samedi 15 janvier 2011

"Curiosa", quand tu nous tiens par la...


Il parait qu'avec l'accès à la mesure d'audience des médias audiovisuels (l'audimat), on a pu constater que certaines émissions de télévisions augmentaient le nombre de leurs téléspectateurs si des jeunes femmes très légèrement vêtues, ou pas vêtues du tout, apparaissaient à l'écran. Il faudrait donc en conclure que le public télévisuel est essentiellement masculin ou bien que les femmes regardent la télévision à une autre heure…


Qu'importe ! Il me vient l'idée de vérifier si le constat peut être reproduit avec un modeste blogue bibliophile. J'ai en ma possession quelques ouvrages osés que l'on classe dans les "Curiosa". C'est le terme qui est employé pour désigner ce type de littérature libertine ou plus globalement tous les objets, les œuvres d’art ou les livres traitant de l’érotisme. Le bibliophile est malin et a trouvé un terme générique suffisamment opaque pour être clair à l'initié. De nombreuses expressions sont aussi utilisées On peut parler d'ouvrage "sous le manteau", du "second rayon" ou de "bibliothèque de l'Enfer", aussi.


Le premier qui passe pour avoir utilisé le terme de "Curiosa" est Alcide Bonneau avec son ouvrage publié en 1887 : Curiosa, essais critiques de littérature ancienne ignorée ou mal connue (Paris, Isidore Liseux, 1887, in-8, 402 pages, Tirage à 200 exemplaires sur Hollande et 1000 sur papier ordinaire). Je me propose de présenter ces ouvrages à une heure dite et je ferai la courbe d'audimat après la présentation de ce billet. Les amateurs sérieux de "Curiosa" étant surtout attirés par les livres clandestins, j'ai fait une petite sélection d'ouvrages dont je suis incapable de donner la provenance…


Je ne m'étendrai pas sur le texte de ces ouvrages, les titres parlent souvent d'eux-mêmes. Quand on ne connaît pas l'auteur d'un ouvrage, il est classique de l'attribuer à un auteur connu. C'est le cas pour les "Mémoires d'une chanteuse allemande" attribuées à Balzac. Si vous avez des informations sur les auteurs des ouvrages que je propose, je suis preneur ! Une question vous taraude… Comment ai-je fait pour me retrouver à la tête d'une petite bibliothèque de " Curiosa" ? Ce n'est pas une collection personnelle, bien que je trouve certaines gravures très émoustillantes mais le fait du hasard. Le métier de libraire est fait de trouvailles où l'on ne les attend pas ! Il me reste à céder ces ouvrages à des vrais amateurs pour qu'ils aient une bonne place dans une nouvelle bibliothèque. Pierre


- PROTAT Louis.Examen subi par Mademoiselle Flora à l'effet d'obtenir son diplôme de Putain et d'être admise au Bordel de Mme Lebrun, 68bis Rue de Richelieu. Sd (1930?) in12, réédition de 1864. Une gravure en frontispice.27p.
- XXX (curiosa) Amours secrètes d'un gentleman. En souvenir d'isidore Liseux, 1924, in-8, broché, couverture blanche imprimée, 84 p, exemplaire non coupé. Une villa, bien cachée dans un jardin anglais, sert a un gentleman a trouver des plaisirs sexuels avec de jeunes filles.
- LOUYS (Pierre). Pibrac. Sans éditeur, 19XX, in8 broché de 68 pages, couverture imprimée. Corps frais aux pages non découpées et non rognée, couverture en bon état, brochure solide. Bel exemplaire.



-SADE (Marquis de) LE BORDEL DE VENISE. Pour quelques amateurs Libertins, s.d. (1950). In 12. Exemplaire numéroté 37. 60pp, couverture illustrée. Illustré de 12 compositions h.t. Texte extrait de l'"Histoire de Juliette". Tirage unique à 499 ex.
-GAUTIER Théophile Une lettre. Suisse - Réédition "aux dépens d'un groupe d'amateurs", de lettre à la présidente, relation du voyage en Italie, en langue "grasse et colorée"- collationnée sur l'originale de 1890 , sous couverture rempliée - sans date – (1960) 48 pages, broché, ( 190 X 125 mm ). Exemplaire 286 sur 350 sur vélin de Renage.


- SANS NOM D'AUTEUR. Mémoires d'une chanteuse allemande. Paris, Arcanes, 1953. 6eme volume de la collection "La mandragore sur vélin de Bellegarde, réservée aux souscripteurs N° 419 sur 500 exemplaires.in-8 broché, 238pp.
- LAINAU. Les amours d'une collégienne. In-8 couverture cartonnée, 127pp. Aucune indication d'édition.
- COLLECTIF. Galanteries romantiques. Cupidonopolis aux dépens d'une société de bibliophiles libertins. MDDLLXVIV. Format in 12. Broché à couverture cartonnée. Illustrations de Devéria. Ouvrage tiré à un nombre très restreint d'exemplaires. 80pp sur très beau papier et 12 gravures en couleur. Des rousseurs.

