samedi 2 juillet 2011

Alfred de Musset et la grisette "Mimi Pinson" dans un ouvrage illustré par Dignimont.


J'écoutais ce matin, d'une oreille distraire, une chanson de Georges Brassens quand l'évocation d'un nom me donna l'idée de l'ouvrage (c'était la semaine du livre illustré, vous l'avez peut-être remarqué…) que j'allais vous présenter aujourd'hui :

Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon,
Vers celles de Gavroche et de Mimi Pinson
Celles des Titis, des Grisettes,
Que vers le sol natal, mon corps soit ramené
Dans un sleeping du Paris - Méditerranée,
Terminus en gare de Sète…

Mimi Pinson ! Ce nom est connu de tous. Mais qui est Mimi Pinson ? Alfred de Musset aborde ici le thème de la grisette qui est alors une figure de la vie parisienne. La jeune femme est une jeune ouvrière pauvre, coquette et galante que l'on retrouve dans Les «Scènes de la vie de bohème» de Henry Murger et qui parurent, comme le conte d'Alfred de Musset, la même année de 1845. Je vous en rappelle l'intrigue :


Deux étudiants en médecine à Paris, Eugène et Marcel, sont amis malgré leurs caractères opposés. Eugène est timide, travailleur et chaste, Marcel est un bon vivant insouciant. Eugène ne sort jamais et passe son temps à rêver, Marcel mène une vie de bohème dans les cafés à la mode et les théâtres. Bientôt, grâce à la conspiration de ses amis, Eugène est amené à rencontrer des jolies grisettes, rieuses et frivoles. Il est surtout attiré par l’une d’elles, Mimi Pinson, qui chante comme l’oiseau. Ce sont des petites mains qui travaillent pour les grands couturiers. Elles sont pauvres et la protection sociale n’existe pas encore, mais elles sont fières, font toujours bonne figure et sont toujours prêtes à chanter et à danser. C’est ce qu’elles font un fameux soir où Marcel organise une grande fête.


Eugène, en rentrant chez lui, tombe sur une amie de Mimi qui se traîne dans la rue et semble bien malade. Il l’aide à rentrer chez elle et ouvre la lettre qu’elle lui a demandé de poster à sa place. Il découvre qu’elle y demande l’aumône à un certain baron.Elle n’a même plus de quoi se nourrir et meurt littéralement de faim. En secret, il lui fait remettre de la nourriture pour aider la pauvre fille. Marcel se moque de lui, en vain, car Eugène, très croyant, veut aider son prochain. Chez l'usurier, il aperçoit la robe de Mimi, qu’elle vient de mettre en gage. Il la croise dans la rue, revenant de sa messe matinale. Elle n’est vêtue que d’un jupon et d’un vieux rideau lui servant de châle. Emus, les deux amis rachètent la robe qu'elle a mise en gage pour sauver son amie.


Les étudiants la quittent pour suivre leurs cours mais le soir, en passant devant le célèbre café Tortoni très à la mode, ils surprennent les deux jeunes filles assises à la terrasse et riant aux éclats. Eugène est épouvanté devant une telle insouciance mais Marcel termine le conte sur ces paroles :


« Je t’en prie, quand tu diras du mal des grisettes, fais une exception pour la petite Pinson. Elle nous a conté une histoire à souper, elle a engagé sa robe pour quatre francs, elle s’est fait un châle avec un rideau ; et qui dit ce qu’il sait, qui donne ce qu’il a, qui fait ce qu’il peut, n’est pas obligé à davantage. »


L'ouvrage que je vous présente contient plusieurs contes et nouvelles de la même veine. Ils ont en commun d'être ici illustré par André Dignimont (1891-1965) qui fut un illustrateur et graveur à la renommée établie. Peintre de nus et de paysages, décorateur de théâtre, Il a illustré Colette, Carco et Mac Orlan et Geraldy. Étroitement mêlé au milieu littéraire de son époque, l'artiste qui exposa au Salon d'Automne et au Salon des Tuileries se manifesta pleinement au Salon de l'Araignée fondé par Gus Bofa dans le dessein précis de renouveler l'art de l'illustration. Il a illustré des journaux tel que Le Rire, Le Crapouillot, Le Sourire et fut une figure notable de Montmartre.

Cette série des illustrés modernes touche à sa fin. Nous présenterons des incunables la semaine prochaine. Non! Je blague ;-)) Pierre


MUSSET (Alfred de). Mimi Pinson, suivi du Secret de Javotte, de Margot, de l'histoire d'un merle blanc, Pierre et Camille… Paris, Grund 1941 - Petit in-4 broché, couverture illustrée rempliée, illustrations couleurs pleine page et vignettes sépias par A.Dignimont. Exemplaire numéroté, un des 3000 sur Alpha (1582), 310 pp. Bel état. Vendu

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