mardi 31 mai 2011

Collection A.Lahure. Neel et son voyage en basse mer…

Les fameuses chromolithographies "Lahure"

Étant d'un esprit étriqué, j'aime assez les voyages minimalistes. Pourtant, mes origines Malouines auraient dû me pousser à dépasser l'horizon… Mais non ! C'est ainsi. Si je me suis enivré de récits de voyages en mer, les voyages de Cook et de Lapérouse ayant mes préférences, j'ai rarement franchi le ponton des ports pour me caler dans une cabine inconfortable ou sur le roof glissant d'un 12 mètres J.I.


Bon, je mens un peu. Si des amis qui lisent ce blogue m'ont croisé dans ma jeunesse, certains savent que j'ai barré quelques bateaux remontant bien le vent. Mais j'ai toujours préféré le port à la régate. Je vous propose donc de partager avec moi, aujourd'hui, un ouvrage maritime qui, s'il ne brille pas par les exploits qu'il a généré, a l'extrême avantage de ne pas s'éloigner de la côte… Le voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud a Paris par terre.

C'est à une maison d'édition très attachée à la qualité de ses productions que nous devons cet ouvrage : La Maison A.Lahure. Le nom de cet imprimeur-éditeur est connu mais j'ai peiné à trouver des renseignements fiables sur A.Lahure, son propriétaire. Jean-Paul saurait sûrement…


J'ai profité d'ailleurs de cette occasion pour vous proposer un récit, appartenant à la même collection, qui relate des exploits d'un jeune archer, brillant sur terre, cette fois… L'intérêt des ouvrages de cet éditeur est multiple. La qualité du papier est excellente (un vélin teinté), les illustrations en chromolithographie sont d'une exquise beauté (celle-ci sont de Jeanniot), la présentation est à grande marge et le tirage, limité à un petit nombre, nous rend les possesseurs d'un livre rare.


L'auteur, Louis-Balthazar Neel (1695-1754), nous présente ce voyage à la façon des grands récits du XVIIIe siècle. Il naquit à Rouen, vers 1695, et y mourut en 1754. Après avoir fait d’assez bonnes études dans sa ville natale, Néel, que l’on destinait à la magistrature, se livra à son goût pour les belles-lettres et se fit connaître par quelques poésies légères aujourd’hui oubliées. Le voyage de Saint-Cloud est de loin, la meilleure publication de Néel et la seule publiée régulièrement depuis. Laissez-moi vous en compter les moments les plus palpitants de ce récit :


- Le voyageur fait des visites avant son départ
- Le voyageur va payer son perruquier
- Adieux du voyageur à sa mère, à ses tantes et à son régent
- Le voyageur s'assied sur des cordages nouvellement goudronnés
- Le voyageur déjeune assis au pied du grand mat
- Le voyageur se trouve mal et décide de s'asseoir
- Le voyageur débarque au port de Sèvres
- Le voyageur aide une voyageuse à faire ses malles
- Le voyageur surprend deux amoureux dans le bois de Boulogne

Je dois reconnaître que ce genre de narration peut rendre le lecteur haletant et qu'il lui est fortement conseillé d'avoir une orangeade à sa portée pour se désaltérer de temps en temps. Livre à ne pas mettre en toutes les mains, donc… Pierre


NEEL (Louis-Balthazar). Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour de Saint-Cloud a Paris par terre. Avec une préface et des notes par E. Legrand. Aquarelles de Jeanniot gravées par Gillot. Impression chromolithographique par Lahure. Paris, A. Lahure, 1884. In-8 broche, couverture rempliée illustrée en couleurs, XXXI-117 pp, 10 hors-texte en couleurs, un plan replie. Tirage à petit nombre sur vélin teinté. Pastiche des récits de voyage du XVIIIe siècle. Très bel état. 70 € + port


SILVESTRE (Armand). Chronique du temps passé. Le Conte de l' Archer par Armand Silvestre - Aquarelles de A.Poirson gravées par Gillot. Impression chromolithographique par A. Lahure. P., Lahure, Rouveyre & Blond, 1883. . In-8 broche, couverture rempliée. (8),193 ,(5) pp, 46 aquarelles (dont une h.-t.). Couverture d'éditeur illustrée en couleurs. Tirage en petit nombre sur vélin. Couverture illustrée par Scott, tirée en chromotypographie. Couverture salie, sinon bel exemplaire. Vendu

lundi 30 mai 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Quand l'argent faisait le bonheur des lecteurs d'Abel Bonnard...