21 commentaires:

Olivier a dit…

Et le bibliophile restait coi(t) ;-)
Mon "second rayon" est à hauteur d'yeux d'un homme normalement constitué (1m80 ou peu s'en faut). Lorsqu'il y piochera, mon fils de trois ans (ou peu s'en faut) à ce jour, trouvera quelque intérêt aux lubies de son papa.
Olivier

Pierre a dit…

Il trouvera les ouvrages, il n'y a aucun doute.

L'incertitude repose plutôt sur la perplexité que cela entrainera sur un adolescent qui voit ses ainés comme des êtres asexués. On imagine mal nos parents faire les mêmes choses que nous ;-))

L'embarras est encore plus grand quand on découvre cette bibliothèque chez des grands-parents ou lors d'une succession. Qui veut les livres de cul de Pépé ?

Le libraire reste dans ce cas un interlocuteur privilégié. Pierre

Nadia a dit…

Et Pierre, en plein rangement d'un lot énorme de Curiosa dans sa librairie tarasconnaise, fit d'un coup tomber tous les ouvrages au sol, au moment où rentrait le père Michel, l'un d'eux ouvert sur une image plus que suggestive...

Je vous laisse continuer l'histoire, Pierre, que ferait ce bon père Michel ?

Pierre a dit…

Nous nous mettrions vite d'accord que tout cela est le lot commun d'un professionnel du livre...

Je crois qu'il est plus triste de la misère sexuelle qu'il devine chez ses paroissiennes que de leur épanouissement. Je m'en tire bien, non ? Pierre

Pierre a dit…

Une question d'ailleurs... Vous les mettez à quel endroit de votre bibliothèque, les ouvrages inconnus de vos enfants et même de votre épouse ?

C'est vrai ça ! On ne dit pas le prix de certains livres que l'on achète par pudeur. Est-ce que l'on en divulgue aussi toujours le contenu ?

Vous pouvez nous mentionner le cas de votre ami ou voisin si vous ne désirez pas évoquer votre cas personnel, bien sûr ;-)) Pierre

Hugues a dit…

J'en ai fort peu, mais je les range à l'intérieur d'une boite à battants constituée de 4 in-folio en reliure d'époque. Elle est placée en hauteur, hors de la portée de mes enfants, et les pièces de titre (histoire de l'église), dissuadent mon épouse d'aller y jeter un oeil. Ceci dit, à la réflexion, ne ferais-je pas mieux de les oublier au milieu de ses livres à elle..... Ça donne forcément des idées...
H

Pierre a dit…

Je connais assez mal les femmes et c'est vrai que cela fait à peine 30 ans que je suis marié avec mon épouse mais je suis toujours surpris de constater que notre "pré carré masculin" attise assez peu la convoitise des femmes.

Plus le temps passe et plus je me dis que nous sommes emboitables mais différents ;-))

Quel est le type d'ouvrage qu'une femme cache à son mari ? Pierre

pascalmarty a dit…

À propos des livres de cul de Pépé, j'ai moi-même eu l'occasion de récupérer quelques ouvrages un peu lestes de la bibliothèque de mes grands-parents. Rien de réellement émoustillant. Par contre il y avait avec une chose qui avait dû être achetée à l'époque avec une même lueur lubrique au fond des yeux, et de laquelle je ne saurais trop les remercier. Une ÉO de J'irai cracher sur vos tombes, au Scorpion ! Imprimée à la dégueu sur un papier de merde et avec des marges si rikiki que je ne me risquerai sans doute jamais à le relier. Mais quand même ! Chapeau Pépé (Daddy, en l'occurrence, Pépé, c'était l'autre…).

Pierre a dit…

J'irai cracher sur vos tombes de Vian et Paroles de Prévert représentent deux standards indémodables des couvertures de couleur noire de l'époque.

Trouver une édition originale dans un lot est toujours très agréable car seul le bibliophile sait... Pierre

Pierre a dit…

Résultat de l'évolution de l'audience après présentation d'ouvrages érotiques : Après 24 h + 0,13% !

On ne peut donc sérieusement faire de parallèle entre l'audimat de T.F.1 et celui de ce blogue. Pierre

Nadia a dit…

Les sujets érotiques ont toujours fait monter les audimats. C'est un sujet qui fascine tout le monde.

Pour glisser une opinion féminine au milieu de ces considérations masculines, je dirai, Messieurs, faites confiance à vos épouses (difficile d'être cohérente après un verre d'hypocras maison, mais je vais essayer). Pour celles qui "osent", pour celles qui assument, les livres que vous dissimulez peuvent très bien les intéresser, si tant est qu'ils soient émaillés de récits, l'imaginatif du cerveau féminin étant un peu différent de l'impact de l'image un peu hard que vous semblez plus affectionner, vous les mââââââles. Un récit bien mené peut nous faire fouiller vos bibliothèques jusqu'à le trouver.

C'est pour ça que généralement, nous n'aimons pas les films porno : trop d'images hard, trop de visuel déballé crûment. Mais les livres... c'est autre chose.

Ai-je été claire ?

