâce à leur large vocabulaire. Cela facilite grandement les choses quand quelqu’un sait exprimer ce qu’il ou elle ressent ou veut.  Personnellement, je peux maintenant vous avouer que j'ai séduit mon épouse grâce au baratin…


Toutes les personnes qui ont été en couple craignent le moment où " on n’a plus rien à se dire ". Les risques que cela arrive en ayant pour partenaire une personne qui lit au lit sont proches de zéro ! Il, ou elle, aura toujours de nouveaux sujets de conversation en réserve ; la spéculation sur les autographes, la collection de maroquins cerise, l'achat de pages d'incunable ou l'attrait pour le "Religiosa" étant les thèmes reconnus pour être les plus érotogènes...


Si vous cherchez, pour vous-même ou un de vos proches, un partenaire bibliophile, sachez qu'ils sont faciles à trouver. Au Salon du Grand Palais de Paris, dans le train, aux terrasses des cafés et bien sûr dans les librairies anciennes, ils sont partout. Et pour les aborder, rien de plus facile : parlez leur de livres ! Pour ceux qui seraient tentés par l'expérience, je propose aujourd'hui à la vente un ouvrage qui donne d'excellents et de rapides résultats… Pierre


GOURMONT. Physique de l'amour. Essai sur l'instinct sexuel. Paris, Mercure de France, 1922. Vingt-cinquième édition. Un volume in-8. Tirage numéroté. Reliure demi basane racinée, gardes colorées. 295pp. Bon état. 24 € + port

mardi 28 avril 2015

Anatomie artistique du corps humain par Paul Richer. La perfection de la nature...


Un débat récent sur l'influence néfaste de l'anatomie de Barbie sur nos têtes blondes pourrait entrainer la modification de ses proportions à court terme On est rassuré ! Pour ma part, il y a longtemps que j'ai perdu tout espoir de ressembler à Ken… Et avec l'âge, nos standards anatomiques nous éloignent inexorablement l'un de l'autre, il faut l'avouer.


Vous savez que les proportions fixent la norme universelle du canon humain. La principale difficulté réside dans le fait que ces lois ne sont valables en général que pour une époque et une civilisation donnée, et ne s'appliquent jamais dans mon cas particulier.


La forme idéale de l'homme fut donnée par les grecs il y a plus de 2500 ans. Ils avaient alors fixé que le corps humain équivalait à 7,5 fois la longueur de la tête. C'est le modèle d'Hercule.


Durant la Renaissance, des homes tels que Léonard de Vinci ou Dürer tentèrent de redécouvrir les lois grecques à la lumière des sciences, ce qui a permis de conserver cet idéal antique jusqu'à nos jours. Si l'on en croit les promesses de salle de musculation, le prototype actuel serait plutôt celui du modèle Superman. La mesure du corps devrait équivaloir à 8,5 fois la longueur de la tête. Et oui, si son cerveau diminue, Superman est cependant mieux alimenté qu'Hercule ! 


On doit à Paul Richer d'avoir, au tout début du vingtième siècle, fixé les bases anatomiques à ces critères On lui doit aussi d'avoir imaginé l'homme moderne avec une moustache… Né à Chartres, Paul Richer est un médecin, ancien interne des hôpitaux, docteur en neurologie, élève et collaborateur de Jean Martin Charcot  à la Salpêtrière. Il devient chef du laboratoire de la Clinique des maladies du système nerveux à la faculté de médecine, puis membre de l'Académie de médecine en 1898, réalisant de nombreuses publications qu'il illustre de ses propres dessins.


Paul Richer, qui est très doué pour l'observation acquiert rapidement la réputation d'être l'un des meilleurs dessinateurs et illustrateurs d'anatomie humaine. Il confirme son talent d'anatomiste et de physiologiste en réalisant de très réalistes bas-reliefs et sculptures en ronde bosse, dans un style proche de celui de Jules Dalou qui est son ami. Il représente souvent des sportifs ou des travailleurs en activité.


Lauréat de l'Institut de France, Paul Richer obtient en 1903 une chaire d'anatomie artistique à l'École des Beaux-Arts où il prône l'anatomie du mouvement par rapport à celle de l'immobilité. De 1907 à 1908, il est président de la Société française d'histoire de la médecine. Je vous laisse donc à cet ouvrage fort bien illustré que je propose ici à la vente pour savoir si vous êtes bien dans le moule… Pierre


RICHER Paul. Nouvelle anatomie artistique du corps humain. Cours pratique et élémentaire. Paris, Plon, 1914. Un ouvrage in-8 carré (21,5/17).  Cartonnage recouvert de percaline, dos renforcé d'origine, toutes les planches montées sur onglet. Ouvrage de travail fort bien conservé. 40 € + port

lundi 27 avril 2015

Explorations et missions de Doudart de Lagrée. La vie d'un aventurier en Indo-Chine au 19eme siècle…


L'œuvre d'un homme pourrait être achevée avec sa disparition s'il n'y avait les livres pour le sortir du néant ou de l'oubli... Ce recueil de lettres et de rapports manuscrits rassemblés par M. de Villemereuil vous racontera la vie d'un serviteur de la France au moment de la construction du domaine colonial français en Indochine à la fin du 19eme siècle.


