vendredi 8 juillet 2011

Salomon Reinach. L'origine des Aryens, histoire d'une controverse...


Un sujet un peu sérieux, aujourd'hui, en réponse à ceux qui prétendent que les bibliophiles privilégient le contenant par rapport au contenu. Voici un ouvrage très élégamment proposé : Joli demi-veau, roulettes, filets et motifs dorés, pièce de titre en maroquin, ex-libris et hommage manuscrit de l'auteur… Et bien, je ne vous en parlerai pas !

L'ouvrage que je vous présente aborde le sujet, toujours brûlant, de la notion de race en général et de l'origine des Aryens en particulier. On sait tous que de nombreuses études scientifiques, à la fin du XIXe siècle, tentèrent de montrer que les peuples d'Europe du nord avaient une origine commune. Certains voulurent qu'elle soit supérieure…


L'auteur, Salomon Reinach, nous indique que les Aryens ne formaient pas une race mais un peuple indo-européen, parlant le sanscrit (de la même famille que le grec et le latin), pratiquant le védisme (proche des religions grecques et romaines) à l'origine de l'hindouisme. Les Aryens sont juste une branche des Indo-européens. Ils venaient d'Asie centrale, sont arrivés en Inde vers 1500 avant J.C et l'ont conquise très lentement. Ils ont repoussé les Dravidiens vers le Sud, c'est pour cela qu'au Sud de l'inde, on ne parle pas de langues dérivées du sanscrit.


Les Iraniens aussi se qualifient d'Aryens [Iran, "Aryana", veut dire le pays des Aryens] et sont des descendants d'une branche des Aryens qui n'est pas allé en Inde mais plus à l'ouest. Les Aryens avaient la peau claire, le nez droit et le visage long et étaient de plus grande taille que les Dravidiens à la peau sombre. Le symbole de la victoire des Aryens était la "Svastika", croix gammée, qu'Hitler a repris sans vergogne, alors qu'elle représente la puissance du dieu du Soleil des Hindous, Surya.

C'est durant la colonisation britannique, que des Occidentaux on pris conscience de la proximité linguistique entre les langues dérivés du sanscrit et des langues européennes. On a remarqué des ressemblances entre la religion gréco-romaine et l'hindouisme primitif. Des scientifiques racistes ont ainsi cherché les origines mythiques des peuples européens pour retrouver le "race pure" originelle. C'est en ces termes que Salomon Reinach, dans l'ouvrage que je vous présente ici, replace "L'origine des Aryens"…


C'est vers 1860, qu'un scientifique, Max Müller proposa d'appeler "Aryens" ces peuplades qui plus tard, pénétrèrent en Europe. Les Indiens, les Grecs, les Romains, les Celtes, les Germains descendraient de ce peuple et seraient donc des "Aryens". Quelques années plus tard, le nazisme s'empara de ces études pour affirmer que les premiers Aryens ressemblaient aux représentants des peuples nordiques. Hitler avait besoin, pour unir les Allemands derrière lui, pour permettre sa politique d'exclusion des Juifs, de croire qu'il existait une « race supérieure ». Il connaissait ce genre de théories fumeuses. Il n'y pas de race aryenne mais un peuple aryen avec une langue et une culture commune, c'est tout. Parler de race aryenne est aussi stupide que de parler de "langue et de religion des blonds aux yeux bleus".


Les Juifs, non plus d'ailleurs, ne sont pas une race : Il y a des juifs à la peau noir en Afrique et en Inde et les juifs de Russie ont plutôt les cheveux blonds tandis que ceux d'Afrique du Nord sont bruns. Ces théories racistes sont absurdes ! Pour simple preuve les groupes sanguins qui sont communs à la race humaine… Mais parallèlement, certains peuples, suite à des conditions de sélection naturelle ou culturelle, ont des prédispositions qui les rendent supérieurs dans un domaine ou un autre - Il n'est qu'à voir le podium du 100metres dans toutes les grandes rencontres sportives, par exemple ;-)) Pierre


REINACH Salomon. L'origine des Aryens, histoire d'une controverse. Paris Ernst Leroux éditeur, 1892. Format in-12, bibliothèque elzévirienne. Très élégante reliure demi-veau noire. 4 nerfs séparés par des caissons ornés de filets et motifs. Pièce de titre et auteur en lettres dorées sur pièce de maroquin cerise et havane. Pages de garde colorées. [1f blanc], [2ff dont titre], ii, 124pp, [2ff blancs]. Hommage manuscrit de l'auteur. Ex-libris de Paul Delalain, écrivain et bibliographe. Très bel état. Vendu

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Magnifique livre commenté d'une façon magistrale.
A ne mettre que dans les mains des personnes de la race humaine, dont je fais partie, avec mes racines indo-africano-asatico-portugo-hispanico-alsaciano-bretonnes du côté vendéen.
J'oubliai la picardie de Carcassonne par la branche éloingnée de mes cousins paternels.
Bien à vous,
Sandrine.

Pierre a dit…

Quel mélange chez vous, Sandrine ! Mon beau-frère qui se pique de généalogie a fait pour me faire plaisir l'ascendance du côté de ma mère. A part ma mère qui est malouine, le berceau de ma famille maternelle est Cancale. Beaucoup d'hommes sont morts en mer... Cela pourrait être triste si l'on n'avait pas découvert qu'un d'eux est mort dans le port de Cancale : Complétement ivre, il s'est noyé en tombant de son bateau !

J'avais donc des "bons à rien" dans ma famille ;-)) Pierre

Textor a dit…

Alors là, je dis non ! assimiler les vendéens à des bretons, alors qu'il s'agit de 2 races et 2 origines d'appelation contrôlée différentes relève de l'erreur scientifique, historique et culturelle ! :))
Pierre, c'est un bon résumé d'un sujet toujours délicat à aborder de nos jours. Reste que l'origine des peuples, donc notre propre origine a quelquechose de passionnant.

Textor