J'ai trouvé sous la porte, en entrant dans la boutique ce matin, ce petit mot qui m'a ému. Nous sommes quelques uns à dépenser sans compter pour assurer la survie des petits libraires de province et certains d'entre-nous achètent même leurs ouvrages à bourse déliée. Nous finissons par nous attacher à eux. J'ai essayé de comprendre pourquoi…

Cher maître,

Je suis extrêmement riche, je n'en tire aucune vanité par ailleurs, c'est une constatation. Je souhaiterais, pour le repos de mon âme, faire une donation conséquente à votre libraire impécunieux de Tarascon avant de passer devant l'éternel. Ce n'est pas désintéressé. Il a comme ami, un curé qui aurait ses entrées au paradis, m'a-t-on dit… Il pourrait intercéder en ma faveur car j'ai acquis cette fortune au prix de beaucoup de concessions, de compromis et de compromissions avec la morale chrétienne. Je sais que vous êtes son mécène et la rumeur prétend que votre bienveillance à son égard vous dédouanerait du luxe ostentatoire de votre existence… Pensez-vous que cette idée soit bonne ? Que faire ? Votre avis m'intéresse…

Oncle Picsou.


Cher Monsieur Picsou,

Vous semblez avoir quelques difficultés à assumer votre fortune et vous comptez sur votre prodigalité pour vous attirer les faveurs du très haut et la reconnaissance du très bas. C'est légitime. L'expérience prouve que cela fonctionne quelques fois, j'en conviens...

Il n'est pas facile de parler sans confusion de la richesse, de l'économie, de l'épargne, du gaspillage, de la prodigalité, de la libéralité, de l'avarice car ces mots empiètent souvent l'un sur l'autre et, alors même qu'ils sont voisins, recouvrent des choses bien différentes.


Il n'y a rien de plus beau que la générosité. Il n'y a rien de plus beau que cette vertu. On y voit l'argent aux ordres d'une grande âme et comme purifiée par celle-ci. Ici encore, il faut bien distinguer les choses. La vraie libéralité n'est pas de lâcher l'argent au hasard, ni d'offrir aux libraires des sommes qui les assomment. Ce n'est même pas de répandre des largesses afin d'être bienvenu dans toutes les boutiques, et de façon à se procurer une réputation dont on jouit. La vraie générosité, comme toutes les qualités suprêmes, ne va pas sans discrétion et sans choix ; elle est au dessus de l'ostentation et même de la magnificence, et se reconnaît à ceci, qu'elle ennoblit également celui qui reçoit et celui qui donne.

Sans doute, il est charmant, quand nous avons le pouvoir de donner à tous ceux qui attendent de nous quelque rétribution plus qu'ils n'espéraient et de faire ainsi, partout où nous passons, de légères semailles de bonheur


Mais au dessus de cette prodigalité facile et négligeable, le plaisir est bien plus exquis, plus aigu et plus rare, de reconnaître par un don gracieux sans prétendre à le payer, le talent, le soin et l'amour que notre libraire met dans la tâche qu'il accomplit.

