mardi 30 juin 2015

Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier aux éditions de Cluny, illustré par Pierre Gandon.


Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189... Je continue à dire « chez nous », bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais. Nous habitions les bâtiments du Cours supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours moyen. Ma mère faisait la petite classe...


Vous avez peut-être reconnu cette introduction à un célèbre roman du 20eme siècle qui a bercé plus d'une langueur adolescente. Alain n’est pas le prénom de l’auteur du Grand Meaulnes : il s’appelait Henri Alban Fournier. Ce n’est qu’en décembre 1907 qu’il choisit ce demi-pseudonyme littéraire, en faisant paraître dans La Grande Revue un article intitulé « Le corps de la femme », pour se distinguer d’un célèbre coureur automobile de l’époque.


Si l'on lit l'excellent site dédié à l'auteur on apprendra que Henri Fournier est né en 1886 à la Chapelle-d'Angillon, au nord du département du Cher, dans la petite maison de ses grands-parents maternels. Fils d'instituteurs, il passe son enfance en Berry. Après cinq années passées à Marçais, près de Saint-Amand-Monrond, il suit son père, nommé en 1891 directeur de l'école d'Epineuil-le-Fleuriel, le dernier village au sud du département, non loin de Montluçon.


L’enfant y sera son élève jusqu'en 1898, avant d'entrer en sixième, comme pensionnaire au lycée Voltaire à Paris, où il restera trois ans. En 1901, songeant à devenir marin, il rentre en seconde au lycée de Brest pour préparer l’École Navale. Mais il y renonce au bout d’un an et vient, en janvier 1903, passer son baccalauréat au lycée de Bourges. En octobre 1903, Henri Fournier va préparer l'Ecole normale supérieure au lycée Lakanal à Sceaux. C'est là qu'il rencontre Jacques Rivière, jeune bourgeois bordelais qui devient bientôt son meilleur ami puis Yvonne de Quiévrecourt qui sera sa muse inaccessible... A partir de 1905, ils échangeront jusqu'en 1914 une importante et passionnante correspondance. Jacques deviendra, en 1909, son beau-frère en épousant Isabelle Fournier, de trois ans plus jeune que son frère.


Après son service militaire, Alain-Fournier cherche un emploi, il trouve en avril 1910 un poste de rédacteur à Paris-Journal. Il rencontre Jeanne Bruneau, une jeune modiste, originaire de Bourges. Il se donne d’abord tout entier à elle, mais elle ne le comprend pas. Le 19 octobre 1910, il écrit à Jacques et sa sœur : « C'est fini ». Ils se reverront pourtant et la rupture définitive ne se produira qu'au mois d'avril 1912. Alain-Fournier confiera dans sa correspondance : « J'ai fait tout cela pour me prouver à moi-même que je n'avais pas trouvé l'amour. »


A partir de 1910, Alain-Fournier, installé rue Cassini, se met pour de bon à l'écriture du Grand Meaulnes. En 1912, il quitte la rédaction de Paris-Journal, devient le secrétaire de Claude Casimir-Perier avant d'entamer avec la femme de ce dernier, la célèbre actrice « Madame Simone », de son vrai nom Pauline Benda, une liaison passionnée. Achevé au début de 1913, Le Grand Meaulnes paraît d'abord dans La Nouvelle Revue Française (de juillet à novembre 1913), puis en volume chez Emile-Paul. Sélectionné pour le prix Goncourt, le roman obtient 5 voix au dixième tour de scrutin. Pourtant au onzième tour, c'est Le Peuple de la Mer de Marc Elder qui sera couronné. La presse est cependant très élogieuse.


Mobilisé dès la déclaration de guerre, le 1er août 1914, Alain Fournier, alors en vacances à Cambo-les-Bains avec Simone, rejoint Mirande, puis le front de Lorraine comme lieutenant d'infanterie, le 23 août ; il participe à trois batailles très meurtrières autour de Verdun. Fin septembre, il est porté disparu, au cours d’un combat dans le bois de Saint-Remy, sur la crête des Hauts-de-Meuse. On saura plus tard qu’il a été tué ainsi que son capitaine et plusieurs autres hommes de son régiment, dans l’après-midi du 22 septembre. Il n'avait pas encore vingt-huit ans… C'est comme cela que l'on devient un mythe. Pierre


FOURNIER (Alain). Le Grand Meaulnes. Paris, Éditions De Cluny, 1936. Un fort volume in-8. Broché, couverture illustrée, frontispice, 1 f de titre en rouge et noir à encadrement stylisé, 308 pp. Illustrations dans le texte. Tirage unique à 2000 exemplaires numérotés sur pur fil Lafuma et 80 ex. H.C. Bel exemplaire sans défaut. 130 € + port

lundi 29 juin 2015

La fleur au fusil. Illustrations de Pierre Falké : Un plaidoyer pour la paix. A quoi bon ?


