Germain-François Poullain De Saint Foix est né à Rennes en 1698. Quand on regarde le déroulement de sa vie, on constate, médusé, que la réputation de "tête de bois" des bretons n'est pas usurpée…
Entré dans le corps des mousquetaires, aide de camp du Maréchal de Broglie, il se distingua à la bataille de Guastalla en 1734, puis quitta le service et devint maître des eaux et forets en 1736. Bientôt las de la vie de province, il retourna à Paris en quête de gloire littéraire. C'est qu'il avait écrit quelques pièces de théâtre dans sa jeunesse après avoir été amoureux d'une comédienne ! Ses œuvres les plus connues sont néanmoins Les lettres d'une turque à Paris (tome II) et ses Essais historiques sur Paris.
D’un caractère querelleur, Poullain de Saint-Foix est aussi connu pour ses reparties et duels que pour ses productions littéraires. Ainsi, un jour au café Procope, un garde du roi entra et demanda une tasse de café au lait et un petit pain. Saint-Foix s’exclama : " Voilà un fichu dîner ! ", et le répéta à plusieurs reprises, si bien que le garde finit par se fâcher et le provoquer en duel. Ils se battirent, Saint-Foix fut blessé et fit ce commentaire : " M’eussiez-vous tué, vous n’en auriez pas moins fait un mauvais dîner ". Breton, vous dis-je…
L'édition posthume complète (Saint-Foix est décédé en 1776), deux ans après le décès de l'auteur, se distribue comme suit : Tome I et II : Théâtre et les lettres Turques ; Tome III, IV, et V : Essais historiques sur Paris ; Tome VI : Histoire de l'ordre du Saint-Esprit. Je présente aujourd'hui les deux premiers tomes à la vente.
Les amateurs apprécieront le parfait état de conservation de ces ouvrages dont je n'ose écrire qu'ils sont complets en eux-mêmes, tant la formule est moquée par les bibliophiles. Ah, je l'ai écrit, quand même ? Tant pis ! Je ne peux pas gommer…
L'ouvrage présente un ex-libris du début du XIXeme siècle et une marque de provenance de librairie prestigieuse : Celle des Frères Périsse à Lyon. Établis Grande rue Mercière, à la Couronne d'or, les deux frères Périsse, dont la devise est " Favet Minerva labori ", furent à la tête d'une maison prospère. Plutôt tournée vers les ouvrages religieux, c'est en vain qu'on y trouvait, dans les pages du catalogue, un ouvrage de Voltaire… Sous la Restauration, les nouveaux Périsse frères qui impriment encore au 33 de la rue Mercière sont " légitimistes, jésuites et congréganistes renforcés ". De braves gens, en somme ;-)) Pierre
SAINT-FOIX (Poullain de). Oeuvres complettes. Chez la veuve Duchesne 1778. Les 2 tomes de théâtre [sur 6 Volumes]. Les deux volumes sont au format in 8 (20,5/13), édition originale. Reliure plein veau porphyre. Plats avec triple encadrement de filets dorés, filets sur les coupes. Dos lisse orné de caissons, filets et motifs dorés. Pièce de titre en maroquin rouge, tomaison en lettres dorées, toutes tranches marbrées cailloutées en bleu et blanc, papier de garde coloré. Tome I : [2ff dont frontispice], xvj, 594 pp, [2ff approb, privilège]. Tome II : [2ff dont 1 gravure], 600 pp. Avec le portrait de Saint Foix par Pougin de Saint Aubin ornementé par Marillier et gravé par Lemire. Une gravure hors texte au tome I, l'ensemble des trois gravures par Marillier. Faux-titres et titres en rouge et noir, nombreux bandeaux en début de pièce. Bel exemplaire. 160 € + port
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16 commentaires:
La devise de la journée : Incomplet pour tous, tout complet pour un libraire ;-)) Pierre
Alors, pourquoi çà fait rire les bibliophiles le mot "complet"?
