samedi 26 juillet 2014

André Chénier, 25 juillet 1794…


Il y a un peu plus de deux siècles, un 25 juillet, périssait par le sang le poète qui incarne, presqu'à lui seul, les excès du fanatisme révolutionnaire pendant la Terreur. André Marie de Chénier, dit André Chénier.

Fils d'ambassadeur, il voyagea en Suisse et en Italie. Puis il revint à Paris, où il passa quelques années. C’est pendant cette période (1783-1790) qu’André Chénier a composé, et le plus souvent ébauché, la plupart de ses poésies : élégies, bucoliques, idylles, poèmes didactiques. Mais il ne publia presque rien ; de son vivant ne paraîtront que le Jeu de paume (dédié à David), et les Suisses de Châteauvieux.


En effet, à partir de 1790, André Chénier est surtout journaliste. Il collabore au Journal de Paris. Il est constitutionnel. Partisan résolu de la Révolution, il voulait sauver la royauté et la personne du roi (il a aidé Malesherbes à préparer la défense de Louis XVI). 


Devenu suspect, il dut quitter Paris au lendemain du 10 août 1792, et se réfugier à Rouen et au Havre, où il échappa aux massacres de septembre. Puis il vécut pendant quelques mois à Versailles. Il était en visite, à Passy chez Mme de Piscatory, quand on l’arrêta, tout à fait par hasard ; ce n’était pas lui que l’on cherchait. Emprisonné à Saint-Lazare, le 7 mars 1794, il fut guillotiné le 25 juillet.
  

Les élégies sont au nombre de quarante. Chénier y chante ses amours, ses regrets, sa mélancolie. Le style en est délicat, précis, mais il est très difficile d’y faire la part de la sincérité et de l’imitation comme il l'avoue lui-même…
 
«Tantôt chez un auteur j'adopte une pensée,
Mais qui revêt chez moi, souvent, entrelacée,
Mes images, mes tours, jeune et frais ornement ;
Tantôt je ne retiens que les mots seulement       :
J'en détourne le sens, et l'art sait les contraindre
Vers des objets nouveaux qu'ils s'étonnent de peindre


Les amateurs vous diront qu'on trouve le vrai "Chénier" dans Les bucoliques et les idylles. Sans en pénétrer l’esprit ni la religion, il s’est attaché aux paysages, aux lointains harmonieux et purs, et surtout aux attitudes, aux gestes, aux personnages formant des groupes de bas-reliefs. Parmi les plus célèbres morceaux de ce genre, il faut citer, l’Aveugle, le Mendiant, la Jeune Tarentine et la Liberté.


C’est surtout comme écrivain et versificateur que Chénier peut être appelé "l’ancêtre des romantiques". Il assouplit l’alexandrin mais, beaucoup plus que des romantiques, il est l’ancêtre des Parnassiens. Ses véritables disciples sont Théophile Gautier, Leconte de Lisle et, dans la poésie philosophique, Sully-Prudhomme (Notre premier prix Nobel de littérature, quand même !).


Cette édition contient, dans le deuxième tome, le poème intitulé "Le Jeu de Paume" ainsi que de nombreuses œuvres politiques : Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, Lettre à Thomas Raynal, lettres au Journal de Paris, etc… A la fin du volume, on trouve un remarquable plaidoyer. On sait que le Roi, lorsque la sentence de sa mort fut prononcée, demanda à l'Assemblée, par une lettre pleine de calme et de dignité envoyée aux députés de la Convention, le droit de d'opposer au peuple, le jugement qui le condamnait. Cette lettre, écrite dans la nuit du 17 au 18 janvier 1793, est d'André Chénier.  Non coupable ! Pierre

CHENIER (André). Œuvres anciennes d'André Chénier, revues, corrigées et mises en ordre par D. Ch. Robert. Augmentées d’une notice historique par M. H. de Latouche. Paris, Guillaume libraire, 1826. Deux volumes in-8. Edition en partie originale imprimée sur papier vélin. Reliures demi chagrin vert, dos lisse, motifs, lettres et filets dorés, plats de papier marbré, gardes colorées, tranches mouchetées. XX-352 pp et  348 pp. Rares rousseurs. Bel exemplaire complet sans défaut majeur. 190 € + port

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