L'abbaye Saint Michel de Frigolet est basée sur le Massif de la Montagnette, massif situé au Nord des Alpilles et au sud de la boucle que forment la Durance et le Rhône, à leur confluence. Comme son nom l’indique, la Montagnette est une montagne à échelle réduite, située au nord-ouest du département des Bouches du Rhône – commune de Tarascon – chez moi, donc... Elle offre, sur quelques kilomètres seulement, escarpements rocheux, versants couverts d’herbes de la Provence, vallons cachés où poussent oliviers, amandiers ou encore abricotiers !
Le nom de Frigolet vient, d'après Frédéric Mistral du mot
provençal "ferigoulet" qui veut dire "lieu où le thym
abonde". C'est ce qui explique la qualité particulière des fromages de
chèvres et de brebis qui sont vendus dans les marchés locaux. C'est aussi ce
qui explique la saveur si particulière de l'élixir du Révérend Père Gaucher, la
Liqueur de Frigolet, élaborée initialement à l'abbaye Saint-Michel de Frigolet
par les prémontrés ou pères blancs.
C'est d'un célèbre événement qui s'est déroulé à l'Abbaye
dont je veux vous parler, aujourd'hui. En
1133, un monastère des Chanoines réguliers de saint Augustin existe.
Saint-Michel commence à être bâti au Xème siècle par les moines de Montmajour.
Le Monastère tombe en désuétude et les moines le quittent au XIVème siècle. En
1675, l'abbaye est de nouveau occupée par des augustins et des religieux hiéronymites
(Saint Jérôme). Notre Dame de Frigolet s'appelle alors Notre Dame du Bon
remède.
Les moines sont chassés en 1791 par les révolutionnaires.
De 1839 à 1841, le site devient un collège, créé par Monsieur Donat de Monteux.
Il est fréquenté par le jeune Mistral. C'est l'amitié entre le jeune Mistral et
le jeune Daudet qui fera que le premier l'emmènera s'y promener quand Alphonse
Daudet rejoindra le Midi pour s'y soigner en 1861. En 1858, les bâtiments sont
rachetés par l'église et la vie conventuelle restaurée par le père Edmond
Boulbon qui fonde une communauté de chanoines réguliers de l'ordre des Prémontrés.
Le 29 mars 1880,
le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry prend deux décrets par
lesquels il ordonne aux Jésuites de quitter l'enseignement dans les trois mois.
Fervent républicain athée et franc-maçon issu d'une riche famille de libres
penseurs de Saint-Dié (Vosges), Jules Ferry donne aux enseignants de toutes les
congrégations catholiques le même délai pour se mettre en règle avec la loi et
quitter aussi l'enseignement. Sus aux curés ! Cette laïcisation
à marches forcées de l'enseignement ne se fera pas sans heurs. Le blocus de
Frigolet en est un exemple relaté par Alphonse Daudet dans Port-Tarascon, le
troisième volet de sa trilogie sur "Tartarin". Le refus des
Prémontrés, soutenus par les fidèles du secteur, provoquera le fameux "Siège
de Frigolet".
" Dès la Toussaint 1880, les Provençaux étaient
montés par milliers au monastère pour tenter d'éviter l'expulsion. Beaucoup
d'entre eux s'enfermèrent à l'intérieur de l'abbaye, parmi lesquels Frédéric
Mistral. A cette nouvelle, la Préfecture de Marseille et le Gouvernement mirent
en mouvement une véritable armée contre Frigolet : gendarmerie, infanterie,
cavalerie, flanquées de généraux, de préfet, de sous-préfet, de commissaire de
police... En tout, près de deux mille hommes pour chasser de leur couvent une
quarantaine de religieux.
L'expulsion est officiellement annoncée le 5 novembre, tandis que les troupes se déploient depuis deux jours sur la Montagnette. Ce 5, un commissaire embarrassé notifie, à travers une porte, au Père Hermann, qui représente le Père Abbé, l'arrêté d'expulsion dont il est porteur. Le Père refuse d'obtempérer. La Montagnette est alors investie par les escadrons de cavalerie et les bataillons d'infanterie, qui se déploient sur les collines en position d'attaque, sous les immenses éclats de rire de milliers de Provençaux qui chantent avec force leur fameux "Prouvençau e Catouli". […]
L'expulsion est officiellement annoncée le 5 novembre, tandis que les troupes se déploient depuis deux jours sur la Montagnette. Ce 5, un commissaire embarrassé notifie, à travers une porte, au Père Hermann, qui représente le Père Abbé, l'arrêté d'expulsion dont il est porteur. Le Père refuse d'obtempérer. La Montagnette est alors investie par les escadrons de cavalerie et les bataillons d'infanterie, qui se déploient sur les collines en position d'attaque, sous les immenses éclats de rire de milliers de Provençaux qui chantent avec force leur fameux "Prouvençau e Catouli". […]
Les Pères ne pourront revenir qu'en 1923, pour y
retrouver l'abbaye. En 1982, l'abbatiale recevant tant de pèlerins est élevée
au rang de basilique. Aujourd’hui, la communauté religieuse de Saint-Michel de
Frigolet appartient encore à l'ordre des chanoines réguliers de Prémontré. Une (toute)
petite communauté italienne est venue, cet automne, remplacer les trois derniers
moines francophones. A quoi sert de malmener les catholiques français ? Laissez
les mourir tout seuls de leur belle mort ! Pierre
Blocus de Frigolet, quatrième édition. A l'abbaye de S. Michel de Frigolet, à Tarascon/Rhône, sd[ 1881 ].
1 volume in-12. Reliure demi-basane vert empire, dos lisses, filets et lettres
dorées, gardes colorées. xx-529 pp. avec planche dépliante en frontispice et 3
planches hors texte. Bel état. Vendu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire