mercredi 30 septembre 2009

Reflexions d’un jeune libraire sur le commerce des livres…

Philippe Gandillet présentait la semaine dernière (21 septembre 2009) une chronique spirituelle agrémentée de photos d’une magnifique bibliothèque mise en vente en Allemagne par un commissaire-priseur de la maison Hampel. Du maroquin aux armes de..., beaucoup d’ouvrages illustrés (voyages de Cook), des grands formats et tout ceci dans une mise en scène luxueuse…

Alors que je lisais l’article, le lendemain, je restais ébahi par cette magnifique présentation que je mis illico en fond d’écran sur l’ordinateur de la librairie. J’enviais alors l’acheteur de ce trésor que j’imaginais en vieil aristocrate dont les rayonnages d’acajou attendaient les hôtes armoriés. Je le voyais, dandy désabusé, tirer de légères bouffées de ses cigarettes anglaises en contemplant les livres de cette bibliothèque d’exception minutieusement rangés dans les caisses de bois. « Des Esseintes, Nodier et Gustavo Barcelo » réunis !

Le nouveau propriétaire après avoir signé un chèque de 520.000€ taxes non comprises devait être un fin bibliophile, à n’en pas douter.

Et là, catastrophe ! Grâce à la sagacité de lecteurs de blogs amis, j’apprends l’insoutenable :

Cette bibliothèque n’en est pas une !!! Les livres ont été pour beaucoup achetés sur Ebay par le commissaire-priseur et réunis, pour l’occasion, avant la vente.

La présentation qui mettait en exergue des ouvrages emblématiques dans des reliures en maroquin cachait de nombreux dépareillés dans des livrées flatteuses.

Cette transaction met donc à jour une nouvelle pratique détestable dans les salles de vente qui risque d’entrainer de légitimes méfiances chez les acheteurs. Il est vrai que ces derniers ne sont pas des enfants de cœur, non plus, mais quand même ! Ce manque de transparence dans la provenance des lots proposés est contrariant pour les idéalistes de mon acabit. Je croyais pourtant que le commissaire-priseur, bien qu’exerçant dans une société commerciale, ne pratiquait pas le commerce (il n’achète pas pour revendre, il revend pour le compte d’un client : c’est un acte civil). Le commissaire-priseur, en tant qu'officier ministériel, ne doit donc acheter ce qu’il revend et nous devons nous poser la question de savoir si des prête-noms ont été utilisés. Pas de libraires ayant pignon sur rue, j’espère…

Je découvre donc un nouveau visage du commerce des livres luxueux. Jusqu’à là, il se présentait sous la forme de jolis catalogues illustrés que j’achetais sur les quais de Seine et que j’entreposais sur les étagères les moins faites pour cela. Ce commerce comptait des personnalités hautement respectables et respectées tel Pierre Berès, le Prince des libraires, dont on soulignait à la fois le sens du commerce et le haut degré de connaissance bibliophilique.

Cette vente « Bling-Bling » ne sert pas la cause de la bibliophilie et peut tromper un néophyte comme moi. Je ne connais encore rien de ce métier mais j’apprends vite. Apparemment, certains modifient les règles du jeu au fur et à mesure de mon apprentissage. Cela promet !

Achetez-vous en salle des ventes pour revendre sur Ebay ?

Achetez-vous sur Ebay pour revendre en salle des ventes ?

lundi 28 septembre 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Le mariage polygamique.


Chers amis,

Pierre est parti quelques jours dans sa famille. Il me confiait, il y a peu, qu’il regrettait d’avoir perdu ses racines. En avait-t-il vraiment ? Je crois que comme tout bon Malouin qui se respecte, poussé par le vent du large, il était plus apte à flotter qu’à s’enraciner. C’est tout ! Mais laissons là cette réflexion poétique réservée à d’émérites initiés à la sensibilité exacerbée et à quelques esprits étincelants pour revenir à des considérations plus terre à terre…

En partant, dans sa précipitation, Pierre a fermé le rideau de fer de sa librairie en oubliant à l’intérieur votre chroniqueur préféré. Quel étourdi ! Heureusement, ma bonne constitution me permet de me contenter de nourritures spirituelles et mon absence ne sera cruelle qu’à « Bayard » mon compagnon fidèle et « Anne-charlotte » mon épouse infidèle.

