jeudi 4 juin 2015

Henry Bordeaux : un Immortel vous parle de La peur de vivre…


Si on aime Paul Bourget, on aime donc Henry Bordeaux. Certains diront que pour lire le deuxième, il faut déjà avoir entendu parler du premier… Pourtant, pendant près de 60 ans, Henry Bordeaux (1870-1963), aujourd'hui oublié, fut l'un des romanciers français les plus populaires. En 1894, alors qu'il travaille, à Paris, comme avocat-rédacteur à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, il publie son premier livre, Âmes modernes, qu'il adresse à tout hasard à ses écrivains préférés. Quelques jours plus tard, il déchiffrait une lettre de quatre pages qui était signée : P. Bourget. Il y a longtemps, disait-il, que je n'ai éprouvé à la lecture d'un volume autant de plaisir qu'au vôtre ! Je ne suis pas écrivain mais le laborieux plumitif que je suis aurait rêvé d'un pareil compliment…


Il est cependant difficile de résumer une œuvre aussi abondante (plus de deux cents ouvrages), abordant tous les genres (poésie, théâtre, romans, romans psychologiques, romans policiers, nouvelles, biographies, études littéraires, études critiques, études historiques, mémoires, récits de voyage,...).


Henry Bordeaux fut élu à l’Académie française, le 22 mai 1919, au fauteuil de Jules Lemaître. Il fut témoin, et parfois acteur, de périodes importantes tant au niveau historique (première guerre mondiale, mouvements sociaux des années 1930, deuxieme guerre mondiale) qu'au niveau de l'évolution des mœurs (modification de la place occupée par les femmes dans le couple et dans la société, amélioration des conditions de vie des ouvriers…). Ce souci de l'engagement concret dans son époque se retrouve dans toute son œuvre.


Il devait siéger à l’Académie française pendant plus de quarante ans et en devenir le doyen d’âge et d’élection. Il reçut sous la Coupole nombre de ses confrères : Henri Brémond en 1924, Louis Madelin en 1929, Charles Le Goffic en 1931, Georges Duhamel en 1937, Charles Maurras en 1939 (sic), René Grousset en 1947 et a laissé de son passage quai Conti un intéressant témoignage intitulé Quarante ans chez les quarante. Aujourd'hui c'est un ouvrage édité pour la première fois en1902, La peur de vivre, que je vous présente. L'auteur a reçu le prix de l'Académie française pour ce roman populaire.


Henry Bordeaux, qui appartenait à une vieille famille de magistrats et d'avocats de Savoie, utilisa souvent le cadre de sa région pour son œuvre : Chambéry (Les Roquevillard), la vallée de la Maurienne (La Maison morte, La Nouvelle Croisade des enfants, La Chartreuse du Reposoir), le Chablais (La Maison, Le Pays sans ombre)… Aujourd'hui, sa ville natale, Thonon, ne lui en est toujours pas reconnaissante, préférant appeler son collège du nom du Promeneur solitaire plutôt que de celui de l'Immortel. Trompettes de la Renommée, vous êtes bien mal embouchées ! Pierre


BORDEAUX (Henry). La Peur de Vivre. Tours, Maison Alfred Mame et Fils, 1931. Reliure éditeurs polychrome grise et orange. Tranche en tête dorée. Illustrations d'Emile Beaume. Un volume grand  In-4 (30/22cm). 311 pages. Frontispice en noir et blanc hors-texte. Nombreuses illustrations en noir et blanc dans le texte et hors-texte. Infimes rousseurs. Très bon état. 30 € + port

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