lundi 30 septembre 2013

Bertall : La comédie de notre temps ou comment sortir de la grisaille quotidienne...

Les bibliophiles avant Internet...
'' Bertall est l'un de ces hommes précieux qui a eu le rare privilège de distraire et d'amuser ses contemporains. Ce dont il faut lui être bien reconnaissant : il y en a tant qui les ennuient '' disait de lui Henri Béraldi, célèbre bibliophile.


D'autres amateurs ayant regardé de près son œuvre affirment que ses recueils sont et seront toujours précieux pour l'histoire des mœurs ; que rien ne manque au détail des costumes, depuis les glandes des bottines jusqu'aux changements périodiques des coiffures. Au milieu d'une multitude d'illustrations semées d'une main prodigue, Bertall nous a donc laissé une étude humoristique de la nature humaine qui semble incontournable.


C'est d'ailleurs le vœu exprimé par l'auteur dans sa préface : '' Quel que soit le jugement qui sera plus tard porté sur notre époque, celle-ci possède évidemment un caractère particulier, que la plume seule ne saurait rendre, et qui réclame nécessairement l'intervention du crayon. Nous vivons en un temps fantaisiste, et la fantaisie nous a prié de chercher à en fixer le souvenir à l'aide de ce double moyen, dont l'un complétera ce que l'autre n'aurait pu parvenir à exprimer. Décrire ou dessiner tour à tour une silhouette, un trait fugitif de moeurs, d'habitudes, de tournure ou de caractère, telle est la raison d'être de ce recueil. Faire défiler sous les yeux du lecteur la revue des acteurs et actrices qui ont un rôle dans la comédie du jour - avec leurs costumes, manières, tics, prétentions et habitudes - avec pour intention de rendre ce que nous avons vu avec l'exactitude photographique ''.


Charles Constant Albert Nicolas d'Arnoux de Limoges Saint-Saens, dit Bertall (1820 – 1882), est connu pour avoir été l'un des illustrateurs les plus féconds du 20eme siècle . Sur le conseil de Balzac, qui le soutient à ses débuts et dont il est l'un des illustrateurs attitrés, il signe ses œuvres du nom de Bertall, d'après l'anagramme de son troisième prénom. Vous me direz qu'avec un nom à rallonge comme le sien, il n'avait guère le choix !


Il travailla principalement avec l'éditeur Barba, qui éditait des romans sur 2 colonnes, dits "à quatre sous", en illustrant les romans de Paul de Kock et de Cooper. Il dessina par ailleurs beaucoup pour la Bibliothèque rose, et en particulier les textes de la Comtesse de Ségur. Il laisse une production très abondante à L'Illustration, à La Semaine des enfants, et au Journal pour rire. Il dessine aussi pour Le Magasin Pittoresque. Il va sans dire que son caractère prolixe nuit, aujourd'hui, gravement à sa cote ! L'idéal pour un illustrateur, un dessinateur, un graveur ou un peintre, au 19eme siècle, étant de mourir précocement, imbibé d'absinthe et si possible avec une oreille coupée…


Son œuvre majeure, La Comédie de notre temps, se présente en trois volumes, chacun complet en lui-même, et a été éditée entre 1874 et 1876. J'ai déjà présenté La vie hors de chez soi, il y a quelques temps. Je récidive avec les deux premiers volumes : La civilité, les habitudes, les mœurs, les coutumes, les manières et les manies de notre époque pour le premier tome et Les enfants, les jeunes, les mûrs, les vieux pour le deuxième.


