L'œuvre d'un homme pourrait être achevée avec sa disparition s'il n'y avait les livres pour le sortir du néant ou de l'oubli... Ce recueil de lettres et de rapports manuscrits rassemblés par M. de Villemereuil vous racontera la vie d'un serviteur de la France au moment de la construction du domaine colonial français en Indochine à la fin du 19eme siècle.
Ernest Doudart de Lagrée (1823-1868) est né à Saint- Vincent-de Mercuze en Dauphiné. Sa famille est originaire de Bretagne et réside aux environs de Vannes en 1426, lorsqu'elle est anoblie. Son père, chef de la branche aînée, se fixe en Dauphiné et siégera au parlement de la province durant la Révolution. Il meurt avant sa naissance. Ernest perd sa mère à l'âge de neuf ans. Ses oncles le confient aux jésuites de Chambéry.
A quatorze ans, il
part étudier à Paris et est reçu en 1843 à l'École polytechnique; il sort dans
la Marine en 1844. Enseigne de vaisseau en 1847, il sert au Levant sur le
Prony, à la station de la Plata et sur le Montebello en Méditerranée. Promu
lieutenant de vaisseau en mars 1854, il prend part au au bombardement de
Sébastopol en 1854, durant lequel il commande en second la batterie basse du Friedland.
En 1856, rentré à Toulon, il embarque sur l'Algésiras puis commande l'aviso
Rôdeur en 1858. En 1860, il participe aux essais de la frégate cuirassée
Gloire. Malade, il doit se reposer aux eaux d'Allevard, près de Grenoble, siège
au conseil de guerre maritime à Toulon et reprend des études archéologiques
commencées plus jeune. Fin 1862, rétabli, il demande à partir pour la
Cochinchine.
Doudart prend le
commandement de l'aviso Gia Dinh ; l'amiral de La Grandière est gouverneur de
Cochinchine. Le Cambodge est le théâtre d'une lutte d'influence entre l'Annam
et le Siam. Le roi
Norodom a été
rétabli sur le trône par une armée siamoise. L'amiral La Grandière constitue
une station navale au Cambodge et la confie au lieutenant de vaisseau Doudart
de Lagrée, qui le représente auprès de Norodom. Le 11 août 1863 est signé le traité de protectorat sur le Cambodge. Le Siam obtient en décembre de
Norodom un traité de vassalité. Poursuivant ses études
archéologiques, il fait connaître les ruines d'Angkor, dont il fait lever les
plans ; il réunit de nombreux documents qui ne seront publiés qu'après sa mort,
comme vous le constaterez dans l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente.
Doudart de Lagrée est
ensuite chargé d'explorer une voie naturelle entre la Cochinchine et la Chine.
La mission quitte Saïgon Ie 5 juin1866, se rend à Pnom Penh, puis remonte le
Mekong, jusqu'aux rapides de Khon. L'expédition continue sa route vers Ie nord
par la terre ou en pirogues, atteint en septembre la ville de Bassac, où elle
attend le retour de la saison sèche et des passeports pour la Chine. La mission
repart en mars 1867, traverse les ruines de l'ancienne capitale du Laos, Vien
Chan, détruite par les Siamois en 1827. Arrosant des plaines immenses, le
Mékong s'encaisse vers l'ouest dans des montagnes puis reprend son cours vers
le nord où les explorateurs arrivent en avril.
Le voyage est
repris en pirogues jusqu'à Xieng Sen, puis à pied en longeant la
rive droite du fleuve. Par une chaleur écrasante, les voyageurs sont dévorés
par la fièvre et par les ulcères causés par les sangsues et par les moustiques.
L'expédition pénètre dans le Laos birman, arrive à Kieng Hong, à 1200 milles de
l'embouchure du Mékong en août 1867 et pénètre en Chine en octobre, puis
s'éloigne du fleuve qui prend sa source au Tibet pour gagner la capitale du
Yunnan et entre dans le bassin du fleuve Rouge, découvrant que la véritable
voie d'accès vers le Yunnan n'est pas le Mékong, mais le fleuve Rouge, qui traverse
le Tonkin.
Doudart, malade meurt,
le 12 mars1868, chez les missionnaires français, d'une maladie de foie. Le docteur
Joubert, qui l'assiste jusqu'à sa mort, conserve son cœur dans une boîte de
plomb et le fait inhumer dans un caveau provisoire. Il sera enterré à Saïgon et
son cœur sera déposé le 15 septembre 1868 dans le caveau familial à Saint-Vincent-de-Mercuze.
(Extrait de Marins de France,
conquérants d’empires du Contre Amiral Hubert Granier). Pierre
DOUDART (Ernest Doudart de Lagrée). VILLEMEREUIL (Arthur Bonamy
de Villemereuil). Explorations et missions de Doudart de Lagrée, capitaine de
frégate... : extraits de ses manuscrits mis en ordre par M. A.-B. de Villemereuil,...
Paris, au secrétariat de la société d'ethnographie, 47 Avenue Duquesne et chez
l'auteur, 1883. Edition originale. Un fort volume in quarto (28/23cm). Reliure
demi-basane fauve, dos à nerfs, titre et motifs dorés, gardes colorées,
tranches mouchetées. Couverture conservée. CXIV, 684pp. Rare document. Envoi
manuscrit de l'auteur non signé. Bon état. Vendu
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