mardi 19 juin 2012

Intouchable… Le paradis perdu de John Milton.

Je n'ai pas dit " invendable ", qu'on se le dise ! La désobéissance, la chute et la rédemption de l'homme à travers la lutte éternelle du bien et du mal est un sujet qui reste très tendance. C'est sa formulation, sous poème d'un poème épique, qui pose problème aujourd'hui… Je suis certain que, mise en musique par Obispo sur une chorégraphie de Kamel Wali, l'œuvre peut encore faire un carton au box-office…


Nous savons que la première édition du Paradis perdu ( Paradise Lost en anglais ) en 1667, tirée à 1 500 exemplaires comptait encore 200 invendus en avril 1669. Malgré tout, une seconde édition parut en 1674, une troisième en 1678 et la quatrième en 1688. Publié à l'origine en dix parties, l'ouvrage est rédigé en vers non rimés. La deuxième édition de 1674 fut réorganisée en douze parties afin de rappeler l' Énéide de Virgile. Ce texte a été traduit en français par Louis Racine, Jacques Delille, Mosneron De Launay, Dupré de Saint-Maur, puis par Chateaubriand, lors de son exil en Angleterre. Je vous propose, aujourd'hui, la version de Louis Racine publiée en 1751, en trois volumes.


C'est l’œuvre majeure de John Milton (1608-1674) mais aussi une œuvre très importante de la littérature occidentale. Le récit s'ouvre juste après la bataille entre Satan et ses troupes avec les légions divines. Il s'achève au moment où Adam et Ève quittent le paradis terrestre pour reconstruire un paradis intérieur, bien plus heureux : Le nôtre ;-))

Le vrai héros du texte est, en fait, Satan dont l'image se dégrade au fur et à mesure de ses métamorphoses : chérubin puis cormoran puis crapaud puis serpent à quatre pattes, cette dernière transformation nous étant plus commune.

Le moment le plus émouvant est le passage où Adam renonce au paradis pour partager le sort d’Ève qui a goûté à l'arbre de la connaissance. Il prend alors le parti de l'imiter pour périr avec elle… Beaucoup d'hommes moins civilisés lui auraient retourné une paire de baffes pour partir avec une autre ! Oui, mais laquelle ? Nous assistons donc médusés à la première scène de ménage de l'humanité où, tradition oblige, c'est l'homme qui va céder ;-))

Oui, pour toi, je renonce à l'immortalité
Et tu te plains à moi de ma fidélité !

Dieu, magnanime, envoie cependant à Adam un ange pour lui montrer l’avenir de sa descendance. Ce dernier, rassuré, se laisse alors conduire par l’ange Michel avec Ève hors du Paradis. L'épée flamboyante tombe derrière eux, et les chérubins y prennent place pour garder le lieu désormais interdit du vivant de l'homme. Je rappelle que, suite à une promotion administrative, Saint Pierre a maintenant les clés de l'endroit.

Les lecteurs les plus avisés liront le troisième tome avec intérêt. En plus d'une suite écrite par Milton intitulée le Paradis reconquis, l'édition proposée nous présente une étude d'Addison avec des remarques très pertinentes, comme celle-ci : " Avant le péché originel, il n'y avait point de supplices aux enfers car il n'y avait point de crimes sur la terre…". C'est vrai ça ! Alors, c'était quoi la différence entre les deux ? Toute réponse, même vaseuse, sera publiée. Pierre


MILTON (John), ADDISSON et RACINE (Louis). Le Paradis perdu de Milton. Traduction nouvelle. Avec des Notes, la Vie de l'Auteur, un Discours sur son Poëme, les Remarques d'Addisson; à l'occasion de ces Remarques, un Discours sur le Poëme épique par M. Racine. A Paris, Chez Desaint & Saillant, Libraires.1755. 3 volumes in-12. Reliures plein veau marbrée, dos lisse orné de motifs, dentelles et filets dorés, pièces de titre cerise, tranches rouges. [tome I : lxxxiij, 354], [tome II : 427pp], [tome III : 308, 154 pp]. Bandeaux, lettrines et culs-de-lampe. Défauts de reliure, traces de mouillures anciennes au tome III. Traduction en prose française, parue la même année que celle de Dupré de Saint-Maur. La biographie de Milton et le Discours sur Le Paradis occupent les cent premières pages du tome I, les remarques d'Addisson, le Discours sur le poème épique, le Paradis reconquis et la table occupent la majeure partie du tome III. Prix en conséquence des défauts.Vendu

1 commentaire:

Pierre a dit…

Autre réponse : Un homme demanda à Dieu quelle est la différence entre le paradis et l'enfer. Dieu répondit à l'homme: «Vois-tu ces deux portes devant toi ? Ouvre la première et tu verras l'enfer.» L'homme ouvrit la première porte et vit un groupe d'hommes affamés avec devant eux une seule marmite de ragoût. Chacun d'entre eux avaient attaché à son bras une cuillère qui pouvait atteindre la marmite, mais était si longue qu'elle ne permettait pas de porter le ragoût à la bouche. Les hommes étaient malheureux et cherchaient à se nourrir individuellement sans penser aux autres. Se nourrir ainsi était impossible.

Dieu proposa à l'homme d'ouvrir la deuxième porte. Ce dernier y vit exactement la même scène. Les hommes avec chacun une cuillère disproportionnée et la marmite de ragoût. Mais, il y avait une différence pourtant. Les hommes étaient heureux et mangeaient à leur faim. Au lieu de tenter en vain de se servir eux-mêmes sans penser aux autres, les hommes se nourrissaient mutuellement en se tendant leur cuillère remplie de ragoût.

Dans les deux cas, il faut quand même aimer le ragoût ;-)) Pierre