mardi 30 août 2011

Histoire de la Savoie, version « livres populaires du XXe siècle… »

1861 : Plébiscite confirmant l’union à la France : 130.553 OUI et 235 NON.

La Savoie devient définitivement française. Ses lois, sa monnaie sont désormais celles de la France. C’est pourquoi, contrairement à l’information erronée qui m’avait été donnée à l’office de tourisme de Tarascon avant de partir en congés, il est possible, ici, de payer en euros. D’ailleurs les gens parlent très bien le français à Annecy... Enfin, je parle des commerçants car les clients, de leur côté, parlent toutes les langues. Nous avons dîné à côtés de Russes, hier au soir, par exemple !


Curieuse destinée que celle des pays que nous nommons Savoie : Terre d’empire au Moyen Âge, mais partagée dès l’origine entre l’appel de la vallée du Rhône et celui de la vallée du Pô. Berceau au cours des siècles, d’une dynastie de langue et de culture française, mais dont les hasards de l’histoire ont fait la mère de l’unité italienne, en lutte selon les époques, contre le Dauphiné, contre le Valais, contre la calviniste Genève, contre le Milanais, et réussissant malgré ces guerres incessantes, à se doter d’une armature administrative d’une remarquable précocité, longtemps sujet de discorde entre la France et le Saint-Empire, puis entre la France et l’Espagne, enfin entre la France et l’Autriche, aujourd’hui trait d’union entre les deux pays amis qui occupent les deux versants des Alpes.


Je suis parti de Tarascon avec trois petits ouvrages retraçant l’histoire de la Savoie. Je les ai trouvé fort intéressants, aussi je me propose de vous les céder si vous êtes un collectionneur de livres utiles et éducatifs.


J’ai pris quelques photographies de la petite Venise Savoyarde. Curieusement, je n’ai pas pu trouver de boutiques de librairies anciennes ou de bouquinistes. Après questionnement sous la torture d’un commerçant rétif, celui-ci m’a révélé que le dernier boutiquier connu dans la vieille ville est parti il y a deux mois en vendant son fond de commerce une fortune ! Avis aux amateurs...


Bon, je ne m’attarde pas ! Mon épouse rouspète quand je travaille en vacances… Pierre


GACHET (Maurice). Histoire de la Savoie. Paris Librairie Gründ. 1945. Broché petit in-4, couverture cartonnée et illustrée par Jean-Jacques Pichard. Nombreuses illustrations couleur et N/B dans le texte. 32pp. Bel état.Vendu


BLANCHARD (Raoul). Les alpes françaises à vol d’oiseau. Grenoble, Arthaud éditeur. 1942. Broché à couverture rempliée, format in-8, orné de 91 héliogravures. 17 € + port


GUICHONNET (Paul). Visages de la Savoie. Paris, édition des horizons de France. 1947. Broché à couverture cartonnée, format in-8, orné de nombreuses gravures et cartes. Ouvrage de référence. Très documenté. Bon état. Vendu

lundi 29 août 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Detœuf : Propos d'un confiseur de mots…


Un simple message était posé sur le comptoir d'entrée de la librairie de Pierre, ce matin :

Cher Maître,

Je sors épuisé d'une saison estivale bien remplie. Nous prenons donc une semaine de vacances avec mon épouse. Nous passerons trois jours sur les bords du lac d'Annecy puis nous finirons notre semaine de congés dans le Jura où les parents de Brigitte possèdent une maison familiale. Pourriez-vous assurer la permanence à la boutique ? Vous verrez, c'est peu de choses, en fait ! Il faut être courtois avec la clientèle, les prix sont indiqués en première page des ouvrages et je vous enverrai tous les jours un post avec un livre à la vente, déniché sur place.

Je savais que vous me diriez "oui". Il eut fallu de peu que vous ne me le proposassiez en premier ? Comme c'est ballot… Pierre

Vraiment, cet imparfait du subjonctif est d'un ridicule ! Mais comme je suis un brave homme, je rendrai ce service à notre humble boutiquier avant de remonter définitivement sur Paris où le dictionnaire m'attend ; et avec lui, les incessants allers-retours entre la capitale et ma bastide provençale.


