samedi 25 octobre 2014

Hortus Indicus malabaricus de Van Rheede : Les vertus des plantes sont encore à explorer…


Voici, aujourd'hui, un ouvrage qui fait le bonheur de celui qui le présente. Non pas parce que ce dernier pense avoir des compétences supérieures à ses confrères pour faire sa présentation mais parce que le propriétaire de l'ouvrage, en me confiant sa vente, m'accorde sa confiance.


Pour les nations européennes qui s'étaient engagées au 17eme siècle dans la conquête du monde, dresser l'inventaire des flores locales constituait un enjeu prioritaire. Assez vite, en effet, les scientifiques s'intéressèrent  à la pharmacopée indienne afin de permettre à des apothicaires de s'installer pour soigner la communauté expatriée. De volumineux herbiers furent alors préparés par les Portugais, les Hollandais et les Anglais...


Dans ces eaux tropicales, une multitude de pathologies jusqu'alors inconnues décimaient alors les Européens. La gamme de plantes médicinales traditionnellement connues des européens était relativement peu étendue, en tout cas largement insuffisante pour leur permettre de créer de nouveaux remèdes. De plus, lorsqu'ils arrivaient en Inde, après de longs mois passés en mer, la plupart des médicaments européens étaient si altérés qu'ils ne parvenaient même plus à soigner les affections les plus courantes... Dans ce contexte, la connaissance des plantes non européennes et leurs propriétés curatives constituent un enjeu vital !


Dès le début du XVIe siècle, les Portugais explorent la diversité biologique du continent. Les Hollandais emboîtent le pas aux Portugais quelques décennies plus tard. Dans les années 1610, ils ouvrent une boutique d'apothicaire à Batavia - l'actuelle Djakarta - puis un jardin botanique pour y cultiver les plantes médicinales importées de différentes régions d'Asie du Sud-Est. Mieux implantés dans l'océan Indien que leurs concurrents anglais, les Hollandais utilisent alors leur connaissance de la flore tropicale asiatique pour exporter et cultiver les plantes dans des zones stratégiques de la région, comme au cap de Bonne-Espérance, à Batavia et à Ceylan.


L'ouvrage que nous proposons aujourd'hui à la vente est une compilation des plantes référencées sur les cotes de l'Inde. Elle fut menée par Hendrik Adriaan Rheede tot Drakestein [vous pouvez l'appeler Henrick Van Rheede], membre de la puissante Compagnie des Indes Orientales en 1657, puis Commissaire de la cote de Malabar (portion ouest du littoral de L'Inde) de 1669 à 1676, et enfin Commandeur Général de l'Inde.


Au cours des années 1670, il entreprend un travail gigantesque sur la flore de cette région. Il se fait épauler par des spécialistes indigènes qui identifièrent les plantes avec leur nom local et décrivirent leurs utilisations. Au total, Avec ses douze volumes in-folio et ses 791 gravures en noir et blanc, le Hortus indicus malabaricus deviendra vite la référence en ce qui concerne la flore du sud de la péninsule indienne.


La pharmacopée de Van Rheede sera publiée à Amsterdam entre 1678 et 1693, en partie à titre posthume. Le nom des plantes est donné en quatre langues à savoir : Latine, arabe, Konkani et Malayalam – deux langues indiennes.


C'est l'une des meilleures publications en sciences botaniques jamais publiées. Mais, attention ! Ce n'est pas une présentation synoptique et aucun des auteurs concernés par la description d'une plante n'avait pour objectif de la classer en fonction de ses caractéristiques physiques. Pour eux, il s'agissait avant tout de la reconnaitre et de répertorier ses usages ! Pierre


RHEEDE TOT DRAAKESTEIN (Henrik Adrian van). Hortus Indicus malabaricus, continens Regni malabarici apus Indos celeberrimi omnis generis Plantas rariores, Latinis, Malabaricis, Arabicis, & Bramanum Characteribus nominibusque expressas, [...] Notes et commentaires de Arnold Syen. Amsterdam: Johannis van Someren et Johannis van Dyck, 1678. Premier volume in-folio sur les douze de l'édition complète (38 x 27cm). Frontispice gravé, 57 planches de botanique montées sur onglet. Édition originale. Reliure contemporaine pleine basane cerise, plat estampé et orné en son centre d'un motif végétal doré, dos à nerfs, pièce de titre et lettres dorées, tranche supérieure dorée. Restauration récente, toutes les planches ont été remontées sur onglet.  Tête de série de la collection complète en 12 volumes dont le dernier fut publié en 1703. Brunissement des planches. Bon état général. Extrême rareté. 8400 € + port

1 commentaire:

Pierre a dit…

Un ouvrage qui ne démériterait pas dans les vitrines exposées pour le salon du livre ancien, au Grand Palais... Pierre