Il faut reconnaître à Plon, son éditeur, beaucoup de mérite de nous proposer un exemplaire, en édition (presque) originale, au joli format, aux grandes marges, au papier bien blanc exempt de rousseurs et aux illustrations in et hors textes de toute beauté. Il faut reconnaître aux anciens propriétaires beaucoup de mérite de nous proposer un exemplaire sans ressaut de cahier et en si bel état. Ces ouvrages, par la qualité de leur texte, de leurs dessins et de leur présentation éditeur mériteraient une cote bien supérieure, à mon humble avis... Pierre

BERTALL (Albert d'Arnoux dit). La comédie de notre temps. 2 volumes fort In-4. Tome 1 : La civilité - les habitudes - les moeurs - les coutumes - les manières et les manies de notre époque. Etudes au crayon et a la plume. Tome 2 : Les enfants, les vieux, les murs, les vieux. Etudes au crayon et à la plume. Paris E. Plon & cie, imprimeurs-éditeurs. 1874 et 1875. Reliure d'époque en demi-chagrin havane, dos à nerfs orné de filets dorés, toutes tranches mouchetées, gardes moirées. Deuxième édition.  651 et 652pp. Les deux volumes en bel état. Vendu.  On peut coupler l'ouvrage avec :


BERTALL (Albert d'Arnoux dit). La vie hors de chez soi. Comédie de notre temps. L'hiver-Le printemps-L'été-L'automne. Paris E.Plon cie, imprimeurs-éditeurs. 1876, 667p. 1 volume grand In-4. Reliure d'époque en demi-chagrin havane, dos à nerfs orné de caissons aux filets dorés, titre en lettres dorées, toutes tranches dorées, gardes moirées blanches. Deuxième édition. Ouvrage abondamment illustré de dessins et d'études au crayon et à la plume. Bel exemplaire.Vendu

samedi 28 septembre 2013

Les Amours de Ronsard chez Sefer : de la bibliophilie contemporaine ?


Le titre Les Amours désigne chez Ronsard une série de publications qui vont de ses débuts littéraires à la fin de sa vie. Célébrant Cassandre comme dans le premier poème , Marie, puis Hélène comme dans le deuxième, il invente un lyrisme qui renouvelle la poésie amoureuse de cette époque et qui reste très moderne de nos jours.

A Cassandre :

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! Voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! Las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Sonnets pour Hélène :

Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. »

Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre, et fantôme sans os
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueilllez dès aujourd’hui les roses de la vie.


Je vous propose à la vente, aujourd'hui, une très belle édition de la deuxième moitié du XXeme siècle, à la reliure estampée, présentée sous emboîtage, bien imprimée et fort bien illustrée de gravures aquarellées aux dessins un peu naïf mais charmants.


Ce type d'ouvrage fera t-il partie des ouvrages de bibliophilie dans l'avenir ? C'est fort possible.  Il a tout pour plaire : Imprimé à faible tirage (1910 exemplaires), bien relié, dans un beau format in-4, sur beau papier, il était fait à l'attention des amateurs de beaux livres. Ces éditions souffrent, pour l'instant, d'un désamour passager car parfois confondues avec des éditions bourgeoises qui divisent les bibliophiles sur leur qualité. Ils sont donc proposés à des prix très raisonnables – J'ai aussi Les essais de Montaigne. C'est peut-être le moment idéal pour les acquérir… Pierre


RONSARD (Pierre de). Les amours. Nice, Le Chant des Sphères / éditions d'Art Sefer, 1974. Trois volumes in-4. Reliure éditeur, basane rouge vermillon, dos et plats richement ornés à froid et dorés, têtes dorées, gardes moirées, étuis décorés. 189pp 180pp et 194pp. Magnifiques illustrations originales en couleurs de Lucy Boucher reproduites au pochoir. Tirage limité à 1910 exemplaires numéroté sur vélin de Lana, (n° 735) Très bel exemplaire en parfaite condition. Vendu

vendredi 27 septembre 2013

Numa Roumestan par Henri Cyral, éditeur en vogue...


Un méridional à l'imagination vive, débordante, brillante à l'occasion, un méridional aux exagérations verbales, aux toquades inattendues, aux sautes d'humeur intempestives, au don de persuasion prodigieux, bref, un " hâbleur tarasconnais" mi-bourgeois, mi-aristocrate décide de "monter à Paris" pour prendre d'assaut le pouvoir.


