vendredi 21 janvier 2011

L'Abbé Constantin : Ludovic Halevy mis en scène par Madeleine Lemaire...


Amusante contradiction que d'avoir présenté hier, ici , un auteur à la gaieté populaire, j'avais dit "rabelaisienne", et de constater, encore une fois, avec tristesse que la joie est un sentiment adossé à une gloire éphémère…


Ce n'est donc pas le hasard qui m'a fait choisir, aujourd'hui, de vous proposer à la vente un ouvrage de Ludovic Halévy (1834-1908) mais la certitude que la gaieté, et en particulier la gaieté théâtrale, est un genre qui mérite mieux qu'un entrefilet sur la toile.


Auteur des livrets d'opérettes Orphée aux enfers (1861), La vie Parisienne (1866), La belle Hélène (1864), romancier à succès avec L'Abbé Constantin (1882) que je vous présente ici dans une belle édition, l'Académicien Ludovic Halévy donna à Anatole France des leçons de stratégie qui permirent à ce dernier de rentrer dans l'illustre assemblée. C'est dire si sa plume était légère… Je vous en donne un exemple avec quelques couplets de La belle Hélène… Maestro !!


C'est avec ces dames qu'Oreste
Fait danser l'argent à papa ;
Papa s'en fiche bien, au reste,
Car c'est la Grèce qui paiera...

Le roi barbu qui s'avance,
C'est Agamemnon ! Et ce nom seul me dispense
D'en dire plus long : J'en ai dit assez, je pense,
En disant mon nom... Le roi barbu qui s'avance,
C'est Agamemnon !

Je m'adresse à Calchas et je lui dis :
La différence n'est pas maigre
Entre des cornichons et toi !
Ils sont confits dans du vinaigre...
Calchas est confident du roi.


Ah ! La gaieté, l'inoffensive gaieté ! Cette qualité, j'allais dire cette vertu si particulièrement française qui nous rend le devoir si facile et le malheur si léger, qui donne de la politesse à nos manières et de la bravoure à notre courage qu'elle est-elle devenue, aujourd'hui, aurait dit Philippe Gandillet ? Hélas, trois fois Hélas, elle est atteinte par cette mélancolie endémique qui nous atteint et qui nous ronge… Nous nous prélassons, à notre époque, dans une littérature déprimante semblable à la curiosité des gens mal portants pour les livres de médecine. Ludovic Halevy, si je puis me permettre, est de ces auteurs dont les livres devraient être remboursés par la sécurité sociale ;-))


L'ouvrage que je vous propose, aujourd'hui, est présenté dans une magnifique reliure et est remarquablement illustré par Madeleine Lemaire (1845-1928), "l'impératrice des roses", peintre et aquarelliste dont la renommée est grandissante. Son format imposant en fera le fanal de votre bibliothèque… Pierre


HALEVY (Ludovic). L'Abbé Constantin. Paris, Boussod, Valadon et Cie, 1887, illustré par Madeleine Lemaire. Reliure demi-chagrin à coins couleur tabac, dos à nerfs, caissons avec motifs dorés, pièce de titre en lettres dorées, tranche supérieure dorée. Format grand in-4, 136 pages avec 36 gravures, dont 9 en pleine page. Infimes rousseurs clairsemées et menus défauts de reliure. Bel exemplaire. 120 € + port

4 commentaires:

Pierre a dit…

Mon pauvre Ludovic, moi qui aime tant les livrets de vos opérettes ; j'ai même eu l'insigne privilège de massacrer quelques uns de vos couplets ; je ne vous laisserai pas sans commentaires... Pierre

Anonyme a dit…

Bonjour,
ça par exemple!!!! Voici un livre que j'ai acquis il y a au moins 12 ans pour trois fois rien, broché, d'origine et que j'avais choisi pour la beauté de ses gravures ,à l'époque.
Merci pour son histoire et je vais le relire d'un autre oeil.
Il est bleu, avec sur la première de couverture le titre et les auteurs en bas à droite; C'est du plus bel effet.
Merci Pierre;
Sandrine.

Pierre a dit…

Toutes les œuvres d'Offenbach qui sont passées à la postérité doivent leur succès aux livrets d'Halevy. Vous pouvez vérifier, Sandrine. Du talent : Il n'y a pas de secret !

Seul le nom du compositeur reste dans une œuvre musicale et c'est quelquefois dommage. C'est comme si on aimait un livre que pour la reliure ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Non, je n'irais pas vérifier Pierre, je fais confiance de manière spontanée aux personnes, surtout en matière de bibliophilie, et sur vos blogs.
J'aime beaucoup l'operette et l'opéra de façon général... Tout ça, ça va ensemble.
Je fais des recherches dans les livres par soucis de rigueur, et non pour épater la galerie... En matière de bibliophilie, j'ai des gouts plutôt modérés, pour tout ce qui est authentique, comme dans la vie; le tape à l'oeil... C'est pas mon truc... mon truc en plume lalala lalala...;-))
Bien à vous.
Sandrine