Les amateurs de cartonnages romantiques auront peut-être noté que l'ouvrage que je présente aujourd'hui à la vente vient d'être emporté, cette semaine, pour la somme de 172 € + port sur Ebay ! L'attrait pour ce type d'ouvrage augmente encore, semble t-il, alors que celui pour les plats historiés est stable. Normal, me direz-vous : les cartonnages illustrés, et je pense notamment aux Jules Verne, ont été produits en très grande quantité alors que ces petites percales estampées d'éditeur ont eu de moindres tirages. La rareté n'a pas de prix…
Cet ouvrage est également l'occasion de découvrir un
dessinateur du XIXeme siècle encore méconnu. Nul doute que Bernard Mamy, qui
est dans une grande période " Cham " sur son blog, en ce moment, ne
s'oriente ensuite vers des illustrateurs moins renommés : Gérard-Seguin (1805
-1875) serait alors un bon sujet d'étude.
C'est que cette période fut bénite pour les
graveurs sur bois ! En 1841, Furne paie les hors texte de son Balzac au pro rata
de la réputation des illustrateurs : cinquante francs pour Meissonier, quarante
pour Gavarni, Nanteuil et Daumier, trente pour Travies, Staal et Bertall. Un
illustrateur bien lancé pouvait gagner assez d'argent pour bien vivre. Achille
Deveria recevait deux à trois cents francs par jour vers 1830, soit
l'équivalent d'un bon salaire mensuel pour un ouvrier. A la même époque, Hetzel
paie Grandville dix huit mille cinq cents francs pour les trois cent vingt
illustrations des Scènes de la vie privée et publique des animaux, ce qui
revient approximativement à un salaire de huit cents francs par mois.
Mais la carrière des illustrateurs reste courte. Mis à part
Gavarni, endetté chronique, on pourrait citer l'exemple de Daumier qui termine
dans la misère, ou de Thierry Johannot dont la fin n'est guère plus enviable
selon les Goncourt qui notent dans leur journal " Johannot est mort. Il se
trouva une centaine de francs pour l'enterrement, somme insuffisante…".
Jean Alfred Gérard-Séguin (dans son patronyme, Gérard
est souvent pris à tort pour son prénom) exposa au Salon dès 1831. Ami d'Hetzel,
il fut l'illustrateur de certains de ses ouvrages. Il a également participé à
l'illustration du Livre des Enfants (1836-1838), des Aventures de Télémaque
(1840), des oeuvres de Victor Hugo (1853), de la Comédie Humaine de Balzac
(avec Bertall) et des Aventures de Jean-Paul Chopart (1843) que je propose ici.
Louis Desnoyers (1802-1868), journaliste
et écrivain, publia ce roman, aujourd'hui considéré comme le premier exemple de
roman-feuilleton. Il ne cessa d'y ajouter des épisodes au cours des éditions
que le livre connut de son vivant. Il est resté un classique des livres pour la
jeunesse et les rééditions se sont poursuivies au long du XXeme siècle. A sa
carrière d'écrivain s'ajoute l'honneur d'avoir été le fondateur de la
"Société des Gens de Lettres"…
Les aventures de Jean-Paul Choppart, illustrées par Gérard-Séguin,
l'épisode de Panouille par Frédéric Goupil.Paris, chez J.J. Dubochet et Compagnie, 1843. Un volume In-8
(22cm/14cm). Cartonnage éditeur. Percaline noire illustrée d'un même motif doré
sur les deux plats ainsi que d'une plaque sur le dos, gardes colorées, toutes
tranches dorées. Frontispice, titre, III-308 pp. Vignettes dans le texte.
Premier tirage. Brunissement des feuilles généralisé, quelques rousseurs,
quelques signes d'usure, le tout raisonnable. Un seul dessin a été coloré (une
veste au crayon de couleur bleue - j'ai
fourni le cliché). Peu fréquent en cartonnage éditeur. Vendu
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