Voici le synopsis de l'ouvrage que je présente aujourd'hui à la vente. Si le thème du méridional un peu-beaucoup vantard a déjà été maintes fois mis en scène, le lecteur appréciera cette fois-ci la comparaison avec le parisien un peu-beaucoup pareil qui est  tout aussi pertinente !


Le pire, c'est que cet homme de promesses grandioses et persuasif, avec une parfaite sincérité candide, finit par parvenir à ses fins, entraînant à sa suite une foule d'abusés) auxquels il avait promis "monts et merveilles"...


Le personnage de ce roman de Alphonse Daudet n'est pas sans rappeler celui de Tartarin de Tarascon, vous vous en doutez ! Écrit moins de 10 ans après ce succès, on constatera qu'un auteur n'abandonne jamais un filon qui marche…


L'intérêt de l'ouvrage proposé provient aussi au fait que je propose ici une édition Henri Cyral, en vogue chez les collectionneurs en ce moment, à la fois pour la qualité de son impression, pour la beauté de ses illustrations et la rareté toute relative de ses tirages (1021 exemplaires).


Numa Roumestan est la quatrième publication de la Collection française, elle a  été achevée d'imprimer en 1925, notre exemplaire numéroté étant imprimé sur vélin de Rives. Un escompte de 10 % est proposé aux lecteurs qui peuvent me certifier qu'ils portent la barbe, qu'ils vivent près d'un étang où nichent de nombreux oiseaux et dans une ville dont le cinéma est en travaux… Pierre


DAUDET, Alphonse. Numa Roumestan. Moeurs Parisiennes. Illustrations de Paul-Loÿs Armand. Paris, Henri Cyral 1925. Un volume In-8°. Broché, couverture illustrée rempliée. 4 f., 343 pp, 3 f. Avec illustrations en couleurs dans le texte et hors-texte. Quatrième livre de la Collection française. Exemplaire sur vélin de Rives. Vendu

jeudi 26 septembre 2013

Prones de Messire Claude Joli, Eveque et Comte d'Agen : à la façon d'une charte laïque...


Une charte de la laïcité vient d'être mise en place dans les établissements scolaires, charte qui devra être commentée en cours :

- Tu respecteras la fille autant que le garçon.
- Tu éviteras l'usage de la violence en classe.
- Tu ne remettras pas en cause l'autorité de l'enseignant, etc…

Si l'on passe sur le côté édifiant d'une telle mesure qui dresse, sans le vouloir, le constat terrible de la perte des valeurs dans nos écoles, je vois dans ce catéchisme laïc comme un rappel des vertus qui étaient commentées en chaire par les curés dans leurs prônes.


Rappelons qu'on parle ordinairement d'Homélie, lors de la liturgie de la parole, quand on commente l’Évangile en l'actualisant dans le monde moderne et de Prône quand on formule des consignes, des avis ou des instructions.


C'était le moment de la messe où le prédicateur, en l'occurrence le curé, instruisait les fidèles des "mystères" de la religion, des "vérités à croire", mais aussi, et peut être surtout, des "devoirs à accomplir" et des "péchés à ne pas commettre". C'est au prône aussi, qu'étaient publiés les mariages, faites les diverses annonces et données les intentions de prière. Il était donc lu juste avant l'offertoire.


Le curé était donc le véritable chef de la communauté paroissiale. Le rassemblement dominical qu'il présidait était le temps fort de la vie de la communauté rurale et donnait lieu, aussi, à l'annonce des lois et décisions royales et à la répartition des impôts (la taille) dans la paroisse. Cette pratique de diffusion de l'information se poursuivit jusqu'à la restauration.