Car voici que l'automne approche ! Il me semble parfois en remontant le bord du Rhône que j'entends sur l'autre rive, sonner son pas qui s'approche, et que je vais le voir apparaître. Les poires qui fondent sous les dents, annoncent, elles aussi, la fin de l'été et les décompositions prochaines. On y sent comme un avant-goût d'automne. Ce sera le moment d'aller voir en ce Paris renaissant, la morte saison illuminer la Seine, les quais, le Louvre et le quai Conti. C'est à cette époque que cette noble cité retrouve ses couleurs…


Et c'est aussi à Paris qu'il me faudra écrire ce livre que mes lecteurs attendent depuis trop longtemps et qu'ils réclament à coup de courriels dithyrambiques. Mais écrirai-je jamais un livre ? Je n'aime pas l'effort… Pour écrire un roman, une nouvelle, un propos étincelant, il faut de patients efforts, un dur labeur. Et puis, je suis tout en fusées : Mes projets jaillissent brillamment de mon imagination, décrivent de jolies courbes dans l'espace, et après une pluie d'étincelles, retombent bien vite et s'éteignent sans laisser de traces. Je crois que je n'ai pas la volonté créatrice. J'ai pris le parti de jouir de tout : J'aime manger, rire et dormir et me console ainsi des échecs de mes rêves. C'est pourquoi les romans, les nouvelles ou les propos des autres me suffisent. Encore faut-il qu'ils soient intelligents ! C'est le cas de l'ouvrage que Pierre me demande de vous présenter aujourd'hui.


Connaissez-vous Auguste Detœuf ? Industriel français (1883-1947), fondateur d’Alsthom en 1928, Auguste Detœuf en a été l’administrateur délégué, puis le vice-président, jusqu’en 1940. Ancien élève de Polytechnique, ingénieur général des Ponts et Chaussées l'auteur aura des responsabilités sous le gouvernement de Vichy. Il est vrai que l'on y côtoyait du beau monde. Mais Auguste Detœuf est sans doute plus connu pour son recueil de petits essais, maximes et aphorismes, " Propos d’O.L. Barenton, confiseur ". De manière humoristique, il traite de nombreux thèmes comme la nature humaine, l'économie ou le fonctionnement de l'entreprise.


Cet ouvrage brillant, pertinent, fin et amusant (et je me retiens) ; ciselé à la manière des caractères de La Bruyère, est tout à fait dans le genre du livre que j'aimerais écrire si j'avais de l'ardeur et de la ténacité. Vous pouvez le parcourir en attendant un éventuel chef-d'œuvre de ma part… En cliquant sur les clichés qui accompagnent cette causerie, vous pourrez même lire quelques pages.Votre dévoué. Philippe Gandillet


DETOEUF, Auguste. Propos de O.L.Barenton confiseur. Les Éditions d'Organisation. Grand in-8, broché, couverture rempliée illustrée. 230 pp. Une illustration hors texte, portrait de l'auteur par R. Wild. Préface de Pierre Brisson. Bon état. Vendu

samedi 27 août 2011

Marché du livre ancien de Beaumes de Venise. Un bon cru 2011 !


Je fais très peu de marchés du livre ancien ou de seconde main en plein air car je crains les aléas climatiques autant que mes ouvrages les craignent. D'ailleurs, si j'ai investi dans quelques tables dépliantes légères, je n'ai pas encore de parasols dignes de ce nom et capables de m'assurer une protection suffisante en cas de… pluie. J'ai fait, malgré tout, une exception dimanche dernier car j’apprécie Philippe Jacquemet, sa compagne Valérie et Élodie sa charmante fille qui organisaient le marché de Beaumes de Venise et je savais que j'aurai du plaisir à rencontrer mes confrères que je croise individuellement tout au long de l'année.

Il va sans dire (mais cela va encore mieux en le disant) que j'ai profité de cette manifestation pour faire de la publicité pour le salon que j'organise à Tarascon les 17 et 18 septembre.


Je n'avais amené pour l'occasion que de la littérature en "broché" du XXe siècle. C'est moins lourd à porter et cela me permettait de faire un stand cohérent sans emprunter un seul ouvrage de la boutique. J'ai été agréablement surpris par l'accueil fait à mes humbles ouvrages et c'est avec reconnaissance pour le talent de ces auteurs que j'ai vendu du Léautaud, du Saint Exupéry, du Camus, du Sartre, du Yourcenar, du Valéry, du Gide et du Céline. Non ! Je blague, je n'ai pas vendu un seul Sartre ;-))


Philippe possède un très bon réseau de professionnels qui lui font confiance et c'est donc plus de vingt libraires qui ont présenté leurs ouvrages à ce marché de Beaumes de Venises. Les conditions étaient idéales puisque la municipalité avait planté, pour l'occasion, des platanes centenaires le long de l'allée marchande qui nous ont fourni de l'ombre une grande partie de la journée.


