jeudi 21 juillet 2011

Edmond et Jules de Goncourt. Edition originale de "Idées et sensations".

Peut-on encore aimer les Goncourt ? Et si oui, lequel ?

Tout ce qui comptait dans les lettres pendant la deuxième moitié du XIXe siècle fréquenta Jules (1830-1870) et Edmond de Goncourt (1822-1896). Dans leur affection mutuelle ; "gémellité littéraire" en vogue à l'époque ; les deux frères, d'une sensibilité presque maladive, avaient forgé un prénom collectif: Juledmond. Jules était le véritable écrivain, comme le souligne Edmond (Journal du 26 décembre 1895): «Le soin amoureux qu'il mettait à l'élaboration de la forme, à la ciselure des phrases, au choix des mots, reprenant des morceaux écrits en commun et qui nous avaient satisfaits tout d'abord, les retravaillant des heures....» Après la mort prématurée de Jules, leur Journal sera poursuivi par Edmond qui continuera d'associer la mémoire de son frère à toutes ses activités. Surtout féru de peinture, il se révélera un exceptionnel collectionneur, fut le découvreur de l'art japonais et réhabilita le XVIIIe dans le goût français.


On rappelle souvent la méchanceté de leurs critiques littéraires, le coté "ragot" qui émaillait leurs propos et la variété de leur œuvre commune qui est aujourd'hui centrée sur leur journal, outil de travail indispensable pour tout historien de la littérature et de la vie sociale de la fin du XIXe siècle. Leur nom est étroitement lié au prix littéraire éponyme [le fameux prix Goncourt doté d'une rétribution de 10 €] qui est remis au début du mois de novembre et qui ouvre les portes du retirage assuré. Sans cela, qui se souviendrait des "Goncourt" ?


Un aparté : [ Le premier couvert de l'Académie Goncourt est celui de Bernard Pivot. Sans être un grand écrivain ; il ne s'en vante pas d'ailleurs ; il est à l'origine, grâce à ses émissions télévisées, de mon intérêt pour la lecture. Je lui suis donc redevable. Bernard, si tu m'écoutes ! ]

L'ouvrage que je vous propose aujourd'hui, "Idées et sensations", est un recueil de pensées plus ou moins profondes, drôles et pertinentes sur la vie, la lecture et les gens… C'est l'édition originale : Première édition d'une œuvre imprimée avec le consentement de l'auteur dirait Jean-Paul. Elle est présentée, ici, en grand papier non numérotée.


Je ne vous en livre que trois réflexions, connaissant à l'avance l'effet néfaste qu'ont les extraits sur la vente de mes livres [dixit calamar] ;-)) Pierre

Il est bien rare qu'un écrivain qui met de la morale dans ses livres la tire de sa vie.

Pour les hommes : L'enfant n'est pas méchant à l'homme, il est méchant aux animaux. L'homme, en vieillissant, devient misanthrope & charitable à la nature.

Et pour les dames : Souvent les honnêtes femmes parlent des fautes des autres femmes comme de fautes qu'on leur aurait volées.


GONCOURT (Edmond et Jules de). Idées et sensations. A Paris, Librairie Internationale. A.Lacroix, Verboeckhoven & Cie,1866. Edition originale. Volume broché, grand in-8. 255 pp sur beau papier, grandes marges. Très bel exemplaire sans rousseurs. 85 € + port

6 commentaires:

pascalmarty a dit…

N'ayant lu ni Jules ni Edmond, je ne saurais juger du fond. Mais j'ai entendu dire, et Pierre le rappelle, qu'ils avaient la dent dure. On pourra donc relever sans crainte la délicieuse afféterie qu'il y a en 1866 à conserver une ligature st à base de s long et à remplacer les et par une esperluette, comme au temps jadis.

calamar a dit…

éponyme : qui donne son nom. Quel était donc le nom des deux frères avant qu'ils prennent le nom du prix littéraire ?

Pierre a dit…

Calamar a raison de mentionner que l'utilisation du mot éponyme (j'avais pourtant vérifié la définition) n'est pas claire pour moi. Mais c'est un mot que j'aime bien car il sonne juste...

Que faudrait-il écrire pour rappeler que ce sont les Goncourt qui ont donné leur qualificatif à un prix littéraire qui porte leur nom sans utiliser de périphrase mais en utilisant "éponyme" ? Pierre

Anonyme a dit…

Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
S.

pascalmarty a dit…

Oui, ben c'est pas par flagornerie mais j'aurais utilisé le mot éponyme de la même manière que Pierre. C'est d'ailleurs loin d'être clair, cette affaire, puisque le Petit Robert cite Tenir le rôle éponyme d'une pièce (ex. le rôle d'Ondine dans la pièce du même nom), ce qui me semble bien être la construction qu'a employée notre ami libraire. Si Ondine est le rôle éponyme, le Goncourt est bien le prix éponyme. CQFD ? (euh, enfin, chuis quand même pas bien sûr…)

calamar a dit…

apparemment le sens est en train de changer... mon Petit Larousse de 1986 ne donne que le sens premier "qui donne son nom", alors que le site larousse.fr donne les deux sens, avec deux exemples opposés. Du travail pour les descendants de Pierre Bouillon !