jeudi 6 février 2014

Aphrodite de Pierre Louys, sex-toy de la Belle Epoque…


Comment concevoir l'érotisme ?  Est-il si différent de la pornographie ? Si Pierre Louÿs (1870-1925) put se positionner comme un écrivain fréquentable avec un roman comme Aphrodite, c'est qu'on ignorait qu'il écrivait des textes bien plus osés dans le secret de son cabinet ! La dispersion de sa bibliothèque, après son décès, et la publication récente de certaines de ses œuvres ont encore de quoi réveiller un mort…


Mais restons avec la version définitive du roman qui l'a fait connaitre en cette fin du 19eme siècle. Nous sommes au 1er siècle avant JC, les courtisanes tiennent leur place auprès des artistes et le temple de la déesse des amours domine la citée, entouré de ses prostitués sacrées. Son autel est visité par les hommes comme par les femmes, jusqu'à la reine Bérénice qui a prêté son corps pour servir de modèle au sculpteur Démétrios pour qu'il sculpte à son image la statue d'Aphrodite placée au centre du sanctuaire.


Mais la Reine est, pour le sculpteur, une histoire passée ! L'amant royal fait encore brûler l'ardeur de la Reine mais lui, reste inébranlable (sic). C'est un Narcisse de marbre. Pour faire vibrer la pierre, il faudra que surgisse Chrysis qui lui redonnera goût à la chair… 

Si tu le veux, Démétrios, je teindrai mes cheveux en brun, j’en ferai une natte qui descendra plus bas que mes fesses, tu entreras le bout dans mon anus et j’aurai l’air d’avoir produit un grand excrément de couleur brune, ou alors j’aurai l’air de m’être courbé sous le derrière gonflé d’une autre femme, et tu m’aimeras, Démétrios, ainsi couverte de fiente chevelue…


Évocateur, provocateur, obsédé par la beauté féminine, Pierre Louys écrit un roman qui sera un des plus grands succès de libraire de la Belle Époque. Il ne fit pas découvrir à ses lecteurs et à ses lectrices l'érotisme littéraire qui existait déjà bien avant lui mais fit de l’érotomanie un idéal de vie qui adossa la luxure au prétexte esthétique.

Tes lèvres sont des fleurs délicates où est tombé le sang d'une biche.
Mes lèvres sont les bords d'une blessure brûlante.
Ta langue est le poignard sanglant qui a fait la blessure de ta bouche.
Ma langue est incrustée de pierres précieuses. Elle est rouge de mirer mes lèvres



On peut penser que cette libération  textuelle permit à la femme de s'émanciper conjointement. L’ouvrage que je présente est la version définitive présentée par l’auteur en 1914. Les amateurs de belle reliure apprécieront l’élégance de la reliure aussi bien ciselée que le texte… Pierre 

 
LOUYS (Louis). Aphrodite. Mœurs antiques. Paris, Flammarion, 1914. Un volume In-8 reliure demi maroquin bleu à coins bordés d'une roulette dorée, dos lisse aux motifs ciselés de type art-déco encadrés d'une roulette dorée, tranche supérieure dorée, gardes colorées. Couverture et dos conservés. Edition définitive, tirage numéroté sur papier vergé de Corvol. Dos insolé ayant tourné au vert. Bel état d'ensemble. 55 € + port

4 commentaires:

Pierre a dit…

Je suis à Lyon pour deux jours (un salon où l'on parle de tout mais pas de livres !). Visite des confrères de la vieille ville, quelques achats. Je vous en reparlerai. L'exemple de certains professionnels me donne envie de faire encore mieux.

Demain, je vais à la rencontre d'un très vieux bibliophile de mes amis ;-)) J'ai pris le GPS car il habite au bout du monde, parait-il...

Pierre

calamar a dit…

ah ah.. il faudra faire des photos, qu'on voie à quoi çà ressemble, un vieux bibliophile (et sa bibliothèque).

Pierre a dit…

Un très agréable moment. Je ramène quelques clichés d'ouvrages ayant en commun - hormis leur qualité - une grande diversité d'époques, de formats et de textes.

Ce fut un vrai régal autant bibliophile que culinaire ;-)) Pierre

calamar a dit…

çà donne envie ! il y avait "les Nourritures terrestres" ?