samedi 16 juillet 2011

L'art du livre à l'imprimerie nationale sous la direction de J. Cain.


Imprimerie Nationale : On est loin, aujourd'hui, de l’image d’Epinal d’une vieille institution, certes prestigieuse, mais tournée vers son passé. L’Imprimerie Nationale est devenue, de nos jours, une entreprise de haute technologie prestataire de services et de solutions sécurisées. Le Groupe diversifie son offre de produits et de services sécurisés, se positionnant comme un intégrateur de solutions globales, à destination de l’Etat et du citoyen, mais aussi des collectivités territoriales et du secteur privé. Et pourtant que ce soit à travers l'ouvrage que je vous propose à la vente ou bien à travers son histoire, cette vénérable institution aurait pu crouler sous la poussière… Je vous en retrace la chronologie :


• 1538 François Ier accorde un privilège à un imprimeur qui devient « Imprimeur du Roi pour le grec ».
• 1540 L'Imprimeur du Roi pour le grec devient « Imprimeur du Roi pour le grec, le latin et l'hébreu ».
• 1640 Le roi Louis XIII, sur les recommandations de son premier ministre Richelieu, transforme cette imprimerie en Manufacture Royale de l'Imprimerie qui deviendra l'Imprimerie Royale. Elle s'installe alors au Louvre.
• 1792 L'Imprimerie Royale devient l'Imprimerie du Louvre.
• 1795 Les deux Imprimeries officielles sont fusionnées à "l'Hôtel de Penthièvre" sous le nom de l'Imprimerie de la République.
• 1804 L'Imprimerie devenue « Impériale » s'installe à "l'Hotel de Rohan".
• 1871 L'Imprimerie prend définitivement son titre actuel d'Imprimerie Nationale.
• 1910 Changement de tutelle, du Ministère de la Justice à celle du Ministère des Finances.
• 1921 Installation rue de la Convention (Paris, 15ème). 1974 L'Imprimerie Nationale ouvre un second site localisé à Douai.
• 1993 Par la loi du 31/12/93, l'Imprimerie Nationale devient Imprimerie Nationale S.A., société anonyme de droit privé à capitaux d'État.
• 2000 Les premières cartes à puce sont produites au sein de l'atelier dédié à la carte plastique.
• 2002 L'Imprimerie Nationale devient l'opérateur de confiance chargé de la distribution des cartes du chronotachygraphe pour le compte de l'Etat Français, dans le cadre d'une Délégation de Service Public.
• 2005 L'Imprimerie Nationale réorganise ses activités autour des documents sécurisés destinés principalement aux Etats. Les ateliers fiduciaires sont rassemblés sur le site unique de Douai, et entièrement modernisés et sécurisés.
• 2006 Production à Douai du 1er passeport électronique personnalisé.
• 2007 Le site de Douai obtient le classement PS1 (Point Sensible de 1ère catégorie).
• 2008 L'Imprimerie Nationale produit le nouveau passeport biométrique et personnalise la nouvelle carte de police municipale.
• 2009 Personnalisation du SIV (Système d'immatriculation des Véhicules) et premiers Permis de Chasser sécurisés fabriqués par l'Imprimerie Nationale.


On est donc loin d'une entreprise tournée vers le passé. Et pourtant en 1951 et dans une réédition de 1973, l'Imprimerie nationale se tourne vers son passé.


Cet ouvrage nous retrace l'histoire du livre d'art imprimé et en expose les techniques les plus marquantes. Création de caractères, gravure de poinçons, fonte de caractères en plomb, composition manuelle et mécanique au moyen de caractères latins et orientaux, impression typographique, taille-douce, lithographie, phototypie, reliure et papeterie, tous ces métiers restent vivants à l’Imprimerie nationale et se conjuguent pour nous proposer des ouvrages d'exception alliant la beauté des caractères à celle des figures.


Les compositeurs typographes disposent de sept caractères latins exclusifs ainsi que des caractères orientaux créés ou acquis au fil des siècles depuis les Grecs du Roi dessinés et gravés par Claude Garamont pour François Ier.


À partir de ce patrimoine historique, les artisans de l’atelier du Livre d’art et de l’Estampe peuvent aujourd'hui produire des œuvres à la demande d’artistes, d’éditeurs, de galeristes, de sociétés de bibliophiles ou encore d’institutions publiques et entreprises privées. Le passé au service de l'avenir, en somme ! Pierre


CAIN (J.) L'art du livre à l'Imprimerie Nationale. Paris, Imprimerie Nationale, 1973, un volume in folio. Reliure éditeur plein skivertex havane, 1 frontispice, (6), 295pp, (3), nombreuses gravures dans le texte. Histoire de l'imprimerie d'Etat - L'atelier de la Sorbonne et ses mécènes (1470-1473) - Les Grecs du Roi et l'étude du m:onde antique - Les débuts de la typographie orientale ; Les caractères de Savary de Brèves et la présence française au Levant au XVIIe siècle - Aux origines de l'Imprimerie royale ; l'Etat et livre au temps de Richelieu - L'illustration d'un règne : le cabinet du Roi et les projets encyclopédiques de Colbert - Innovation dans l'art de la lettre : le Grandjean et la naissance de la typographie moderne - Une nouvelle séduction : les livres de fêtes et la propagande officielle - Mécénat royal et simologie : les caractères chinois de Fourmont et l'édition des 214 clefs - A l'heure des grandes synthèses : l'Oeuvre de Buffon à l'Imprimerie royale (1749-1789) - Napoléon et l'imprimerie : Description de l'Egypte ; bilan scientifique d'une expédition militaire - A la découverte du monde : l'édition des voyages de circumnavigation par l'Imprimerie Nationale - Au service de l'érudition : les Grandes collections savantes et l'historiographie depuis Louis XIV - Au service de l'héritage littéraire : l'histoire du livre à l'Imprimerie nationale - Au service de la bibliophilie : l'Imprimerie Nationale t l'art du livre depuis 1900 - Vers des techniques nouvelles : la photocomposition et l'ordinateur à l'Imprimerie Nationale. Très bel exemplaire numéroté (3204 sur 5000). Belle dédicace. Vendu