On parle encore du centenaire de la première guerre mondiale mais il est moins sous le feu de l'actualité ces derniers temps. Qui se souvient encore que la fin du mois de juin 1915 clôt la bataille d'Artois et permet une petite "trêve" jusqu'en septembre ? Bien que les troupes françaises, sous les ordres du général d'Urbal remportent plusieurs succès, l'issue de la guerre est plus que jamais indécise. C'est vrai que nous ne sommes qu'à 100.000 morts pour l'instant de notre côté… Par contre, qui veut essayer de comprendre les premiers mois de cette guerre doit lire le livre que je propose aujourd'hui à la vente : La fleur au fusil par Jean Galtier-Boissière !


Il n'a plus que quelques semaines à passer à la caserne du 31e régiment d'infanterie où il fait son service militaire quand la guerre commence en 1914. Il a pu choisir son affectation et devenir rapidement, contre son gré, caporal grâce à son Brevet d'aptitude militaire. Son récit commence par des souvenirs de caserne. Derrière les histoires souvent cocasses, on perçoit certains aspects de la vie de caserne à cette époque. Mais ce n'est pas seulement ce qui fait la force du récit.


La grande qualité de Jean Galtier-Boissière vient de ce qu'il nous narre le passage de cette vie de caserne - donc de paix - à la vie au front tel qu'il se présente en ce début de conflit. Et ce passage se fait par une transition qui va de la mobilisation au baptême du feu, celui de " La fleur au fusil " au cours de laquelle il contera ses souvenirs de fantassin, marchant dans un sens puis dans l'autre, sans comprendre ce qui se passe…


En ce début d'août 1914, l'ennemi est encore lointain et irréel. Mais dès septembre, les travaux de fortifications de campagne et les fameuses tranchées seront installées suite au recul allemand consécutif à leur échec lors de la bataille de la Marne.


Le livre de Galtier-Boissière permet au lecteur de bien comprendre les étapes vécues par les soldats de l'active. Il lui donne aussi l'occasion de pénétrer dans le quotidien des soldats ; la popotte, les marches, la peur et trop souvent la mort… Le récit est accompagné de dessins d'un soldat ayant, comme l'auteur, connu ces tranchées !


Pierre Falké est né à Paris, le 24 mai 1884. Il se fait surtout connaître par ses nombreux dessins d'humour qu'il donne aux journaux et aux revues (dont Le Crapouillot crée par Galtier-Boissière). Il est cité par Louis Morin : " Ils sont nombreux les humoristes militaires qui portent crânement la capote bleue couleur de ciel, et auxquels leur périlleux devoir ne fait pas oublier l'Humour ! J'aurais plaisir à les citer tous pour leur dire la reconnaissance des humoristes civils. Voici quelques glorieux blessés: Formisyn, Jean Droit, Bourtet de Monvel, Delambez, Jean Villemot, Jean Falké ". L'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente est encore broché. Une belle reliure comme celle que je présente ici (on peut cliquer) s'impose… Pierre


BOISSIERE (Jean Galtier). FALKE (Pierre)]. La fleur au fusil. Illustrations de Pierre Falké. Les Bibliophiles du Crapouillot chez Pierre Trémois, éditeur à Paris, 1946. Un volume In 4 broché, couverture rempliée illustrée. Edition ornée de 37 illustrations originales en couleurs (frontispice, 15 hors-texte, 13 in-texte et 8 culs-de-lampe). Les hors-texte ont été imprimés en phototypie par Duval et coloriés à la main par Vairel à Paris. Tirage limité à 748 exemplaires numérotés. Notre exemplaire, un des 700 sur Marais crève-cœur. Intérieur parfait, quelques signes d'usure sur la couverture. Bel état. Vendu

samedi 27 juin 2015

Pendant la canicule...