Aujourd'hui, ces prônes s'apparenteraient plutôt à des leçons de morale chrétienne, en dehors de l'Office, un peu à la façon de la charte de la laïcité que j'ai présentée en préambule. Nul doute que les excellents résultats de ces prêches ne se feront pas attendre ! Homélies et prônes se confondent cependant souvent et font partie de que l'on appelle les " beaux discours " et sont une vieille tradition d'éloquence héritée du XVIIeme siècle. On entend souvent dire, d'ailleurs, à la sortie de la messe en parlant du curé ayant officié : " Il a fait un beau sermon ! ". L'art oratoire a encore ses adeptes…


L'ouvrage que je propose ici à la vente pourra judicieusement servir le professeur en charge de ces cours magistraux. Il devra changer quelques intitulés, modifier des formulations surannées, éviter les effets de manche, remplacer les références bibliques par des télévisuelles, et s'en remettra à Dieu, pour le reste… Seront donc abordés, comme indiqué dans la table des matières, l'avarice, le luxe, l'amour des ennemis, la fidélité, le devoir, l'envie et toutes les autres choses nécessaires pour pimenter la vie… Pierre 


JOLI (Claude). Prones de Messire Claude Joli, Eveque et Comte d'Agen sur différents sujets de morale. 3 volumes in-8. A Lyon chez Associez au privilège. Tome I : Contenant 26 discours, 1721. [1f.bl], [16ff], 526pp, [16ff], [1f.bl]. Tome III : Contenant 26 discours, 1725. [1f.bl], [8ff], 571pp, [9ff], [1f.bl]. Tome IV : Contenant 26 discours, 1726.[8ff], 614pp, [9ff]. Reliure plein veau moucheté, dos à 5 nerfs, caisson à motifs floraux dorés, pièce de titre maroquin cerise et lettres dorées, tranches rouges mouchetées. Quelques mouillures claires sur le tome IV, défauts d'usures. Bel état général. 120 € + port

mercredi 25 septembre 2013

Choix d'éléments empruntés à l'architecture classique par Georges Gromort.


Ce week-end, j'étais à Paris pour un (trop) court séjour afin de faire visiter la capitale à mon "gendre" mexicain. A cet égard, je tiens à m'insurger contre l'image détestable dont nous affublons ce noble peuple. Non ! Le mexicain ne se trimballe pas toujours avec un sombrero sur la tête. Non ! Le mexicain n'a pas la moustache qui sent les pieds [périphrase destinée à édulcorer la petite taille de la majorité d'entre eux].


Triathlonien émérite, comme ma fille aînée, il arrivait de Londres où ils avaient, tous les deux et chacun pour leur pays, représenté leur nation aux Championnats du monde amateur de Londres [fierté du père !]. C'est dire que nous avons visité la capitale en courant, ensuite… C'est en contemplant l'Hôtel des Invalides et le tombeau de Napoléon que j'ai eu l'intuition que, peut-être, un de mes lecteurs souhaiterait, lui aussi, entourer sa tombe d'une architecture antique digne de ce nom et qui siérait à sa qualité…


Voici donc un petit ouvrage fort pratique que vous pourrez confier à votre maître d'œuvre afin de réaliser un local inspiré de l'ère gréco-romaine. Il est présenté sous forme de 80 planches commentées d'après les dessins  et relevés de Georges Gromort, cet exemplaire in folio ayant été édité en 1960, juste avant l'apparition de l'ère du formica.


Les amateurs qui hésiteraient sur la finalité de la construction d'un mausolée peuvent très bien recycler ce bâtiment en local pour piscine, en maison de vacances, ou bien même utiliser les différents modèles de fronton classique pour embellir la façade de leur maison ou de leur boutique.


Certains lecteurs, plus terre à terre, diront que l'ouvrage que je propose à la vente ne sert plus à rien, que les canons de l'architecture moderne ont changé - Il n'est qu'à voir le projet de rénovation du Forum des Halles pour s'en convaincre ! C'est fort possible… mais quel plaisir nous tirons à admirer ces planches, n'est-ce pas ?


