mercredi 1 octobre 2014

L’excellence bibliophile par, et pour, Fernand Fleuret…


Quels sont les critères de choix pour l’acquisition d’un livre par un bibliophile ?

- Tout d’abord le texte : Ici, pas de doute sur la qualité de l’auteur, Fernand Fleuret, Académicien Goncourt. De plus, ce texte iconoclaste et facétieux nous propose le discours de réception de Baudelaire à l’académie Française, discours imaginaire puisque l’illustre Assemblée n’a pas jamais le privilège d’accueillir le poète parmi ses membres…


- L’illustration quand elle a été exécutée par un artiste renommé. Ici, le frontispice a été spécialement commandé à Joseph Hémard, dessinateur et illustrateur, dont la notoriété va grandissante.


- L’éditeur : Les Éditions du Trianon ont participé à la renaissance du livre illustré après la première guerre mondiale, en réunissant un certain nombre de classiques de la littérature, ornés de bois et de cuivres gravés ou d’aquarelles reproduites et coloriées au pochoir (à partir de 1930 dans l’éphémère « Grande collection Trianon »

 
- La qualité de l’impression : Le présent ouvrage a été composé à la main en caractères Baskerville et imprimé sur les presses de J.P. Vibert, imprimeur à Grosrouvre. Il a utilisé, pour cet exemplaire, un rare papier japon nacré, préféré dans la hiérarchie des papiers japon, au japon impérial. 


- La beauté et l’originalité de la reliure. Quand on choisit, pour un texte au venin judicieusement injecté, de recouvrir son exemplaire par une peau de serpent [quel serpent d’ailleurs ?], c’est que l’on a une grande élégance intellectuelle et un goût particulier pour la dérision. Si j’ajoute à cela que l’auteur a choisi une excellente réalisation d’artisan, on devine que tous les critères sont réunis pour faire de ce livre, un livre pour amateur de beaux livres


Il est évident que ce discours de réception prononcé par M. Prosper Bricole à l’occasion de l’entrée sous la coupole de Charles Baudelaire au siège de Sully Prudhomme est un régal de mauvaise foi, une diatribe amusante et une succession d’incohérences littéraires.  On n’avait pas entendu cela depuis la réception de Philippe Gandillet ! Mais ce texte, s’il nous amène dans les limites du vrai, est avant tout un remarquable exercice de style destiné à un parterre académique dont les fleurs ne sont pas celles du mal… Pierre


FLEURET (Fernand). Discours Prononcé à L'Académie Française par M. Prosper Bricole pour la réception de M. Charles Baudelaire et recueilli par Fernand Fleuret. Editions du Trianon. Collection : Réceptions Posthumes, 1932. Un volume in 12 (17,5/12cm). 89 pages. Reliure demi-serpent, plat de maroquin olive, dos plus ou moins lisse, pièce de titre maroquin fauve, lettres dorées, gardes colorées. Frontispice (eau forte) dessiné par Joseph Hemard et gravé par Georges Gorvel. Exemplaire de tête n°3 / 10 spécialement imprimé pour l’auteur sur papier japon nacré. Une petite décoloration solaire sur maroquin. Remarquable exemplaire de bibliophile. Vendu

7 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que c'est bien joli et bien tentant, mais n'est-ce pas plutôt l'exemplaire n° III des cinquante exemplaires hors-commerce tirés sur "différents papiers" ?

Jean-Michel

Pierre a dit…

C'est possible, Jean-Michel mais cet exemplaire est sur Japon nacré comme le tirage de tête.

Une autre question que j'avais éludée m'est aussi parvenue par courriel au sujet de la photographie insérée dans l'exemplaire. Je ne pense pas que cela soit un cliché argentique original mais plutôt une photogravure. Mais je ne suis pas un spécialiste, en fait, pour assurer une chose ou son contraire... Pierre

Anonyme a dit…

Pour faire le départ entre un tirage argentique et une photogravure, rien de tel qu'un bon compte-fil. Une photogravure sera, par définition, tramée. Maintenant, si elle ne l'est pas, ce ne sera pas pour autant un tirage, ce qui est d'ailleurs peu probable. Ça pourrait aussi être une litho, une manière noire (peu probable aussi, d'ailleurs), ou quelque autre procédé, dont je crois me souvenir qu'il a déjà été abordé dans ce blog mais dont le nom m'échappe, vu que le brouillard peine vraiment à se lever ce matin sur la bonne ville de Thiers.

pascal

Pierre a dit…

La photographie de Paul Nadar (le fils) pourrait être un cliché argentique d'un original argentique ? Pas de trame visible, en tout cas... Pierre qui est un peu dans le brouillard ;-))

Anonyme a dit…

Bin, techniquement parlant, en imprimerie du moins, un cliché est une reproduction tramée. Mais ça peut être un vrai tirage argentique. Voit-on si la page est montée sur onglet ?

pascal

Pierre a dit…

Monté sur onglet (se voit au verso). Bravo Pascal ! Et un bon point pour l'acheteur ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

J'ai retrouvé le nom que je cherchais ce matin ! S'il y a une cuvette (comme pour une gravure sur cuivre) ça pourrait être de l'héliogravure au grain. Procédé assez magique que, semble-t-il, plus personne ou presque ne maîtrise aujourd'hui : pas de trame visible. S'il n'y en a pas (de cuvette), alors c'est peut-être bien un authentique tirage photo. Dans l'un et l'autre cas c'est de toutes façons plus classe qu'un simple simili.

p.m