Cette manifestation a réuni, comme l'année dernière, de nombreux professionnels compétents… Ce qui n'est pas si évident ! Certains seront à Tarascon, bien évidemment. Philippe m'a envoyé quelques clichés et vous constaterez que le chaland répond présent quand la manifestation est bien préparée et que le temps s'y prête. Bravo encore à toute l'équipe de LALO organisation ! Pierre


vendredi 26 août 2011

Satyre Ménipée. Une édition à la sphère de 1677.

Replaçons l'ouvrage dans son contexte historique.

La Satyre Ménipée, est une attaque portée contre les états généraux que la Ligue, convoquée en 1593 par le duc de Mayenne, chef de la ligue hostile à Henri IV, dans le but d’élire un roi de France catholique. Tandis que Henri de Navarre, le futur Henri IV, cherchait par la force des armes à reconquérir le royaume, les Espagnols proposaient d’abolir la loi salique et de déclarer l’infante d’Espagne reine de France.


L'ouvrage s’ouvre par un avant-propos, La Vertu du Catholicon, qui met en scène des charlatans, l’un Espagnol, l’autre Lorrain, lesquels, établis dans la cour du Louvre, débitent et vendent aux passants une drogue merveilleuse, le catholicon, remède universel, prétexte au pardon de toutes les fautes. Les vertus du catholicon sont exposées en une vingtaine d’articles sur une pancarte que montre l’Espagnol : Ils passent en revue l’ensemble des méfaits les plus abominables dont les Ligueurs se soient rendus coupables, sans jamais en rendre compte devant la justice.


Ce prologue est suivi de l’Abregé des Estats de la ligue, récit parodique d’une procession qui réunit les plus grandes figures de la Ligue, peu avant leur entrée dans la salle des séances des états. C’est alors l’occasion de décrire les tapisseries dont cette salle fut tendue : Les sujets divers de ces pièces constituent autant d’annonces des développements à venir, à travers l’évocation d’anecdotes piquantes qui alimenteront les discours (harangues) des différents intervenants. Après le rappel de l’ordre tenu pour les séances, les orateurs les plus habiles de la Ligue entrent sur scène pour jouer cette farce grotesque. Le dernier orateur, M. d’Aubray, qui parle au nom du tiers état parle pour terminer avec la voix de la raison et du patriotisme.


La Satyre Ménipée ne se conclut pas sur ce beau discours. Des descriptions de tableaux ornant l’escalier de la salle, reprenant et amplifiant les premières, puis un recueil d’épigrammes circulant durant les états constituent le plus parfait épilogue à ce magistral.


La Satyre Ménipée emprunte son titre à une œuvre elle-même en vers et en prose de l'érudit Juste Lipse, inspiré par Varron, auteur de « Saturæ Menippeæ » dont il ne subsistait à la Renaissance que quelques fragments, fort appréciés des érudits et connus de bien des fonctionnaires de chancellerie, formés aux belles-lettres de l'Antiquité. Ménippe était le nom d'un cynique célèbre pour ses railleries…


Si l’intérêt des érudits des siècles derniers ne s’est jamais démenti pour ce texte, pour des raisons faciles à saisir, il est aujourd'hui complètement ignoré. Peut-être serez-vous l'exception qui confirme la règle ? Pierre


RAPIN, NICOLAS, PASSERAT, CHRESTIEN. Satyre Menipée de la vertu du catholicon d'Espagne et de la tenuë des estats de Paris, à laquelle est adjoustée un discours sur l'interpretation du mot de Higuiero del Infierno... Plus le Regret sur la mort de l'asne ligueur... A Ratisbonne [Amsterdam, Bruxelles ?] chez Mathias Kerner [Elzevier, Foppens ?]. 1677. Petit In 12, 336 pp. Reliure plein veau marbré, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, pièce de titre en maroquin cerise, roulette sur les coupes , tranches rouges. Il y aurait plusieurs éditions sous la même date. L'édition sans errata, quand elle est complète contient 3 planches hors texte dont 1 dépliante. Une seule gravure dans cet exemplaire. Un mors partiellement fendu sur le premier plat. Bel état néanmoins. Vendu

jeudi 25 août 2011

Marguerite Yourcenar,première femme élue à l'Académie française en 1980...