Cela ne veut pas dire : Je te récompense, mais seulement je t'ai remarqué et tu mérites toute mon attention… C'est un salut qu'on fait au mérite, pour lui montrer qu'on l'a aperçu. Il serait même judicieux que le libraire en question ne soit pas instruit de cette attention, et qu'il arrive que celui même qui en profite ne sache pas d'où vient le don qu'il reçoit. Comme ces fleurs que vous envoyez sûrement à votre charmante épouse sans même joindre votre nom au bouquet…


Voilà donc mon conseil, cher Monsieur Picsou, puisque vous me le demandez. Otez cette idée de don de votre tête, Dieu reconnaîtra les siens comme il vous reconnaîtra dans les acheteurs anonymes de ce modeste blogue. Je ne dis pas que toutes les personnes qui achètent à Pierre iront au Paradis mais c'est une éventualité qu'il faut envisager avec fatalisme ;-))

Votre dévoué. Philippe Gandillet.


Voici un petit ouvrage qui devrait vous permettre de vous entraîner au bien. Il s'agit d'une petite édition pleine de réflexions pertinentes écrites par un saint homme… Les bibliophiles apprécieront qu'il s'agisse d'un exemplaire n° 1 sur beau papier…

BONNARD (Abel). L'Argent. Paris, Hachette (coll. "Notes et Maximes"), 1928. In-12, 59pp. Broché, couverture illustrée. Edition originale numérotée 1/45 sur papier de Hollande (deuxième papier après 8 sur Japon). Cristal d'origine. A l'état de neuf. Vendu

samedi 28 mai 2011

Des nouvelles du Salon du livre de Tarascon, les 17 et 18 septembre 2011…

Vierge lisant au cloître pendant le salon...

Si je vous dis que le bébé se présente bien, vous me croyez ?

Voici le petit mot que j'ai reçu de Aldo Bastié, le conservateur du château et responsable du patrimoine de la ville, qui me prête le cloître des cordeliers pour cette manifestation. J'ai la chance d'être soutenu par la ville et je considère ceci comme un signe de confiance pour les années à venir.


CHER MONSIEUR BRILLARD

COMME VU ENSEMBLE ET CONSIDÉRANT LES PROBLÉMATIQUES DE SÉCURITÉ DE VISITE DU CLOITRE JE PENSE QU'IL FAUDRAIT SEGMENTER CERTAINES CHOSES POUR LES RENDRE PLUS LISIBLES


1 ESPACE D ACCUEIL DU CLOITRE, MUR DE GAUCHE
PRÉSENTATION DES MAGNIFIQUES TOILES DE MR AUDET PAR LES AMIS DU VIEUX TARASCON

2 CLOITRE DES CORDELIERS
ESPACE PRÉSENTATION ET VENTE DE LIVRES ANCIENS. IL CONVIENDRAIT DE LAISSER LIBRES LES MURS COTE PASSAGE. CROYEZ MOI, CELA SERA PRÉFÉRABLE VOUS POURREZ APPOSER CERTAINES AFFICHES SI VOUS LE SOUHAITEZ


3 COUR DU CLOITRE
ESPACE DÉTENTE ET CONFÉRENCE. JE VOUS METTRAIS A DISPOSITION LES CHAISES VERTES QUE J AI AU CRP

4 ARCHIVES MUNICPALES (LOCAL ATTENANT AU CLOITRE)
EXPOSITION SUR L HISTOIRE DU LIVRE. L'AGENT MUNICIPAL SERA PRÉSENT POUR LA SURVEILLANCE DE LA SALLE.

ALDO BASTIE. CONSERVATEUR DU CHÂTEAU ROYAL DE PROVENCE
DIRECTEUR DES SERVICES. PATRIMOINE TOURISME CULTURE ARCHIVES VILLE DE TARASCON


Conjointement au salon, j'ai choisi, cette année, de proposer des activités qui tourneront autour de la bibliophilie tout en attirant le chaland. C'est pourquoi ce salon accueillera aussi :

- Un exposition sur l'histoire du livre ancien (sous l'autorité conjointe de Bernard Mamy) dans l'ancienne salle des archives attenante au cloître (qui sera repeinte à l'occasion).

- Une participation dans cette salle de quelques éditeurs modernes de livre de petit tirage (si vous connaissez un éditeur intéressé, je commence les recherches…)

- Une exposition de tableau par les amis du vieux Tarascon dans la salle d'accueil du cloitre.