Vous-ai-je-dit que j’étais marié à une adorable pimprenelle de trente ans ma cadette ? Nous formons un couple parfaitement bien accordé et nous sommes très complémentaires. Elle possède, par exemple, un attrait certain pour tout ce qui touche à la bagatelle et à la gaudriole. Je suis de cet âge où ces questions perdent un intérêt direct. N’est-ce pas merveilleux ?


C’est pourquoi j’ai lu avec beaucoup d’attention un livre de Georges Anquetil, découvert sur les rayonnages de la librairie et que je me propose de vous faire partager aujourd’hui . « La Maitresse Légitime-Essai sur le mariage polygamique ». Tout un programme. Cet ouvrage édité au début du 20eme siècle serait surement censuré aujourd’hui pour son caractère subversif sauf à y voir une critique politiquement incorrecte de traditions communautaires et religieuses.


La première partie est avant tout éducative et technique. Elle est un constat alarmant de la situation démographique qui prévalait après la première guerre mondiale. Je vous en livre quelques extraits. « Il arrivera malheureusement, dans un quart de siècle, que les quarante millions de français soient réduits à vingt-cinq ». Ce chiffre a bien failli être atteint mais grâce à la deuxième guerre mondiale, il faut le reconnaitre…

L’auteur en arrive alors mathématiquement à la seule solution envisageable en temps de crise : La polygamie, et par voie de conséquence la polygynie, c'est-à-dire l’union d’un homme avec plusieurs femmes, seule réponse possible à ce problème tant il est reconnu que la polyandrie est contre-nature pour la femme qui est physiologiquement éloignée de toute chose qui touche au plaisir ! (je résume).

Le sujet est développé sur 286 pages. Le mot « nature » étant cité 163 fois, j’en déduis que cette pratique peut être considérée comme éco-citoyenne et qu’il est judicieux de laisser l’effet se faire… (pour Montag). A mots couverts, la « physiologie de l’amour moderne » chère à Paul Bourget est évoquée ici et l’auteur constate que le besoin qui est irrépressible chez l’homme s’oppose à la continence qui est naturelle chez la femme... (quelqu'un veut développer ?)


C’est la deuxième partie qui est la plus intéressante en ce qu’elle présente les commentaires pertinents des plus grands esprits de l’époque sur le sujet. Attardons-nous sur quelques pensées !
Prudent « Si je m’applique la polygamie, il va falloir que j’admette la polyandrie. Alors, un monsieur pourrait avoir, par exemple, trois femmes dont chacune aurait trois maris. A première vue, ça parait plutôt compliqué » JH Rosny aîné.
Légitimiste « Un jury vient d’acquitter un bonhomme qui avait résolu le problème de rendre deux femmes heureuses à la fois. Il a sans doute estimé qu’il valait mieux condamner celui qui rendait son unique femme malheureuse » La Fouchardière.
Défaitiste « Les hommes étant, par essence, polygames mais possédant un fort esprit de contradiction, le risque n’est-il pas qu’ils deviennent monogame ? » Henri Duvernois
Pragmatique « On a du mal à garder ses domestiques. Alors que serait-ce avec plusieurs femmes ? » René Fauchois
Compassionnel « Je crois qu’il est indispensable qu’un homme ait au moins deux femmes légitimes ; mais on ne forcerait personne, bien entendu » Monseigneur Pillon
Dubitatif « La polygamie me parait devoir entrainer bien des fatigues pour les hommes âgés et bien des déceptions pour les plus jeunes » Henri Kistemaeckers
Réaliste « Vous vous retrouverez arrêté, cher Monsieur, par un obstacle architectural. La conception des logements modernes s’oppose à toute organisation polygamique » Colette (De Jouvenel)
Meurtrier « Un enfer ! Landru ferait école… » Francis De Croisset
Econome « Ces vains ornements qui ne pèsent jamais aux femmes commenceraient à nous couter cher !» Maurice Prax

