La définition courante de l'argot est une définition historique : l'argot y est caractérisé comme la langue des malfaiteurs et des mendiants utilisée comme un langage codé. Il est clair que, si elle s'applique bien aux origines de l'argot, cette définition ne recouvre pas la multiplicité des formes que celui-ci a pu prendre au cours des siècles.
On constate, en effet, que ces formes se développent dans
toutes les communautés qui, en se forgeant un langage personnel, utile ou
amusant, cherchent à affirmer la solidarité de leurs membres ou, plus
exactement, la connivence des initiés, qu'il s'agisse de corporations
professionnelles (maçons, merciers, forains, comédiens...) ou de groupements
temporaires (étudiants, soldats...). Mieux vaut donc parler d'argots que
d'argot !
Encore faut-il ajouter qu'à notre époque contemporaine, il tend à se
créer ce qu'on peut appeler un " argot commun " qui puise ses sources
dans la diffusion à l'infini d'un langage véhiculé par Internet. Notons que
tout cela n'est pas sans compliquer le problème de l'authenticité en argot.
Qu'est donc devenu l'argot marseillais au pied des cités marseillaises ? Quels
que soient leurs caractères sociologiques, tous les argots se définissent,
linguistiquement, par la création d'un lexique qui s'intègre partiellement mais
parfaitement dans le vocabulaire commun et, par ailleurs, sans le perturber
phonétiquement.
En argot, les créations de termes sont très rares. On
recourt plutôt à des déformations de mots, notamment par ajout, substitution ou
suppression de suffixes (parigot, boutanche, occase), par ellipse d'une partie
de mot (feu pour arme à feu), ou encore par l'utilisation de codes (loucherbem
par exemple). On pratique aussi des glissements de sens (portugaises pour
oreilles, flûtes pour jambes) dont l'origine est anatomique mais, le plus
souvent, les emprunts proviennent de langues étrangères ou de dialectes…Tout
cela aboutit à l'argot !
Les argots ne sauraient donc être confondus avec une
seule langue populaire, mais il faut souligner qu'ils vivent en perpétuelle
osmose avec elle, ce qui a pu favoriser la confusion, puisque la langue commune
sert de référence constante aux substitutions argotiques qui doublent le
vocabulaire courant. L'argot donne donc vie à une prolifération de synonymes
qui enchantent l'oreille.
On doit à Étienne Lorédan Larchey (1831-1902), archiviste
et conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal, ce remarquable dictionnaire
historique d'argot. Là, le gusse, mon pote, faudrait voir à pas l'prendre pour un
louftingue… Pierre
Dictionnaire historique d'argot. Neuvième édition. Des
Excentricités du Langage augmentée d'un supplément mis à la hauteur des
révolutions du jour. Paris, Dentu, 1881. Un volume in
8 (18,5/12,5cm). Reliure demi chagrin vert, dos à nerfs, titre et motifs dorés,
gardes colorées. (2) ff + XLIII + 365 pp. Cet exemplaire est enrichi du
Supplément (additions, éclaircissements et rectifications), 1879. XVII + 134 pp.
Un chouette bouquin… 95 € + port
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