vendredi 21 février 2014

Alphonse Esquiros. Les vierges martyres d'un saint laïc…

Alphonse Esquiros en Marianne...
Il y a surement, dans votre ville, une place ou une rue "Esquiros". A Tarascon, c'est une esplanade qui fait face à l'ancien Tribunal de Grande Instance… J'ai déjà eu le plaisir, ici, (vous pouvez cliquer) de présenter un ouvrage illustré d'Alphonse Esquiros sur les martyres républicains. Je vous propose à la vente, aujourd'hui, l'édition originale d'un livre publié en 1842 sur les vierges martyres [les notices wikipédiennes indiquent à tort qu'elle est de 1846].


Ces vierges martyres doivent être, bien évidemment, classées dans cette classe de femmes, victimes de la misère et du travail, pour lesquelles l'absence de toute propriété constituait un supplice éternel, renouvelé chaque jour et chaque jour de façon, hélas, plus inexorable… Dans plusieurs cas, cette misère, inhérente à la femme prolétaire, lui imposait même certaines dégradations  contre lesquelles la nature se révolte, mais que la société ignorait ou regardait avec indifférence ; la prostitution n'en était qu'un reflet ! 


Alphonse Esquiros lève ici le voile sur l'état douloureux et immoral des femmes  dans les classes les plus pauvres. Il espérait alors que ce tableau puisse émouvoir la pitié rebelle des dirigeants de l'époque et les engager à chercher un remède à des maux dont les ravages menaçaient la société toute entière ! On doit pardonner à l'auteur la référence du titre à des valeurs d'églises qu'il combattait mais qu'il avait bien connu pendant ses études. Ces vierges martyres républicaines ne sont évidemment pas comparables  à des saintes ayant fait le choix de périr pour une cause ou une foi. Ici,  les  vierges martyres se seraient bien passées de mourir à la tache…


L'auteur nous précise que cet ouvrage a été écrit en prison, dans la solitude et le calme du cœur. Il faut dire que ses brulots anticléricaux lui valurent l'inimitié de nombres de chrétiens-démocrates. Comble de l'ironie, dans sa préface, il se compare lui-même à Jésus-Christ porteur de la vérité, en proie au mépris de ses contemporains… Un Saint laïc, en quelque sorte ! L'ouvrage que je propose ici, dans son édition originale, a été relié par Vermorel, relieur parisien élève de Pagnant, qui exerça de 1887 jusqu'à sa mort en 1925. Du travail de bon artisan de la république, sans nul doute… Pierre


ESQUIROS (Alphonse). Les vierges martyres. Paris, P. Delavigne, 1842. Un volume in 24. Reliure demi-maroquin noir signée Vermorel, dos lisse orné de motifs et de décors dorés encadrés de filets dorés, titre en lettres dorées, tranche supérieure dorée, couverture conservée. [2ff], 156 pp. Rare édition originale. Vendu

1 commentaire:

Pierre a dit…

On dira ce qu'on veut : une Marianne androgyne dans les mairies et les bâtiments officiels de la République française, ça aurait de la classe ;-)) Pierre