mercredi 15 avril 2015

Dictionnaire de Musique de Rousseau. Genève, 1781. Une des nombreuses éditions...


Voici à la vente, aujourd'hui, le fameux Dictionnaire de musique réalisé par J.J Rousseau, dans une édition de 1781 et présenté dans un exemplaire d'une grande fraicheur. Les amateurs d'"incuna" apprécieront une reliure dont la pièce de titre rend, à lui seul,  l'exemplaire unique en son genre… On sait que Rousseau, à la fin de savie, avait corrigé plusieurs manuscrits de ses "Confessions" : Dans une version, il écrivait en évoquant l'abandon de ses enfants : " Je ne pus trouver une larme " et dans une autre version, il corrigeait : " Je me sentis fondre en larmes ". Il aurait aussi pu faire corriger ses pièces de titre !


Cet ouvrage a été écrit à la demande de Diderot et d'Alembert pour leur Encyclopédie dont la première édition commencée en 1755 sera publiée en 1768. Rousseau est à cette époque incontournable. Mais, le maître de musique de l'époque reste néanmoins Rameau dont les capacités pédagogiques, magnifiquement illustrées dans son ouvrage édité en 1722, Traité de l'Harmonie réduite à ses principes naturels, sont insurpassables.

Corrections manuscrites de l'éditeur ?
Les deux hommes se détestent, bien évidemment… La Querelle des Bouffons en témoigne, qui éclate en 1752 opposant Rousseau à Rameau, car derrière cette rivalité de théâtre, se cache la critique des modernes contre les anciens, le clan des "italophiles" contre les partisans de l'opéra français, incarné par Rameau, lui-même héritier du grand Lully.


Se précise, ici, la personnalité musicale de Rousseau : ses goûts, sa passion "éclatante" pour la musique italienne, ses ivresses en écoutant la musique du divin Vivaldi et des opéras italiens. Sans forcer le trait sur cette inimitié philosophique avec Rameau, comment expliquer chez Rousseau, un tel dégoût de la musique française ? Y aurait-il finalement quelque mauvaise foi cachée et refoulée dont l'intensité rappelle celle de son contemporain, Mozart, qui lors de son second séjour à Paris, ne cessa d'épingler le milieu musical qu'il découvre avec horreur...


On sait maintenant que J.J Rousseau présentait une malformation, un vice de conformation de la vessie qui lui a gâché son existence (c'est fou le nombre de choses que l'on sait à posteriori !). Rousseau n'était donc pas un homme de mauvaise foi, un misanthrope atrabilaire, un horrible bonhomme dont le seul but était de faire parler de lui, un inconstant en amitié, un truqueur de sentiment, un infanticide… Il souffrait de la vessie ! Et cette affection lui donnait néanmoins une certaine lucidité sur ses considérations musicales puisque l'expérience a prouvé que, de ce point de vue, il était visionnaire… Pierre


ROUSSEAU (Jean-Jacques). Dictionnaire de musique. Genève, 1781, sans nom d'éditeur. 2 tomes en 2 volumes in 12 (16,5/10,5). Reliure pleine basane fauve marbrée, dos lisse, pièces de titre, tranches mouchetées. Tome 1 : [1fbl], xxiv, 596 pp, [2ffbl] – Tome 2 : [1fbl], [2ff titre], 428 pp, [2grandes planches dépliantes]. Table générale de tous les tons et de toutes les clefs au tome 1. Une infime mouillure marginale sur 15 feuilles du tome 1. Très grande fraicheur intérieure. Bon exemplaire. Vendu

Aucun commentaire: