Docteur Samuel-Auguste Tissot Certains disciples d'Hippocrate ont marqué l'histoire : Ce dernier peut s'enorgueillir d'être de ceux là, lui qu'on appelait « le médecin des princes et le prince des médecins ».
Ce médecin suisse (1728 -1797) qui connut de son vivant une notoriété extraordinaire dut cette célébrité à ses nombreux écrits, notamment ceux consacrés à l'onanisme et à ses études sur l'épilepsie. Il est cher aux bibliophiles, aux bibliomanes et aux bibliographes (il ne faut oublier personne) pour son traité sur " La santé des gens de lettres" qui sont, plus que tous autres, valétudinaires…
Prônant une « médecine douce »fondée sur un régime de vie en accord avec la nature, et sur des remèdes à base de plantes, il récuse à la fois la médecine populaire et la médecine savante, qu’il juge trop dure et interventionniste. Mêlant des théories qui nous semblent aujourd'hui archaïques (la masturbation rend sourd ; je schématise, bien sûr) et du bon sens, teinté de modernisme, il peut être considéré comme un visionnaire et un bienfaiteur de l'humanité.
Il condamne, entre autres, les médecins qui font des saignées mais recommande une série d'ingrédients naturels et d'aliments comme la quinquina (l'apéritif de nos grand-mères) que Tissot va considérer comme étant le meilleur remède universel et va suggérer également le camphre et une série d'autres ingrédients dont le lait au beurre et le vin dilué dans l'eau avant de se coucher ! Il va également prôner d'autres conseils : Aller au lit uniquement pour dormir (?), ne pas rester trop longtemps au lit quand on se réveille et faire de l'exercice, toutes choses dont on sait aujourd'hui qu'elles ne sont contre-indiquées que pour les ecclésiastiques !
L'Avis au peuple sur sa santé lui fit acquérir une réputation européenne. Les honneurs s'accumulèrent rapidement car le succès de l'ouvrage devint européen. Il reçut une pension de la République de Genève, devient membre de la Société royale de Londres, et son ouvrage fut traduit en plusieurs langues et eut de nombreuses rééditions et améliorations.
Il écrivit à propos De la santé des gens de lettres (1775) " Je ne crains point de regarder comme une cause des maladies des savants, le renoncement à la société, que plusieurs s'imposent d'abord volontairement, et auquel ils se livrent ensuite par goût, mais qui a des inconvénients réels. Les hommes ont été créés pour les hommes ; leur commerce mutuel a des avantages auxquels on ne renonce point impunément, et l'on a remarqué, avec raison, que la solitude jette dans la langueur. Rien au monde ne contribue plus à la santé que la gaieté, que la société anime, et que la retraite tue, et cette cause morale d'ennui, jointe aux causes physiques de mélancolie dont j'ai parlé plus haut, jette souvent les gens de lettres dans une tristesse, dont les effets sur la santé lui sont aussi funestes que ceux de la gaieté lui seraient favorables ; elle produit cette misanthropie, cet esprit chagrin, ce mécontentement, ce dégoût de tout, qu'on peut regarder comme les plus grands des maux, puisqu'ils ôtent la jouissance de tous les biens ". La sagacité et la pertinence de ces propos vous semblent-ils de mise ? Pierre
Avis
au peuple sur sa santé. Dernière édition originale. Paris,
Belin et Le Prieur, 1802. Deux volumes in-12 (17/10,5cm). Reliure cartonnage bleu
nuit, plat avec encadrement de filets dorés, dos lisse, filets et titre dorés,
tranches marbrées. [1fbl], xxiv, 334pp, [1f table], [1fbl] – [1fbl], [1f
titre], 368pp, [1f table], [1fbl]. Des brunissures. Dos légèrement insolé. Bel ensemble.
95 € + port
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