Sandrine.
C'est que les libraires utilisent facilement l'expression " Exemplaire complet en lui même" quand ils ne veulent pas mentionner que l'ouvrage fait partie de la série d'une œuvre qui, elle, est complète. De là quelques sarcasmes bien compréhensibles de bibliophiles exigeants...
Mais cela n'est jamais très grave, en fait quand le client est au courant ! Le jour de la demande de mariage à la famille, le fiancé se rase de près et met un beau costume (je l'ai fait) et la future épouse commande avant la cérémonie une robe de mariée avec deux tailles en dessous... C'est la coutume ;-)) Pierre
Merci Pierre, de votre réponse complète.
;-)
Bien à vous,
Sandrine.
Je regardais les photos en détails,le marbré est assez joli.
S.
Pour être complet sur le sujet, je dirais que cet incomplet possède une reliure porphyre (et non marbré) du plus bel effet. Demandez tout de même à la veuve qui vous les a vendu si elle ne pourrait pas retrouver les autres tomes.
Textor
J'ai des lacunes de vocabulaire lorsqu'il s'agit de décrire le traitement des cuirs, Textor, je dois l'admettre. A cet effet, si une bonne âme charitable veut bien m'envoyer un petit traitement de texte avec les définitions, je suis preneur.
On trouve aisément pour "marbré" et "jaspé" mais pour le reste c'est le grand flou ! (Idem pour le qualificatif des tranches)
Merci d'avance. Je corrige pour porphyre. Pierre
le veau est ici jaspé du fait des larges taches multicolores.
Porphyre ça fait des petits points.
Le plus simple est encore de se reporter aux roches dont sont issues ces termes.;)
Sinon : http://www.dole.org/Statique/Expos_virtuelles/2007-Reliure/Reliure_hist4.html
Pour les tranches je crois qu'on peut appliquer la classification qu'on utilise pour les papiers. (voir le bon article sur le bdb).
Avec la dorure en sus et la possibilité d'avoir une dorure sur marbrure (le edge-painting du pauvre ;) ).
Merci pour ces renseignements, SebV ! Pierre
Et du coup les tranches ici sont marbrées cailloutées en bleu et blanc dans un style que l'on trouve presque exclusivement sur des livres des deux dernières décennies du xviiième.
Du coup, j'ai la plus belle fiche et la plus précise du sud-est de la France ;-)) Pierre
C'est très bien ça donne l'occasion de creuser la question. Et effectivement on trouve tout et son contraire pour qualifier les décors du cuir.
Le mieux est donc de se référer à l'état de l'art et d'aller voir ce qu'en dit le manuel roret du relieur : http://www.moulinduverger.com/reliure-manuelle/roret-97.php
Donc tous les cuirs qui portent des décors visant à reproduire un motif minéral peut être qualifié de marbré (l'intention) et de jaspé (l'exécution). Suivant la taille des gouttes et les couleurs employées, le relieur a taché d'imiter telle ou telle pierre. On voit que le motif porphyre se caractérise par de petites gouttes. Ce qui est cohérent quand on va se référer à la pierre : http://asso.univ-lyon2.fr/cercle-egyptologie/img/egyptoLyon/porphyre.jpg
Donc si je suis ce manuel, la meilleure façon de qualifier le décor d'un cuir c'est soit de l'appeler marbré ou jaspé (pour jamais se tromper); soit de se référer à la pierre que le relieur a cherché à imiter (ce qui laisse finalement tout liberté au descripteur).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Roche-porphyre_vert_antique.JPG
En effet.
Il existe tellement de sorte de Porphyre.
Sandrine.
Merci pour le lien, sebV ! Pierre
Un ami libraire parisien m'indique qu'il vient de vendre ses exemplaires de Saint-Foix, cette semaine. On sent un frémissement pour l'auteur ces derniers jours et il n'est pas impossible que la côte explose* ;-)) Pierre
* il faut acheter quand la côte est basse
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