Je vous mets quelques photographies des lieux, histoire de faire marcher votre imagination et de me proposer des idées acceptables (non, Bertrand, il n'y aura pas de femmes nues !)

Bonne fin de semaine. Pierre

Ps : N'oubliez pas de confirmer vos réservations d'emplacement par chèque si ce n'est pas fait.

vendredi 27 mai 2011

Félicien Rops le sulfureux, Gustave Guiches le mystique, Quantin l'artiste du livre...…


Voici un ouvrage qui est plus renommé par son illustrateur que par son auteur, dont le nom vous est peut être inconnu : Gustave Guiches (1860-1935). Son premier roman Céleste Prudhomat est accepté par La Librairie moderne, maison d'édition que vient de lancer Paul Hervieu. Ce nom ne vous dit rien non plus ? Le billet commence mal…

Il se lie d'amitié avec Léon Bloy et Huysmans (il lui dédicace ce livre), qui en dehors de se détester cordialement eurent en commun de faire partie, avec Claudel, des mystiques inspirés. Il participe avec Marcel Prévost et Abel Hermant, à un éphémère "Groupe des Treize" que devait parrainer Guy de Maupassant. Il signe ensuite avec Paul Bonnetain, J.-H. Rosny, Lucien Descaves et Paul Margueritte un texte resté célèbre publié dans Le Figaro du 18 août 1887, le "Manifeste des cinq", un pamphlet dirigé contre Émile Zola.


On lui doit un portrait assez vivant de Léon Bloy et de son milieu dans ses mémoires publiés en 1925, Au Banquet de la vie, puis Le Banquet, en 1926. En 1931, il est candidat malheureux à l'Académie française, contre Pierre Benoit qui est élu et qui restera, contrairement à Guiches, comme une étoile qui brille au firmament de la littérature française (sic).

Revenons au texte : Je résume. Sodome et Gomorrhe étaient deux cités situées sur les terres arides du moyen orient. A cette époque, la sodomie était pratique courante chez les hommes qui n'avaient pas de partenaire féminine. Loth, neveu d'Abraham, et sa famille implorent la bienveillance de l’Éternel qui veut punir ce peuple aux pratiques contre nature. Seuls, Loth, reconnu comme vertueux, et ses deux filles survécurent à sa colère, sa femme ayant été transformée en statue de sel, en se retournant pour assister à l’anéantissement, chose que Dieu avait ordonné de ne pas faire… La curiosité, me direz-vous ! C'est très bien écrit, la typographie est agréable et la mise en page claire. Le récit n'est pas original, me direz-vous mais fait référence à l'attrait des contemporains de l'époque pour les fondamentaux de la religion (l'ancien testament).


L'auteur eu la chance d'être édité par la Maison Quantin dont on ne fait plus l'éloge… Grand format, édition numérotée et papier de luxe font de cet ouvrage un ouvrage d'art. Mais c'est la réputation sulfureuse de l'illustrateur et l'originalité de la gravure présentée en frontispice qui ont fait de ce livre un ouvrage recherché par les amateurs et pas que les amateurs de Religiosa, je peux vous dire…


Félicien Rops est Belge : Après 1850, il habite tantôt à Paris, tantôt à Bruxelles. A Paris, il devient le dessinateur le plus à la mode en cette fin de siècle ; il fréquente Baudelaire le poète, Péladan l'amateur d'ésotérisme et Huysmans le mystique. Ses œuvres, envoyées dans les salons font toujours de retentissants scandales. Mystiques et sataniques ont toujours faits bon ménage !


Il fut remarqué avant 1870 par Baudelaire qui écrivit :

"Ce tant folâtre Monsieur Rops
Qui n'est pas un grand prix de Rome
Mais dont le talent est grand comme
La pyramide de Chéops".