Le public était entièrement constitué d'intervenants du spectacle grassement payés !

Un libraire renommé du 19eme siècle... Son nom ?
Les conditions matérielles d'accueil étaient excellentes mais les fêtes de la Tarasque sont surtout tournées vers un public populaire moins attiré par des stands de livres anciens que par des bodégas nocturnes ou des manèges bruyants. Nous avons essayé !

Petite installation à la fraiche du marché du livre ancien à Tarascon...


 Mais ça, c'était avant la canicule et avant l'apéritif...


Photos sous le soleil suivent...

vendredi 26 juin 2015

Le Guide de l'élagueur dans les parcs et dans les forêts par Amédée Morange. Belle édition originale...


Les jardiniers, le savent bien, les végétaux nécessitent un entretien régulier. Quand il s'agit de fleurs ou d'arbustes, chacun peut s'en occuper. Mais quand les arbres font plusieurs mètres de haut, l'élagage et l'entretien se compliquent.


L'élagage est une coupe ordonnée des arbres et végétaux. Élaguer, aujourd'hui comme par le passé, est toujours l'objet d'une réflexion sur les risques, les méthodes et les conséquences sur l'aspect de l'arbre, son état phytosanitaire, sa croissance, et son intégration dans le paysage. Nous le voyons, de nos jours, au bord de nos routes nationales avec la gestion des platanes, parfois malades mais toujours dangereux lors d'accident…



On peut élaguer pour assurer un développement harmonieux de l'arbre - c'est le cas le plus fréquent - ou bien pour dégager le tronc avant son abattage. Toutefois, l'élagage est principalement destiné à maintenir la forme naturelle des arbres, conserver les végétaux en bonne santé, préserver la qualité du bois et surtout contenir les végétaux à croissance rapide.


En-dehors de la sylviculture, qui nécessite de couper des arbres pour permettre à certains spécimens sélectionnés de se développer, il est aussi nécessaire de couper les arbres pour des raisons de sécurité car un arbre peut menacer des personnes et des biens surtout lorsqu'il a été planté en dépit du bon sens.


Un arbre vivant au sein d'une forêt adopte une architecture bien différente de celle d'un sujet isolé. Les objectifs attendus sont alors différents. L'arbre forestier, généralement destiné à produire du bois d’œuvre est élagué au niveau du tronc de manière à produire le moins de nœuds possibles. L'arbre d'ornement planté dans un parc peut se passer d'élagage alors que les contraintes urbaines obligent souvent à pratiquer une taille douce pour conserver un port semi-libre ou une taille architecturée.


L'ouvrage en édition originale (rare) que je propose aujourd'hui à la vente a ceci de remarquable qu'il a été publié en 1878. Une occasion pour les élagueurs bibliophiles, et ils sont nombreux, de poser sur leurs rayonnages un ouvrage orné de forts jolis bois… Pierre


MORANGE, Amédée. Le Guide de l'élagueur dans les parcs et dans les forêts, par Amédée Morange. Paris,  E. Lacroix, 1878. Un volume in-16. Reliure demi-percaline rouge, dos lisse, lettres dorées. [1fbl], [3ff titre], 142 pp, [1f notes], [2ffbl]. Figures dans le texte. Quelques rousseurs en début et fin d'ouvrage, intérieur frais. Rare à moins que l'on me démontre le contraire… 125 € + port

jeudi 25 juin 2015

Quelques ouvrages d'hippologie qui viendront s'ajouter au catalogue sur l'art équestre, à gauche de la page d'accueil...


Voici un petit lot d'ouvrages à insérer dans le catalogue déjà bien fourni d'hippologie. Bien évidemment, je demeure vétérinaire à vie et si mon attrait pour les affections animales s'est estompé avec le temps, je n'en reste pas moins un amoureux de l'art équestre en général et en particulier des livres anciens sur les chevaux. Nous sommes assez peu, en fait, à proposer cette niche bibliophile. Philippica le fait avec bonheur pour les ouvrages rares et luxueux. Je passe tous les ans, au Salon du Grand Palais, devant son stand en admirant ses in-folio de la Guérinière… Il faudra que je me présente un jour ! Je crois pouvoir assurer que mes trois ouvrages, superbement reliés à la suite, de Maurice de Gasté sont une petite perle bibliophilique.