Ernest Doudart de Lagrée (1823-1868) est né à Saint- Vincent-de Mercuze en Dauphiné. Sa famille est originaire de Bretagne et réside aux environs de Vannes en 1426, lorsqu'elle est anoblie. Son père, chef de la branche aînée, se fixe en Dauphiné et siégera au parlement de la province durant la Révolution. Il meurt avant sa naissance. Ernest perd sa mère à l'âge de neuf ans. Ses oncles le confient aux jésuites de Chambéry.


A quatorze ans, il part étudier à Paris et est reçu en 1843 à l'École polytechnique; il sort dans la Marine en 1844. Enseigne de vaisseau en 1847, il sert au Levant sur le Prony, à la station de la Plata et sur le Montebello en Méditerranée. Promu lieutenant de vaisseau en mars 1854, il prend part au au bombardement de Sébastopol en 1854, durant lequel il commande en second la batterie basse du Friedland. En 1856, rentré à Toulon, il embarque sur l'Algésiras puis commande l'aviso Rôdeur en 1858. En 1860, il participe aux essais de la frégate cuirassée Gloire. Malade, il doit se reposer aux eaux d'Allevard, près de Grenoble, siège au conseil de guerre maritime à Toulon et reprend des études archéologiques commencées plus jeune. Fin 1862, rétabli, il demande à partir pour la Cochinchine.


Doudart prend le commandement de l'aviso Gia Dinh ; l'amiral de La Grandière est gouverneur de Cochinchine. Le Cambodge est le théâtre d'une lutte d'influence entre l'Annam et le Siam. Le roi
Norodom a été rétabli sur le trône par une armée siamoise. L'amiral La Grandière constitue une station navale au Cambodge et la confie au lieutenant de vaisseau Doudart de Lagrée, qui le représente auprès de Norodom. Le 11 août 1863 est signé le traité de protectorat sur le Cambodge. Le Siam obtient en décembre de Norodom un traité de vassalité. Poursuivant ses études archéologiques, il fait connaître les ruines d'Angkor, dont il fait lever les plans ; il réunit de nombreux documents qui ne seront publiés qu'après sa mort, comme vous le constaterez dans l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente.


Doudart de Lagrée est ensuite chargé d'explorer une voie naturelle entre la Cochinchine et la Chine. La mission quitte Saïgon Ie 5 juin1866, se rend à Pnom Penh, puis remonte le Mekong, jusqu'aux rapides de Khon. L'expédition continue sa route vers Ie nord par la terre ou en pirogues, atteint en septembre la ville de Bassac, où elle attend le retour de la saison sèche et des passeports pour la Chine. La mission repart en mars 1867, traverse les ruines de l'ancienne capitale du Laos, Vien Chan, détruite par les Siamois en 1827. Arrosant des plaines immenses, le Mékong s'encaisse vers l'ouest dans des montagnes puis reprend son cours vers le nord où les explorateurs arrivent en avril.


Le voyage est repris en pirogues jusqu'à Xieng Sen, puis à pied en longeant la rive droite du fleuve. Par une chaleur écrasante, les voyageurs sont dévorés par la fièvre et par les ulcères causés par les sangsues et par les moustiques. L'expédition pénètre dans le Laos birman, arrive à Kieng Hong, à 1200 milles de l'embouchure du Mékong en août 1867 et pénètre en Chine en octobre, puis s'éloigne du fleuve qui prend sa source au Tibet pour gagner la capitale du Yunnan et entre dans le bassin du fleuve Rouge, découvrant que la véritable voie d'accès vers le Yunnan n'est pas le Mékong, mais le fleuve Rouge, qui traverse le Tonkin.


Doudart, malade meurt, le 12 mars1868, chez les missionnaires français, d'une maladie de foie. Le docteur Joubert, qui l'assiste jusqu'à sa mort, conserve son cœur dans une boîte de plomb et le fait inhumer dans un caveau provisoire. Il sera enterré à Saïgon et son cœur sera déposé le 15 septembre 1868 dans le caveau familial à Saint-Vincent-de-Mercuze. (Extrait de Marins de France, conquérants d’empires du Contre Amiral Hubert Granier). Pierre


DOUDART (Ernest Doudart de Lagrée). VILLEMEREUIL (Arthur Bonamy de Villemereuil). Explorations et missions de Doudart de Lagrée, capitaine de frégate... : extraits de ses manuscrits mis en ordre par M. A.-B. de Villemereuil,... Paris, au secrétariat de la société d'ethnographie, 47 Avenue Duquesne et chez l'auteur, 1883. Edition originale. Un fort volume in quarto (28/23cm). Reliure demi-basane fauve, dos à nerfs, titre et motifs dorés, gardes colorées, tranches mouchetées. Couverture conservée. CXIV, 684pp. Rare document. Envoi manuscrit de l'auteur non signé. Bon état. Vendu