Il est connu pour ses dessins anticléricaux ou luxurieux et Huysmans affirma que Rops "a célébré ce spiritualisme de la Luxure qu'est le Satanisme, peint, en d'imperfectibles pages, le surnaturel de la perversité, l'au-delà du Mal". Péladan l'adulera. Il verra dans ses oeuvres : "le poème de la possession de la femme par le Diable, où Rops s'élève jusqu'à Dürer, en étant plus Rops que jamais". On croyait beaucoup au Diable à l'époque !


Félicien Rops était libertin, polygame, athée mais il connaissait le vocabulaire de la religion et celui de la mythologie. C'est ainsi qu'il créera une mythologie du péché. Adepte des maisons closes, on trouve dans ses dessins des femmes, bien sûr, mais aussi des sphinx, des serpents, des croix, des masques, des têtes coupées, des anges et des squelettes... Le tout mêlé avec talent. Pierre


GUICHES (Gustave). [ROPS]. La pudeur de Sodome. Frontispice gravé à l'eau-forte par Félicien Rops. Paris chez Quantin, 1888. Edition originale, grand in-4, frontispice, (6)-47 pp. Ouvrage broché à couverture rempliée. Grandes marges. Exemplaire numéroté 132 sur 320 sur Hollande après une suite de 22 exemplaires sur japon. Petite restauration esthétique de coiffe supérieure. Très bel état. Vendu

jeudi 26 mai 2011

L'Altana ou la vie vénitienne d'Henri de Regnier. Un grand papier...


Henri de Régnier (1864 - 1936), poète et écrivain, a écrit de très beaux textes sur Venise.

" Ainsi rassurez-vous. Je ne vous vanterai pas le charme mystérieux de la Cité incomparable ; je ne m'exalterai pas sur la beauté lumineuse de la lagune, sur la complexité dédalienne des canaux, sur le pittoresque inextricable des « calli » ; je vous ferai grâce des gondoles et je ne les comparerai ni à des cygnes noirs, à la façon des romantiques, ni à des quartiers de lunes funèbres, à la manière des décadents ; je ne vous ferai pas remarquer l'élégance tout égyptienne de leur fer de proue dentelé qui fait songer à l'épervier sacré qui s'éployait au front de la reine Cléopâtre, ni les rapports que l'on peut découvrir entre la batte d'Arlequin et la rame du barcarol.


De même, je vous épargnerai la visite des musées et des églises et les dissertations sur l'architecture des façades dont s'enorgueillissent les principaux palais ; (...)Venise est vivante d'un prestige qui nous capte en son sortilège. Il nous met aux épaules la baûta de satin noir et au visage le masque de carton blanc. Qui ne s'est imaginé participer à son Carnaval et y poursuivre des aventures à la Casanova et à la Gozzi ?


Qui ne s'est vu, en pensée, pénétrant dans les salles du Ridotto et poussant des sequins d'or sur la table de pharaon? Venise se prête merveilleusement à ce besoin de vies imaginaires qui est en nous."


Ses Esquisses vénitiennes, l'Altana ou la Vie vénitienne, tout comme ses Récits vénitiens sont une immersion intime dans la véritable Venise, dans celle du cœur et des poètes. Le lieu préféré d'Henri de Régnier à Venise était l'Altana de la Ca' Dario dans le Dorsoduro d'où il admirait la cité des Doges... Ses amis l'appelaient “Stick” car il se promenait toujours avec une canne à pommeau, très distingué et presque distant. Comme il le disait lui-même, il ne cherchait pas à se faire de relations à Venise où il vivait essentiellement en solitaire, loin des hommes mais si proche de Venise.


Cet homme apparemment froid et distant était en fait quelqu'un de très sensible, de très humain. Son regard sur Venise est l'un des plus beaux que nous ayons lus. Au moment où il renonce à la " vie vénitienne " et invente un usage de Venise, Henri de Régnier peut enfin composer L'Altana, son chef-d’œuvre.