8 commentaires:

pascalmarty a dit…

Bel ouvrage, comme tous les bouquins qui sortent de l'IN. Il serait intéressant de savoir si c'est de l'offset ou de la typo, même s'ils possèdent une telle maîtrise de cette dernière que la différence ne saute pas immédiatement aux yeux.
À propos de leurs caractères exclusifs, on pourra noter que les titres sont composés ici avec leur Garamont, dont le a bas de casse, par exemple, est très particulier et que le corps du texte est, pour autant que je puisse en juger, en Grandjean. Ce dernier reprend une des caractéristiques spécifiques à l'IN, à savoir des hampes verticales qui se finissent à l'horizontale et un très bizarre zigouigoui sur la hampe du l romain bas de casse, qui le fait ressembler au l vélaire du polonais.

Pierre a dit…

Voici quelques précisions données en post-face :

Cet ouvrage a été tiré à 5000 exemplaires. La publication, en fin d'ouvrage, d'un article sur la photo-composition programmée témoigne de la volonté de L'IN de mettre au service du livre les techniques les plus avancées de la typographie moderne.

Les techniques de l'industrie graphique connaissent, après une longue période de stagnation, un développement tellement accéléré (nous sommes en 1971) que peu de maîtres imprimeurs sont eux-mêmes en mesure de discerner les moyens les plus esthétiques d'offrir au lecteur un ouvrage de qualité.


La post-face présentée par Georges Bonnin explique ensuite les différents impératifs auxquels doit se livrer l'IN pour satisfaire les bibliophiles, les éditeurs et les ingénieurs de l'industrie du livre. Un hommage appuyé est rendu en fin de propos à J.Guignard, conservateur de l'Arsenal, à H.-J. Martin, professeur à l'école des Chartes et à A. Jammes, libraire d'anciens…

L'impression a été effectuée en offset pour les illustrations, sur presse typographique pour le texte. Composition réalisée entièrement à la main à l'aide des caractères "Romains du Roi", de corps 13 et 11, crée par Philippe Grandjean. Les lettrines sont d'Anatole Claudin. Papier vélin de 125 grammes des papeteries Malmenayde-Daguerre. La peau utilisée en reliure est du "bébé skivertex". Ma première notice indiquait "basane havane". Le premier qui rigole ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Dans votre chronologie vous n'avez pas signalé que lorsque le site de la rue de la Convention a été vendu par l'Etat ( qui l'a d'ailleurs racheté quelques années plus tard beaucoup plus cher!), celui-ci n'avait rien prévu pour la conservation "vivante" des caractères et du savoir faire des typographes. Une pétition avait été lancée ( www.garamonpatrimoine.org - le site n'a plus l'air très actif) Est ce que tout cela a été stocké quelque part en attendant que tout le monde l'oublie ou est ce qu'une solution active a été trouvée. Quelqu'un est-il au courant?
Bien cordialement
Patrick. C.

Pierre a dit…

Joli interface, en effet, Patrick et pétition qui a, j'espère, porté ses fruits... Je suis assez peu inquiet sur le patrimoine confié à l'état en général. Simplement, la notion d'échelle de temps n'est pas la même que la notre... Cette collection de caractères devrait sortir à l'occasion d'une exposition un jour ou l'autre ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

je ne suis pas inquiet pour la conservation, mais si cela reste dans des caisses et n'est pas utilisé ça ne sert à rien. ce qui se perdra c'est le savoir faire car on ne formera plus de typographes pour utiliser cette collection fantastique et ce sera une grosse perte. Je souhaite que quelqu'un me démente!
Patrick C.

pascalmarty a dit…

C'est vrai ça, au fait. Comment cette histoire a-t-elle fini (si tant est qu'elle soit finie) ? Mais l'IN assurait-elle elle-même la formation d'apprentis ou engageait-elle des gens issus d'Estienne, par exemple ?
Quoi qu'il en soit, c'était sans doute la dernière imprimerie en France où l'on pouvait se donner le temps et les moyens de pousser à ce point un savoir-faire. Et je serais effectivement curieux de savoir s'ils pratiquent encore la typo.

Lauverjat a dit…

Pendant un moment, un bruit courut que le patrimoine de la Nationale devait trouver asile en Normandie... puis plus rien!
Les hommes de l'art se sont débrouillés seuls pour préserver et perpétuer compositions manuelles, compositions chaudes, machines et belles impressions. Rendez visite, au "Format Typographique" à Saran (45) ou à la "Maison de l'Imprimerie" à Rebais (77) ou au "Colophon" à Grignan (26) par exemple.

Lauverjat

PS et NB: La dispersion de la collection personnelle de Louis Gauthier; graveur-typographe et créateur du caractère "GAUTHIER" pour l'Imprimerie Nationale, en salle des ventes de Bayeux le 26 juin dernier.

Pierre a dit…

Il est très important de rappeler, en effet, que garder des caractères typographiques dans des caisses sans s'assurer que des personnes sachent encore les utiliser ne sert à rien... Bravo aux artisans qui continuent à faire vivre ce patrimoine dans les lieux mentionnés par Lauverjat. Pierre