Marguerite Yourcenar fut la première femme à entrer à l'Académie française. Les quarante ne pouvaient ignorer son talent. C'est paradoxalement L’œuvre au noir qui fut, pour moi, une grande découverte littéraire alors que Les mémoires d'Adrien, unanimement reconnues, s'attachaient à un passage obligé des programmes scolaires. Je vous ai sélectionné quatre ouvrages à la vente ainsi que son discours de réception à l'Institut et la réponse brillante de Jean D'ormesson. Je vous en livre un extrait :


Madame,

C’est une grande joie pour moi de vous souhaiter la bienvenue dans cette vieille et illustre maison où vous êtes, non pas certes le premier venu, mais enfin la première venue, une espèce d’apax du vocabulaire académique, une révolution pacifique et vivante, et où vous constituez peut-être, à vous toute seule, un des événements les plus considérables d’une longue et glorieuse histoire.

Je ne vous cacherai pas, Madame, que ce n’est pas parce que vous êtes une femme que vous êtes ici aujourd’hui : C’est parce que vous êtes un grand écrivain. Être une femme ne suffit toujours pas pour s’asseoir sous la Coupole. Mais être une femme ne suffit plus pour être empêchée de s’y asseoir. Nous vous aurions élue aussi − et peut-être, je l’avoue, plus aisément et plus vite − si vous étiez un homme. Plût au ciel que les hommes que nous avons choisis depuis trois cent cinquante, ans eussent tous l’immense talent de la femme que vous êtes.

Ne voyez dans votre élection, qui n’est pas une mode de la tribu, aucun tribut à la mode ce serait faire hommage en vous au hasard de la naissance, ce serait faire injure en vous au mérite de l’écrivain. Nous n’avons pas voulu nous plier à je ne sais quelle vogue ou vague du féminisme régnant. Nous avons simplement cherché à être fidèles à notre vocation traditionnelle qui est de trouver − si faire se peut − dans les lettres françaises ce qu’il y a de meilleur, de plus digne, de plus durable. Avec vous, Madame, nous y avons réussi.

Votre discours, dans notre jargon, porte le nom de remerciement. C’est plutôt à nous de vous remercier, non pas de l’accident de votre sexe, mais de la fermeté de votre écriture et de la hauteur de votre pensée. Vous êtes un écrivain et, comme quelques autres substantifs ou adjectifs de la langue française − ministre, mannequin, sage-femme qui hier encore n’avait pas de masculin, cocu qui, en dépit de trop d’abus, n’a pas de féminin, ou grognon −, le mot écrivain ne connaît pas de distinction de genre : Il ne connaît, hélas, ou peut-être heureusement, que des différences de force, de talent et de style.

Ces ouvrages sont en bon état et vous procureront un parfum d'authenticité pour un prix raisonnable. Moi, à votre place, je prendrais le lot pour 74 € - 10% = 66 € + port ! Pierre


YOURCENAR (Marguerite). L'œuvre au Noir. Paris NRF, Gallimard, 1968. 13 € + port

YOURCENAR (Marguerite). Feux, Plon, édition 01-1957. 17 € + port

YOURCENAR (Marguerite). Alexis ou le traité du vain combat. Plon, édition 05-1952. 14 € + port

YOURCENAR (Marguerite). Le coup de grâce. Paris NRF, Gallimard, nouvelle édition 1953. Tâches couverture. 12 € + port

YOURCENAR (Marguerite). Discours de réception. Paris NRF, Gallimard, 1981. 18 € + port


mercredi 24 août 2011

3eme salon du livre ancien de Tarascon

Vous ai-je présenté l'affiche (originale et définitive...) que j'ai fait imprimée par les presses de la Tarasque pour ce salon ?


Non ? La voilà, donc. Je peux vous en envoyer une, si vous désirez faire passer l'information dans votre cité ou bien vous pouvez en reproduire une sur votre imprimante.

Ce salon regroupera 10 à 15 libraires spécialisés dans le livre ancien et les éditions rares ou curieuses. Les bibliophiles devraient se presser d’autant plus nombreux, cette année, que la totalité des exposants pourront être installés dans le cloître des Cordeliers, offrant ainsi aux visiteurs un meilleur confort pour découvrir les ouvrages et la possibilité pour les exposants de présenter des ouvrages de qualité. Le cloître qui accueille l'espace "Tartarin de Tarascon" sera ouvert gratuitement pour les journées du patrimoine.

10 places sont réservées dans le cloître des Cordeliers avec tables fournies pour un étalage de 6 mètres. 5 places sont réservées dans la salle du patrimoine attenante au cloître, dans les mêmes conditions pour les exposants.

Les librairies modernes de Tarascon participeront à cette manifestation, puisque les Librairies "Mireille" et "Lettres Vives", au cœur de ville, seront aussi ouvertes pour vous présenter leurs ouvrages.