Dommage que la plupart de ses textes ne soient plus disponibles en librairie.... Heureusement, vous pouvez, pour une somme raisonnable, vous procurer ses œuvres chez des libraires d'ouvrages anciens. Les bibliophiles qui sont exigeants sur l'édition, la qualité du papier et la rareté de l'édition préféreront, à n'en pas douter, l'édition originale que je leur propose. Et ils auront bien raison ! Pierre


REGNIER (Henri de) : L'Altana ou la vie vénitienne, 1899-1924. Paris, au Mercure de France, 1928. 2 volumes brochés grand papier dans le format in-8 raisin, un des 154 exemplaires sur Hollande Van Gelder, exemplaire N° 128. 277 + 286pp. Etat parfait, le papier cristal d'origine est conservé et intact. Rare dans cet état. Vendu

mercredi 25 mai 2011

"Candide ou l'optimisme" par Voltaire dans une belle édition numérotée illustrée par Adrien Moreau…


J'ai pensé qu'il serait agréable aux amateurs de beaux livres de posséder dans leur bibliothèque, à coté des chefs d'œuvres de Longus, de Scarron, de l'abbé Prévost et de J.J Rousseau une œuvre capitale de Voltaire enrichie de nombreuses illustrations.

Ce Candide qui fait partie des contes du grand écrivain (ne parlons pas de l'homme qui m'irrite quelquefois) peut, à juste titre, être regardé comme son chef d'œuvre au point de vue philosophique.


Adrien Moreau a de plus su rendre avec un talent merveilleux toutes les scènes de cette œuvre qui se déroule dans les pays les plus variés et même les plus imaginaires. Une pointe d'érotisme soft vient d'ailleurs titiller notre convoitise inébranlable (sic), ce qui n'est pas pour déplaire aux bibliophiles amateurs de belles gravures. Cette œuvre ne comporte pas moins de 72 compositions, dont soixante deux en tête et culs-de-lampe gravés sur bois par M. Jules Huyot, et dix hors texte gravés à l'eau fortes par M.Mordant.


Monsieur Alphonse Allais a bien voulu écrire, spécialement pour cette édition, une préface des plus intéressante signée "Francisque Sarcey", à moins que ce ne soit le contraire… Qui est Francisque Sarcey ? Non ?? Vous ne savez pas ? Laissez moi vous le présenter.


Monsieur Francisque Sarcey est un excellent critique littéraire. Voici, dans un excellent numéro du chat noir daté du 20 novembre 1886, sa pertinente chronique sur l'actualité du moment : (je résume car je n'ai plus beaucoup d'encre dans mon stylo-plume)


Je viens d'en apprendre une bien bonne. Je vous la donne entre cent, je vous la donne entre mille. C'est si cocasse, voyez-vous, et c'est pourtant si naturel que je ne voulais pas en croire mes oreilles, ces oreilles dont les petits publicistes se gaussent volontiers, tant à cause de leur dimension que rapport au développement considérable de leur système pileux.


Oui, j'ai du poil dans les oreilles, j'en ai beaucoup, et puis après ? Est-ce que ça empêche d'avoir du sens commun ? [……] car, enfin, ce Théophile Gautier dont vous faites votre Dieu, il m'a toujours laissé froid. A part Mademoiselle de Maupin, que j'ai lue avec plaisir, et encore, parce que c'est cochon, le reste ne m'a jamais intéressé [……] et si jamais ce Pissaro voulait se ranger, il n'aurait qu'à venir chez moi, rue de Douai avant midi, je lui trouverai bien une petite place quelque part […..] Voulez-vous que je vous dise, Monsieur Gandillet ? Vous m'embêtez et Shakespeare aussi, m'embête. Et vous m'embêtez tous les deux autant que Théophile Gautier…

Et ça n'est pas peu dire... F. Sarcey


Quel talent ! Quelle concision ! N'est-ce pas ? Nul doute qu'un ouvrage présenté par Francisque Sarcey ne restera pas longtemps sur mes rayonnages. Les bibliophiles apprécieront la justification du tirage et la fraîcheur des illustrations. Le dos ? Fendillé, oui. Un détail pris en compte dans l'estimation raisonnable du prix demandé au futur acheteur. Pierre Brillard