J’arrête car je ne voudrais pas écœurer les amateurs du concept. Je terminerai par cette pensée qui me fait tout pardonner à Anne-Charlotte « Je préfère la commodité du regard à l’incommodité du désir ». Je vous conseille d’acheter ce petit livre à Pierre. Il est approprié à une saine réflexion. Je précise néanmoins pour mes lectrices bibliophiles que je ne cautionne absolument pas un tel tissu d’âneries…

ANQUETIL (G). La maitresse légitime. Essai sur le mariage polygamique. Chez l’auteur, Paris, 1923. Broché, in-8, plats de couleur rouge et dos insolé, 480pp. Bon état. 24 € port compris.

Votre dévoué. Philippe Gandillet.

dimanche 27 septembre 2009

Interlude...


Breizh atao ! Le type même de billet propice aux commentaires.



Réalisé sans trucage...


Pensées amicales. Pierre

vendredi 25 septembre 2009

Mathieu De La Porte. La Science des Négocians à la portée de toutes les bourses ou presque...


Voici un ouvrage qui est intéressant à plus d'un titre. Tout d'abord, il est très joli dans sa livrée plein veau au format oblong. Cette présentation n'était pas fréquente à l'époque mais était inévitable pour un livre à colonnes me semble-t-il. Ensuite, c'est le sujet traité qui en fait un ouvrage de référence chez les experts comptables et les contrôleurs des impôts. J'imagine qu'il est apparu en première place chronologique dans les bibliographies de nombreuses thèses et mémoires d'universités depuis.


Il faut avouer que je n'y connais pas grand chose en comptabilité. Aussi, je vais faire appel à Sophie, en dernière année d'Ecole de Commerce au Havre et spécialiste du contrôle de gestion pour en faire le plan. Je vous préviens, c'est pas du Proust !!


Né à Nimègue en Hollande vers 1660, Mathieu De La Porte fut le "teneur des Livres de sa Majesté" et abjura le protestantisme en 1683 pour être admis dans la communauté des Maître-experts en 1685. Son traité de comptabilité, paru en 1704, marqua fortement les auteurs de son temps.


Les comptes se réduisent en trois classes :

→ La première est composée des comptes du chef. Ils n'expriment pas leurs titres, aucuns effets ni aucune personne et sont :
Capital. Profits et pertes. Dépenses. Provisions. Assurances.

→ La seconde renferme ceux des effets effectifs qui sont de quatre sortes :
Argent comptant qui n'a que la caisse. Marchandises. Effets en papier. Effets particuliers.

→ La troisième comprend ceux des correspondans ou des personnes avec qui on négocie, à qui on en peut donner de plusieurs sortes selon les affaires qu'on peut réduire à six comptes.

Je n'ai pas mentionné les sous classes qui sont, contrairement aux captivantes têtes de chapitre, moins exaltantes…


LA PORTE (Mathieu); La Science des Negocians et Teneurs de Livres, ou Instruction Generale pour tout ce qui se pratique dans les Comptoirs des Negocians, tant pour les affaires de Banque, que pour les Marchandises, & chez les Financiers pour les Comptes. Divisée en trois Traites, dont le contenu est a la Page suivante. A Paris chez Cavalier et Osmont. 1704 In-12 oblong (13 x 20 cm) de X-508 pp., veau marbré, dos orné à 4 nerfs, pièce de titre en maroquin rouge, reliure de l'époque. Première édition. Restauration coiffe inférieure. Petits défauts de reliure. Très bonne tenue des cahiers. Pour évaluer cet ouvrage rare, j'ai pris comme échelle de tarification les émoluments de mon comptable… vendu

Je prends quelques jours de repos en famille. Pierre

mercredi 23 septembre 2009

Cartonnages romantiques : Des livres de petits prix...