J'organise une exposition sous vitrine sur l'histoire du livre ancien dans la salle du patrimoine rénovée (voir affiche) et nous mettons en place des visites commentées de l'exposition.

J'ai passé un partenariat avec l'A.C.A.T (association des commerçants) pour demander à ce que des commerces de restauration soient ouverts pendant les journées et l'Office de tourisme, partenaire bienveillant, mettra un point d'honneur à trouver un hébergement éventuel aux exposants et acheteurs.

(Pour tout renseignement, contactez Pierre Brillard, « Librairie Ancienne et autres Trésors », 52 rue des Halles ou 04-90-93-25-89)

Céline. Voyage au bout de la nuit en édition originale et d'autres titres pour amateur d'authenticité…


Céline fait toujours parler de lui... J'en suis resté au "génial salaud" mais il y a mieux à dire, semble t-il ! C'est ce qu'écrivait Pierre Chalmin sur Facebook, il y a peu de temps, en évoquant le livre d'un de ses confrères. J'en reproduis le texte en espérant qu'il n'en prenne pas ombrage :

Qu’on s’explique : David Alliot n’est pas de mes amis. Ce qui m’apparut, jadis et naguère, chez ce jeune homme comme un arrivisme forcené aggravé de méchante sournoiserie à mon encontre, l’avait relégué dans la cohorte si nombreuse, assommante et vaine des histrions cyniques qui empoisonnent l’édition parisienne et la résument pour ainsi dire. Qu’on n’en parle plus, je ne suis pas non plus d’un commerce primesautier, je veux bien l’admettre. Admettre aussi et surtout que j’ai méconnu les mérites personnels éminents de David Alliot, que révèle son dernier livre. Mea culpa !


Venons-en donc à l’essentiel : la littérature, et au chef-d’œuvre, non seulement de notre prolifique auteur mais aussi, il faut se rendre à l’évidence, du cinquantenaire célinien : D’un Céline l’autre, 1184 pages, paru chez Robert Laffont dans la prestigieuse collection « Bouquins » fondée par Guy Schoeller.


David Alliot a conçu un livre de témoignages tout à la fois rigoureux, original et intelligent. Mieux encore que les « Cahiers de l’Herne », magnifique entreprise de Dominique de Roux qui le premier ressuscita Céline, le livre de David Alliot, rassemblant des centaines de témoignages sur Céline, les présente chronologiquement : C’est l’idée géniale qui fait de cet ouvrage « une biographie kaléidoscopique », rédigée par les spectateurs ou les acteurs mêmes de la vie de l’écrivain : « Intellectuels, artistes, résistants ou collabos, patients et maîtresses… », autant de petits Sainte-Beuve dont la confrontation se révèle passionnante.


Les maniaques de Céline eux-mêmes, qui à mon instar ont couru plus de vingt ans après tous les témoignages publiés, trouveront dans cet ouvrage des inédits. Et quelle économie de temps de travail et d’argent !

Enfin, je conclus cette note écrite à la diable en saluant la distance que David Alliot prend avec le consternant moralisme ambiant, se gardant de nous infliger la puérile dichotomie de l’écrivain « génial mais salaud ». Si vous ne devez lire qu’un livre sur Céline cette année, c’est celui-ci. Pierre Chalmin

Un des commentaires "FB" posait une question pertinente :

J'ignore si cela est vrai, mais d'après ce que j'ai pu lire, cet antisémitisme aurait différente sources: l'époque à laquelle est né Céline, le contexte familial (son père était apparemment un anti- dreyfusard convaincu; qui reprochait aux juifs de voler le gagne pain des petits boutiquiers tels que lui) et aussi un "pacisfisme" exacerbé lors du début de la seconde guerre mondiale: il accusait apparemment les juifs d'en être directement les responsables... Ramassis d'inepties ou pistes sérieuses?