Nadia a dit…

Et j'ajouterai que j'aimerais bien que d'autres opinions féminines que la mienne s'inscrivent ici, je me sens un peu seule, sur ce blog....

Pierre a dit…

Merci Nadia pour cette mise au point. Je crois, en effet, que votre façon de voir les choses est tout à fait représentative de la gente féminine plus sensible à la volupté du récit qu'à la mécanique du plaisir charnel.

Je crois que vous avez beaucoup de mérite de commenter un sujet qui est par essence tabou, même si le volet bibliophile en est le plus léger. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est souvent caché. Qu'il n'y ait pas de commentaires féminins procède de cette même pudeur qui vous honore et dont vous acceptez, par amitié, de lever le voile...

J'espère, malgré tout, trouver dans mes lecteurs un amateur de "Curiosa" motivé par la lecture ! Pierre

L'acte sexuel ? Le plaisir est fugace et la position ridicule...

Woddy Allen, un jour de déprime : Ma vie sexuelle est un tel échec que je me suis inscrit à un concours. Demain matin, je fais la demi-finale avec le pape...

Olivier a dit…

N'ayant que quelques curiosa(e) ou (s?) (un peu là par hasard, ces enchères étant terriblement déprimantes), je m'amuserai follement à ce que ma compagne me les débatte : l'EO d'Histoire d'O (2 euros, je n'allais pas la laisser là tout de même et œuvre d'une femme), Gamiani (œuvre à quatre mains, à moins qu'elles ne fussent que deux [pour deux cerveaux];-)), Mémoires de l'abbé de Choisy habillé en femme, La secte des Anandrynes, et quelques Sade d'éditions récentes.
Mais pour ma défense, et pour ce qui est de Sade, j'ai eu une prof de philo qui nous y a tous initiés [aux œuvres s'entend] et tenait à ce qu'on le présente à l'oral pour peu que l'on n'ai pas l'écrit. J''ai eu l'écrit sur un chaste sujet de Descartes. La chair philosophique est parfois triste...
Et puis l'œuvre de Sade est tout sauf un curiosa.
De quoi se taper sur les cuisses ;-)

Olivier

Anonyme a dit…

Bonjour,
A ce que je lis, la contagion libertine déborde d'un blog à l'autre; Je ne vois pas pourquoi l'erotisme et le libertinage serait réservé à ces seules messieurs; Nous parlons evidemment de lecture;
Si la débauche d' images pornographiques qui polluent notre environnement nous enlévent bien quelques chose, c'est bien la subtilité;
D'une nature pudique, je trouve que tout le charme et la finesse de ces collections est justement dans le secret, qui aujourd'hui, ne peut plus exister... gràce à la télé réalité 24H/24, internet et autres babioles technologiques;
Quoi de plus sain que de raconter à son amant par une lettre parfumée que ses occupations libertines dans l'attente de sa venue... C'est une lettre que j'ai trouvé en reliant un livre... rendu à son propriétaire sans mot dire sur le contenu.
Vous vouliez un avis féminin, vous l'avez;
Avec mes respects.
Bien à vous;
sandrine

Pierre a dit…

Les sentiments amoureux sont une manifestation très saine de la vie et une motivation pour la rendre plus belle, j'en conviens avec Sandrine. Et comme nous en parlons avec humour sur le blogue, j'en déduis que la contagion libertine est bonne pour la santé...

Pour votre santé, ayez 5 pensées sensuelles par jour ! Pierre

PS : Si vous manquez d'inspiration, je fournis les livres ;-))

pascalmarty a dit…

Bon, que ce soit la pub, le théâtre ou le journalisme, dans tous les métiers que j'ai pu exercer, les mêmes postes peuvent être occupés indifféremment par des hommes ou par des femmes. Dejà, ça aide.
Et puis je dois bien avouer que je serais plus facilement misanthrope que misogyne…

Pierre a dit…

Bon d'accord ! Contre les femmes mais tout contre... Pierre

Nadia a dit…

Je remercie Sandrine pour son intervention. Vous savez, je vous taquine un peu, je force le trait, je me la joue provocatrice, mais je suis sûre que l'homme est une femme comme les autres...

(sauf les ras du casque)

Anonyme a dit…

oui, oui tout à fait d'accord, Nadia.
Nous ne sommes pas si différents que ça... des générations que ça discute en haut lieu de psycho-pato-reflexo-médico-philosoco-politico-journalistico...
essentiellement masculin.
Tout ça pour ça...
Alors que c'est bien plus simple: Un savant dosage d'humour, de finesse et de respect, et d'amour, bien sûr.
Un tour en solitude, cela ne fait pas de mal non plus, finalement.
Dosage semble être le bon mot.
Sauf pour ceux qui ont fermé
leurs volets
le jour
où dame intelligence a frappé à leur porte.
les ras du casque, quoi!
Bien à vous.
Sandrine.

Pierre a dit…

Donc, si j'ai bien compris, pour être l'égal des femmes, les hommes doivent avoir de l'intelligence et de l'humour...

Nous allons travailler à ça, Mesdames ;-)) Pierre