1 - JACOULET J. et CHOMEL C. Traité d'hippologie. Librairie militaire S. Milon, 1895. Un fort volume in-4. Tome 2 seul. Reliure demi-percaline rouge, pièce de titre cuir tabac avec lettres dorées, couverture conservée. 946 p, nombreuses illustrations. Extérieur un peu sali. Intérieur frais. 60 € + port

2 - GOUBAUX (Armand) et BARRIER (Gustave). L'extérieur du cheval. Asselin et Houzeau, 1890.  Un volume fort in-4. (15x24 cm). Reliure percaline d'éditeur, titre et auteurs dorés au dos. 996 pages, 2e édition augmentée, planches dans le texte, 346 figures et 34 planches, la plupart de G. Nicolet. Très bon état, intérieur frais. Dédicace manuscrite des auteurs. 105 € + port

3 - WALSH, DR. J.H. (STONEHENGE). The Horse, in the Stable and the Field : His varieties, management in health and disease, anatomy, physiology etc. George Routledge and Sons, 1888. Deuxième édition, Un volume fort in-8. Pleine percale lie de vin. 622 pages, nombreuses illustrations. Petits signes d'usure extérieure, intérieur frais. 65 € + port

4 - COUSTE, Colonel.- Une Foulée de Galop de course. Paris, Henri Charles Lavauzelle, 1914. Deuxième édition augmentée d'une étude sur l'arrière-main et d'une réponse à la critique. Un volume  in-8. 84 pages. Reliure demi-chagrin tabac, couverture imprimée conservée. Dos à nerfs fleuronné. Texte rare et illustré. Bon exemplaire, intérieur frais. 100 € +port

6 – DUCROC DE CHABANNES. Cours élémentaire et analitique [''sic''] d'équitation, ou Résumé des principes de M. d'Auvergne, suivi de questions et d'observations relatives aux haras, par M. le Mis Du Croc de Chabannes,... Un volume in-8. Paris, Anselin et Pochard, 1827. Broché. XII, 152 pages. Ex dono manuscrit de l'auteur au Général Antoine Richepanse, ce dernier ayant intercalé de nombreuses feuilles manuscrites de commentaires. Ducroc de Chabannes, élève de Dauvergne,et condisciple de Bohan, était plutôt l’homme de l’Equitation militaire que de l’Equitation académique ; il proscrit, dans son Traité, les airs de manège, même le changement de pied et le rassembler. De là ses dissentiments avec Cordier qui triompha de son adversaire. Très frais. Extrêmement rare et richement truffé. 240 € + port

7 - GOSSART.F . Allures du cheval. Etude Chronophotographique et Mathématique. Avec soixante dix figures et neuf planches hors-textes. Un volume in-8. Reliure demi-maroquin tabac, tranche supérieure dorée. Manque planches I/II/III/V. Très bel état. 45 € + port

8 - GASTE (Maurice de). Le Modèle et les Allures. Paris, Adolphe Legoupy éditeur, Lecaplain et Vidal, 1903. Un volume grand in 8 (25/17cm). Reliure demi maroquin tabac, dos lisse, lettres dorées, tranche supérieure dorée. 234 p.  A la suite du même auteur : A propos du modèle et des allures, dernières réflexions. Adolphe Legoupy éditeur, sd. 55 pages couverture conservée. A la suite au format in-12 du même auteur. La faillite du trotteur normand,  Lecaplain et Vidal, 1903. L'ensemble très frais dans une belle reliure. Rare. 235€ + port

9 - LEMICHEL (Eugène). Leçon d'Hippologie. Versailles, Brunox, 1860. Un volume in-8. Reliure demi-percaline marron. 247pages pour le cours d'hippologie et 38 pagres et 43 gravures pour le harnachement dand une deuxième partie. Ouvrage entièrement lithographié offrant 70 figures. Bel état, intérieur frais. Rare. 95 € + port

10- DUCROTAY DE BLAINVILLE. Cours de physiologie générale et comparée. Tome 1er. Un volume in-8. Paris, Chez Germer bailliere, libraire. 1833. Reliure pleine basane noire, dos lisse, filets dorés, encadrement des plats par un filet dorés, gardes colorées. Livre de prix de l'Ecole vétérinaire de Toulouse distribué en 1850. 404 pages. Bon état, intérieur frais. 45 € + port

11 – BOURGELAT. Elemens de l'art vétérinaire. Précis anatomique du corps du cheval. Quatrième édition augmentée. Tome II. Paris, De l'Imprimerie et dans la librairie de Madame Huzard, 1807. Un volume in-8. Reliure demi-basane fauve, dos lisse orné. 455 pages non illustrées. Mors fragilisés. Grande fraicheur intérieure. Tampon ancien d'école. 55 € + port

mercredi 24 juin 2015

Histoire religieuse de la Révolution française par Pierre de la Gorce, complète en 5 volumes.