Je vous engage à consulter le mur de Pierre Chalmin qui n'est pas fait que de Céline mais dont la plume tranchante rappelle le style. De mon côté, je vous propose quelques éditions anciennes de Céline. Les nostalgiques, les collectionneurs, les amateurs et les bibliophiles apprécieront… Pierre

CELINE (Louis Ferdinand). Voyage au Bout de la Nuit. Denoël et Steele, Paris, 1932. In 12 de 624 pp, 8 pp, non foliotées et non coupées du catalogue éditeur tiré sur papier gris bleu. Une bande mince de papier kraft solidifie la page de couverture à la page de garde. Première réimpression parue l'année de l'édition originale. Réalisée par la Grande Imprimerie de Troyes, elle est identique au premier tirage, excepté le catalogue de l'éditeur qui est imprimé en vert et non en gris bleu. Édition sur papier ordinaire. Bon exemplaire avec quelques défauts d'usage (tache sur la couverture). Édition avec mention fictive de 66e édition. 3 petits adhésifs à la page 14. Dans cette édition, subsiste des fautes qui ne seront corrigées qu’en 1933, comme par exemple page 59, la maison du "Pasteur" pour la maison du "passeur". Intérieur frais (pas de rousseurs, ni de taches). Exemplaire en état assez correct. Bel ex-libris. Vendu


CELINE (Louis Ferdinand). Mort à Crédit. Denoel, Paris 1943. Nouvelle édition avec 16 dessins de Gen-Paul, dont celle de la couverture. Exemplaire bien complet. Couverture imprimée avec des traces de ruban adhésif. Intérieur frais. Papier de faible qualité comme on en trouvait pendant la guerre. 429 pages. Vendu

CELINE Louis-Ferdinand. CASSE PIPE. Frédéric Chambriand 1949. In-12 ( 185 X 120 mm ) de 150 pages, broché. Exemplaire de l'édition originale sur papier d'édition. Vendu

lundi 22 août 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. L'épouse du libraire…


Il y a les hôtesses de l'air qui vous accueillent lors de votre embarquement dans un avion… De même, il y a les hôtesses du soleil qui vous guident quand vous arrivez à Tarascon.

Je dis cela car l'épouse de Pierre travaille à l'office de Tourisme et j'ai découvert en entrant à la boutique, ce matin, une photo d'elle que notre libraire avait oublié sur sa table de travail. C'était les fêtes médiévales de Tarascon en cette fin de semaine et elle était fort joliment costumée. Je la connais peu, en fait. J'ai dû la voir trois ou quatre fois en coup de vent car elle passe rarement quand je suis là. Laissez-moi vous donner mon impression sur elle…

B***, sur les limites de la cinquantaine, n'en a pas moins la prétention de plaire comme à vingt-cinq ans. Son crédit attire sur ses pas la foule des touristes et supplée, en quelque sorte, aux grâces de la jeunesse. A un esprit très fin, un caractère trempé et fier en toutes circonstances, un ton très accueillant, une dissimulation à peine visible ; à tout ce qui peut captiver et séduire, elle joint une ardeur au travail cent fois plus vive que ses collègues.

B*** a toujours été belle mais à vingt ans, quand Pierre l'a croisée, son manque ostentatoire de coquetterie, cette fleur de jeunesse qui souvent sert de passeport à l'amour, avait éloigné d'elle un essaim d'adorateurs insensibles à son charme judicieusement dissimulé.

Loin de se laisser disperser dans un mariage arrangé par une famille toute acquise à l'aisance matérielle de son vétérinaire de mari, B*** jura de n'être pas malheureuse. De l'union avec Pierre naquirent quatre beaux enfants, deux fils et deux filles, aujourd'hui encore attachés à la fortune de leur illustre père.

B*** a Paris pour origine. Cela doit être pour cela qu'elle court sans relâche, qu'elle ne respecte, que contrainte et forcée, les limitations de vitesse automobiles et qu'elle est capable de tourner pendant plusieurs minutes pour se garer au plus près de son lieu de rendez-vous sans jamais envisager, un instant, de se garer plus loin. Ce n'est pas le moindre de ses défauts mais je crois savoir que ce n'est pas celui qui irrite le moins son époux. A cela, une capacité à enfreindre l'ordre en provoquant le désordre dans tous les endroits qui lui sont alloués et vous comprendrez que vivre avec B*** nécessite de savoir doser l'énergie ambiante.

B*** justifie l'opinion que l'on a conçue de la femme française : Elle est tout feu et tout amour. Fille d'un commerçant aisé de la capitale, la fortune de son mari lui permettait de satisfaire ses goûts, sans jamais aller jusqu'à être dépensière pour elle, tout en étant généreuse pour ses proches. La reconversion hasardeuse de son époux et l'indépendance, sinon financière mais du moins géographique, de ses enfants l'ont incitée à reprendre une activité où elle excelle : Le conseil et l'accueil des touristes en cette bonne ville de Tarascon.

