Notre cité de Tarascon a l’insigne honneur d’accueillir depuis le 19eme siècle, en périphérie de la ville, un monastère de sœurs cloitrées, les Visitandines. Avant de présenter l’ouvrage que je propose aujourd’hui à la vente, rappelons que, pas plus hier qu'aujourd'hui, la Visitation n'est un "Ordre mendiant". Son autonomie financière résulte des règles établies par sa fondatrice : Les sœurs, pour être admises, doivent déposer une somme à leur entrée dans la vie religieuse. ; il s'agit de la "dot spirituelle". Cette expression qui ne laisse pas d'étonner a fait des Visitandines, dans l'imagerie populaire, des "épouses de Jésus Christ". En fait cette "dot" est un capital que le monastère usufruitier se charge de faire fructifier mais que la sœur peut léguer, ou non, à son décès à la communauté.
Aujourd'hui, pour survivre, les sœurs accueillent aussi en
leurs locaux calmes et spacieux des hommes et des femmes en quête
d'introspection ou des groupes de réflexion chrétienne. Elles vendent aussi
(pas toujours bien) les produits de leur travail. C’est comme cela que je les
ai connues il y a plus de 30 ans : j’étais le vétérinaire de leur petit
troupeau de vaches sédentaires et à ce titre je faisais partie des rares
privilégiés à les rencontrer en dehors de leur vie spirituelle.
L’ouvrage que je propose aujourd’hui est un recueil de
lettres spirituelles de la bienheureuse - elle n’a été canonisée qu’en 1767 – Jeanne-Françoise
Frémiot, Baronne de Chantal, fondatrice et première supérieure de l’Ordre de la
Visitation de Sainte-Marie. Ce recueil, en trois tomes, rassemble la correspondance dans laquelle Jeanne de
Chantal répond aux différentes questions de ses contemporains sur sa Foi ainsi
que sur l’organisation et le rôle des Visitandines. Il ne s’agit pas d’un "Coutumier"
mais on peut penser que ces réflexions et ces échanges avec ses proches ont
permis à la créatrice de l’Ordre d’en définir les contours.
C'est avec l'appui de François de Sales et la caution
d'un ordre Catholique ballotté entre protestantisme et Jansénisme au 17eme
siècle que s'organise cette communauté. Que dire en trois mots de ses membres ?
Elles sont sœurs cloîtrées et contemplatives.
Pragmatiques, elles ont survécu à tous les tourments révolutionnaires et
anticléricaux. Ancrées dans le monde, elles ont su préserver l'autonomie
financière de leur monastère. Pauvres et humbles, elles attirent la sympathie
et le respect. Mais que font-elles toute la journée se demandent les bonnes
âmes en entendant le son des cloches appelant aux offices ? Elles prient
pour nous mais leur intercession nous est inconnue et le résultat insoupçonné…
Il vaut mieux parfois faire des choses avec discrétion que de ne rien faire
avec ostentation, me direz-vous !
C'est vrai que je les aime bien, les Visitandines.
J'aimais bien cette parenthèse dans mon activité vétérinaire quand j'allais
soigner leurs vaches cloîtrées… Fidèles à Sainte Jeanne de Chantal (Grand-mère
de Madame de Sévigné et cousine de Bussy-Rabutin), elles ont développé un grand
sens du détachement des biens de ce monde. Fidèles à Saint François de Sales,
elles ont amplifié le culte eucharistique. Fidèles à leur dénomination, elles
ont, comme Marie visitant sa cousine Elisabeth, mis en exergue la bonté
généreuse et la gaîté de la Foi. " Voyez-vous, nous sommes trop délicats d’appeler
pauvre un état auquel nous n’avons ni faim, ni froid, ni ignominie, mais
seulement quelques petites incommodités en nos desseins ". C’est un excellent
ouvrage que je propose ici… Pierre
Frémiot, Baronne de Chantal, fondatrice et première supérieure de l'Ordre de la Visitation de
Sainte-Marie. Nouvelle édition, augmentée & recueilli par les religieuses
du premier monastère de Paris. Paris, Claude
Hérissant, 1753. 3 volumes in-12. Reliure plein veau jaspé, dos à nerfs,
caissons fleuronnés, pièces de titre maroquinées, filet sur les coupes, tranches
mouchetées rouges, gardes colorées. Quelques coins usés. Intérieur frais. Très
bel état général. 215 € + port
Les Lettres
Spirituelles de La Bienheureuse Mère Jeanne-Françoise
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