Dimanche après-midi, en la Collégiale Sainte Marthe de Tarascon, était donné, sous le grand orgue, un opéra de Francis Poulenc tiré du drame posthume de Bernanos : Le dialogue des Carmélites ; œuvre difficile dont on pourrait éluder le premier acte, elle enchante cependant ensuite jusqu’à nous tirer les larmes dans le dernier tableau. Elle rappelle le martyre (histoire véridique) d’une congrégation de carmélites prises entre l’appel de la Grâce divine par le martyre et la peur de la mort à l’aube de la terreur révolutionnaire.


L’occasion pour un marchand du temple comme moi de vous proposer à la vente un ouvrage qui s’y adosse parfaitement : L’Histoire Religieuse de la Révolution Française par Pierre de la Gorce, complète en 5 volumes.


A vrai dire, cette histoire nous est connue : elle est éparse dans presque tous les livres qui traitent de la France entre 1789 et Napoléon. Ce qui fait le mérite propre de M. de La Gorce, c'est d'avoir dégagé de la masse énorme de matériaux qui constitue l'histoire de la Révolution ceux qui sont spéciaux à l'Église. Mais si c'est un mérite, c'est aussi un danger. Comment, en effet, dans une pareille entreprise, éviter l’écueil de la partialité chrétienne ? 


En fait, l'Église n’était pas à cette époque – pas plus que maintenant - une institution uniquement axée sur la pratique de la foi religieuse [en 1790, la population de la France était de 26 millions d'habitants et on y comptait 80 000 prêtres et 70 000 religieux ! ] . Elle côtoyait la politique ; s'intéressait au mouvement des idées comme à la marche des événements ; elle touchait à l'économie politique et sociale, au droit et à la justice, à la morale publique et privée, et à combien d'autres choses encore !


Vaste programme ! En racontant la fête de l'Être suprême, par exemple, comment esquiver un portrait de Robespierre ? Et dès lors, si vous voulez que votre portrait de Robespierre soit ressemblant, vous voilà obligé à de fatales digressions historiques. De même, dans une histoire religieuse de la Révolution, comment passer sous silence l'insurrection vendéenne, encore, qu'elle n'ait pas eu pour unique cause le maintien de la foi chrétienne ? Si vous n'en montrez que l'aspect religieux, cette guerre demeure en partie incompréhensible. De là naît la quasi-nécessité d'en exposer les origines politiques et d'en retracer les péripéties militaires jusqu'à la pacification.


Quelques passages sont vraiment distrayants… La nouvelle Église a des pasteurs, mais pas d'ouailles. Le clergé constitutionnel ne tarde pas lui-même à se désagréger : les uns versent délibérément dans la Révolution, résolus à en accepter toutes les ruptures, d'autres conservent l'essentiel de la foi ou y reviendront ; il y a enfin les indécis et les faibles qui échappent à toute classification. Entre la fête de la Raison et celle de l'Être suprême, M. de La Gorce nous montrent que la foi dans un exemple est souvent necessaire à l'homme pour donner un sens à sa vie…


Né à Vannes en 1846, Pierre de la Gorce était le fils d’un soldat de la Restauration et de la Monarchie de juillet. Ayant perdu sa mère à l’âge de deux ans, il fut confié par son père à une tante, qui vivait à Maubeuge. Il fit ses études secondaires dans un collège ecclésiastique de Douai, où on lui inculqua, sur la base d’une solide culture latine, le goût des lettres ; mais pour obéir à la volonté de son père, il s’orienta vers la magistrature.