Sa taille avantageuse, son joli sourire, ses bras charmants et sa démarche élégante ont été, dès son arrivée à l'office de tourisme, comme un tremplin pour la ville qui depuis ne désemplit pas. On voit maintenant des vacanciers s'arrêter à Tarascon uniquement pour elle. On voit des visiteurs se précipiter dans les agences immobilières après une présentation de la ville faite par ses soins. On dit même que le chemin de Compostelle aurait été détourné par Tarascon pour que les pèlerins puissent la rencontrer…

Sur ce cliché que Pierre a dû laisser à dessein, on voir B*** dans une très belle parure. On pourrait croire en la voyant que le temps ne laissera jamais de traces sur elle. J'ose le croire. Mais ce que le temps ne saura jamais lui ravir, c'est son excellent cœur et son zèle à rendre les gens heureux.

Que l'on me pardonne ce portrait qui doit être incomplet, approximatif et peut-être bien, erroné ! Je n'ai fait qu'imiter les peintres : J'ai esquissé quelques traits à partir d'une photographie…

Votre dévoué. Philippe Gandillet.

samedi 20 août 2011

Balzac. Collection de la pléiade. La comédie humaine en 11 Volumes.


J'aime bien Balzac. Il a accompagné, bien malgré lui, la fin de mon adolescence. Disons que je m'ennuyais un peu dans ma famille, comme beaucoup d'ados… Un représentant de commerce fort disert avait réussi à placer chez mes grands-parents 1,50m de Balzac dans un superbe cartonnage rouge (que j'ai encore). Et je me suis lu, à cette époque, cette série de livres qui trônait dans la bibliothèque comme d'autres de mes amis lycéens se buvaient 1,50m de bière dans la rue de la soif à Dinan… Je n'ai pas en souvenir tous les livres de La comédie humaine mais je garde un très bon souvenir de cette période. J'ai un attachement particulier pour le Lys dans la vallée, La peau de chagrin et Le père Goriot, que j'ai relu beaucoup plus tard quand mes enfants furent grands !


Honoré de Balzac, né Honoré Balzac à Tours en 1799 et mort à Parisen1850, est un écrivain qui fut tour à tour romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur (très mauvaises éditions, il faut avouer). Il a laissé une œuvre romanesque qui compte parmi les plus imposantes de la littérature française, avec 91 romans et nouvelles parus de 1829 à 1852. La comédie humaine est son œuvre majeure. L’ensemble doit être organisé pour embrasser du regard toute l’époque et construire l'œuvre intitulée en 1837 les Études sociales, puis en 1841, la Comédie humaine, titre suggéré par la Divine Comédie de Dante, lorsque Balzac signe avec Dubochet, Furne, Hetzel et Paulin un traité pour la publication de ses œuvres réunies. Balzac va ainsi développer la complexité du monde qu'il portait déjà en lui dès 1832. Walter Scott avait réussi à élever le roman à la dignité de l’histoire, mais n’avait pas songé à relier ses compositions l’une à l’autre. Ici intervient la seconde illumination de Balzac : Écrire une histoire complète des mœurs de son temps, histoire dont chaque chapitre sera un roman.


Dès lors, les publications se succèdent à un rythme accéléré : le Lys dans la vallée paraît en 1835 puis Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau en 1837, suivi de la Maison Nucingen en 1838, Le Curé de village et Béatrix en 1839, Ursule Mirouët en 1841.La rédaction d'Illusions perdues s’étend de 1837 à 1843. J'en rappelle le classement établi dans la pléiade :

Études de mœurs

Scènes de la vie privée
La Maison du chat-qui-pelote, 1830, (Mame-Delaunay), 1839, (Charpentier), 1842 (Furne), Le Bal de Sceaux, (idem), La Bourse, 1830, (Mame-Delaunay), 1835, (Béchet), 1839, (Charpentier), 1842 (Furne), La Vendetta, (idem), Madame Firmiani, 1832, (1e éd. Gosselin), Le Contrat de mariage, 1835, (1e éd.), 1842, (Furne-Hetzel), […]
Scènes de la vie de province
Ursule Mirouët, Eugénie Grandet, 1833, Pierrette , Le Curé de Tours, 1832, […]
Les rivalités
La Vieille Fille, 1836, Le Cabinet des Antiques, 1839
Scènes de la vie parisienne
Histoire des Treize, Le Père Goriot, 1835, Le Colonel Chabert, 1835, […]
Scènes de la vie politique
Un épisode sous la Terreur, Une ténébreuse affaire, […]
Scènes de la vie militaire
Les Chouans, 1829, Une passion dans le désert.
Scènes de la vie de campagne
Le Médecin de campagne, 1833, Le Curé de village, 1841, Le Lys dans la vallée, 1836.

