mardi 5 juin 2012

Le Paris illustré et les progrès de la typogravure...

En cette fin du XIXeme siècle, l'inventivité technologique va servir l'art pour lui permettre de rentrer chez le particulier. Cherchant à mettre l'esthétique académique à portée de tous, les éditeurs proposeront des images qui seront reproduites par différents procédés tout au long du second Empire et de la troisième République. De nombreuses revues verront alors le jour…

Je vous présente aujourd'hui un recueil particulièrement bien relié de numéros du " Paris Illustré " dont la technique de reproduction est basée sur la technique de la typogravure et, prouesse industrielle, de la chromo-typogravure.

Procédé photomécanique révolutionnaire où l'image se forme en relief, la typogravure est la solution au "problème de la photogravure en relief" et permet d'imprimer simultanément images et textes. Des trames décomposent l'image de départ, les demi-teintes de la photographie ne pouvant être traduites en relief sans cette intervention. Le résultat est de moindre qualité que par l'héliogravure mais le tirage des épreuves est plus industrialisé et de rentabilité plus élevée.











Au début des années 1880, la découverte du procédé de typogravure favorise l'accroissement du nombre de revues abondamment et soigneusement illustrées (L'Illustration, Le Figaro-Salon, Les lettres & Les Arts, Le Paris Illustré, etc…). En 1885, les premières publications artistiques apparaissent en France mais il faudra attendre 1887 pour voir les premières chromo-typogravures où l'impression est réalisée au moyen de six planches en moyenne, chacune de couleur différente, la sélection des couleurs étant effectuée à l’œil, par un chromiste.











La typogravure en noir connaît un développement important au sein de la Maison Boussod, Valadon & Cie [1884-1897, associés : Léon Boussod 1884-1896, René Valadon 1884-1897, Etienne Boussod 1886-1897, Jean Boussod 1887-1897, Léon Avril 1888-1897] qui va permettre, avec la production de livres illustrés et la création de revues, des débouchés et une offre publicitaire supplémentaire.











En 1888, la Maison rachète cette revue qui existait depuis 1883 et "qui sera désormais exécutée par les procédés dont elle a la propriété exclusive (typogravure)". Le numéro coûte 75 centimes et sa publicité insiste sur la richesse de ses illustrations : " Paris illustré est le seul journal qui publie chaque semaine, en couleurs, soit 3 gravures de format in-4, soit une gravure in-4 et une gravure in-folio." Dirigée par Frédéric Masson, la revue propose des chroniques, un roman inédit, des nouvelles, et des articles sur l'art et l'actualité. L'ensemble est illustré d'oeuvres de Carrière, Chéret, Detaille, Neuville, Vallet, Rossi, Willette. En 1888, 70 artistes sont cités comme collaborateurs, sans oublier Toulouse-Lautrec…











Les bibliophiles qui nous lisent apprécieront également la très belle facture de la reliure associée à ce recueil. De nombreuses heures de lectures, en perspective, pour les jours de pluie d'un été pourri ;-)) Pierre











PARIS ILLUSTRE. Paris, Boussod, Valadon & Cie. A Lahure Imprimeur Editeur. 1890. N° 105 du 4 janvier 1890 au N° 116 du 22 mars 1890. Pagination continue 208 pages. Reliure demi chagrin havane, dos à nerfs, motifs floraux entre les nerfs, titre et année en lettres dorées, double filet doré en séparation du plat, page de garde en papier coloré, plusieurs gardes blanches. Format in-folio. Relié à la suite, un numéro exceptionnel de La Cigale, Paris chez Alphonse Lemerre et Marseille chez Pessilhan, 1887. Cette publication est donnée à la suite du quatrième centenaire de la réunion de la Provence à la France avec la participation des plus grands félibres de l'époque (Mistral, Aubanel, Roumanille, etc…). Relié à la suite, un numéro exceptionnel de Paris-Murcie, journal publié au profit des victimes des inondations d'Espagne avec des compositions originales de Gustave Doré, Meissonier et des plus grands graveurs de l'époque, des textes des meilleurs écrivains et des autographes des personnalités les plus influentes de cette fin de siècle. Excellent état. 185 € + port

7 commentaires:

pascalmarty a dit…

La formule « la typogravure est la solution au "problème de la photogravure en relief » me laisse sans voix… Vous pourriez nous développer un peu ça, Pierre ? ;-)
J'aime bien la dame qui se fait des bisous dans la glace. Ça me rappelle un tableau de cet illustrateur américain archiconnu mais dont, comme de juste, le nom m'échappe, où une countrygirl en salopette et cadenettes présente devant elle à son miroir une robe de bal.

Pierre a dit…

Pour le dessinateur américain, c'est Norman Rockwell, Pascal.

Pour la formule à l'emporte pièce, c'est un raccourci que j'ai trouvé dans un bouquin à la boutique. Il est évident que la notion de relief est inadéquate et résulte peut-être d'une traduction mal considérée ?

Pour ce soir, je me suis mis de côté le Cazin de J.P. Fontaine que je viens de recevoir et que je vais feuilleter tranquillement avant de lire.

Pierre

calamar a dit…

déjà reçu... mais dans notre campagne, la Poste est un peu moins rapide. Ce sera pour bientôt, donc.

Pierre a dit…

Mais je suis à la campagne, calamar ;-))

La préface de Galantaris est très bien tournée. Une bonne plume sans aucun doute. Pierre

pascalmarty a dit…

Norman Rockwell, of course! Merci Pierre.

calamar a dit…

finalement nos campagnes sont comparables : il est arrivé aujourd'hui. Bien bel ouvrage, d'un format plus grand que ce que j'avais imaginé.

Pierre a dit…

Et plus épais aussi... Un pavé de plage ;-)) Pierre