Pour faire suite aux excellents articles présentés sur des blogs amis, je vous propose quelques ouvrages rassemblés, à cette occasion, pour une photo de famille. Ces petits livres sont par leur présentation et leur contenu un remarquable témoignage de la société du 19eme siècle. De plus, l'ère industrielle naissante en a permis la production à des millions d'exemplaires. Heureusement, ignorés et méprisés pour ceci par les bibliophiles, leur extrême fragilité va peut-être les rendre rares donc dignes d'intérêt pour le collectionneur.


A l'origine de leur diffusion, il faut voir sous le second empire, l'instruction qui va se répandre dans les milieux populaires et bourgeois. L'école n'étant ni obligatoire ni gratuite, elle se fait dans des instituts privés mais peut aussi se faire à la maison. Pour se détendre l'enfant se dépense en promenades mais on commence à lui proposer une mini-bibliothèque éducative comme Papa… Les ancêtres arrivent ! Ce ne sont souvent que des almanachs, des calendriers ou des carnets de bal (expliquez ce qu'est un carnet de bal à votre fille si vous avez envie d'être ridicule !) qui rappellent les beaux maroquins de la noblesse aisée.


Une part importante de ces cartonnages servira ensuite de livres de prix. Cette distribution qui était un événement important de la vie scolaire récompensait les meilleurs élèves et les plus assidus. Il y avait même des "prix de morale chrétienne" et "de politesse", autant de valeurs qui sont parfois brocardées par certaines associations de parents d'élèves… Les temps changent. Pour tout vous dire, vous avez derrière ce clavier, en ce moment, un "prix de camaraderie" 1965 ! Au contre-plat de ce type d'ouvrage, vous constaterez souvent l'écriture à l'anglaise de l'instituteur qui a distribué le prix.


La lithographie, mise au point par Senefelder en 1799, a été largement utilisée pour les décors en couleurs de ces cartonnages et pour l'illustration des médaillons sous sa forme la plus connue, la chromolithographie. Grâce à de nouvelles inventions techniques, la reliure se mécanise et permet la production en grande quantité. En province, de grands ateliers sont fondés et le plus connu reste la "Maison Mame" à Tours dont la taille est exceptionnelle. En 1855, elle emploiera près de 1500 ouvriers et produira entre 10 et 15.000 volumes par jours ! Ce qui explique que ce type d'ouvrage se trouve à des prix ridiculeusement bas sur Ebay, aujourd'hui. Le contenu n'est pas toujours original, non plus, il faut l'avouer.

La fabrication industrielle de ces livres se faisait en série et faisait appel à l'emboîtage, la couture, l'agrafage et souvent le gaufrage du cartonnage. Je vous invite à lire l'excellent ouvrage d'Elisabeth Verdure aux éditions Stéphane Bachès pour en connaître tous les secrets.


Je propose les cartonnages présentés entre 12 € et 22 € selon l'état de conservation du livre et la qualité du texte. Téléphonez moi avant de venir car je vais bientôt prendre quelques jours mérités de vacance. Pierre

mardi 22 septembre 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Comment classer ses livres ?


Chers amis,

De nombreux lecteurs se sont émus, à l'exemple de mes collègues Académiciens, qu'une "Very Important Personality As Me" (VIPAM), puisse être exploitée par un jeune libraire de province afin de décharger de lourdes caisses de livres après un salon. Il me fallait vous rassurer. Je reconnais que la tâche pourrait paraître dévalorisante pour le bibliophile "lambda". Elle est, en fait, une source ineffable de bonheur pour le maniaque du rangement que je suis. Elle me permet, de plus, d'entretenir et de mettre en valeur un corps d'athlète qui m'a été donné par la pratique régulière du sport et la prise concomitante d'anabolisants stéroïdiens… "Une tête parfaite dans un corps parfait" aurait écrit Michel Eyquem, seigneur de Montaigne.