En 1870, il obtint son doctorat en droit, et fut nommé deux ans plus tard juge suppléant à Rocroi puis substitut en 1874 à Saint-Omer. Catholique pratiquant, sa conscience religieuse lui interdisait d’œuvrer à l’application des décrets-lois sur les congrégations, promulgués en 1880 par Jules Ferry ; aussi démissionna-t-il. Après avoir plaidé quelque temps au barreau de Saint-Omer, il se consacra à sa passion pour l’Histoire. Il écrivit alors de nombreux ouvrages parmi lesquels de grandes fresques historiques et plusieurs monographies. Membre de l’Académie des Sciences morales depuis 1907, Pierre de La Gorce fut élu à l’Académie française en 1914. Pierre


GORCE (Pierre de la). Histoire Religieuse de la Révolution Française. 5 Tomes in-8. Paris, Plon, 1912-1938. VI - 515, 538, 598, 379 et 415 pages, 3 cartes dont une dépliante illustrent le deuxième tome. Deux cartes dépliantes dans le troisième volume. Reliure demi-basane violine, dos insolé à nerf couleur tabac, lettres dorées.  Un des ouvrages de référence sur ce sujet. Très bel état. 145 € + port

mardi 23 juin 2015

Henri IV publié par la Maison Boivin et illustré par Vogel.


Après Jeanne d'Arc, présentée hier sur le blogue à travers une remarquable publication de la Maison Boivin, voici une deuxième figure historique évoquée par cette même Maison d'édition : Henri IV.


Henri IV, le bon roi dont le peuple a gardé la mémoire [Cheval blanc, poule au pot et poules de luxe…], fut un roi hors du commun, un visionnaire, grand pacificateur, dont la dernière folie, sa passion amoureuse pour une beauté d’à peine 15 ans (Il marie la jeune duchesse qu’il convoite au très gay prince de Condé), a failli porter la guerre dans l’Europe entière et lui coûtera la vie.


Alors qu’aujourd’hui, le monde entier est troublé par le fanatisme religieux, l’intolérance et le terrorisme, et que plane la sourde menace de nouvelles guerres de religion, peut-être est-il bon d’évoquer la mémoire de ce fondateur de la liberté des cultes et de la tolérance à travers un ouvrage susceptible de ravir les petits et les grands [bibliophiles].


Mais au fait, pourquoi notre Henri fut-il dénommé " Roi de France et de Navarre " ? Pour ceux qui, comme les œufs, sont un peu brouillés avec l'histoire de France, il est important de savoir que les frontières de la France d'aujourd'hui sont relativement récentes. La morphologie de notre pays a subi de nombreuses modifications au cours des siècles.


Entre autres régions qui n'en faisaient pas partie, la Basse-Navarre était un petit royaume situé au nord des Pyrénées, sur la côte Atlantique (une partie de l'actuel département des Pyrénées Atlantiques). Cette région était issue d'un découpage de la Navarre, la partie au sud des Pyrénées ayant été rattachée de force à la Castille par les Espagnols.


Pendant la seconde moitié du XVIe siècle, c'est le roi Henri III, de la lignée des Bourbon, qui dirige ce royaume alors qu'en France, c'est également un Henri III, mais de la dynastie des Valois-Orléans, qui a en mains la destinée du pays. À la mort d'Henri III de France, qui laisse la couronne sans héritiers, c'est à Henri de Navarre qu'elle échoit : Sa grand-mère était en effet la sœur de François 1er ; d'autre part, sa mère étant l'épouse d'Antoine de Bourbon, c'est ainsi que les "Bourbon" accèdent au trône et que commença leur dynastie.


Henri de Navarre devient alors Henri IV, roi de France et de Navarre. Plus tard, bien que Louis XIII, fils d'Henri IV, ait tenté en 1620 un édit rattachant la Basse-Navarre à la France, ce n'est finalement qu'en 1790, juste après la révolution, que cette portion de territoire est réellement annexée et devient un département français. Autrement dit, depuis Henri IV, chaque prétendant au royaume peut devenir Roi de France et de Navarre comme François de Hollande… Pierre


MONTORGUEIL G. Henri IV. Paris, Ancienne librairie Furne, Boivin & Cie éditeur, 1907. Reliure percaline polychrome Engel. Titre imprimé à froid rouge vert noir et doré, dos lisse avec titre frappé or, fer de l'éditeur imprimé sur le quatrième de couverture. In folio de 72 pages montées sur onglet. Toutes tranches dorées. Illustrations de Vogel. Bon état général. Quelques signes modérés d'usure et de salissure. Réservé