Georges Gromort (1870/1961) fut professeur aux Beaux-Arts. On lui doit de très beaux ouvrages dont celui que je propose aujourd'hui. Pierre


GROMORT (Georges). Choix d'éléments empruntés à l'architecture classique. Parallèle d'ordres Grecs et Romains et application des ordres. Paris, Vincent, Freal et Cie, Editeurs, 1960. Format petit in folio. Sixième édition. Cartonnage dos percaline bleue, feuillets intérieurs. Texte explicatif sur 26pages et 80 Planches. Complet de ses planches. Une tâche sur le cartonnage. Vendu

mardi 24 septembre 2013

Trois contes de Gustave Flaubert chez son voisin, Alphonse Lemerre, en 1883.


Évidemment Flaubert… Je réalise cependant que, depuis plus de quatre ans que je propose des ouvrages sur ce blog, je n'ai jamais présenté un livre de cet écrivain. A quoi peut bien tenir ce désamour involontaire ? Peut-être au fait qu'on nous a tellement dit, pendant nos études, que son style était parfait, son phrasé exceptionnel, que ses intrigues étaient réalistes, son regard lucide et que la trame de ses œuvres était emblématique de son époque qu'il a finit par m'intimider. Et puis cet auteur qui déclame à haute voix ses chapitres, face à la fenêtre, dans sa maison de campagne normande… ça fait un peu cliché, à la fin !


Je vous propose à la vente, aujourd'hui, une de ses œuvres tardives éditée en 1877 : Trois contes qui comporte qui  trois nouvelles : Un cœur simple inspiré par Julie, nourrice puis domestique qui servira l'auteur jusqu'à sa mort, La légende de Saint Julien l'hospitalier, conte médiéval commencé en 1844, et Hérodias abordant la vie de Saint Jean-Baptiste. Très hagiographique, tout ça ! Flaubert était, en effet, bon catholique même si quelques-unes de ses virées nocturnes avec Maupassant ne l'étaient pas…


" L'histoire d'Un coeur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n'est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. " C'est lui qui l'écrit !


A propos du deuxième conte, il écrit aussi dans une lettre à sa nièce Caroline : " Le petit Julien l'Hospitalier n'avance guère. Il m'occupe un peu ; c'est là le principal. Enfin je ne croupis plus dans l'oisiveté qui me dévorait ; mais j'aurais besoin de quelques livres sur le Moyen-Age ! Et puis, ce n'est pas commode à écrire, cette histoire-là ! Je persévère néanmoins, je suis vertueux. "Il faut dire qu'à cette époque, il a des difficultés financières liées à la faillite de son neveu par alliance. Alors il besogne…


Vous connaissez tous cet épisode maintes fois représenté par les peintres : dans sa citadelle, Hérode retient prisonnier Jean-Baptiste, qui condamne publiquement son union incestueuse avec Hérodias, sa nièce. Celle-ci, qui n'était poussée que par l'intérêt, craint d'être répudiée. Lors d'un grand festin, Salomé, fille d'Hérodias, danse pour Hérode, puis demande, et obtient, la tête de Jean-Baptiste. " L'histoire d'Hérodias, telle que je la comprends, n'a aucun rapport avec la religion. C'est ce qui me séduit là-dedans. " disait Flaubert. Nul doute que cet excellent connaisseur des hommes ait trouvé là un bon prétexte pour une étude sociologique…



La publication de ce livre fut bien accueillie par la critique. Elle fut confiée à Georges Charpentier. Cette œuvre que Flaubert mit près de 30 ans à écrire dans sa totalité constitue sa dernière production romanesque achevée, puisqu'il devait mourir trois ans après sa publication. Je propose ici un ouvrage de 1883, publiée par son voisin normand, Alphonse Lemerre. Plein maroquin, cartonnage (peut-être) éditeur au carton un peu fin comme cela se faisait à l'époque, cet ouvrage, au fameux format " petit in-12 " (in-16 ?) et à la célèbre enseigne du bêcheur devrait rejoindre les petits volumes élégants que les bibliophiles exposent souvent devant tous les autres… Pierre