J'ai profité de l'absence de Pierre pour modifier l'ordonnancement de ses ouvrages, qu'un classement thématique rendait par trop conformiste, et le remplacer par un rangement par couleur qui me semble du plus bel effet ! Qu'en pensez-vous ?


Si le rangement des livres d'une bibliothèque offre une source inépuisable de solutions (par taille, par thème, par époque ou par valeur), je crois que je suis le premier à proposer le rangement par couleur. Je vous engage à essayer la méthode chez vous. Vous pouvez, bien sûr, utiliser une autre couleur de fond (veau marbré, jaune citron, vert empire ou blanc gallimard). Il se trouve que Pierre possède de nombreux ouvrages rouges cerises, c'est tout…

A ce propos, il manque à Pierre encore un mètre linéaire de maroquins cerises, aux armes, pour rendre l'ensemble parfaitement harmonieux. Vous pouvez lui envoyer vos ouvrages en double s'ils répondent à cette sommaire description. Accompagnez votre envoi de votre adresse et je promets de vous poster en retour un petit autographe qui prendra une valeur inestimable avec le temps, si un jour je meurs (sic).


Si vous me demandiez pourquoi je fais tout ceci pour notre jeune libraire, je vous répondrais “ Parce que c'est lui. Parce que c'est moi” et je filerais à toute vitesse chez mon éditeur pour lui soumettre ce titre de livre original pour mon prochain roman. J'allais oublier que ce blog est, par essence, marchand ! Voilà donc l'objet qu'il me faut présenter. Je l'ai collationné. Il est complet de ses illustrations. Poignée de main virile aux messieurs, baisemain aux dames, caresse discrète aux enfants. Philippe Gandillet


PARAT Michel. En couleur… Milles idées pour le rangement des livres. Ed Charles Massin, Paris, sd (1965). In-8, cartonnage plastifié, 58pp. excellent état. 13 € port compris.

dimanche 20 septembre 2009

Marché du livre ancien de Tarascon. Dimanche ensoleillé mais c'est une habitude...


Merci, chers amis, pour vos encouragements et votre compassion pour un organisateur inexpérimenté.

Cette manifestation m'a permis de constater que vendre en boutique et en marché sont deux métiers totalement différents même si l'offre est la même. Je réalise, un peu tard, tout le mérite des "nomades" qui prennent de plein fouet la frilosité des périodes de crise et la concurrence des achats en ligne. De plus, à la librairie, c'est le client qui est demandeur. Les formules de politesse et le respect de l'ouvrage sont, ici, classiquement admis par tous.


En marché, c'est le libraire qui est demandeur. Donc, primo, on assiste désarmé à la disparition, pour l'occasion, des règles les plus élémentaires de la courtoisie. Je ne crois pas avoir beaucoup entendu de "bonjour" par exemple…Deusio, le marchandage est systématique. La pratique est courante en boutique mais moins élégante ici. Trimo (pour les latinistes), on constate une tension palpable chez le libraire provoquée par les impondérables climatiques. La pluie, le vent et le soleil sont néfastes au livre. Alors, que reste-t-il pour contenter le bonhomme, me direz-vous ? Je dois vous avouer qu'étant le régional de l'étape, ces inconvénients m'ont été épargnés.

Je ne suis pas sûr de posséder assez de détachement pour laisser, à l'avenir, mes ouvrages subir les aléas du temps capricieux et du client de la même couleur… Je vais réfléchir à une deuxième édition en salle (la salle des festins du château de Tarascon me semble, par exemple, une bonne idée).


