lundi 6 juillet 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Paulmy et Gresset


Il a fait très beau ce dimanche.

Pierre est allé se désaltérer aux Saintes Maries de la mer d'où il est revenu avec des coups de soleil qui l'obligent ce matin à rester immergé dans la piscine. Il m'a tendu une plaquette en grommelant : " Quitte à copier Sainte Beuve, autant que tu présentes l'ouvrage d'un Académicien !" Cet argument simpliste convenant à sa logique de café du commerce, je suis rentré avec la dite * sous le bras pour vous en faire la description. J'ai en effet beaucoup d'admiration pour Sainte Beuve. Le personnage me parait sympathique et sa vie à un côté pathétique qui me touche. Je l'ai découvert en passant plusieurs matinées sur les chaises de la bibliothèque Mazarine dont il a été bibliothécaire. Toujours intimidé par ce lieu, je me le suis imaginé marchant dans les travées, le regard bienveillant posé sur les étudiants absorbés par la lecture. De son cabinet il pouvait voir le dôme de l'institut où depuis 1844, il siégeait. Quelle fierté, il devait avoir d'être un membre honoré de cette assemblée ! De plus, il avait le gîte, le couvert et de son appartement, il pouvait admirer la cour de l'Institut et la rue Mazarine. Il n'a jamais été marié, je crois; heureux homme; mais tout le monde connaît ses amours impossibles. Adèle Hugo et Madame d'Arbouville sont parties avant lui, laissant son cœur disponible à l'amour maternel. J'ai lu quelque part qu'il aurait voulu être "officier d'artillerie" ! En fait, il menait une petite vie un peu étriquée, ses opinions étaient légitimistes et ses critiques consensuelles. Il se mettait du coton dans les oreilles le vendredi pour bâtir tranquillement le schéma de son article de la semaine et apportait la * avant le lundi où elle était éditée au "constitutionnel". Le jeudi devait, j'imagine, être consacrée au dictionnaire. Pas une vie monacale mais presque, simplement entrecoupée de passions ancillaires. Voila pourquoi j'aime Sainte Beuve : L'œuvre est intimement mêlée à la vie de l'auteur. Il aurait sans doute aimé !


Bon! La *... Deux exercices de style en forme de discours d'entrée à l'Académie par Messieurs De Paulmy et Gresset et la réponse de Monsieur de Boze à ces discours. Débroché, In 8 carré, 1748, A Paris chez J.B Coignard, 32pp, vignette et cul de lampe, une tâche d'encre d'époque ! Très bon état. Vendu


Monsieur Gresset est encore connu pour son chef d'œuvre, le poème "Vert-Vert" ou les voyages du perroquet de Nevers (1734). Monsieur de Paulmy n'est guère connu que des bibliophiles et son "Mélanges tirés d’une grande bibliothèque (1779-1787) " en 69 volumes dans lesquels il a reproduit un grand nombre des notices qu’il avait rédigées pour sa bibliothèque ferait mon bonheur. Monsieur de Boze est un patient numismate dont le travail de classement des médaillons doit être la suite du catalogue présenté la semaine dernière. Il va me falloir interrompre cette petite causerie du lundi. J'ai rendez-vous avec mon garagiste pour changer mes ** et il est très à cheval sur l'horaire. Philippe Gandillet.

(* évite la répétition du mot plaquette quand je ne trouve pas de synonyme sous la main)

1 commentaire:

Arnaud A. a dit…

Cher Mr. Gandillet...

Je lis, avec un intérêt certain et non dissimulé vos "Causeries" et ne peux m'empêcher de penser au voyage que vous m'avez permis d'effectuer avec votre BENHUR DES ALPILLES...

Que de galéjades et d'humour dans cette oeuvre qui, même si je dois le reconnaître, je pense, ne marquera pas profondément la littérature mondiale sur des siècles, mais aura la particularité non négligeable d'apporter fraîcheur et bonheur à ceux qui la liraient.

Merci mon cher Philippe,

Je vous dis à tantôt,

Votre très dévoué Arnaud A.