FLAUBERT Gustave. Trois contes. Un coeur simple.La légende de Saint Julien l'Hospitalier. Hérodias. Paris, Alphonse Lemerre éditeur, 1883. Un volume in-16 (160x95 mm). Plein maroquin vert olive, dos à cinq nerfs, titre doré, filet sur les coupes et les coiffes, roulette et filets au contre-plat avec gardes colorées, tranche supérieure dorée. 207 pages. Dos insolé tirant sur le brun, frottements superficiel sur la reliure, intérieur parfait. 70 € + port

lundi 23 septembre 2013

Compliments au Dr Besançon et à Jean Dratz pour " Les jours de l'homme "…


Ce n'est pas un rare ouvrage de bibliophilie mais c'est agréable à lire, fort bien illustré et on a, pour le prix d'un ouvrage contemporain, un livre sympathique à faire découvrir à ses amis. Certains prétendent même que c'est le petit ouvrage idéal quand on veut faire un cadeau à un amateur de livres anciens qui se propose de vous faire visiter sa bibliothèque… Cela n'empêchera pas de le féliciter bien évidemment ! Pour les personnes en manque d'imagination de compliments, en voici quelques uns à l'attention de tout bibliophile digne de ce nom :


- On pourrait vous écouter pendant des heures…
- Votre bibliothèque a un charme inouï…
- Beaucoup d'amis m'ont déjà parlé de vous.
- Je suis sûr que vous avez lu tous vos livres.
- Vous avez dû fait de longues études pour être aussi cultivé ?
- Votre bureau a un chic fou !
- Sans vous, beaucoup de libraires ne survivraient pas.
- Vous n'êtes vraiment pas comme les autres…
- Votre bibliothèque dégage un tel parfum !
- Avec vous, on ne doit jamais s'ennuyer…
- Vos conseils sont de l'or !
- Vous avez vraiment tous les talents…
- Vous devez avoir un incroyable succès auprès des femmes…


- Vous savez si bien expliquer les choses...
- J'adore ce que vous venez de dire !
- Tout le monde vous apprécie beaucoup.
- Quand ils ne savent pas, c'est à vous que les libraires doivent demander des renseignements.
- Vous êtes super cultivé mais vous ne la ramenez pas !
- Mon amie est folle de vous…
- Vous ne faites vraiment pas votre âge.
- Quand vous êtes parti après l'apéritif, les gens sont tous rentrés chez  eux…
- Vous avez tout réussi dans la vie.
- Nabila n'arrête pas de me parler de vous…
- Vous avez un côté mystérieux.
- Vous êtes un puits de sciences !
- Vous parlez vraiment bien en public
- Si tous les hommes étaient comme vous, le monde irait beaucoup mieux !
- Vous devriez écrire vos mémoires…
 - Vos enfants doivent être fiers de vous.


Et le plus beau des compliments à faire si c'est une jolie femme qui le dit  :

- Entre votre physique et votre intelligence, c'est dur de choisir…

Les jours de l'homme est un panégyrique de l'homme mûr : c'est peut-être pour cela que les bibliophiles l'apprécient. Il ne prétend pas être sérieux : c'est aussi pour cela qu'ils l'aiment… Pierre



BESANCON (Julien). Les Jours de l'homme. Terres Latines, Paris 1940 - 152 p. Broché, in-8 sous couverture souple illustrée, Collection " Leurs chefs-d'œuvre ", n° 1007 sur Alfa. Avec de nombreuses illustrations en couleurs de Jean Dratz. Petite déchirure restaurée sur mors supérieur. Bon état. Vendu

jeudi 19 septembre 2013

Histoire de l'Algérie ancienne et moderne par Léon Galibert.