VOLTAIRE [François Marie Arouet, dit], SARCEY (Francisque) (préface de), MOREAU (Adrien) (illustrations de). Candide ou l'optimisme. Paris, Librairie Artistique, G. Boudet éditeur, 1893. 1 volume petit in-4, broché, couverture rempliée illustrée saumon, titre en lettres dorées. [2ff blancs], [3ff de titre et table], xvi, 171pp, [3ff de souscription], [1f blanc]. Exemplaire N° 105 sur 525 sur papier à la forme des papeteries du marais après une suite de 25 sur japon et 50 sur chine. 10 magnifique eaux fortes d'Adrien Moreau en hors texte. Quelques rares rousseurs clairsemées, dos fendu mais cahiers très solidaires. Papier cristal d'origine conservé. Ex libris art-nouveau. Vendu

mardi 24 mai 2011

Joseph Hémard et Emile Zola réunis dans La fête à Coqueville…

A Coqueville, petit village de pêcheurs de moins de deux cents habitants, les Mahé et les Floche se font la guerre depuis des années. Un jour, lors d'une sortie en mer, les pêcheurs ramènent des tonneaux pleins de délicieuses liqueurs au lieu du poisson habituel. Tout le village décide de passer la nuit à boire et à dormir sur la plage. On fait la paix, les familles se réconcilient. Cela pourrait bien finir par un mariage... Cette nouvelle virulente et drôle met en scène des personnages dérisoires ou émouvants aux prises avec une réalité sociale parfois cruelle. Toute la force d'inspiration d'un immense auteur du XIXe siècle : Émile Zola


C'est la vie de "gens ordinaires" qui est ici relatée et le récit est d'ailleurs caractéristique du mouvement naturaliste dont Emile Zola fut le chef de file. La simplicité de ces gens nous désarçonne et nous remplit d'admiration. Du vrai Zola... Il faudrait vraiment faire découvrir Zola aux jeunes ailleurs qu'au Lycée, lieu où la littérature est introduite au clystère avec les conséquences qui vont avec : Un rejet pour tout ce qui est présenté sous forme de livre ! De plus, ceux qui lisent, plus habitués à une littérature d'action peuvent avoir l'impression de s'ennuyer dans ces histoires où, en fait, il ne se passe pas grand-chose...


Émile Zola (1840 -1902) est un écrivain et journaliste provençal qui est né et mort à Paris (sic). C’est l'un des romanciers français les plus populaires, l'un des plus publiés, traduits et commentés au monde. Ses romans ont connu de très nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman.


Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J’Accuse…! » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres dans la même année.


Datée de 1879, La Fête à Coqueville sonne comme une récréation au milieu de la production romanesque d’Émile Zola, dominée déjà par la saga des Rougon-Macquart. Sans se départir de ses préoccupations sociales, Zola s’éloigne de la noirceur habituelle de ses œuvres et injecte dans ce récit une forte dose d’humour. Joseph Hémard déjà présenté, ici, et ,ici, était donc particulièrement habilité par son style et son coup de crayon facétieux et coquin à illustrer ce récit léger. Cette petite édition numérotée sur beau papier présente, de plus, l'originalité d'être reproduite à la main par l'illustrateur qui a intercalé de façon très harmonieuse ses dessins dans le texte. Pierre


ZOLA (Emile). La Fête à Coqueville. Paris, Editions littéraires de France s.d. Petit in-4, broché, couverture illustrée, étui illustré de couples dansants. Exemplaire non coupé, 100 pp. Tirage limité à 1450 exemplaires après une suite de 50 exemplaires avec un dessin de l'artiste (tous les exemplaires sont sur chiffon de Lana) Exemplaire N° 1260. Texte manuscrit et imagé par Joseph Hémard, coloré au pochoir par Charpentier. Parfait état, un des plats de l'étui est insolé mais pas le dos. Vendu