jeudi 24 juillet 2014

Monsieur Nicolas ou le cœur humain, dévoilé par Restif de la Bretonne et illustré par Sylvain Sauvage.


Concurrent littéraire du marquis de Sade (1740-1814) et de Diderot (1713-1784) pour avoir écrit de nombreux livres érotiques, Monsieur Nicolas est l'œuvre autobiographique De Restif de la Bretonne (1734-1806). Ceux qui classent ses ouvrages dans le régionalisme breton en raison de son patronyme font donc une erreur qui nuit globalement à la profession toute entière…

Échelonné entre 1794 et 1797 Monsieur Nicolas constitue une source importante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. Il fut tout d'abord publié en 16 volumes in-12 et, signe des temps ainsi que de la plus élémentaire prudence révolutionnaire, édité sous le nom de Rétif Labretone !


Cette autobiographie, c'est d'abord le souvenir qu'il garda d'une jeunesse passée entre Auxerre et Chablis, sur ces plateaux calcaires aux horizons dénudés, aux vallons profonds, et couverts de vignes, qui vont de l'Yonne à la Cote d'Or. Sans doute y a-t-il dans nombre de pages un enthousiasme excessif pour les choses de la terre, sans doute y a-t-il un peu trop de " l'agromanie " du XVIIIeme ? C'était la mode…


Qu'était donc alors l'organisation agricole de ces plateaux? Le village de Sacy s'allonge dans le fond d'un vallon plus ou moins sec, qui débouche dans la vallée de la Cure un peu en amont de Vermenton. Les Rétif habitent la Bretonne, domaine " absolument isolé du village, mais entouré de murs, avec une grande porte cochère que l'on barre soigneusement le soir ".


" Aux abords du village, dans le fond du vallon, s'étendent les meilleurs prés, grâce à une nappe souterraine que gonflent les pluies de saison froide, puis, dans chaque petit vallon affluent, d'autres prés, tous parfois si humides qu'on y a ménagé des rigoles d'écoulement, mais, le plus souvent, assez maigres et grignotés par les bois d'où sangliers et loups menacent le bétail. Aux coteaux les plus proches du village montent des vignes récentes, mais qui gagnent de plus en plus. "


Devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761. Par son métier dans l'imprimerie, il rencontre des écrivains comme Beaumarchais, Louis-Sébastien Mercier, Grimod de La Reynière ou Cazotte.


Voici ce que Schiller (on peut cliquer) écrivait à Goethe de Monsieur Nicolas après l'avoir lu. " Avez-vous lu par hasard le singulier ouvrage de Rétif : le Cœur humain dévoilé ? En avez-vous du moins entendu parler ? Je viens de lire tout ce qui en a paru, et malgré les platitudes et les choses révoltantes que contient ce livre, il m'a beaucoup amusé. Je n'ai jamais rencontré une nature aussi violemment sensuelle ; il est impossible de ne pas s'intéresser à la quantité de personnages, de femmes surtout, qu'on voit passer sous ses yeux, et à ces nombreux tableaux caractéristiques qui peignent d'une manière si vivante les mœurs et les allures des Français. J'ai si rarement l'occasion de puiser quelque chose en dehors de moi, et d'étudier les hommes dans la vie réelle, qu'un pareil livre ma paraît inappréciable ". 

C'est pas L'hymne à la joie mais on s'en rapproche… Pierre


RESTIF DE LA BRETONNE (Nicolas-Edme). Monsieur Nicolas, ou, Le cœur humain dévoilé. Mémoires intimes de Restif de la Bretonne. Illustré par Sylvain Sauvage. Paris, chez Henri Jonquières et Cie, 1924. 4 volumes petit in-4. Demi maroquin rouille à coins, dos à nerfs, roulette sur les nerfs, caissons ornés, lettres dorées, tranche supérieure dorée, gardes colorées, couverture et dos conservés. 385+442+414+621 pages. Belle reliure. Très bon état. Vendu

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