Alors, chers amis confrères et consoeurs qui avez accepté avec obligeance et gentillesse de bloquer tout un week-end pour faire plaisir à un impétrant aux projets utopistes, vous qui n'avez peut-être pas rentabilisé la participation symbolique que je vous ai demandé, vous qui rentrez fourbus par ces caisses remplies de livres à décharger demain… Vous ! Je vous dis tous, "MERCI" !!! (Vous ne le voyez pas mais je viens de faire un ample mouvement du bras à la façon d'un orateur de la 3eme république, du plus bel effet, ma foi ;-))


Je vous ai mis quelques photos de la foule (intermittents du spectacle engagés pour l'occasion) et de mon stand.


Philippe Gandillet rangera les caisses demain…

samedi 19 septembre 2009

Marché du livre ancien de Tarascon. Samedi après-midi ensoleillé...


Le plus dur est fait ! Après quelques semaines de préparation et quelques jours d'angoisse suite à un temps capricieux, le samedi après-midi se termine sur une note positive…


Les bibliophiles étaient présents et nous attendons les badauds pour demain avec la journée du patrimoine. La mairie de Tarascon a répondu à toutes mes espérances techniques ; sincères remerciements. Comme je n'avais demandé aucun partenariat financier et que des désistements de dernière minute sont apparus, il me faudra surveiller moi-même les stands pendant la nuit. Il faut toujours un peu payer de sa personne dans ce genre d'organisation, n'est-ce pas ?


Je vous joins quelques photos de l'après-midi. Dimanche risque d'être tonique. Lundi, je dormirai… Philippe Gandillet gardera la boutique.



Bonne nuit. Pierre

jeudi 17 septembre 2009

Dictionnaire de l'Académie Française. Une jolie 4eme édition.



Ce matin, à un client qui me demandait si j'avais lu tous mes livres, j'ai répondu en balayant du regard les ouvrages qui se trouvaient sur mes rayonnages : " Non ! Je crois que je n'ai pas lu mes dictionnaires…" Je vais donc tenter la gageure de vous parler d'un livre que je n'ai jamais lu, le dictionnaire de l'Académie Française et plus précisément son édition de 1777 !



Philippe Gandillet, illustre Académicien et chroniqueur du lundi de ce blog, s'en serait chargé avec brio mais nous sommes jeudi et il est à Paris pour proposer à ses collègues d'enlever quelques lettres inutiles au mot "aménorrhée". Ce geste citoyen, m'a-t-il confié avant de partir, permettrait d'économiser sur l'encre et le papier et le principe devrait être étendu à d'autres mots de la langue française. Il m'a parlé d'une "taxe consonne" envisagée par le gouvernement… Il vous en dira plus à son retour.



Le dictionnaire de l'Académie Française a été la meilleure conséquence induite par la variété des membres de cette nouvelle assemblée dont il était impossible de trouver l'équivalent en une même personne. La première édition de 1694 rangea les mots par racine, c'est-à-dire en plaçant tous les mots dérivés ou composés à la suite du mot primitif dont ils venaient. La seconde édition, fort recherchée à un prix raisonnable au Canada en ce moment (sic), parut en 1718 sous une forme si différente qu'on peut dire sans se tromper que l'Académie donna, à cette occasion, un nouveau dictionnaire plutôt qu'une nouvelle édition de l'ancien. Les mots furent classés par ordre alphabétique mais avec "l'ortographe" de la première édition. La troisième édition de 1740, compléta, augmenta et améliora la précédente. C'est la quatrième édition de 1777, que je vous présente ici. Elle est, aux dires de ses créateurs encore vivants aujourd'hui, la meilleure des versions proposées…


Dictionnaire de l'Académie françoise. Nouvelle édition. A Lyon chez Joseph Duplain, rue Buisson. 1777. 2 volumes in -4, plein veau, dos à 5 nerfs, filets, motifs et dorures entre les nerfs, sur les plats et les coupes. Pièces de titre et tomaisons. Tranches marbrées. Intérieur parfait. Epidermures, coins usés mais ensemble très flatteur. Vendu

mardi 15 septembre 2009

Joseph Désanat. Un félibre tarasconnais.


