S'il était en France un corps qui dut accueillir avec faveur le mouvement de 1789, c'était bien l'Académie ! Et s'il était un corps auquel la révolution eût dû marquer de la reconnaissance, cela aurait dû être aussi l'Académie… L'Académie Française, contrairement à l'idée communément admise était en accord avec son temps. Elle avait ouvert ses portes aux réformateurs et aux hommes du siècle des lumières. D'Alembert y avait été secrétaire perpétuel de 1772 à 1784, Malesherbes, Voltaire et Condorcet y avaient été reçus avec toute la solennité qu'on accorde aux grands esprits du siècle… Mais la Compagnie était néanmoins trop monarchique au yeux de la révolution pour que cette dernière ne lui amputa son autorité et quelques uns de ses membres (sic).
La Bastille fut donc un passage obligé à nos immortels. Je rappelais dans un billet précèdent que Chamfort y côtoya l'Abbé Barthélemy, le dernier reçu dans la grande maison, le 25 août 1789 ! Le crime de l'Académie ne fut d'ailleurs pas dans ses opinions mais dans le fait que la majorité de ses membres appartenait à l'Aristocratie. Il advint donc rapidement que la Compagnie délibéra sous les cris de la rue, les menaces de la presse et la haine de ses ennemis…
Car, des ennemis, l'Académie n'en manquait pas ! Celui qui la poursuivait alors de sa haine s'appelait Palissot. Il demanda que l'Académie fût dissoute au nom de la Révolution et des principes de la liberté… J'explique, mais c'est un peu tordu : L'Académie s'opposait aux principes de la liberté en laisser subsister dans ses membres une aristocratie littéraire et ceci à la charge du trésor, donc du peuple !
Quinze jours après l'attaque de Palissot, l'Assemblée nationale donnait un premier avertissement à ses membres en demandant " à ce que l'utilité de l'Académie fut constatée " ! Les séances du dictionnaire s'espacèrent donc, l'émigration et la guillotine firent ensuite le reste.
La Harpe et Morellet se posaient encore en avocat de
l'institution mais Chamfort, aboyeur de Mirabeau et de Marat, présenta un tel
réquisitoire à ses mentors que l'affaire fut vite jugée. Le 9 août 1792, la
veille du jour où tomba la monarchie, ils n'étaient plus que 7 en séance du
Dictionnaire. Le 21 janvier 1793, il est noté dans le registre : Nota ;
personne ne s'est présenté à l'Académie. Cette assemblée mourut avec la
monarchie et ne sera restaurée vraiment dans ces traditions qu'avec la
monarchie elle-même…
C'est à ce titre que ce 5eme dictionnaire de l'Institut des Sciences et des arts (nouveau nom de l'Académie) est intéressant. Morellet avait du en donner la première livraison en 1798 et on doit à Lucien Bonaparte d'avoir rétabli une partie des privilèges de la compagnie et son nom. En réorganisant l'Institut dont il était membre, le premier consul revenait vers la conception de Richelieu tout en se donnant la satisfaction d'y introduire quelques changements. On n'en retiendra ici que ce "Supplément contenant les mots nouveaux en usage depuis la Révolution"…
Je vous engage, si vous désirez approfondir ce supplément, à cliquer ici pour vous téléporter, merveille de la technologie, sur l'excellent Blogue de notre ami québécois, Pierre Bouillon qui a présenté la 5eme édition du Dictionnaire de l'Académie, il y a quelques temps et en particulier son supplément. La seule différence de ce dictionnaire avec son exemplaire est que je propose le mien à la vente ;-)) Pierre
DICTIONNAIRE de l'Académie Françoise, revu, corrigé et
augmenté par l'Académie elle-même. Cinquième édition. Paris, Chez J.J.Smits et
Cie, Imp.-Lib, rue de Tournon, N° 1133, Faubourg Germain, L'an VII de la
république. Reliure basane racinée, dos lisse richement orné de motifs dorés,
pièce de titre sur maroquin rouge. Roulette sur les coupes. Impression sur
papier vergé de la cinquième édition parut en 1798. Complet en 2 volumes in-4,
XII + 768 pages & 776 pages Page de garde en papier coloré. Des épidermures
sur les plats. Traces de restauration sur les coiffes et les coins. Très peu de
rousseurs. Ensemble très correct. Bien complet du "Supplément contenant
les mots nouveaux en usage depuis la Révolution" (12 pages). 160 € + port
2 commentaires:
Bonjour Pierre,
Vous présentez très bien l'époque qui a vu naître ce dictionnaire. Je vous remercie de faire référence à mon blogue dans votre article.
Cordialement,
Pierre Bouillon
Toujours une pensée amicale pour nos cousins québecois ;-))
Amicalement. Pierre
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