Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189... Je continue à dire « chez nous », bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais. Nous habitions les bâtiments du Cours supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours moyen. Ma mère faisait la petite classe...
Si l'on lit l'excellent site dédié à l'auteur
on apprendra que Henri Fournier est né en 1886 à la Chapelle-d'Angillon,
au nord du département du Cher, dans la petite maison de ses grands-parents
maternels. Fils d'instituteurs, il passe son enfance en Berry. Après cinq
années passées à Marçais, près de Saint-Amand-Monrond, il suit son père, nommé
en 1891 directeur de l'école d'Epineuil-le-Fleuriel, le dernier village au sud
du département, non loin de Montluçon.
L’enfant y sera son élève jusqu'en 1898, avant d'entrer
en sixième, comme pensionnaire au lycée Voltaire à Paris, où il restera trois
ans. En 1901, songeant à devenir marin, il rentre en seconde au lycée de Brest
pour préparer l’École Navale. Mais il y renonce au bout d’un an et vient, en
janvier 1903, passer son baccalauréat au lycée de Bourges. En octobre 1903,
Henri Fournier va préparer l'Ecole normale supérieure au lycée Lakanal à
Sceaux. C'est là qu'il rencontre Jacques Rivière, jeune bourgeois
bordelais qui devient bientôt son meilleur ami puis Yvonne de Quiévrecourt qui
sera sa muse inaccessible... A partir de 1905, ils échangeront jusqu'en 1914
une importante et passionnante correspondance. Jacques deviendra, en 1909, son
beau-frère en épousant Isabelle Fournier, de trois ans plus jeune que son
frère.
A partir de 1910, Alain-Fournier, installé rue Cassini,
se met pour de bon à l'écriture du Grand Meaulnes. En 1912, il quitte la
rédaction de Paris-Journal, devient le secrétaire de Claude Casimir-Perier
avant d'entamer avec la femme de ce dernier, la célèbre actrice « Madame Simone
», de son vrai nom Pauline Benda, une liaison passionnée. Achevé au début de
1913, Le Grand Meaulnes paraît d'abord dans La Nouvelle Revue Française (de
juillet à novembre 1913), puis en volume chez Emile-Paul. Sélectionné pour le
prix Goncourt, le roman obtient 5 voix au dixième tour de scrutin. Pourtant au
onzième tour, c'est Le Peuple de la Mer de Marc Elder qui sera couronné. La
presse est cependant très élogieuse.
Mobilisé dès la déclaration de guerre, le 1er août 1914,
Alain Fournier, alors en vacances à Cambo-les-Bains avec Simone, rejoint
Mirande, puis le front de Lorraine comme lieutenant d'infanterie, le 23 août ;
il participe à trois batailles très meurtrières autour de Verdun. Fin
septembre, il est porté disparu, au cours d’un combat dans le bois de
Saint-Remy, sur la crête des Hauts-de-Meuse. On saura plus tard qu’il a été tué
ainsi que son capitaine et plusieurs autres hommes de son régiment, dans
l’après-midi du 22 septembre. Il n'avait pas encore vingt-huit ans… C'est comme
cela que l'on devient un mythe. Pierre
Le Grand Meaulnes. Paris, Éditions De
Cluny, 1936. Un fort volume in-8. Broché, couverture illustrée, frontispice, 1
f de titre en rouge et noir à encadrement stylisé, 308 pp. Illustrations dans
le texte. Tirage unique à 2000 exemplaires numérotés sur pur fil Lafuma et 80
ex. H.C.
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