Grégoire de Tours est né en 539 en Auvergne. Au moment de la naissance de Grégoire, l'Auvergne, qui depuis trente ans avait été enlevée aux Visigoths par Clovis, faisait partie du royaume de Metz, où régnait Théodebert, petit-fils de Clovis. Sa lignée était illustre et puissante. Ses aïeux, depuis plusieurs générations, figuraient parmi les sénateurs qui, sous la domination romaine, exerçaient dans les Gaules l'autorité de gouverneurs de provinces, de juges ou de magistrats suprêmes. Sa famille était aussi une des premières qui eût embrassé la foi chrétienne ; et elle comptait des martyrs et des évêques !
Son éducation fut
plus soignée qu'elle ne l'était communément dans ces temps de barbarie. Après
avoir étudié la théologie à Clermont-Ferrand, il est élu évêque de Tours à
l'âge de trente-quatre ans sous
l'autorité de Sigebert, roi d'Austrasie. Pendant vingt ans, Grégoire gouvernera
ce diocèse que troublaient sans cesse les luttes fratricides des princes du
royaume. Il trouvera néanmoins le temps d'écrire une Histoire des rois francs à
laquelle il fut parfois mêlé de près. Quand il meurt en 594, il laisse un
témoignage remarquable sur ce sixième siècle si mal connu (sic), époque où l'esprit franc
succède à la mentalité gallo-romaine. L'Église
accueillera l'évêque de
Tours parmi ses saints ; les
lettres le comptera parmi les historiens les plus anciens de la
France.
Son Histoire des Francs (Historia Francorum), divisée en dix-livres (dix chapitres, dans l’ouvrage que je propose à la vente aujourd’hui), comprend un intervalle de cent soixante-quatorze ans, depuis l'époque de l'établissement des Francs dans les Gaules. C'est un vrai phénomène que de trouver, à la naissance d'une nation, un historien beaucoup plus éclairé qu'on l'est communément à cette époque. Son témoignage est d’autant plus intéressant qu’il a vécu à cette époque et a donc côtoyé certains personnages dont il est question dans son Histoire des rois francs, écrite entre 574 et sa mort en 594.
Si l’on en croit le récit de Grégoire, les mérovingiens
étaient des êtres aux mœurs plutôt brutaux. Si Clovis, avec lequel débute plus
ou moins l’histoire, se révélait être un bon chrétien, ses descendants sont
décrits de manière moins glorieuse. On s’entretue beaucoup en famille, par
exemple !
On apprend aussi que le mérovingien est obsédé par sa
chevelure longue et tressée, siège de pouvoir sacré et de force. Grégoire de
Tours confère tout son poids symbolique à cette longue chevelure, en créant
l'image des rois chevelus (reges criniti) et en inscrivant les mérovingiens
dans la filiation des rois de l'Ancien
Testament. Par la suite cette première dynastie des
rois francs chevelus seront caricaturés par les carolingiens
comme des rois n'ayant rien fait, n'ayant fait néant, c'est-à-dire
sans acte remarquable ; ce que les historiens du XIXe siècle
traduisirent par rois fainéants !
On doit à la Maison Mame, imprimeurs libraires à Tours, l’excellent
exemplaire sans rousseurs et parfaitement recouvert d’une élégante reliure
romantique que je propose aujourd’hui à la vente. Grégoire et Mame… A chacun
son Tours ! Pierre
GREGOIRE DE TOURS. Chronique de Grégoire
de Tours, Comprenant l'histoire des Rois Francs depuis leur établissement dans
les Gaules jusqu'a l'an 591 pendant une période de 174 ans. Traduction nouvelle
par J. - J. - E. Roy. Cinquième édition. Un volume in 12. Tours, Mame
imprimeurs-libraires, 1849. Reliure romantique pleine basane brune, plats estampés
avec encadrement par filet doré et motif doré au centre, dos à nerfs et
caissons fleuronnés, roulette sur coupe et coiffes, gardes colorées, tranches
jaspées. État remarquable sans rousseurs, gravures sous serpentes. Ex praemio. 50
€ + port. Réservé
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