La table des chapitres de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente explique aisement l'histoire cahoteuse de l'Algérie : 

- Domination romaine.
- Domination vandale.
- Domination greco-bysantine.
- Domination arabe.
- Domination berbere.
- Domination turque. La Piraterie.
- Domination française.


On ne s'étonne donc pas que ce pays, souvent dominé, ait un jour lutté pour son indépendance.  Bon ! Seulement, c'est tombé sur nous… Je comprends cependant que les français chassés de ce pays, qui était devenu le leur, en aient gardé une légitime rancœur. Ces pieds-noirs sont parfois morts dans des conflits guerriers mais beaucoup sont aussi morts en labourant la terre…


Improbables débuts de notre domination, il faut dire... La décision de conquête, prise par Charles X, est menée à bien le 5 juillet 1830, jour de la capitulation du dey d'Alger ; le 27 du même mois, débute l'insurrection parisienne qui mène à la Révolution de juillet. Charles X cède son trône à Louis-Philippe, peu intéressé par une terre qu'il n'a pas briguée. Si perplexe quant à son avenir qu'il y envoie, en 1833, une commission parlementaire. Ce fait même atteste " l'absence de projet colonial ayant présidé à la décision d'invasion ", ce qui n'ôte rien à la réalité de la violence militaire qui se déchaîne sur place. Pendant neuf ans, les partisans d'une occupation restreinte et d'une occupation totale s'affrontent avant que les seconds ne gagnent.


Une nouvelle colonie, l'Algérie ? Dans ces années 1830, mieux vaut éviter ce terme associé à l'héritage esclavagiste. La parade est trouvée : l'Algérie est un appendice de la France, "à l'instar de la Corse ". Un quiproquo durable veut que la France ait mis en place en Algérie une politique d'assimilation. Elle ne concerne en vérité que le territoire et les colons venus d'Europe, très nombreux, incités à devenir français par le droit du sol accordé à leurs enfants dès 1889. Les Français musulmans et juifs, eux, restent en marge des droits civiques.


Que faire de l'Algérie ? Et bientôt, surtout, que faire des Algériens ? La question se pose à nouveau, après la première guerre mondiale, alors que les USA proclament, en janvier 1918, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et le réaffirment en 1945, aux lendemains de la seconde.


Côté algérien, à ces interrogations récurrentes correspondent trois phases : après la résistance, sans relâche de 1830 à 1880, c'est l'entrée en politique dès les premières décennies du XXe siècle sur les deux modes, enfin l'entrée en guerre alors que chez les nationalistes se forge, dans les années 1940 et encore plus après les événements de mai 1945, la conviction que la lutte armée est la seule possible.


On connaît la suite. Il n'est pas encore possible, en 2013, de parler de l'Algérie lors d'une réunion familiale si l'on a, un rapatrié, un musulman, un corse, un paysan ou un historien à table… A notre époque, la question n'est plus : " Que faire de l'Algérie ? ", mais : " Que faire de l'histoire coloniale ? ".


L'ouvrage que je présente ici à la vente a au moins le mérite de démontrer que L'Algérie n'est pas le monolithe culturel que l'on veut nous imposer aujourd'hui. Pierre


GALIBERT (Léon). Histoire de l'Algérie ancienne et moderne depuis les premiers établissements des Carthaginois jusqu'à la prise de la Smalah d'Abd-el-Kader. Paris, Furne et Cie, Libraires éditeurs, 1844. Un volume grand in-8 (26cm/17cm) . Reliure demi basane couleur havane foncée, dos à faux nerfs et caissons ornés, garde colorées, toutes tranches jaspées. [4ff dont titre frontispice], iv,  637 pages. Nombreuses illustrations dans le texte, 24 gravures sur acier en noir et blanc, 12 gravures hors-texte aquarellées et une carte dépliante en fin d'ouvrage. Les planches hors texte ont été réalisées par Rouargue et Raffet. Bien complet de ses gravures et cartes. Mors restaurés. Des rousseurs régulières, pas de ressauts de cahiers. 95 € + port