vendredi 25 mai 2012

Rigoley de Juvigny, l'anti-Voltaire…

Nonobstant, la truculence de son nom, je ne vous cache pas que ce Rigoley n'est pas drôle du tout… (une telle accroche est à mettre au Panthéon des meilleures introductions du blog !).

Jean-Antoine Rigoley de Juvigny, originaire de Bourgogne, fut un magistrat et littérateur français (1709 -1788). Avocat au barreau de Paris et, en cette qualité, il défendit Louis Travenol, violon de l'Opéra, accusé d'avoir distribué des pamphlets contre Voltaire. Le succès de cette plaidoirie l'enrôla dans le parti opposé aux philosophes des Lumières. Pour affronter Voltaire, il appela Piron le plus grand poète du siècle, ce qui lui valut de vives attaques d'un côté et des louanges appuyés de l'autre...

L'auteur, dans l'ouvrage proposé à la vente aujourd'hui, nous fait un très beau portrait des philosophes grecs et romain pour finir avec celui des écrivains du XVIIIeme siècle. Sa thèse est qu'on ne peut que constater une décadence de la littérature depuis l'antiquité jusqu'à la période dominée par les philosophes des lumières. Il ne cesse de décrier particulièrement Voltaire qui est sa tête de turc. Ce dernier, de son côté, le traitera de "pygmée littéraire"… On est, malgré tout, ébahi du manque d'égard de l'auteur pour toute la littérature médiévale jusqu'à celle de la renaissance.


Je ne vous surprendrai pas en vous disant que l'auteur s'attarde beaucoup sur le siècle de Louis XIV. Corneille, Boileau, Fontenelle, Fléchier, Pascal, Bossuet brillent à ses yeux de tous les atours. Son gros problème, ensuite, c'est Voltaire ! Il ne lui interdit pas d'avoir du talent, d'ailleurs. Non, ce sont ses idées qui le dépriment… Il est beaucoup plus tendre avec Rousseau qui a néanmoins le dessein d'anéantir la musique française. En fait, ce qu'il reproche le plus à Voltaire, c'est surtout de ne pas être un bon catholique ; de mettre en cause le pouvoir des prélats ; et de le dire…


On doit à Rigoley de nous faire découvrir, ici, des écrivains, à juste titre, tombés dans l'oubli. Connaissiez-vous De Belloy ? Rigoley achève de le tuer en disant de lui qu'il présenta à l'époque le genre le plus atroce sur scène, étayé des plus mauvais vers. Et La Chaussée ? Mauvais exemple en tout…


Mais pourquoi, me direz-vous, ce siècle des lumières fut-il si décadent ? Mais parce que, selon l'auteur, " tout ce désordre prend sa source dans la mauvaise éducation que reçoit la jeunesse de l'époque…"


Et là, tout à coup, j'ai revu l'image de mon grand-père commentant l'actualité, devant moi, après les événements de 1968… Et là, tout à coup, je me suis entendu ruminer tout ce que je pense de la jeunesse d'aujourd'hui ;-)) Pierre


RIGOLEY DE JUVIGNY. De la décadence des lettres et des moeurs, depuis les Grecs et les Romains jusqu'à nos jours. Paris, Merigot, 1787. Reliure plein veau marbré, dos lisse orné de caissons dorés, pièce de titre maroquin cerise, filet doré sur les coupes, toutes tranches marbrées cailloutées en bleu et blanc. In-8, vij, [1f], 531 pp-[2ff - privilège]. Un tache marginale claire de la page 57 à 72 (beurre d'époque), coiffe basale érodée. Bel exemplaire. 70 € + port

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Take a cup of tea. et çà ira mieux.
Textor a raison pour le porphyre.
Et vous, pour la jeunesse, une certaine jeunesse, pas tous, juste les p'tits cons débiles, qui font joujou avec leur tablettes.
Bien à vous,
Sandrine.

calamar a dit…

beurre d'époque... çà rajoute une plus value certaine !

Anonyme a dit…

J'aime bien le commentaire de calamar. çà dit bien les choses. merci .
;-)
Bien à vous, Sandrine.

Pierre a dit…

C'est moi que je chambre dans la conclusion, Sandrine, quand je réalise que chaque génération de grand-père, depuis les temps immémoriaux, dit à peu près la même chose de la jeunesse ! Elle n'est peut-être pas pire, cette jeunesse, mais elle est différente, voilà tout !

Il est évident que le "beurre d'époque" était destiné à tester la sagacité de calamar ;-)) Bien vu ! Pierre

Anonyme a dit…

Oui, mais il y a des moments où certains mots n'ont pas la même résonnance pour tous le monde :-)
Ruminer ... vous allez finir par vous réincarner en ruminant.
:-D
Ces livres sont beaux. Je fais encore quelques économies et j'en ai repéré un ou deux autres qui me plaisent.

Un jour, je passerai dans votre boutique à Tarascon, peut être avec Peter et Alain et leurs femmes et, nous irons boire un café pour concrétiser cette amicale rencontre dans votre librairie virtuel. Ainsi vous aurez l'honneur et moi aussi, cela va sans dire, de faire parti d'un cercle d'ami restreint / Ceux que je rencontre par l'intermédiaire du net.
Bravo Pierre, vous avez passé toutes les étapes de la selection très exigente que j'impose.
Textor, Léo, Calamar, Bertrand sans Uzanne, font aussi parti de mes futurs rencontres autour d'un barbeuc.
çà manque un peu de présence féminine quand même. Il n'y a guère que Delphine qui a manifesté cette envie.

Bon Dimanche de la pentecôte dont la côte a fait naître la plus forte et la plus belle crétion de l'univers.

Le roi et toute la smala ne sont pas cousins.
:-))

Bien à vous,
Sandrine.

Anonyme a dit…

création et mes cousins ... Pffff....

calamar a dit…

attention Sandrine, la librairie de Pierre est un piège redoutable ! on sait quand on y rentre, mais pas quand en sort. Pierre en arrive même à expédier sauvagement ses clients "normaux" pour mieux s'acharner sur le malheureux commentateur... c'est une expérience !

sebV a dit…

ah lalala ces p'tits cons débiles, qui font joujou avec leurs livres imprimés.

/ moine copiste.

Anonyme a dit…

Merci Calamar pour cet avertissement ... je m'en doutais un peu, c'est pourquoi je n'irai pas seule mais accompagnée de Philippe Gandillet dont la grande moralité me gardera de tous les pièges, enfin si il veut bien, c'est un académicien tout de même et se promener comme ça avec quelqu'un qui est à l'opposé de sa prose, alors que je parle un peu brut de decoffrage, parfois, je ne sais pas si il n'en mangera pas son chapeau.
:-D

Bien à vous,
Sandrine.