Études philosophiques

La Peau de chagrin, 1830, 1834, 1837, Furne : 1846, Jésus-Christ en Flandres, […]

Études analytiques

Physiologie du mariage, 1829 (Levasseur), 1846, (Furne), Petites misères de la vie conjugale, […]


La collection de la pléiade en 11 volumes a ceci de bien qu'elle est très homogène, très élégante, très bien documentée et d'un volume réduit. Elle est donc particulièrement adaptée aux rayonnages de nos demeures modernes exiguës. Le tome XI, bien que présentant un titre axé sur les Contes drolatiques fait partie intégrante de la collection puisqu'il contient des textes ébauchés, des préfaces de certaines œuvres ainsi qu'un index des personnages fictifs des romans de l'auteur qui est très utile.


BALZAC. La comédie humaine, en 11 Volumes. Gallimard NRF 1952 à 1971 selon les exemplaires - Bibliothèque de La Pléiade. Ouvrages en très bel état avec jaquette et rhodoïd sauf tome V et avec seul rhodoïd pour tome X. Vendu

jeudi 18 août 2011

Les Sonnettes ou Mémoires de M. le Marquis D***, par Guiard de Servigné… Peut-être !

Je place le décor :

Le soleil resplendit, la chaleur pénètre à nouveau nos corps et nos sens endoloris par la fraîcheur du fond de l'air se réveillent à la vie en ce milieu du mois d'août. Le moment est donc venu de vous proposer un petit ouvrage licencieux propre à ranimer des ardeurs sensuelles anesthésiées par la lecture post-prandiale d'un ouvrage qu'on croyait propice à la méditation… [dans le style de Ph Gandillet]


L'exemplaire de l'original des Sonnettes qui est à la Bibliothèque Nationale contient quelques notes manuscrites de l'érudit Jamet. Le curieux qui voudra se donner la peine d'examiner le livre s'apercevra que certaines notes sont plus que suggestives : Il a, par exemple, noté de façon méthodique le nombre d'étreintes amoureuses du jeune héros – Il doit y en avoir quinze ou seize – ce genre d'érudition n'étant pas le mien, je n'aurai jamais noté le chiffre !


La première édition est celle d'Utrecht (Paris), 1749, in-12, deux parties en un volume de 84 et 126 pages. La deuxième est celle de Berzop-Zoom( Londres), 1751, deux parties in-18. La troisième édition, et Jean-Paul nous le confirmera sûrement, est de Cazin, Londres, 1781, in-18 de 212 pages. Elle est complétée par deux autres petits textes car les Sonnettes étant un peu court, les éditeurs qui réimprimèrent le roman de Guiard de Servigné l'augmentèrent toujours d'un ou deux contes supplémentaires.


Plus tard, Gay et Doucé en firent évidemment une réimpression illustrée, et ce sont eux qui, les premiers, attribuèrent le roman au (Maréchal) Duc de Richelieu, grand libertin de l'époque.


Guiard de Sérvigné était avocat au Parlement de Rennes. Les Sonnettes ont paru pour la première fois en 1749 et valurent à leur auteur un séjour à la Bastille. Il avait 26 ans quand fut imprimé son petit roman licencieux.


L'édition que je propose est assurément la plus belle. Elle est conforme à l'édition originale, dans un format flatteur et imprimée sue beau papier. Les illustrations de Gaston Smit (eaux-fortes) sont de toute beauté et fortement contrastées ce qui ravira les amateurs. Elles sont coquines, bien sûr et susceptibles de ranimer des ardeurs sensuelles anesthésiées par la lecture post-prandiale d'un ouvrage qu'on croyait propice à la méditation… Mais ça, je l'ai déjà dit ! Pierre


GUIARD DE SERVIGNÉ (Jean-Baptiste). Les Sonnettes ou Mémoires de M. le Marquis D***, d'après l'édition originale, avec une notice et des éclaircissements par Jean d'Herbenoire. Avec 14 eaux-fortes originales et de nombreux dessins dans le texte par Gaston Smit. Paris, Édition du Fureteur, 1926. Grand In-8, broché, couverture rempliée. [3 ff n. ch], 124 pp., 1 f., 3 ff bl. Premier tirage des illustrations de Gaston Smit. Il signait aussi Georges Topfer ou James Barclay et est surtout connu pour ses illustrations sado-masochistes exécutées pour divers éditeurs des années 20-30.14 eaux-fortes originales hors-texte et nombreuses illustrations in-texte. 110 € + port