Je vous disais, hier, que j'avais fait quelques emplettes au salon de Lourmarin et je précisais "Un chopin ? Oui, un peu…". Voila donc l'ouvrage.


Mais en fait, qu'est-ce qu'un chopin ? C'est une bonne affaire, dans sa définition princeps, lorsqu'elle est citée par un bibliophile. Pourquoi "chopin" ? Je ne le sais. Un billet sur le "blog du bibliophile" avait cerné les contours de cette expression, il y a quelques temps, je crois me rappeler. Comme nous fêtons les 200 ans de la naissance de ce célèbre compositeur franco-polonais, je dirais que c'est un hommage posthume inexpliqué… En fait, ce n'est pas le prix auquel j'ai acheté l'ouvrage qui en fait un "chopin" mais la valeur qu'a pris l'ouvrage en arrivant à Tarascon.


Joseph Désanat est né à Tarascon (1796-1874). Courtier puis fabricant de charcuterie installé à Marseille où il pratiqua divers métiers, il fonda et dirigea le journal "Lou Biou-Abaisso" (La Bouillabaisse. 1841-1842 et 1844-1846). C'était un félibre pré-Mistralien, journaliste et poète à la fois. A une époque où l'orthographe du provençal n'avait pas encore été fixée par l'illustre maillanais, il n'avait que 16 ans à l'époque où cet ouvrage a été édité, il est intéressant de noter que la graphie Mistralienne est différente de celle de Désanat (on enlève des "e", des "s" et on écrit comme cela se prononce…). Désanat écrit le patois provençal, en fait. Mistral en fera une langue. A noter que la prononciation du Provençal est encore proche, par contre, de celle de notre félibre tarasconnais. Ounour à nostis avi qu'aven pas couneigu ! Pierre


Déssanat Joseph. Coursos de la Tarasquo et Jocs founda per lou Rey Réné. Avec une série de notes explicatives rédigées en français. Patois de Tarascon. Arles, Imprimerie de D Garcin, place Royale, 3 mai 1846. Demi-basane grand in-8. 70 pp. Edition originale très rare et en parfait état. Frontispice de la Tarasque accompagnée de ses tarascaïres.  Vendu

lundi 14 septembre 2009

Livres anciens et modernes à Lourmarin


Je vole à Philippe Gandillet sa chronique pour vous présenter des photos du salon bibliophile de Lourmarin. J'y suis allé dimanche. Le beau temps a accompagné la manifestation qui a été l'occasion de constater la qualité et la diversité de l'offre proposée.


Monsieur Maurel et son équipe s'imposent chaque année un véritable défi pour faire des ces deux journées, un salon de renom. Au moment de présenter mes 1eres journées du livre ancien à Tarascon, en cette fin de semaine, j'éprouve une réelle appréhension quant à son bon déroulement. Mes amis libraires seront là ; j'ai prévu de me replier dans le cloître des Cordeliers en cas de mauvais temps ; l'organisation technique semble fiable… Non, vraiment, je ne vois pas ce qui va clocher !


En tant que jeune libraire, ce salon a été aussi l'occasion pour moi de sentir le marché. Fixer un montant pour un ouvrage est toujours un moment délicat. J'ai beau me dire que le prix d'achat, l'état de l'ouvrage et l'expérience du client sont trois des critères qui y amènent, il est toujours judicieux de comparer.


J'ai fait quelques achats dont un que je vous présenterai cette semaine. Un chopin ? Oui, un peu… Dernier point : Je tire mon chapeau à tous les libraires qui doivent faire preuve de patience, pendant ces journées, avec quelques clients très exigeants. J'en ai vu... (sic) . Bravo !